02 août 2017
Autour d'un centenaire (2)
Dans les pas de Lénine
En pleine guerre mondiale (1914 – 1918), la révolution d'octobre représenta pour beaucoup un immense espoir : le début de la fin de la barbarie.
Dans les années qui suivirent la victoire des Bolchéviks, nombreux furent donc les intellectuels et les artistes qui franchirent les frontières de l'URSS pour apporter leur soutien ou manifester leur sympathie au nouveau régime.
Parmi ceux-ci, Stefan Zweig, grand écrivain autrichien, passionné de littérature russe (biographe de Dostoïevski et de Tolstoï, admirateur de Gorki), qui entreprit son périple en 1928.
Un voyage organisé et encadré par l'autorité communiste, avec l'accord de l'intéressé, dont le but n'était de prendre position sur le plan politique. Zweig était un homme de culture et là se situait ses propre priorités : la littérature bien sûr, mais aussi l'architecture, la peinture ou la découverte des musées soviétiques.
Il profita également de son séjour pour rendre visite à des personnalités comme Eisenstein ou Gorki.
Pour autant, il n'était pas aveuglé et comprenait bien la réalité du pays qu'il visitait. Mais il préférait garder ses critiques pour un usage privé. Pour le grand public, il se limita à écrire un « Voyage en Russie », aujourd'hui réédité [1].
Un récit complété ici par un portrait de Gorki, mais surtout précédé par un texte concernant Lénine : le « wagon plombé » [2].
L'occasion de rappeler que Zweig adopta des positions pacifistes durant le conflit mondial et qu'il s'était lié avec des exilés en Suisse, notamment des Russes. D'où un intérêt marqué pour l'ébullition politique à l'Est.
Zweig se penche sur un moment clé de l'année 1917. Pour lui, Lénine ne fut pas un « agent allemand » mais un révolutionnaire soucieux de rentrer au plus vite dans son pays en révolution, et qui choisit de traverser l'Allemagne dans un train bénéficiant d'une immunité diplomatique, afin de gagner du temps.
Il s'appuie largement sur le témoignage du socialiste suisse Fritz Platten, et évite d'aborder directement des questions de tactique ou de stratégie politiques pour se focaliser sur le vécu d'un homme qui vivait modestement chez un cordonnier. Un militant discret qui attirait peu l'attention sur lui, contrairement aux diplomates et espions de tous bords qui pullulaient alors dans ce pays « neutre » européen !
L'empathie de l'écrivain pour Lénine est évidente et la tentation "léniniste" est parfois proche.
On est loin évidemment de Soljénitsyne et de son « Lénine à Zurich » [3], qui décrivait un révolutionnaire retors et prêt à tout pour atteindre son but -le pouvoir absolu- , y compris collaborer avec le régime du Kaizer Guillaume II !
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[1] Zweig Stefan, Le wagon plombé [suivi de] Voyage en Russie, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 2017
[2] Le titre allemand est Der versiegelte Zug, littéralement : Le train mis sous scellé. C'est la traduction « historique » qui a été retenue.
[3] Soljénitsyne Alexandre, Lénine à Zurich, Seuil, Paris, 1975
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20 juin 2017
Crise(s) gouvernementale(s)s dans les entités fédérées francophones !
Que penser des événements de ces dernières heures ?
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Le CDH est un vrai parti de droite. Il n'est pas un parti de « centre- droit » comme le répètent mécaniquement les journalistes dans leur inimitable langage euphémisé. S'il n'a pas sauté dans le train gouvernemental au fédéral, en 2014, ce n'est pas en raison de désaccords sur la politique libérale en matière économique et sociale, mais parce que le plus « belgicain » de tous les partis ne pouvait s'accommoder d'une alliance avec une NVA qui aspire à l'indépendance de la Flandre.
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Aujourd'hui, il opère un revirement total parce qu'une fenêtre de tir s'ouvre. Le PS, en grande difficulté, ne cesse de reculer dans les sondages au profit du PTB, un parti qui n'est d'ailleurs pas une menace immédiate dans la course à l'occupation du pouvoir. Et en France, la victoire de la droite « macroniste », abusivement habillée des oripeaux du « centrisme », crée un climat favorable à la constitution de gouvernements débarrassés de « la gauche », bien au delà des frontières de l'Hexagone. L'occasion fait le larron et le moment est donc idéal pour changer d'attelage, afin de pouvoir mener une politique encore plus au service des intérêts des grandes et petites entreprises, entièrement focalisée sur « la concurrence libre et non faussée », avec pour priorités l'affaiblissement de la Sécu et la remise en cause des services publics, au profit du secteur privé.
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Le CDH veut ainsi se positionner pour les prochaines échéances électorales, à commencer par les élections communales de 2018, et tenter de promouvoir des coalitions anti-PS partout où c'est possible.
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Pour autant, son pari n'est pas gagné. Si un accord avec le MR peut suffire en Wallonie, d'autres appuis sont indispensables à Bruxelles ou en Communauté Française. Pris de court, Ecolo et Défi ne semblent pas preneurs pour l'instant. La perspective de jouer un rôle d'appoint dans une opération de ravalement de la façade d'un concurrent ne les enthousiasme guère.
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Le PS est sous le choc et beaucoup de ses élus hébétés. Il est vrai que personne n'avait vu venir le coup tordu de Lutgen, et il est évident que le parti du Boulevard de l'Empereur n'a pas beaucoup de solutions de rechange. Il met en oeuvre depuis tant années des politiques de droite avec ses partenaires, tantôt MR, tantôt CDH et parfois les deux simultanément, qu'il est incapable de changer d'option du jour au lendemain. Déchiré par des débats internes sur la ligne de conduite à adopter pour résoudre ses turpitudes affairistes, le PS ne va pas se transformer soudainement en parti conséquent « de gauche », décidé à rompre avec le néo-libéralisme, prêt à affronter les instances de l'UE, et disposé à envisager une alliance avec Ecolo et/ou le PTB.
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Dès lors, le PS est condamné à subir -pour le moment- les événements. Mais, il ne faut pas pour autant l'enterrer. Ce parti contrôle encore beaucoup de leviers, reste en position de force dans nombre de communes importantes ou au niveau provincial, et dispose sans doute aussi d'informations gênantes concernant ses rivaux. Les prochains jours seront mouvementés et pourraient encore réserver quelques surprises. Et puis, un « animal blessé » est toujours dangereux...
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Au delà des péripéties politiciennes et des véritables enjeux politiques de l'heure, tout ce « bazar » ne valorise pas un petit monde déjà largement discrédité aux yeux de l'opinion publique. L'opération mains propres du CDH risque même de s'avérer contre-productive, en alimentant une crise de la représentation politique qui rejaillira sur les différents acteurs.
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Cet épisode, qui ne grandit pas ses protagonistes, offre une perspective supplémentaire au PTB. Epargné par les affaires, refusant les compromissions avec les uns et les autres, défendant des propositions fortes en matière d'éthique politique, sa bonne dynamique actuelle (voir les « enquêtes d'opinion » des derniers mois) devrait être confortée. Pour autant, le PTB aurait tort de se contenter de « surfer » sur la vague de désapprobation des égarements des vieilles formations installées. Il doit continuer à présenter une alternative d'ensemble et travailler à la formation d'un « front social», à même de modifier des rapports de forces aujourd'hui défavorables aux « progressistes » de tous les horizons.
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00:51 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
19 juin 2017
Divorce entre le PS et le CDH ?
Ainsi donc Benoît Lutgen (CDH) veut jouer les Thérésa May et dissoudre les majorités en place en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles !
En cause, officiellement, les "affaires" qui collent au PS comme le sparadrap au doigt du Capitaine Haddock.
Ce qui est cocasse dans tout ce tohu-bohu, c'est évidemment que le CDH traîne lui-même des casseroles. On se souvient des péripéties autour des plantureux émoluments de la députée européenne Anne Delvaux ; on se souvient de Joelle Milquet obligée naguère à démissionner de sa fonction de ministre ; et on ne perd pas de vue que les trois partis traditionnels sont concernés par le "scandale Publifin" !
Et puis, vouloir soudainement s'allier avec le MR, parti des Serge Kubla et autre Armand De Decker, et allié direct de la NVA au fédéral, comment dire...
Mais ce n'est évidemment pas ce jeu de chaises musicales qui va permettre de renouer avec l'éthique sur le terrain politicien.
Ici comme ailleurs, un changement de cap radical passe par l'émergence et la consolidation de force(s) politiques(s) nouvelle(s).
En attendant, à force de creuser, ces "responsables" finiront par toucher le fond de l'abîme, à la grande satisfaction des humoristes sans doute, mais au plus profond désarroi de la population certainement.
La décomposition du système de l'argent roi s'accélère...
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