Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29 septembre 2025

POLARS EN BARRE [64]

 

" − Tu es communiste, seulement tu l’ignores. Tu vomis la façon dont cette ville est administrée, tu vomis la façon dont le Petit Théâtre est dirigé, tu vomis toute cette publicité grotesque des postes de radio, tu vomis les curés et les prédicateurs qui rampent, qui quémandent, qui font la chasse aux fidèles, tu vomis le régime établi. Tu me l’as dit au moins cent fois, nom de Dieu !...

− Écoute, dit Dolan en retirant son chapeau. Cette discussion pourrait durer toute la nuit. Il se peut que je sois communiste. Si je le suis, je n’en sais rien. Mais je déteste vraiment tout ce dont tu as parlé, et pas mal de choses dont tu n’as rien dit, telles que ces combines du Jour des Mères et du Jour des Pères, mais je hais tout particulièrement tous ces salauds qui s’affublent de robes noires et de cagoules et emmènent les gens dans le fond de la vallée pour les fouetter à mort, pour les châtrer et leur faire embrasser le drapeau. Il se peut que j’aie besoin de discipline et d’organisation ; il se peut que plus tard je demande à quelqu’un de m’initier. Mais je n’ai pas de temps à perdre, pour le moment. Tout ce qui m’importe, c’est de bousiller cette combine de Croisés, et je le ferai, quand bien même ça devrait être mon dernier acte sur Terre.

− Tu t’enrichiras à ce jeu, répondit Bishop avec une trace d’ironie.

− Oh, je m’en fous, un linceul n’a pas de poches répliqua Dolan."

 

Horace McCoy

 

 

coverliceul.jpg

28 septembre 2025

POLARS EN BARRE [63]

 

"Elle vit entrer Slim ; il portait un paquet enveloppé de papier brun sous le bras.

Slim donnait le frisson à Maisey. Elle se retourna précipitamment en faisant semblant de rectifier l’alignement des manteaux et des pardessus, ce qui lui évita de le regarder.

Slim monta l’escalier, longea le couloir et parvint à la chambre de Miss Blandish. Il s’arrêta un instant devant la porte et s’assura qu’il n’y avait personne en vue avant de tirer une clé de sa poche. Il ouvrit la porte et entra dans le vaste salon.

Chaque fois qu’il pénétrait dans cette pièce, elle lui plaisait davantage. Il n’avait jamais rien vu d’aussi joli. Décorée en bleu et gris, meublée de fauteuils profonds en cuir gris, d’un tapis bleu et d’un gros poste de télévision, c’était à ses yeux la plus belle pièce du monde. Il n’y manquait que des fenêtres, mais Slim lui-même était bien forcé d’admettre qu’il eût été dangereux de garder la jeune fille dans une pièce dotée de fenêtres.

Il s’avança jusque sur le seuil de la chambre à coucher.

Cette chambre lui plaisait autant que le salon. Elle était décorée dans les tons ivoire et rose, et dominée par le large lit à deux places capitonné de rose. Un deuxième poste de télévision se dressait au pied du lit. Slim était un fanatique de la télévision. Il ne se lassait pas de regarder les images défiler sur le petit écran.

Miss Blandish était assise devant la coiffeuse. Elle portait un peignoir rose qui s’était entrouvert et dévoilait ses jambes splendides. Ses pieds nus étaient glissés dans des mules roses. Elle se manucurait distraitement les ongles et bien qu’elle ait entendu entrer Slim, elle ne leva pas les yeux."

 

James Hadley Chase

 

 

 

orchidées.png

27 septembre 2025

POLARS EN BARRE [62]

"En réalité, le genre est né aux États-Unis et suit, en quelque sorte, l’évolution et la constitution du crime organisé, de la déviance individuelle à la corruption généralisée d’une ville ou d’un État. Dans le roman noir, la description du milieu ou l’étude de cas relevant de la criminologie psychologique ne constituent plus une appropriation recevable du phénomène policier par les classes dominantes (Eisenzweig, Littérature 49). Mieux, le néo-polar français des années 80 n’hésitera pas à montrer comment les mécanismes d’exclusion sociale amènent les dominés du monde économique à basculer dans l’illégalité, animés par un sentiment de défi et de révolte. Dès lors, dans l’univers romanesque des récits noirs, le privé à la conscience malheureuse l’emporte sur l’inspecteur-commissaire-fonctionnaire parce que l’ordre, la loi et le bien ne coïncident pas nécessairement."

 

Didier Dupont, Yves Reuter, Jean-Maurice Rosier

 

 

 

 

coverrosier.jpg

26 septembre 2025

POLARS EN BARRE [61]

 

"Quand il reprit ses esprits, le tueur regarda l’horloge d’un œil vague ; l’objet ne signifiait rien pour lui. Il soufflait, haletant, fin prêt pour la suite des événements, et il était déçu, troublé qu’il n’y eût plus que le silence, à présent, autour de lui. Du revers de la main, il se frotta les lèvres ; elles s’écartèrent à regret, comme engluées l’une à l’autre, recouvertes d’une pellicule qui avait le goût de l’effort et du désir. Sa bouche se mit à béer de plaisir, bien qu’il n’en fût pas conscient."

 

Robin Cook

 

 

 

coverdora.jpg

25 septembre 2025

POLARS EN BARRE [60]

 

Screenshot 2025-09-06 at 00-15-36 Facebook.png

♦♦♦

 

 

Tardi pistolet.jpg"Je pivotai pour regarder le meuble derrière moi. Lorsque je me tournai à nouveau, Sherlock Holmes se tenait debout devant moi et me souriait par-dessus mon bureau. Je bondis sur mes pieds, le dévisageai quelques secondes, totalement stupéfait, puis il semblerait que je me sois évanoui pour la première et dernière fois de ma vie. Ce qui est certain, c’est qu’un brouillard gris tourbillonna devant mes yeux et quand il s’éclaircit, je me retrouvai le col défait et je sentis un arrière-goût piquant de cognac sur mes lèvres. Holmes était penché au-dessus de ma chaise, sa flasque à la main."

 

Arthur Conan Doyle

 

 

 

Screenshot 2025-09-06 at 00-16-35 avengtures SH.jpg (Image JPEG 300 × 476 pixels).png

 

 

 

 

24 septembre 2025

POLARS EN BARRE [59]

Screenshot 2025-09-06 at 00-02-07 Facebook.png

♦♦♦

 

 

"On peut aisément supposer que le rôle joué par mon ami dans le drame de la rue Morgue n’avait pas manqué de faire forte impression sur la police parisienne. Le nom de Dupin était devenu familier auprès de ses agents. La simplicité des déductions à partir desquelles il avait résolu le mystère n’ayant jamais été expliquée, ni au préfet, ni à toute autre personne que moi-même, il n’est pas très surprenant que cette résolution avait été considérée comme quelque peu miraculeuse, ou redevable au simple mérite d’une intuition inhérente à ses capacités analytiques. Sa franchise aurait pu le conduire à dissiper auprès d’éventuels questionneurs ce type de préjugés  −mais son tempérament indolent le conduisait à ne plus se manifester sur un sujet qui, depuis longtemps, ne l’intéressait plus. C’est néanmoins ainsi que Dupin devint le point de mire de tous les regards au sein de la police, et que la préfecture tenta de s’attacher ses services sur de nombreuses affaires. Une des plus remarquables fut celle du meurtre d’une jeune fille du nom de Marie Roget."

 

Edgar Allan Poe

 

 

 

coverpoe.jpg

 

 

23 septembre 2025

POLARS EN BARRE [58]

 

"Au fond Tom, nous autres détectives, nous devons énormément aux livres, à la littérature. Les écrivains nous sont souvent des aides précieuses. Nous n’avons pas à chercher longtemps autour de nous pour en trouver les preuves."

 

[...]

 

"Ceux qui ont eu le privilège d’approcher en familier, sinon en ami, le célèbre détective Harry Dickson, ont souvent été frappés par son amour de la tradition. Après des journées terribles, consacrées à la lutte contre le crime et ses perfectionnements sans nombre, et à l’étude scientifique des problèmes du genre, il se réfugiait dans le passé et dans les livres, comme dans un havre."

 

Jean Ray

 

 

 

savants fouis.png

22 septembre 2025

POLARS EN BARRE [57]

"L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir."

Victor Hugo

 

♦♦♦♦♦♦

 

 

"Au milieu de la rue, à la sortie du bourg, cerné par les corbeaux déchaînés, un corps. Un cadavre. Tressautant sous les coups de bec des charognards.

Albert s’est précipité pour consoler sa compagne. D’un regard, il me passa muettement son bâton de maréchal.

Le couteau à la main, j’ai gagné le milieu de la chaussée et j’ai progressé lentement, tout à fait comme le shérif, toujours dans le même western, avançant, inquiet, vers le lieu du duel final, regardant de tous côtés, marchant droit, sur ses gardes.

Vers les trois autres baraques, rien. Personne.

Le cadavre était déjà bien entamé. Les corbeaux se sont peu à peu éloignés. Mais pas très loin.

J’ai alors reconnu le jogging et, au milieu de la bouillie du crâne écrasé, les petites tresses africaines de ce jeune homme parti, déjà des siècles, avec la jeune fille au pull rouge et trois autres types dont je ne me souvenais qu’à peine…

– C’est le jeune, le type en jogging, j’ai annoncé en rejoignant le groupe.

Nadine pleurait doucement dans les bras de son mec.

Nous avons décidé de ne pas traîner, d’agir vite. Avec méthode. Un tracteur, une voiture ; il y avait donc de l’essence pour continuer notre minable périple ; et plein d’objets et d’outils qui pouvaient se transformer en armes de défense.

Il devenait flagrant que, désormais, nous en aurions besoin."

 

Jean-Bernard Pouy

 

 

 

covertrain.jpg