14 septembre 2025
POLARS EN BARRE [49]
"Il y avait d’excellentes empreintes digitales sur l’appui de la fenêtre de la cuisine et sur le tiroir à argenterie du buffet de la salle à manger. Il y avait également de bonnes empreintes sur l’argenterie éparpillée par terre à proximité de la fenêtre fracturée. Plus important encore, si la plupart des empreintes trouvées sur le manche du couteau étaient floues, certaines d’entre elles étaient très nettes. Toutes les empreintes étaient semblables ; elles avaient été laissées par une seule et même personne. (…) Les empreintes trouvées sur l’appui de la fenêtre, le tiroir, l’argenterie et le couteau n’étaient pas celles de Gérard Fletcher. Ce qui ne signifiait absolument rien s’il avait les mains gantées au moment où il avait achevé sa femme."
Ed McBain
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13 septembre 2025
POLARS EN BARRE [48]
♦♦♦
"Ce soir là, de nouveau, la nuit semblait vouloir s’enfoncer dans les ténèbres. Tout était silence, à part le hurlement sauvage des coyotes dans le lointain.
Ce soir-là, Weaver sirotait un verre de vin tout en essayant de lire. Pour la première fois, il trouvait la nuit et le silence un peu effrayants.
Les soirées précédentes, il avait été seul dans la maison ; ce soir pas tout à fait. Ce soir, Jenny Ames était là. Maintenant qu’il avait appris sur elle le peu qu’il en savait, elle était devenue pour lui un être vivant. La veille encore, elle n’était qu’un nom.
Ce soir, elle envahissait son esprit et la pièce tout entière. Elle lui paraissait d’autant plus vivante qu’il en savait moins sur elle. Une photo aurait suffi à rompre le charme, mais il n’en existait aucune ; rien qu’un vague signalement que son imagination pouvait exploiter à son gré. Une jolie fille aux cheveux noirs qui avait aimé ― ou cru aimer ― un monstre et qui était venue à Taos dans le but de l’épouser.
Issue du mystère, elle s’en était allée dans un mystère plus profond encore ― l’ultime mystère. Et elle avait séjourné dans cette pièce, s’était peut-être assise sur cette même chaise, durant les quelques heures entre son arrivée ici et son départ pour les éternelles ténèbres."
Fredric Brown
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12 septembre 2025
POLARS EN BARRE [47]
"La base de tout roman policier ne saurait se résumer à une histoire de local clos et de plan à rebours. Les règles instituées par Poe ne regardent que lui-même, tout comme, plus tard, celles de Van Dine, Knox et autres faiseurs de règlements intérieurs à bon marché. Le romancier écrit comme il sent. Et davantage encore, comme il peut. A l’allure à laquelle produisait Simenon, il serait étonnant qu’il ait pris le temps de peaufiner de savantes théories. (…) C’est la diversité même du roman policier qui en fait sa richesse et son originalité. Pourquoi vouloir le réduire à l’unidimensionnalité ? (…) Le roman policier social ou roman noir n’a pas porté de coup de grâce à un roman policier énigmatique (ce n’était pas son but), pas plus d’ailleurs qu’il ne l’a renouvelé. Il a aussi simplement que fermement réussi à élargir la palette d’une typique littéraire qui, sans lui, se serait repliée sur des règles quelque peu absconses et il a su apporter, tant à la littérature qu’au cinéma, un style de langue syncopée et d’images à vif en prise directe sur la réalité de son temps."
Robert Deleuse
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11 septembre 2025
Chili, 11 septembre 1973 - 11 septembre 2025, 52 ans. Ni oubli ni pardon.
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POLARS EN BARRE [46]
"Mourir sur son lieu de travail n'est pas habituel −c'est même assez rare. Il est de bon ton de se retirer pour mourir. Disparaître à la retraite ou dans le système de santé et soudain un jour être l'objet des conversations à la cafétéria de l'entreprise. «Au fait, t'as entendu que le vieux Karlsson est mort vendredi ? Oui, c'est le cœur. Le syndicat a décidé d'envoyer une couronne pour l'enterrement». Mourir sur son lieu de travail et devant les yeux de ses collègues est autrement plus dérangeant."
Stieg Larsson
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10 septembre 2025
POLARS EN BARRE [45]
"Manchette va remettre la contestation sociale au centre du polar. (…) Pour Manchette, l’une des causes de l’émergence du roman noir ― cause que l’on a d’ailleurs pas assez soulignée ―, c’est la fin des utopies, la fin des idéaux révolutionnaires au crépuscule des années vingt. Quarante ans plus tard, le néo-polar ― et c’est Manchette qui invente le terme ― utilise le polar avec un recul critique. Le néo-polar, c’est un peu comme le western spaghetti, c’est-à-dire qu’il y a un produit de base qui est authentique, et qu’en y superposant notre culture ça devient autre chose. Manchette révolutionne ― il n’y a pas d’autre mot ― le paysage du roman noir français. Moi je trouve qu’avec Nada, Manchette fait du Nizan-polar. C’est La Conspiration en polar. Il ramène la politique au premier plan. Et il va faire école.
[…]
Je pense que l’on reste encore sur l’héritage Manchette. (…) L’héritage Manchette, c’est une dénonciation de la corruption, un constat lucide sur le monde. C’est ― aussi ― un esprit militant. (…) Bref, Manchette, qu’il l’ait voulu ou pas, a été un virage absolument essentiel. Manchette est toujours là. Et la plupart des polars possèdent un arrière-plan politique précis. Maintenant c’est explicite, tu fais un roman noir, c’est un roman engagé."
François Guérif
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09 septembre 2025
POLARS EN BARRE [44]
"Il s’approcha de la fenêtre, ajusta ses lunettes et examina le papier de près. Il se tournait pour dire quelque chose quand on entendit un grand bruit. La vitre brisée tomba sur le plancher. Woodward resta un moment debout, la bouche ouverte, puis ses jambes plièrent lentement sous lui et il tomba, une main agrippée au bas du rideau. Sa tête ballotta et ses lunettes glissèrent sur le côté de la figure. Ses yeux étaient grands ouverts et fixes."
Paul Cain
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08 septembre 2025
POLARS EN BARRE [43]
♦♦♦
"Pour apprendre à mieux connaître l’humanité souffrante, Danny fit une nouvelle fugue. Il vécut de grains ramassés autour des silos et bouillis dans des boites de conserves sur des feux de fortune. Comme les wagons de marchandises étaient tapissés à mi-hauteur de papier, le combustible ne manquait pas.
Évidemment, quand on fait un feu sur le plancher d’un wagon de marchandises, il arrive parfois que le wagon prenne feu également ― ce phénomène, d’ailleurs, provoquait invariablement une subite et joyeuse excitation parmi le personnel roulant et les surveillants attachés au convoi. Mais leur activité, quand bien même pittoresque, restait toujours inefficace en ce qui concerne la capture de Danny.
Il passa sans encombre au Canada et en sortit de même, après une conversation avec les préposés des douanes américaines. Ceux-ci lui demandèrent de leur prouver qu’il était citoyen des États-Unis. Danny s’empressa de les convaincre.
— Je peux vous donner, dit-il, les noms de tous les joueurs de base-ball américains, aussi bien dans les équipes nationales que régionales — je peux vous donner les positions des équipes et les points marqués par chacune d’elles.
Il s’exécuta sans se faire prier davantage et fut reconnu sur-le-champ américain cent pour cent."
Donald Henderson Clarke
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