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04 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 289

 

"L’espace d’un instant, tout perdit son sens : sa mission, les efforts de l’humanité pour survivre dans ce monde nouveau et même la vie dans toutes ses manifestations. Elle ne portait rien en son sein, rien qu’un tunnel obscur d’une longueur différente pour chacun, dans lequel on devait marcher à l’aveugle de la station “Naissance” à la station “Trépas”. Ceux qui cherchaient la foi en cherchaient en vérité des embranchements latéraux. Mais, des stations, il y en avait que deux et le tunnel n’existait que pour les relier l’une à l’autre, ce qui interdisait l’existence même d’une bifurcation."

 

 

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03 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 288

"Certaines personnes, y compris le célèbre père de Paul, avaient, en des termes anciens, parlé des ingénieurs, des administrateurs et des savants comme s'il s'était agi d'une élite. Lorsque les choses commencèrent à s'acheminer vers la guerre, on avait admis que la seule réponse à donner à l'écrasante supériorité de l'ennemi était le savoir-faire américain, et il avait été question de construire des abris plus profonds et plus épais pour les détenteurs de ce savoir-faire et de retenir cette élite de la population loin des lignes du front. Mais bien peu de gens avaient à cœur l'idée d'une telle élite. Lorsque Paul, Finnerty et Shepherd avaient obtenu leurs diplômes universitaires, ils s'étaient sentis mal à l'aise de ne pas aller combattre et humiliés à l'idée de ceux qui y allaient effectivement. Mais à présent, la notion d'élite, la certitude de leur supériorité, le sens du bien-fondé d'une hiérarchie que couronnaient les directeurs et les ingénieurs, tout cela était ancré dans l'esprit de tous les diplômés de l'université et ne leur posait aucun problème."

 

 

 

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02 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 287

"Si près de la mort, on ne s'émeut pas aisément de ce qui a trait encore à ce monde ; pourtant, le souffle me manqua, le cœur me faillit une minute quand soudain, je compris que ce que je regardais là était une frise, et qu'en dépit de son usure, nonobstant son revêtement de coquillages, je n'avais pas à m'y tromper : les mains de l'homme en avaient sculpté les figures. Empressés à mes côtés, Maracot et Bill Scanlon considérèrent à leur tour, ébahis, les signes de l'omniprésence énergie humaine."

 

 

 

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01 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 286

"Un pays étranger mais pas tout à fait inconnu, car c'était la Terre à nouveau, cette bonne vieille Terre qu'il connaissait si bien mais pas encore meurtrie par les outils de l'homme. Ce pays possédait le même air que la Terre, la même herbe, le même ciel ; même ses buffles et ses loups étaient semblables à ceux qui parcouraient la Terre autrefois. Peut-être était-ce la Terre ? Tout cela ressemblait parfaitement à ce qu'avait dû être la Terre avant que la main de l'homme s'en soit emparée, avant que l'homme ne l'ait saisie, domptée, soumise à sa volonté, avant qu'il ne l'ait dépouillée, vidée, qu'il ne lui ait arrachée tous ses trésors."

 

 

 

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30 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 285

"La science-fiction est une poétique des devenirs, mais aussi une métaphysique expérimentale de cet “à venir”. Dans les mondes et situations décrits ou représentés sous forme fictionnelle, les futurs imaginés donnent à voir les résultantes d'orientations collectives. Les implications de ces dernières y sont en quelque sorte testées. Le registre de la science-fiction permet d'accorder une visibilité aux modalités d'application et d'utilisation des technologies, aux conditions d'organisation des collectifs, aux dilemmes moraux pouvant résulter de certaines situations, etc."

 

 

 

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29 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 284

"Tout l'intérêt des œuvres les plus abouties, de films comme les deux Blade Runner, mais aussi des romans et des séries TV les plus riches du point de vue des imaginaires, tient à leur ouverture aux interprétations de chacun.

Ces sources imaginaires-là, conçues au miroir des désirs d'un public volatil, aux humeurs impossibles à prédire, sont bien plus ambivalentes qu'on ne le pense, même lorsqu'elles naissent dans le strass et les paillettes de palais hollywoodiens ou des grands studios de l'audiovisuel. Naviguant quelque part entre l'ordre et le chaos, le respect et la subversion des pouvoirs, cette ambivalence varie d'intensité et de complexité selon les œuvres. Elle s'avère essentielle dès lors que des créateurs souhaitent susciter une reconnaissance, voire une identification partielle. Là où la certitude, les voies et les voix univoques alimentent une propagande plus ou moins fréquentable, l'ambivalence ébauche les contours flous d'un espace ouvert : si elle oriente le public dans son estime ou sa réprobation de l'attitude morale ou politique de tel ou tel personnage, elle veille à ne jamais imposer de message définitif. Tel est en effet le paradoxe de la fiction réussie : ce n'est pas le confort et la sécurité du déjà connu et accepté, mais la préservation d'un “indécidable”  qu suscite le lien entre la création et les amateurs.

(...)

Une fiction entre d'autant mieux dans les imaginaires de lecteurs ou spectateurs aux attentes hétérogènes que ses personnages sont complexes, et que les valeurs qu'ils incarnent sont multiples et contradictoires."

 

 

 

 

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26 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 281

 

"Il marchait sans se presser, se sentant comme isolé dans une membrane, à l’intérieur de laquelle il baignait dans un état d’engourdissement, tout en s’éloignant de la cabine en direction de son bureau. Comme si rien ne s’était passé.

Et c’était la vérité dans toute son amertume : rien ne s’était passé. Absolument rien."

 

 

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25 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 280

"J'attendais l'explosion, la foudre s'abattant sur nos maisons. Au lieu de cela, les choses se délitent, se désagrègent morceau par morceau."

 

 

 

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