17 décembre 2014
Concertation rime avec démobilisation !
Au lendemain de la grève générale (réussie !) du 15 décembre, les secrétaires généraux de la FGTB et de la CSC ont accordé un entretien au journal L’Echo. Pour confirmer que le sommet syndical veut se mettre autour de la table avec le patronat et le gouvernement. Et pour démontrer sa réelle bonne volonté, il a été décidé de… temporiser !
« On est dans l’optique de donner la chance à la négociation » (Marc Goblet), « On ne demande pas la lune » (Marie-Hélène Ska). Un nouveau « plan d’action » ne sera défini qu’au mois de janvier… si nécessaire, c’est-à-dire seulement en cas d’échec de la concertation à venir !
Cette tentative d’atterrissage ne constitue pas véritablement une surprise mais elle n’en demeure pas moins condamnable.
Car, en réalité, rien n’a changé !
Charles Michel a ré-affirmé qu’il n’était pas question de modifier le programme de sa coalition : le saut d’index et l’âge de la retraite à 67 ans sont maintenus ; il n’y aura pas de new deal fiscal, ni impôt sur la fortune, ni taxation du capital ni abandon des intérêts notionnels ; les services publics et la sécurité sociale demeureront enfermés dans la tourmente des « économies indispensables » ; et aucun geste positif ne sera posé pour les milliers de chômeurs qui vont être exclus du chômage dès le 1er janvier prochain !
De quoi nos brillants stratèges vont-ils donc pouvoir discuter ?
La réponse est claire : au mieux, de quelques modalités d’application des mesures gouvernementales !
Tout cela pour cela, serait-on tenté de crier…
Naturellement, les dirigeants syndicaux ne pourront revenir vers leurs instances avec des résultats probants, dans quelques semaines. Mais le mal aura été fait : la dynamique des luttes freinée et les premiers volets de la loi programme du gouvernement votées par sa majorité parlementaire. Il restera alors à constater les dégâts et à concrétiser de nouvelles actions. A contretemps, après que le monde du travail ait été mis devant le fait accompli, obligé de courir après des décideurs qui avancent vite et résolument.
Et puis quel plan d’action pour quels objectifs à ce moment ? A nouveau une séquence manifestation nationale/ grèves tournantes/ grève générale de 24 heures ? A moins de balancer l’une ou l’autre étape : manifestation nationale/grève générale ou grèves tournantes/manifestation nationale ou seule grève générale en guise de baroud de (dé-)honneur ? Pourquoi pas, tant que nous y sommes, une minute de silence ou le dépôt d’une couronne de fleurs au monument du syndicaliste inconnu ?
Ces lignes sont délibérément grinçantes mais on ne peut qu’être consterné par le gâchis en préparation. Apparemment, aucune leçon n’a été tirée des échecs subis au cours des trente dernières années. Un nouveau revers accentuerait pourtant un désarroi populaire déjà trop évident et hypothéquerait une fois de plus des rapports de forces déjà compromis dans le passé !
Le sursaut ne doit pas être attendu de la part de « responsables » ou d’appareils syndicaux pour qui la concertation est l’alpha et l’omega du destin de la société. La solution ne pourra émerger que « d’en bas », portée par les militants et les travailleurs.
Sera-ce encore possible devant tant d’obstacles dressés par les uns et les autres ?
L’avenir nous le dira. Rapidement, car 2014 termine déjà sa trajectoire.
2015 sera l’année du renouveau social ou d’une nouvelle capitulation syndicale. Il dépend maintenant de chacun de nous de faire basculer le plateau de la balance d’un côté ou de l’autre…
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