29 mars 2019
La campagne en folie (6)
La proposition visant à modifier la Constitution pour permettre l'adoption d'une «Loi climat» n'a pas obtenu la majorité des 2/3 requise. Les partis de la droite flamande -qui constituent le centre de gravité politique de l'Etat Belgique !- ont ignoré la volonté populaire.
On peut comprendre le caractère symbolique de cette initiative parlementaire pour un mouvement qui s'est déployé avec force dans les rues du pays ces dernières semaines.
Toutefois, il faut souligner que la «Loi climat» n'est pas la réponse au défi climatique ! Un texte -au demeurant discutable car insuffisant dans les objectifs fixés- ne peut enrayer la sombre trajectoire de l'humanité. Ce qui est indispensable et extrêmement urgent, ce sont des mesures très fortes et très rapides, des décisions fermes et concrètes. Ce qui est essentiel, par delà des belles intentions exprimées, c'est une volonté politique en actes, porteuse d'un changement de cap radical ! Dans le très court terme...
Au delà, on ne pourra faire l'économie d'une rupture structurelle avec un mode de production et d'échange obnubilé par la croissance du profit et des richesses, accaparées par une minorité.
En clair : il faut reprendre et élargir le combat engagé en son temps par le mouvement ouvrier pour sortir du capitalisme. Certes, ce n'est et ce ne sera pas simple. Mais il n'y a(ura) ni raccourcis, ni astuces, ni ruses, si l'on veut assurer un avenir viable pour le plus grand nombre...
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L'alibi de l'austérité (permanente) imposée par les gouvernements est la nécessité de maintenir «l'équilibre budgétaire». Voilà des décennies qu'il est brandi et ce n'est manifestement pas terminé. Car le Conseil Supérieur des Finances (CSF) annonce à nouveau une hausse du déficit budgétaire ! Une législature quasi complète des droites n'aura donc rien changé, malgré les discours tonitruants des uns et des autres. Combien de temps faudra-t-il encore avant que ces donneurs de leçons comprennent qu'il faut abandonner les politiques néo-libérales recommandées par l'UE ? Et combien de temps faudra-il encore avant de jeter par dessus bord le dogme européen des fameux 3 % (du PIB) à ne pas dépasser ?
Inutile de miser sur les partis traditionnels, en ce y compris Ecolo, pour s'engager dans une voie alternative...
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Chaque parti bénéficie d’une dotation financière forfaitaire, mais un complément peut lui être accordé pour les voix obtenues lors des élections. Or, le PTB n'a toujours pas bénéficié de ce financement public pour les suffrages récoltés... en Flandre !
Pourtant, Raoul Hedebouw et ses camarades estiment pouvoir y prétendre parce que leur formation est présente sur tout le territoire ! Et la plupart des autres partis représentés à la Chambre étaient finalement prêts à lui donner gain de cause, sauf... la droite flamande, NVA et Open-VLD en tête ! Il y a donc blocage et le dossier devrait revenir en séance plénière la semaine prochaine.
Les tripatouillages politiciens de certains concurrents en pleine campagne électorale, destinés à priver le PTB-PVDA du nerf de la guerre, sont évidemment inacceptables.
Au delà, un débat sur le financement des partis politiques, avec l'argent des contribuables, serait peut-être nécessaire...
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24 février 2019
La campagne en folie (5)
Olivier Chastel a donc quitté la présidence du MR pour être remplacé par... Charles Michel, qui conserve bien sûr son portefeuille de premier ministre (en «affaires courantes»). On reprend donc les mêmes et on recommence, à moins que ce ne soit le contraire... La trajectoire des libéraux fait penser à ces séries TV qui comportent des milliers d'épisodes, avec de multiples rebondissements incompréhensibles, dans le cadre d'un scénario qui a perdu tout fil conducteur cohérent depuis la 126ème semaine de diffusion ! Bref, Charles Michel avait promis qu'il ne reprendrait plus la tête du parti avant de nouvelles élections... Voilà qu'il change maintenant d'avis. Pas de quoi fouetter le chat de sa mère ! Après tout, ce Pinocchio à l'âme espiègle avait annoncé ubi et orbi qu'il ne gouvernerait jamais avec la NVA, ou que le MR ne toucherait ni au système d'indexation ni à l'âge de la retraite ! Mais ne pinaillons pas. Chastel s'éclipsant, il fallait bien un poids lourd pour le remplacer. Et même du très lourd. Car figurez-vous qu'Olivier s'efface parce qu'il dit devoir se consacrer pleinement à sa propre campagne (européenne) et qu'il serait insensé -selon lui- de penser pouvoir mener correctement les deux tâches de front ! Fort bien, voilà un homme raisonnable, conscient de ses limites et de la durée d'une journée qui dépasse rarement les 24 heures ! Mais Charles, lui, par contre, cumulera sans aucun problème le poste de numéro un de l'Exécutif fédéral avec celui de numéro un du MR ! Il faut croire qu'être le premier responsable de ce pays est un aimable (et bien ennuyeux) passe temps, qui laisse beaucoup de loisirs. Et ce n'est pas tout : il est également candidat aux élections législatives (tête de liste dans le Brabant Wallon) ! Et bien, il en a de l'énergie ce jeune papa ! Il faudra qu'il nous explique ce qu'il prend, car c'est de la bonne... Plus sérieusement, tous ces jeux de chaises musicales indiquent que le MR est aux abois et essaie de sauver la mise en faisant appel à ses traditionnelles «locomotives électorales» (impossible, en effet, de détecter le moindre «renouvellement» à la lecture des différentes têtes de listes retenues pour le 26 mai) ! Petite question subsidiaire, en ces temps de crise du «pouvoir d'achat» et de mécontentement syndical : ce cumul de fonctions aujourd'hui assumé se double-t-il d'un cumul de revenus pour l'intéressé ?
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Suite au mouvement de grève du mercredi 13 février, et en pleine période pré-électorale, le gouvernement semble vouloir lâcher un peu de lest au sujet de la négociation du prochain accord interprofessionnel : l'augmentation des salaires pourrait ainsi s'élever à... 1,1% sur deux ans, au lieu des 0,8 % retenus jusqu'ici. Soit une augmentation possible de... 0,55 % par an ! Quelle générosité ! Alors que la part salariale dans le PIB est déjà au plus bas, notamment à cause de la politique austère imposée aux travailleurs par la coalition «suédoise». On ose espérer que les dirigeants syndicaux opposeront une fin de non recevoir au patronat et à leur commis Charles Michel, et accentueront la pression dans les prochaines semaines pour obtenir plus, beaucoup plus ! Ce ne serait qu'un juste retour des choses après tant d'années de régression sociale...
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La N-VA confirme qu'elle ne veut pas de sortie du nucléaire à l'horizon 2025 et propose même de construire une nouvelle centrale en Belgique ! Un effet de la ligne «éco-réaliste» revendiquée haut et fort par Bart De Wever. Et surtout un reflet du déni persistant des nationalistes flamands quant aux dangers qui menacent la planète ! Le nucléaire, outre son coût financier et sécuritaire exorbitant, outre sa dépendance en matière d'approvisionnement, pose la dramatique question de la gestion de ses déchets durablement dangereux, véritable épée de Damoclès pour d'innombrables générations futures. Cette prise de position délibérément à contre courant -parmi tant d'autres !- aboutira-t-elle à l'exclusion de la N-VA de négociations pour la constitution d'un Exécutif fédéral le lendemain du 26 mai ? Rien n'est moins sûr, tant la volonté du MR et du... PS de rester ou de revenir aux affaires est grande, au prix de n'importe quelle acrobatie politicienne...
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Dans un entretien accordé au quotidien Le Soir ce samedi 23 février, le porte-parole du PTB, Raoul Hedebouw, a martelé fort justement qu'une «véritable politique climatique n'était pas compatible avec le capitalisme» ! Et il n'a pas manqué de critiquer Ecolo, un parti qui effectivement essaie sans cesse de ménager la chèvre de l'écologie et le chou du capital. Jean-Marc Nollet a répliqué aussitôt : pour lui, il faut «quitter les postures pour trouver des solutions ensemble». Du simple bon sens ? On pourrait le croire sauf que la direction des «Verts» a une conception très large de cet «ensemble». Dans la lutte contre le «réchauffement climatique», elle est ainsi disposée à constituer un grand front englobant non seulement la droite mais aussi le patronat, c'est-à-dire les tenants du productivisme et les champions d'une croissance obstinée ! Une alliance plutôt logique de la part d'un parti qui n'a aucun scrupule à préconiser des mesures coûteuses pour le plus grand nombre, comme les «taxes carbone»...
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Climat toujours, Charles Michel menace ! La Belgique, isolée, ne peut mettre en oeuvre de politique ambitieuse dans ce domaine sans quoi les pertes d'emplois seront nombreuses (remarquons au passage qu'il entretient ainsi son profil auto-proclamé de «Monsieur jobs, jobs, jobs »...) ; selon lui, seule une convergence au niveau européen permettra d'éviter ce scénario catastrophe. Laissons ici de côté la problématique de la «reconversion» qui ne semble pas effleurer le nouveau président du MR ! Et prenons note de la traditionnelle manoeuvre de diversion destinée à éviter de prendre ses propres responsabilités, et à refiler par la même occasion la patate chaude à un autre niveau décisionnel ! Certes, ce combat vital pour l'humanité doit être mené à l'échelle internationale, car les gaz à effets de serre ne connaissent pas les frontières et le réchauffement climatique n'épargnera pas le royaume si nous faisons preuve de bonne volonté. Mais personne ne peut tranquillement attendre une synchronisation planétaire avant d'agir. Il y a urgence et donc obligation de passer à l'action immédiatement sans attendre les plus réticents. Il n'existe aucune honte à montrer la voie à suivre...
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Paul Magnette, Olivier Chastel, Benoit Lutgen : ces trois anciens présidents de parti seront «têtes de liste» aux élections européennes du 26 mai. Les mauvaises langues s'étonneront que le Parlement européen serve d'instance de recyclage pour politiciens en quête de mandats rémunérateurs... En tout cas, on ne peut parler de vent de fraîcheur dans le chef des partis traditionnels ! Même Ecolo reconduira comme premier de cordée son député sortant Philippe Lamberts. Et la relégation des femmes aux places secondaires n'échappera à aucun observateur attentif ! Le PTB ne sauve d'ailleurs pas la mise du côté francophone car lui aussi a désigné un chef de meute pour mener cette campagne européenne: Marc Botenga. La lutte pour une véritable parité -qui ne consiste pas seulement à alterner candidatures masculines et féminines, fortuitement toujours dans le même ordre !- a de beaux jours devant elle !
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17 février 2019
"Dérèglement climatique" : changer de cap politique, vite !
Le «réchauffement climatique» de notre planète est irréversible. La seule question qui reste en suspens est celle du niveau de l'augmentation de la température moyenne de la terre d'ici la fin de ce siècle : + 2 ° ? + 3 ° ? + 4 ° ? + 5 ° ?
C'est dire l'importance des politiques qui doivent être mises en oeuvre pour limiter ce processus désastreux et l'ampleur des catastrophes qui en découleront inévitablement.
Point positif
La prise de conscience du danger augmente dans la population mondiale. Partout des mobilisations «pour le climat» se développent et la jeunesse -qui est l'avenir de l'humanité !- se mobilise dans de nombreux pays, notamment de manière remarquée et remarquable en Belgique !
Point négatif
L'inertie persistante des gouvernants qui refusent de traduire en actes leurs beaux discours dans les «sommets» régulièrement organisés pour débattre de cette inquiétante perspective ! Pas tellement parce qu'ils seraient complètement ignorants de la menace, mais surtout parce qu'ils sont d'abord au service du capital et d'une oligarchie financière qui refusent toute remise en cause fondamentale de leur modèle productiviste générateur de plantureux profits !
L'agenda politique, marqué entre autre par les élections européennes du 26 mai, contraint les différents partis à sortir un peu plus du bois et à se positionner sur les défis du «dérèglement climatique». D'autant que chez nous se dérouleront également des élections législatives et régionales !
La mega campagne électorale ainsi engagée pousse chaque formation à présenter son programme en matière «écologique» et à décliner ses principales propositions pour changer la funeste trajectoire actuelle.
Un exercice d'autant plus obligé que les sondages -avec toutes les réserves d'usage qui s'imposent !- annoncent une «vague verte» !
Je ne discuterai pas, ici et maintenant, les mesures avancées par les uns et les autres, lesquelles par ailleurs restent parfois floues ou ambiguës. Sans doute que la phase de décantation n'a pas encore été menée à son terme dans tous les états-majors concernés...
J'y reviendrai donc prochainement.
Mais je veux souligner d'emblée un aspect important : l'adhésion d'une majorité populaire est indispensable pour marquer des points dans ce combat ; on ne pourra jamais inverser la funeste dérive actuelle sans l'appui et l'engagement du plus grand nombre.
Il est donc nécessaire de mettre en oeuvre des alternatives positives, à distance de toute «écologie punitive» !
Pas question, par exemple, d'imposer de nouvelles «taxes carbone» ou une fiscalité injuste pour celles et ceux qui souffrent déjà ! Pas question d'ajouter de l'austérité à l'austérité ! Pas question d'aggraver les orientations socialement rétrogrades privilégiées par les différentes majorités fédérales depuis des décennies !
J'insiste, car il s'agit naturellement d'une ligne de démarcation politiquement décisive : l'illusion d'un «capitalisme vert» -avec sa poudre de perlimpinpin recommandée par les charlatans du «libéralisme vert»- nous conduit directement dans le mur. Seule une alternative «écosocialiste» -s'appuyant sur un dispositif cohérent en matière de «transition énergétique» et de «planification écologique»- peut rompre avec les turpitudes du mode de production/consommation dominant...
Pour l'instant, sans entrer de manière trop approfondie et dans le détail de solutions de rechange, je voudrais insister sur quelques axes/pistes qui me paraissent essentiels.
[Je ne fixe aucune date pour ne pas enfermer le débat dans une question de calendrier. Il est évident que l'ensemble des mesures préconisées -ici et... ailleurs, car ce qui suit n'est pas un programme exhaustif!- doit être concrétisé le plus rapidement possible ; raison pour laquelle de meilleurs rapports de force doivent être construits dans les délais les plus brefs, ce qu'ont bien compris les jeunes qui descendent dans la rue semaine après semaine...]
Ce qui est pressant :
} Sortie des énergies carbonées et du nucléaire. Objectif : 100 % d'énergies renouvelables.
} Socialisation du secteur de l'énergie ; mettre fin aux politiques de «libéralisation des marchés».
} Relance des transports publics : réouverture des lignes, points d'arrêt et gares supprimés au cours des dernières décennies ; augmentation significative de l'offre ; gratuité inconditionnelle.
} Mise en place d'infrastructures favorisant et sécurisant la mobilité douce (vélo...).
} Rénovation écologique du bâti/habitat, grand émetteur de gaz à effet de serre. Plan d'isolation public pour éliminer les «passoires thermiques».
} Contre l'agrobusiness, privilégier une agriculture paysanne écologique : produire qualitatif pour se nourrir qualitatif.
} Préserver la biodiversité. Refus des OGM, interdiction des pesticides.
} Eradication de la maltraitance animale. Protection des espèces en voie de disparition.
} Relocalisation de la production. Priorité aux circuits courts.
} Réduire le transport routier, développer le transport ferroviaire et maritime.
} Favoriser le rail au détriment du transport aérien.
} Sortie des industries nuisibles, comme l'industrie de l'armement. Avec reconversion garantie pour le personnel de ces secteurs.
} Interdiction de la publicité commerciale.
} En finir avec l'obsolescence programmée, notamment en allongeant la période de garantie des marchandises fabriquées aujourd'hui pour ne pas durer.
} Refuser le tout jetable.
} Décentralisation maximale des emplois décentralisables (administrations, services...) afin de limiter la mobilité professionnelle. Supprimer les véhicules de société (de confort).
} Réduction généralisée du temps de travail (sans pertes de revenus) : produire moins mais mieux.
} Justice climatique internationale : donner les moyens aux pays du Sud de se développer de manière soutenable ; mettre fin au pillage de leurs ressources et au commerce inéquitable.
} Abolir les «traités de libre échange» et stopper le déménagement permanent des marchandises au niveau mondial au profit des multinationales.
} Constitutionnaliser le principe d'une «règle verte» : ne plus prélever davantage que ce que la nature est capable de reconstituer, ni produire plus que ce qu'elle est en état de supporter.
Clairement, tout ceci ne se fera pas sur un simple claquement de doigts !
Changer de modèle de production, de consommation et d'échange nécessite du temps et de la cohérence. C'est précisément aux «politiques», en connexion directe avec le(s) peuple(s), de relever ce défi et d'agir en conséquence.
Sans tarder, car les aiguilles du chrono tournent...
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