25 juillet 2014
Une minorité de révolutionnaires contre la guerre impérialiste
Il y a un siècle, le monde basculait dans la barbarie guerrière.
Avec enthousiasme ou résignation, tous les acteurs se rallièrent à l’ « union sacrée » exigée par les différents impérialismes en lutte pour le pillage et le partage de la planète.
Tous, sauf une poignée de socialistes révolutionnaires qui restèrent fidèles aux principes de l’ « internationalisme prolétarien ».
Cette anthologie tombe, dès lors, à pic pour souligner qu’il existe des voix dissidentes qui se font toujours entendre, même dans les moments les plus sombres de l’histoire de l’humanité.
On retrouvera dans ce livre utile des textes et des interventions de Lénine, Trotsky, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Pierre Monatte, Alfred Rosmer et Christian Rakovsky.
Rémi Adam explique, dans sa préface concise, la terrible trajectoire du mouvement ouvrier vers ce dénouement tragique.
Les différents congrès de l’Internationale Socialiste – 1907 Stuttgart, 1910 Copenhague, 1912 Bâle- avaient pourtant donné le ton et pris position contre la guerre menaçante, en appelant notamment les prolétaires à se retourner contre leur propre bourgeoisie en cas de déflagration. Mais en août 1914, les sociaux-démocrates allemands votèrent les crédits de guerre, aussitôt suivis par les socialistes français. Le ralliement des partis de gauche à leurs classes dominantes respectives se répandit alors comme une trainée de poudre, et le POB ne fut pas en reste en Belgique (Emile Vandervelde, secrétaire en titre de l’Internationale, devint ministre d’Etat du monarque Albert Ier).
La trahison générale prenait ainsi le pas sur la grève générale.
Une capitulation unanime qui fut donc seulement contestée par une poignée de militants qui continuèrent -« contre le courant »- à défendre les positions des partis ouvriers d’avant le désastre de 1914.
Mais le préfacier élude une problématique essentielle : pourquoi la classe ouvrière a-t-elle si facilement emboité le pas à ses dirigeants, pourquoi ce ralliement massif au patriotisme et au nationalisme honnis jusqu’alors, pourquoi les travailleurs sont-ils partis sur les champs de bataille « la fleur au fusil » ?
Questions qui restent difficiles, un siècle plus tard.
Marx et Engels avaient affirmé dans « Le Manifeste du Parti Communiste » (1848) que les prolétaires n’avaient pas de patrie. Il y a cent ans, ces derniers estimèrent qu’ils en avaient une et qu’il fallait la défendre les armes à la main ! De chair à profit la classe ouvrière consentit à devenir de la chair à canon !
Une tragédie qui s’est -hélas- reproduite à l’occasion de multiples conflits, jusqu’à ce jour.
La voie de l’émancipation humaine est décidément semée d’embûches…
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Rémi Adam, L’ennemi principal est dans notre propre pays, Les Bons Caractères, 16,50 €
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