09 décembre 2025
POLARS EN BARRE [135]
"Chaque époque et chaque nation ont leur propre morale, leur propre code de valeurs, en fonction de ce que les gens estiment être la valeur la plus sacrée, et d'autres qui ne se préoccupaient que de la beauté. Le Siècle des Lumières célébrait la raison comme la plus élevée des valeurs, et certains peuples - les Italiens, les Irlandais - ont toujours trouvé que la sensibilité, l'émotion, les sentiments, étaient ce qui comptait le plus. Aux premiers temps de l'Amérique, l'exaltation du travail était notre plus grande expression de moralité, puis il y eut une période où les valeurs à la propriété furent estimées au-delà de tout. Mais un autre changement s'est produit récemment. Aujourd'hui, notre code moral repose sur l'idée que la fin justifie les moyens.
Il fut une époque où c'était considéré comme malhonnête, l'idée que la fin justifie les moyens. Mais cette époque est révolue. Nous seulement nous y croyons, mais nous le disons. Nos chefs de gouvernement justifient toujours leurs actions en invoquant leurs buts. Et il n'est pas un seul P.-D.G. qui ait commenté publiquement la vague de compressions de personnel qui balaie l'Amérique sans l'expliquer par une variation sur la même idée : la fin justifie les moyens."
[...]
"Je ne pourrais pas être plus heureux si j’avais moi-même un boulot. C’est vrai ; enfin, presque vrai. Mais il travaille, il a un poste, il est là où il veut être !
Mon Dieu, je n’ai pas besoin de le tuer.
Oh, c’est super, c’est super. En démarrant la Voyager, en faisant le demi-tour, je souris jusqu’aux oreilles.
Tandis que les kilomètres défilent, que je me rapproche de plus en plus de la maison, le poids me retombe lentement dessus. Encore deux."
Donald Westlake

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08 décembre 2025
POLARS EN BARRE [134]
"On se reconnaît entre initiés qui entravent le jars. On affirme une appartenance. L’argot touche et percute. Il est aussi une poésie de la révolte. Il pleure et rit dans une mélodie intime qui n’existe nulle part ailleurs. Si la langue est vivante, alors les hommes qui la pratiquent le sont aussi. Le mouvement des phrases est aussi dans les têtes. Et ça danse ! Les marches que gravit le bandit Cartouche pour être exécuté mène à l’abbaye de Monte-à-Regret. Qui se fait raccourcir le cigare mange les pissenlits par la racine au boulevard des allongés… Corps humains, sexe, armes, nourriture et métiers : tout est dans une sarabande vibrante de métaphores et d’euphémismes."
Lionel Besnier

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07 décembre 2025
POLARS EN BARRE [133]
"Tony avait toujours refusé de participer à ces raids nocturnes pourvoyeurs de gains illicites. Ces ″minables larcins″ ― ainsi désignait-il avec mépris ces déprédations ― ne l’intéressaient nullement. Il voulait devenir un ″gros bonnet″, un chef et peut-être même un politicien. Il était dévoré par la soif de commander, par une grande faim de pouvoir, de richesses. Et il entendait bien jouir un jour de tout ça. Entre-temps, bien qu’on ne lui connût pas le moindre travail et qu’il refusât à verser dans l’ornière criminelle où se complaisaient les gars du quartier, il s’habillait mieux qu’eux et semblait disposer de tout l’argent dont il avait besoin. Nombreux étaient les garçons qui se posaient des questions à ce sujet mais, dans la mesure où il s’obstinait à ne participer à rien, il semblait bien que cette énigme soit destinée à rester entière car, dans le quartier, personne ne s’avisait jamais d’enquêter sur les sources de revenus de qui que ce soit, fût-ce un ami intime. Et Tony n’avait pas d’amis intimes."
Armitage Trail

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06 décembre 2025
POLARS EN BARRE [132]
"Un policier qui travaille dans le marais, il faut qu’il choisisse : admettre toutes les sales combines et accepter de se faire payer pour fermer les yeux, sinon à lui les plaies et les bosses, les coups de trique et les os cassés."
David Goodis

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05 décembre 2025
POLARS EN BARRE [131]
"Comme un jouet mécanique bien remonté, la grande ville continuait son activité nocturne avec une précision mathématique, sans s’inquiéter de ses habitants."
William Riley Burnett

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04 décembre 2025
POLARS EN BARRE [130]
"C’était l’inspecteur Webber, le souverain, le nabab, le maharadjah, l’empereur, le géant Colossus en personne. Ne le sous-estimez pas, avait dit Mandon ; et bien entendu, il avait raison. J’examinai donc l’inspecteur avec un intérêt nouveau, passionné, essayant d’éprouver quelque chose de la terreur que Mandon avait éprouvée… Mais non, rien. Pour moi il n’était qu’un flic véreux de plus, même si sa chemise à lui était propre."
Horace McCoy

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03 décembre 2025
POLARS EN BARRE [129]
"Je sens que les choses ne tournent pas rond et mon petit doigt, qui ne se trompe jamais, me dit que si la partie est jouée selon la donne, c’est le mauvais numéro qui gagnera. Oh ! C’est pas mes oignons ! Alors, mes oignons, c’est quoi ? Est-ce que je le sais ? Est-ce que je l’ai jamais su ? Inutile d’approfondir. Tu n’es pas compréhensif ce soir, Marlowe. Peut-être que je ne l’ai jamais été et que je ne le serai jamais. Je ne suis peut-être qu’une larve qui trimbale dans sa poche une carte de détective. Peut-être que c’est qu’on finit tous par le devenir dans ce monde glacial et crépusculaire où c’est toujours le mal qui triomphe."
Raymond Chandler

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02 décembre 2025
POLARS EN BARRE [128]
"Ce qui est vivant se consomme chaud, à l’état brut, et ne devient ″culturel″ qu’après, quand ça vieillit bien, au contraire de tous ces films qui naissent couverts de rides, objets culturels, eux, dès leur première projection. Un défi : le ″noir-polar″, jusqu’à ce jour le plus increvable des genres, est le seul ″work in progress″ de l’industrie cinématographique, une coulée unique, variée et ininterrompue, une sorte de contre-journal télévisé permanent.
[…]
Qu’est-ce qui va rester ou pas ? Je ne lis pas dans les marcs de café, moi, … je ne sais qu’une chose, c’est que le ″polar-noir″ est vivant et que je le rencontre tous les jours au ciné. Peu importe qu’on veuille me le fourguer à la sauce S.-F. Ou fantastique-épouvante, au goût du jour, quoi. Je ne dis jamais non, moi, je ne boude pas. D’ailleurs j’y crois pas du tout, à la ″pureté″ du polar, la ″pureté″ c’est pas son truc, ça l’a jamais été, il s’en est même toujours méfié comme de la peste. La preuve, c’est un sujet dont il aime bien parler : mensonges, trahisons, fin-qui-justifie-les-moyens, etc. Ça le connaît, la pureté."
Alain Corneau
"Qu’est-ce qu’un film noir ? Le mot ″noir″ implique un certain éclairage sur le monde, une vision subjective, une façon pessimiste d’appréhender les choses. Le ″noir″ implique le réalisme. Mais tous les films réalistes ne sont pas noirs. (…) La caractéristique essentielle du roman et du film ″noirs″ est l’ambiguïté. Ambiguïté des personnages, ambiguïté du jeu social. Dans les films des années trente, nous assistons à une pantomime où gangsters, politiciens et héros jouent un jeu bizarre, souvent contraire à leur rôle social. Ambiguïté toujours présente dans les années soixante-dix, où les flics violent la loi pour mieux la faire respecter, où des épreuves de force se terminent par un mariage, où un petit fait divers d’aspect comique se termine en drame. Autre caractéristique : la violence, cruelle et spectaculaire. Cette ″dynamique de la mort violente″ baigne le film noir et lui donne son caractère d’insécurité."
François Guérif

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