07 octobre 2025
POLARS EN BARRE [72]
"Le roman policier (…) a connu un développement impressionnant. Empruntant d’abord à des genres romanesques établis, il devient ensuite une catégorie autonome aux règles de fonctionnement très typées, puis finit par multiplier les formes nouvelles, jusqu’au point d’exporter ses procédés dans le champ global du discours narratif contemporain. Il est sans doute l’expression littéraire la plus poignante de ce qu’on a appelé la modernité, comparable en un sens au jazz et au cinéma, deux arts avec lesquels il a toujours entretenu d’étroits liens de sympathie. Comme eux, il est un produit populaire par son origine et par son mode de diffusion et, comme eux, il sait concilier l’emploi du stéréotype avec la créativité innovatrice."
[…]
"Alors que le « roman-problème » classique a pour principale visée l’identification du coupable, le hard-boiled ou « noir » s’intéresse aussi aux circonstances sociales et psychologiques qui engendrent le crime. Ce qui signifie que l’énigme ponctuelle provoquée par le meurtre sous-entend une problématique plus générale, un état de dégradation de la société que l’enquête a pour tâche de mettre au jour."
[…]
"Le roman noir n’a jamais été perçu comme une entité homogène ou un genre codifié par les auteurs qui l’ont illustré. Il s’agit, en fait, d’une appellation commode pour désigner un ensemble de textes très divers. Une classification de ces œuvres sur la base de critères formels se révèle, en conséquence, plutôt impraticable ; il est possible, cependant, de les regrouper en catégories distinctes en relevant certaines de leurs fonctions clés et de leurs thèmes dominants."
André Vanoncini

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06 octobre 2025
POLARS EN BARRE [71]

♦♦♦
"Gabriel se leva et traversa le couloir à grandes enjambées, suivi de près par Freddy. La secrétaire médicale les accompagna jusqu'à la porte, et la claqua derrière eux.
— Tu vois, Freddy, fit Le Poulpe en appelant l'ascenseur, comme dirait un copain, on fait toujours plaisir aux gens en leur rendant visite. Si c'est pas en arrivant, c'est en repartant."
Hervé Le Tellier

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05 octobre 2025
POLARS EN BARRE [70]
"Ce jour-là, Lisbeth Salander était vêtue d’un tee-shirt noir avec une image d’E.T. exhibant des crocs de fauve, souligné d’un I am also an alien. Elle portait une jupe noire dont l’ourlet était défait, un court blouson de cuir noir râpé, ceinture cloutée, de grosses Doc Martens et des chaussettes aux rayures transversales rouges et vertes, montant jusqu’aux genoux. Son maquillage indiquait qu’elle était peut-être daltonienne. Autrement dit, elle était extrêmement soignée."
Stieg Larsson

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04 octobre 2025
POLARS EN BARRE [69]
"Après tous les meurtres et la folie dont j’avais été témoin dans ma carrière, le fait qu’une maladie puisse tranquillement m’éliminer avait toujours constitué une possibilité théorique. Lorsque j’ouvrais un cadavre, que je baignais dans le sang et respirais l’atmosphère qui en émanait, je ne savais jamais à quoi je pouvais être exposée. Je faisais très attention aux coupures et aux piqûres d’aiguille, mais je devais m’inquiéter de bien plus que l’hépatite et le sida. On découvrait de nouveaux virus tous les jours, et je me demandais souvent si ceux-ci ne régneraient pas un jour, et ne finiraient pas par gagner contre nous une guerre qui avait commencé dans la nuit des temps."
Patricia Cornwell

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03 octobre 2025
POLARS EN BARRE [68]
"Je suis un flic, dit-il. Un flic tout ce qu’il y a d’ordinaire. Raisonnablement honnête. Aussi honnête qu’on peut l’espérer d’un homme vivant dans un monde où ce n’est plus de mise. C’est la principale raison pour lesquelles je vous ai demandé de venir ce matin. Je voudrais que vous en soyez convaincu. Étant un flic, je préfère que la loi triomphe. J’aimerais voir de belles canailles bien habillées comme Eddie Mars s’abîmer les ongles dans des carrières de cailloux à Folsom, côte à côte avec les petits minables des faubourgs sous-alimentés qui se sont fait choper à leur premier casse et n’ont jamais eu de chance depuis. C’est ça que je voudrais. Vous et moi, nous avons vécu assez longtemps pour savoir que jamais je ne verrai ce jour-là. Ni dans cette ville, ni dans une ville moitié moins grande, ni dans le moindre recoin des florissants, vastes et verdoyants États-Unis d’Amérique."
Raymond Chandler

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02 octobre 2025
POLARS EN BARRE [67]
"Il ne me restait qu’une chose à faire, foncer de l’avant.
Il devait être sept heures du soir quand j’arrivai sur la route secondaire dont m’avait parlé le petit gars. Je la pris jusqu’à l’embranchement. Le jour tombait et je n’avais pas de temps à perdre. Je roulai à tombeau ouvert, tant et si bien que je faillis ne pas voir la maison.
Je freinai une centaine de mètres plus loin que le petit chemin qui y conduisait. Elle était isolée près d’un bosquet de mélèzes. Je laissai la voiture sur l’herbe et je descendis. Je sentais contre ma cuisse la présente réconfortante du revolver.
Réconfortante ! Encore un peu et je me prenais pour Superman.
En tout cas, je commençais à m’expliquer la mentalité des voyous qui croient que tout leur est permis.
Je connais deux choses pour faire d’un homme sain un maniaque de la puissance : le revolver et la voiture, car il suffit, dans les deux cas, d’une petite pression de la main ou du pied pour libérer une force disproportionnée avec le geste dont elle est née."
Georges Bardawil

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01 octobre 2025
POLARS EN BARRE [66]
"Ce qui est capital, c’est que le roman policier se présente comme une fiction vraie. Il emprunte à la fiction ses protagonistes, ses décors, voire même ses passions ; mais il est vrai par sa méthode, puisque cette méthode ne doit rien à l’imagination, puisqu’elle est identique à celle du savant. En ce sens, le roman policier évacue tout romanesque, liquide l’imaginaire qui avait fait tout le prix du vieux roman noir de la fin du XVIIIè siècle, et triomphait encore sur le boulevard du Crime. (…) Le roman policier s’avance dur, viril, intelligent, fort de ses procédés qui lui permettent de tout expliquer. Ce qu’il sait dissiper, c’est le flou poétique, la convention littéraire, les clairs-obscurs du cœur. Tout faux-semblant disparaît devant le détective. Et la preuve que le roman policier est d’une autre nature que la pure fiction, c’est qu’il est capable non seulement de raconter une affaire criminelle authentique mais d’en donner une solution (Le mystère de Marie Roget). Par conséquent, lorsque le romancier invente une histoire (Double assassinat dans la rue Morgue), cette histoire, purement imaginaire, devient un vrai fait divers par la vertu du raisonnement. Il y a une équivalence absolue entre un récit créé de toutes pièces et une histoire vécue, dans la mesure où l’étude rationnelle des faits conduit à un dénouement nécessaire. Voilà pourquoi le roman policier a été considéré, tout d’abord, non pas comme une littérature marginale, mais comme une forme toute nouvelle de littérature."
Pierre Boileau et Thomas Narcejac

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30 septembre 2025
POLARS EN BARRE [65]
"Les contraintes morales léguées par la prohibition et les églises évangélistes avaient fait des États-Unis un pays conservateur au puritanisme exacerbé avec comme seules valeurs le business et la réussite."
Olivier Barde-Cabuçon

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