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25 décembre 2023

FÊTE, VOUS AVEZ DIT FÊTE ?

La planète brule, au propre comme au figuré. Des conflits armés et des guerres, avec leur lot de crimes et de massacres, se déroulent aux quatre coins de la planète. Les inégalités explosent et dans nos sociétés, pourtant considérées comme "riches", de plus en plus de personnes sont à la rue ou dépendent des restos du cœur et autres associations caritatives pour survivre. Le racisme est omniprésent, les mouvements d'extrême-droite prolifèrent, et la menace d'un fascisme 2.0 se précise de jour en jour.

Il n'existe pas de "trêve" pour la ronde infernale des marchandises, l'accumulation sans fin du capital et ses dégâts humains collatéraux !

Mais sans le moindre état d'âme et sans la moindre remise en question, la fête bat son plein et les "Joyeux Noël" envahissent l'espace public, les médias et les réseaux sociaux, avant la déferlante des "vœux" de fin d'année, dans une semaine. Désolé, mais cette overdose de cynisme consumériste et de bonne conscience hypocrite, je ne peux pas, je ne peux plus.

Nous n'avons pas besoin d'illusions, nous n'avons pas besoin de discours sirupeux, nous n'avons pas besoin de promesses frelatées, nous n'avons pas besoin de serments la main sur le cœur, nous n'avons pas besoin de logorrhée sur "la paix et la bonne volonté sur Terre", nous n'avons pas besoin de "bons sentiments" et de "souhaits"...

Nous avons besoin d'action pour transformer radicalement la société actuelle et rompre avec ce capitalisme destructeur de la nature et du vivant.

Tout de suite et de manière permanente. Avant qu'il ne soit trop tard !

 

 

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14 décembre 2023

LES VESSIES ET LES LANTERNES DE LA COP 28

A entendre certains commentateurs, il faut se réjouir des résultats de la COP 28. On a un peu l'impression que les COP ont tellement été décevantes dans le passé et l'inaction en matière climatique (notamment) tellement évidente, que le simple fait de mentionner aujourd'hui les "énergies fossiles" dans un texte est une vraie révolution !
 
Sauf que l'invitation à "transitionner" (sic) n'est assortie d'aucun calendrier, d'aucun plan précis, d'aucune obligation ! Sauf que ce sont toujours les États, pris chacun séparément, qui gardent souverainement la main ! Sauf que –tiens tiens–, les compagnies exploitant les énergies fossiles se sont réjouies unanimement de cet "accord" !
 
C'est "positif", répètent des "spécialistes", car l'on va maintenant pouvoir avancer vers un monde "dé-fossilisé"...
 
Ils oublient un détail : sans contrainte, ce processus prendra énormément de temps (probablement jusqu'à... la fin "naturelle" de ces énergies fossiles !) et, précisément, nous n'avons plus le temps ! Le réchauffement climatique est déjà irréversible et d'autres "limites planétaires" sont déjà dépassées ou en voie de l'être ! Il y a donc URGENCE, et ce sommet de la COP, comme ceux qui l'ont précédé, ne répond pas à cette urgence !
 
Tant que les mots ne seront pas remplacés par des actes forts, nous continuerons à nous enfermer dans une dangereuse impasse. Et, in fine, tant qu'il n'y aura pas de rupture avec "notre" mode de production et de consommation, à savoir le capitalisme, il n'y aura pas d'issue favorable possible à cette crise structurelle.
 
Là est la clé pour comprendre les analyses satisfaites de beaucoup de journalistes et d'"experts" dans les médias. Tous sont persuadés que l'on peut trouver des réponses à la situation actuelle sans remettre en question la puissance et le pouvoir du capital. Leur horizon demeure obstinément celui du capitalisme... vert.
 
Certes, beaucoup souhaitent sincèrement sauver la planète des déprédations humaines pour préserver l'avenir du vivant. Mais ils stérilisent leurs propres souhaits et leurs propres perspectives car ils ont majoritairement intériorisé la nécessité du choix du  "réalisme" face à un système réputé indépassable.
 
Comme l'avaient noté, il y a un paquet d'années, Fredric Jameson et Slavoj Zizek, nombreux en effet envisagent  "plus facilement la fin du monde que la fin du capitalisme" ! Et, par conséquent, nombreux  refusent d'admettre que l'écologie sans une perspective anticapitaliste n'est rien d'autre que du dilettantisme !
 
L'écologie respectueuse du vieux monde bourgeois conduit dans un cul-de-sac politique lourd de conséquences. Seule une perspective "éco-socialiste" peut-être à la hauteur des défis de notre tumultueuse époque, des défis vitaux faut-il le préciser une nouvelle fois...
 
 

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Le point de vue de Nafkote Dabi, responsable de la politique concernant le changement climatique à Oxfam International.
 
 
"Le résultat de la COP 28 a raté l'occasion de renforcer la justice pour la majorité des pays du monde.
 
Tous ceux qui luttent contre la crise climatique mondiale ont peu à célébrer de cette décevante COP. Son résultat final est absolument inadéquat. Le pétrole, le charbon et le gaz ont encore gagné, mais ils ont dû lutter plus dur pour le faire et leur ère touche à sa fin.
 
La COP28 a été doublement décevante parce qu'elle ne met pas d'argent sur la table pour aider les pays en développement à passer aux énergies renouvelables. Et les pays riches ont encore renoncé à leurs obligations d'aider les personnes touchées par les pires effets de la dégradation climatique, comme ceux de la corne de l'Afrique qui ont récemment tout perdu à cause des inondations, après une sécheresse historique de cinq saisons et des années de famine.
 
Les pays en développement et les communautés les plus pauvres sont confrontés à une augmentation de dettes et à une aggravation des inégalités. Ils reçoivent moins d'aide et font face à plus de danger, de faim et de privations.
 
La COP28 était à des kilomètres du résultat historique et ambitieux qui avait été promis."
 
 

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12 décembre 2023

LE TRES DISPENSABLE BARNUM ANNUEL

Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie mais c’est peu dire que je n’apprécie guère ce mois de décembre, ses célébrations obligées, sa bruyante trêve des confiseurs, ses bons sentiments conformistes, son hypocrisie dégoulinante et sa frénésie consumériste généralisée.
 
Une surconsommation de marchandises, des gaspillages sans fin et d’improbables illuminations tapageuses ne mettront pas fin aux turpitudes de l’époque, à l’effondrement écologique global, aux inégalités sociales croissantes ou aux crimes de guerre commis aux quatre coins de la planète ! Juste peut-être une diversion de quelques jours afin que nous détournions le regard, sans trop d’états d’âme.
 
Certes, il n’est pas incongru de s’amuser et de donner la priorité à l'aspect festif de l'existence. Que du contraire même, surtout en ces temps obscurs.
 
Mais pourquoi le faire sur injonction, dans des périodes pré-déterminées, de manière formatée, en tombant trop souvent dans la démesure d’achats compulsifs et de réjouissances recommandées ?
 
Noël est censée être une célébration (d’abord) religieuse et les chrétiens ont parfaitement le droit de magnifier leurs croyances. Je crois toutefois me rappeler que Jésus serait né dans une étable, sur de la paille, au milieu d’animaux bienveillants et entouré de parents réfugiés. Pas dans une orgie de grande bouffe et d’alcool coulant à flots, de sapins et de gadgets à profusion, de saturation des mêmes films TV et bêtisiers annuels !
 
Quant au rituel des vœux pieux de nouvel an, il est parfaitement vain et ne change jamais rien à la douteuse trajectoire de notre monde.
 
Le 31 décembre 2022, tous et toutes se souhaitaient une "bonne et heureuse année", et force est de constater en cette fin 2023 que le bilan est lourdement négatif. Comme d’habitude.
 
Et puis, il y a toutes ces personnes partout sur Terre qui n’auront pas l’occasion de festoyer beaucoup, faute de moyens ou parce qu’elles se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment.
 
Désolé, mais cette bombance frelatée et ce business obscène, sans moi…
 
 

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15 octobre 2023

Solidarité Palestine

Israël est un État colonialiste et raciste qui ne respecte pas le droit international, à commencer par les résolutions adoptées depuis près de 60 ans par l’ONU, une organisation à portée universelle dont il est pourtant membre à part entière.
 
Le gouvernement d’extrême-droite met aujourd’hui à profit les crimes du Hamas pour lancer une offensive meurtrière destinée à effacer de la carte géopolitique mondiale le peuple palestinien.
 
Son objectif immédiat est de vider Gaza de ses habitants et de raser l’enclave pour s’en emparer définitivement.
 
Car jamais les "civils"  –hommes, femmes et enfants– contraints de fuir sous les bombes ne pourront réintégrer Gaza. Le provisoire deviendra définitif comme pour tous les "territoires occupés" !
 
La responsabilité de la "communauté internationale", en premier lieu les États-Unis-Unis et l’Union européenne, est ici très lourde. Les gouvernements de ces différents pays n'ont jamais réellement contesté la politique expansionniste et colonisatrice d’Israël. Ils n’ont jamais œuvré sérieusement à trouver une solution politique, basée sur l’existence de deux États indépendants. Parce qu’Israël est le meilleur allié de l’impérialisme états-uniens et de ses vassaux européens, et à ce titre il doit être choyé.
 
L’argumentation-alibi sans cesse matraquée concernant le "droit d’Israël à ses défendre" est un leurre. Israël est une puissance nucléaire qui dispose de l’armée la plus puissante du Proche-Orient. Ce n’est pas la population palestinienne, qui vit depuis si longtemps dans le dénuement, qui constitue une menace pour ses voisins ; ce n’est pas la population palestinienne qui occupe des territoires israéliens pour y installer massivement des colons !
 
Plus que jamais le peuple palestinien, confronté à une politique belliciste d’occupation et d’expropriation persistante, a besoin de la solidarité internationale.
 
Free Palestine !
 
 

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30 avril 2023

LUTTE DES CLASSES ET 1er MAI

 

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Le 1er Mai n’est pas une fête du muguet, une célébration de type pétainiste “du travail” ou un simple jour férié du calendrier des “congés payés” !
 
Le 1er Mai est une journée (internationale) de luttes des travailleuses et des travailleurs.
 
Son origine remonte au 1er Mai 1886 et à l'organisation aux États-Unis de nombreuses grèves et manifestations pour revendiquer –entre autre–  la journée des huit heures (“Huit heures de travail ! Huit heures de repos ! Huit heures d’éducation !”). Dans les jours qui suivirent ces actions, des affrontements firent plusieurs dizaines de morts à Chicago dans les rangs des manifestants grévistes et un attentat à la bombe tua plusieurs policiers. 5 militants ouvriers furent jugés de manière expéditive et condamnés à mort par pendaison !
 
La date du 1er Mai fut ensuite retenue par la Deuxième Internationale, lors de sa fondation en 1889, comme journée d’action internationale, “de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail, et d’appliquer les autres résolutions du congrès international de Paris”.
 
Aujourd’hui, 134 ans plus tard, cette journée n’a rien perdu de sa portée conflictuelle. Bien sûr, la lutte des classes concrète a permis un réel “progrès social”. Mais la voie de l’émancipation reste encombrée par l’exploitation capitaliste.
 
De profondes inégalités subsistent dans un monde où quelques centaines de milliardaires possèdent plus qu’une bonne moitié de l’humanité !
 
Chez nous, le 1er Mai se déroulera demain dans un contexte d'offensive patronale (Delhaize, par exemple) et avec une droite qui continue à tenir le haut du pavé gouvernemental, avec la complicité “participationniste” du PS/ECOLO.
 
Ainsi, malgré les grands discours des uns et des autres (notamment lors des rassemblements du... 1er Mai), la norme salariale (les fameux 0,4%) n'a pas été abandonnée, l'âge légal de la retraite n'a pas été ramené à... 65 ans (en France, ils se battent toujours contre la pension légale à... 64 ans !) et une réduction significative du temps de travail, pourtant indispensable pour le bien-être des travailleurs et de la planète, demeure dans les oubliettes.
 
Au même moment, les dividendes et les profits des grandes entreprises ne cessent de battre des records, et inlassablement les plus riches continuent à s'enrichir !
 
Par ailleurs, pour sauvegarder leurs immenses privilèges, les puissants n'hésitent pas à multiplier les dispositions anti-démocratiques pour neutraliser les contestations, et un peu partout des tendances “autoritaristes” et des dérives vers des “États forts” ont le vent en poupe.
 
Renouer avec l’esprit et la tradition du 1er Mai implique de renouer avec les luttes pour modifier les rapports de forces entre le “capital” et le “travail”, et commencer à transformer réellement ce monde intolérable.
 
Pour le “social”, pour le “climat”, pour les “libertés démocratiques” : tel devrait être l’un des messages forts à répercuter ce lundi !
 
 
 
 

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05 avril 2023

Ernest Mandel, 5 avril 1923 - 5 avril 2023

mandel.jpgCentenaire de la naissance d’Ernest Mandel.

Ernest Mandel, un nom qui ne parle sans doute plus guère à la jeunesse actuelle.

Théoricien “marxiste”, militant engagé dans la construction d’une internationale politique révolutionnaire, omniprésent sur le terrain des confrontations intellectuelles, débatteur inlassable et publiciste prolifique qui a laissé une œuvre considérable tant par son ampleur que par sa diversité. Traduit dans plus de 30 langues, il fut ainsi dans les années 60 et 70 du siècle dernier, période de (relative) renaissance d’une pensée critique et d’élan anticapitaliste, l’un de auteurs “belges” les plus lus dans le monde, avec Georges Simenon et Hergé !

Il est impossible de recenser en quelques lignes l’ensemble de ses écrits et interventions dans les débats de son temps, tant sa force de travail était grande et ses intérêts multiples : dans des domaines aussi divers que l’économie, l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie et même l’art et la littérature (parmi ses “hobbies” : la musique classique, la peinture, les documentaires animaliers et… la lecture de romans policiers). En plus, naturellement, de ses éternelles préoccupations politiques, tactiques et stratégiques.

Il est tout aussi difficile de brosser brièvement ses activités durant près de 60 ans. Actif dès son adolescence dans le mouvement “trotskyste” puis dans la résistance anti-nazie durant les années 40-45, figure de la “gauche” du mouvement ouvrier en Belgique au lendemain de la seconde guerre mondiale (au sein de la FGTB-PSB), acteur décisif dans la création de sections de la 4ème Internationale, Ernest Mandel parcourait inlassablement les différents continents pour défendre un projet communiste démocratique, en ce y compris dans les pays où il était officiellement interdit de séjour car réputé dangereusement subversif !

Ernest Mandel, et d’aucuns le lui ont reproché, a souvent fait preuve d’un inébranlable optimisme. Volontariste décomplexé, il avait la conviction chevillée au corps du triomphe final de “l’émancipation humaine”, envers et contre tous les obstacles dressés par la classe bourgeoise et les dominants. Pour lui, il ne faisait aucun doute que cette “utopie concrète” se matérialiserait dans un avenir proche car il avait une grande confiance dans le “mouvement  impétueux  des masses” et leurs capacités d’auto-organisation.

Certes, aujourd’hui, à notre époque de télescopage de crises aigües  auxquelles est venue s’ajouter une catastrophe écologique lourde de menaces, notre futur paraît bien plus “questionnable”.

Les évolutions de ces dernières décennies, notamment depuis le décès d’Ernest Mandel (1995), n’ont évidemment pas rendu notre monde plus tolérable. Que du contraire.

Une raison supplémentaire pour ne pas renoncer et continuer à tout mettre en œuvre pour le transformer  —au-delà des discussions,  polémiques et  bilans politiques—   dans la continuité du combat de toutes les générations précédentes, dont celle d'Ernest Mandel...

 

 

 

 

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Repères bibliographiques [principaux ouvrages publiés en langue française, dans l'ordre chronologique]. Traité d'économie marxiste, Julliard, 1962 Initiation à la théorie économique marxiste, CES, 1964 La formation de la pensée économique de Karl Marx, Maspero, 1967 La réponse socialiste au défi américain, Maspero, 1970 Du fascisme, Maspero, 1974 Introduction au marxisme, Fondation Lesoil, 1974 Le Troisième âge du capitalisme, UGE, 1976 La longue marche de la révolution, Galilée, 1976 Critique de l'eurocommunisme, Maspero, 1978 De la Commune à Mai 68, La Brèche, 1978 La crise 1974-1978, Flammarion, 1978 Les étudiants, les intellectuels et la lutte des classes, La Brèche, 1979 Réponse à Louis Althusser et à Jean Ellenstein, La Brèche, 1979 Trotsky, Maspero, 1980 La crise, Flammarion, 1985 Meurtres exquis. Une histoire sociale du roman policier, La Brèche, 1986 La place du marxisme dans l'histoire, IIRF, 1986 Où va l'U.R.S.S. de Gorbatchev ?, La Brèche, 1989 Octobre 1917, coup d’État ou révolution sociale. La légitimité de la Révolution Russe, IIRF, 1992 Les ondes longues du développement capitaliste, Syllepse, 2014 Sur la seconde guerre mondiale, une interprétation marxiste, La Brèche, 2018 La révolution allemande, La Brèche, 2021

 

 

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Ernest Mandel et Jacques Yerna (assis), secrétaire de la FGTB de Liège, lors d'un débat dans la cité Ardente en 1978. Tous deux avaient milité et  travaillé ensemble au journal "La Gauche", notamment lors de la grève de 1960-1961.

 

 

Sur Ernest Mandel

 

"Ernest Mandel appartenait à une espèce devenue fort rare en cette moitié de XXè siècle : celle des théoriciens du marxisme militant. Il était l’un de ces rares hommes ou femmes dans l’histoire du mouvement socialiste qui ont été capables de mener de pair une activité inlassable de dirigeants révolutionnaires et une œuvre intellectuelle obéissant aux critères académiques de la recherche scientifique, au point de forcer le respect des milieux universitaires."

[Gilbert ACHCAR, Un portrait intellectuel, in Le marxisme d’Ernest Mandel, PUF, 1999]

 

"C’était un grand éducateur. Son “Introduction à l’économie marxiste” a été vendu à un demi-million d’exemplaires. Et pourtant, il a passé une grande partie de son existence à se préoccuper des idées des groupes trotskystes rivaux."

[Tariq ALI, The Guardian, 23/07/1995]

 

"Toute sa vie durant il fut convaincu de la nécessité, mais aussi de la possibilité de la révolution mondiale. De là vient son enthousiasme pour le mouvement de Mai 68."

[Elmer ALVATER, Süddeutsche Zeitung, 22/07/1995]

 

"Mettre-à-penser plutôt que maître-penseur, Ernest Mandel fut pour nous un tuteur théorique et un passeur entre générations. Nous avons beaucoup appris auprès de lui sans qu’il devînt un gourou autoritaire à la manière de Michel Pablo, de Juan Posadas, de Pierre Lambert ou Tony Cliff (…). Côtoyer Ernest au quotidien était une source de connaissances et une initiation permanente aux fondamentaux du marxisme.

Polyglotte, il écrivait presque indifféremment en allemand, en anglais ou en français. Il parlait aussi un curieux sabir d’espagnol truffé d’italianisme. Mais il disait rêver en flamand, sa langue maternelle. Son rayonnement et son prestige étaient manifestes en Allemagne, en Amérique latine, dans le monde anglo-saxon (…). Malgré le succès de ses livres en éditions de poche, en France, sa notoriété est restée moindre. Il faisait pourtant preuve d’une culture multidisciplinaire bien supérieure à nombre de médiocrités mandarinales au renom éphémère. Pas assez sophistiqué, trop belge ? Trop étranger au milieu universatiro-médiatique, à sa suffisance autarcique et à sa frivolité, sans doute. Handicap supplémentaire : il était catalogué économiste et doté d’une solide culture germanique, deux caractéristiques peu compatibles avec les légèretés de l’esprit mondain à la française (…).

Homme des Lumières, confiant dans les vertus libératrices des forces productives, dans le pouvoir émancipateur de la science et dans la logique historique du progrès, il eût cependant l’intelligence de s’ouvrir précocement à l’inquiétude écologique. Avec le roman policier et la collection de timbres, les albums animaliers faisait partie de ses hobbies. Ernest était un cas exemplaire d’optimisme forcené de la volonté, tempéré par un pessimisme de la raison : la révolution en permanence l’emportait chez lui haut la main sur la catastrophe en permanence. Et la prophétie socialiste finissait (presque) toujours par terrasser la barbarie."

[Daniel BENSAÏD, Une lente impatience, Stock, 2004] 

 

"La thèse centrale des écrits politiques d’Ernest Mandel était la capacité politique de la classe ouvrière, s’incarnant dans les syndicats, les partis ouvriers et, au moment de la rupture révolutionnaire, les institutions de la dualité du pouvoir tels les conseils ouvriers et les soviets.

En comparaison avec la tendance des premiers marxistes à insister sur les limites des syndicats ou avec les politiques de Lénine contre l’économisme, Mandel était fortement attaché aux possibilités de développement du mouvement ouvrier en dépit de ses encroûtements bureaucratiques. Tout en tenant compte des critiques de Lénine, Mandel était enclin à faire sienne quelques-unes au moins des positions de Rosa Luxemburg sur la logique inhérente qui pousse une lutte ouvrière et les organisations des travailleurs dans la direction d’une contestation de la logique du capitalisme."

[Robin BLACKBURN, Ernest Mandel et la voie de la socialisation, in Le marxisme d’Ernest Mandel, PUF, 1999]

 

"Malgré ses limites et ses propres impasses, le courant trotskyste a le mérite d’avoir maintenu contre vents et marées un marxisme critique, un communisme sans compromissions avec les crimes staliniens et maoïstes, et last but not least, cet “internationalisme socialiste”, tant galvaudé, décrié, trahi, et qui reste tellement nécessaire ! Et cet apport-là, c’est notamment à des gens de la stature d’un Ernest Mandel qu’on le doit !"

[Jean-Marie CHAUVIER, La Gauche, septembre 1995]

 

"Mandel était un enfant de l’entre-deux guerres avec ses turbulences économiques et politiques catastrophiques. Son environnement familial et son histoire personnelle l’ont projeté dans l’après-guerre avec la conviction acharnée d’un adepte des idées marxistes et de la pratique révolutionnaire, dans un environnement politique largement hostile. La vague de contestation des années 60-70 renouvela cette énergie et elle se maintint pour le reste de sa vie."

[Geoffroy M. HODGSON, The Economic Journal, janvier 1997]

 

"Nos entretiens montraient que ce grand spécialiste de l’économie marxiste était aussi un fin connaisseur des problèmes concrets de la société et de la politique belges, voire des arcanes des groupes-acteurs, “pouvoirs réels” dans la prise de décision."

[Jules-Gérard LIBOIS, La Gauche, septembre 1995]

 

"De Paris à Sao Paulo, de Berlin à New-York, de Moscou à Mexico, les raisons de cet intérêt et de cette renommée sont nombreuses. L’une d’elles résidait certainement dans la dimension humaniste révolutionnaire de ses écrits.

Cette dimension, en effet, est un des principes unificateurs de la pensée d’Ernest Mandel, un fil rouge qui traverse ses travaux, qu’ils traitent du débat économique à Cuba, de la pauvreté dans le Tiers-Monde, de l’économie politique marxiste ou de la stratégie révolutionnaire aujourd’hui. Il rattachait chaque question, chaque conflit, chaque crise, à un point de vue global, celui de la lutte pour une émancipation humaine universelle et révolutionnaire. Son travail n’est pas prisonnier d’une approche étroite, technique ou tactique, d’une méthode étroitement économique ou politique, mais s’enracinait toujours dans une perspective humaniste révolutionnaire plus large, historique ou mondiale."

[Michael LÖWY, L’humanisme révolutionnaire d’Ernest Mandel, in Le marxisme d’Ernest Mandel, PUF, 1999]

 

"Ernest Mandel est beaucoup plus que l’une des grandes figures de l’extrême-gauche européenne de l’après-guerre. C’est aussi un intellectuel à l’impressionnante culture, qui a fortement marqué bien au-delà de sa propre mouvance les esprits de la gauche étudiante des années 60."

[Laurent MAUDUIT, Le Monde, 22/07/1995]

 

"Penseur formé dans un monde presque classique du XIXè siècle et héritier du siècle des Lumières, Mandel se sentait à l’aise dans de nombreuses disciplines et il était familier d’un monde littéraire et philosophique plus vaste que la seule culture marxiste."

[Jan Willem STUTJE, Ernest Mandel un révolutionnaire dans le siècle, Syllepse, 2022] 

 

"Il ne cessait de cultiver des intérêts fort divers. Il se passionnait pour Spinoza, rêvait d’écrire un livre sur la “révolution permanente en Flandre/Hollande au XVIè siècle”, se préoccupait de la question éthique, se ressourçait dans Ernst Bloch qu’il tenait pour “le plus grand philosophe marxiste du XXè siècle” et “s’encanaillait” par la lecture d’une masse de romans policiers, comme il le “confesse” dans le livre qu’il consacra à ce sujet."

[François VERCAMMEN, Inprecor, septembre 1995]

 

"Ernest Mandel a incontestablement marqué par sa pensée les travaux de la Commission d’études de la FGTB mais aussi les réflexions du groupe formé autour d’André Renard et qui ont permis à celui-ci de publier, en 1958, une brochure qui aura un grand retentissement dans le mouvement ouvrier, “Vers le socialisme par l’action”. Parmi les thèmes traités dans cette brochure, ceux de l’action directe et de la bureaucratisation avaient suscité alors un débat dans lequel Ernest allait jouer un rôle important. Ces deux thèmes occuperont souvent par la suite une place centrale dans les débats auxquels Ernest était associé."

[Jacques YERNA, La Gauche, septembre 1995]

 

 

 

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14 mars 2023

Marx, Karl... 14 mars 1883 - 14 mars 2023

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27 février 2023

Ukraine : mettre fin à l'agression !

 

Un an après l’agression russe contre l’Ukraine, une fraction du "mouvement de solidarité" peine à dénoncer clairement cette violation territoriale d’un Etat souverain au mépris des règles internationales, se résigne au fait accompli et évite maintenant d’exiger le retrait immédiat de l’armée russe, exclut d’opérer une nette distinction entre occupants et occupés !

Principalement au nom d’un noble but : la paix.

Mais qui n’est pas favorable à la paix et qui n’est pas opposé aux guerres, à part évidemment les marchands de canons et les mercenaires qui vivent des conflits armés ?

Proclamer une position pacifique de principe (consensuelle) est certes louable mais n’épuise pas la question, et ne justifie aucunement le refus de procéder à une "analyse concrète d’une situation concrète".

S’abstenir de condamner sans ambiguïté l’agression de la Russie de Poutine, au motif que les agissements de l’autocrate du Kremlin sont exploités par l’Otan et les Etats-Unis, illustre l’impasse du "campisme" (le monde est divisé en camps et il faut choisir le sien, envers et contre tout) ou d’un "pacifisme abstrait".

Si l’on devait suivre certains "raisonneurs géopolitiques" actuels, on pourrait étrangement revisiter l’histoire des guerres et des conflits. Ainsi, en 1936, en Espagne, il n’eût pas fallu fournir des armes (ce qui d'ailleurs n'a pas vraiment été réalisé, hélas !) ni apporter son appui au peuple espagnol, mais les nations auraient dû s'activer pour organiser une "conférence de paix" avec… le putschiste Franco ! Ainsi, en 1939-1940, devant l'invasion de nombreux pays par l'Allemagne nazie, il n’eût pas fallu organiser la résistance mais essayer de trouver une "solution pacifique" avec… Hitler, afin de ne pas "faire le jeu" des impérialismes britannique ou US !

Ce type de positionnement, politiquement intenable, ignore au passage le droit des peuples à l’autodétermination, et par conséquent le droit de ceux-ci à l’autodéfense face à un ou plusieurs agresseurs !

Pour en revenir au cas présent, il doit exister beaucoup de distraits : rappelons que ce sont les troupes russes qui ont franchi la frontière ukrainienne pour marcher sur Kiev, ce ne sont pas les troupes ukrainiennes qui ont franchi la frontière russe pour marcher sur Moscou !

Et il est incontestable que sans armes le peuple ukrainien ne pourrait tenir tête à l'une des principales puissances militaires du monde et ne pourrait éviter à terme le démembrement du pays !

Par ailleurs, ce serait une vaine illusion de penser que Poutine pourrait soudainement retirer son armée parce qu'on le lui demande aimablement, ou à l'issue d'une hypothétique et gentille "négociation" (sur quoi d'ailleurs ?).

Enfin, dans cette situation mortifère pour eux, pourquoi les Ukrainiens devraient-ils être regardants et sélectionner les pays qui leur procurent un armement indispensable ? Dans certaines circonstances, il faut pouvoir conclure de nécessaires accords de survie ! En 1917-1918, les Bolchéviks de Lénine ont été contraints de ratifier une paix infamante avec l'Allemagne impériale pour gagner un peu de temps et d'espace, et les communistes chinois n'ont pas hésité à pactiser avec les nationalistes de Tchang Kaï-Chek pour lutter contre l'impérialisme japonais ! Et qui reprochera au peuple vietnamien ou au peuple cubain d’avoir pu bénéficier d’un (relatif) soutien du totalitarisme soviétique face à l’ingérence musclée des Etats-Unis ?

Aujourd'hui, l'ennemi principal du peuple ukrainien est l'occupant russe, qui bombarde, tue, massacre, déporte et viole sans aucun complexe. Aujourd’hui, l’urgence est d’arrêter les massacres en exigeant le retour des militaires russes chez eux.

Il serait donc pour le moins indécent de continuer à alimenter la fiction d'une guerre inopinée et de renvoyer dos à dos les "belligérants", de manière "équilibrée" (sic).

Il n’y a(ura) pas de "paix" possible sans un retrait préalable des troupes russes de l’Ukraine !

 

NB : d’aucuns lèvent les bras au ciel en expliquant qu’un Zélensky ne vaut guère mieux que son homologue russe. Comme s’il s’agissait de soutenir un individu, fut-ce un chef d’État, ou un gouvernement, et non un peuple qui doit survivre sous les bombes ! De la même manière, condamner le régime de l’ancien agent du KGB Vladimir Poutine et son expansionnisme, ne signifie pas combattre le peuple russe. En Russie aussi, il existe une opposition —socialiste notamment— qui revendique la fin de l’invasion et de l’occupation de l’Ukraine. Elle est d'ailleurs la première à subir la politique répressive de la nomenklatura au pouvoir, et elle mérite elle aussi tout notre soutien !

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