14 novembre 2025
POLARS EN BARRE [110]

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"Pendant cette période qui se poursuit jusque dans les années trente, la scène est dominée par le roman criminel à l’anglaise, défini universellement comme le classique du genre, soit par le nombre de ses représentants, soit pour sa fidélité aux normes expérimentées à ce moment-là. (…) Toutefois, presque tous les auteurs, qu’ils soient anglais ou américains, intègrent à leurs histoires un minimum d’action : l’image du détective compassé qui enquête, une tasse de thé à la main et assis à une table style chippendale, commence à disparaître ; laissant la place au détective qui, à l’occasion, est capable de sauter d’une fenêtre, poursuivre les criminels, distribuer quelques gifles. C’est l’avènement du thriller, héritier direct du western américain et du feuilleton européen. Son apparition remonte à la fin du XIXème siècle, à l’époque de la fantastique explosion de la littérature policière aux États-Unis avec Nick Carter et les dime novels.
Le terme thriller désigne une œuvre narrative (mais aussi théâtrale ou cinématographique) centrée sur un problème policier et construite de façon à provoquer une tension maximale. Les ingrédients ne sont pas neufs : suspens et intrigue restent toujours les points forts du roman policier ; la nouveauté réside dans le fait que ces ingrédients sont étroitement liés à l’action et à l’aventure.
(…)
L’élément qui différencie l’âge d’or du roman policier de l’ère précédente des ″pères nobles″ est l’incroyable diffusion que ce genre littéraire connaît dans le monde entier."
Stefano Benvenuti, Gianni Rizzoni et
Michel Lebrun

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13 novembre 2025
POLARS EN BARRE [109]
"Un philosophe produit des idées, un poète des vers, un curé des sermons, un professeur des bouquins, etc. Un criminel produit la criminalité. Mais si les liens entre cette branche soi-disant criminelle de la production et toute l’activité productrice de la société sont examinés de plus près, nous sommes forcés d’abandonner un certain nombre de préjugés. Le criminel produit non seulement la criminalité mais aussi la loi criminelle ; il produit le professeur qui donne des cours au sujet de la loi criminelle et de la criminalité, et même l’inévitable livre de base dans lequel le professeur présente ses idées et qui est une marchandise sur le marché. Il en résulte un accroissement des biens matériels, sans compter le plaisir qu’en retire l’auteur dudit livre.
De plus, le criminel produit tout l’appareil policier ainsi que de l’administration de la justice, détectives, juges, jurys, etc., et toutes ces professions différentes, qui constituent autant de catégories dans la division sociale du travail, développent des habiletés diverses au sujet de l’esprit humain, créent de nouveaux besoins et de nouveaux moyens de les satisfaire. La torture elle-même a permis l’invention de techniques fort ingénieuses, employant une foule d’honnêtes travailleurs dans la production de ces instruments.
Le criminel produit une impression tantôt morale, tantôt tragique, et rend un "service" en piquant au vif les sentiments moraux et esthétiques du public. Il ne produit pas seulement les livres de droit criminel, la loi criminelle elle-même, et ainsi les législateurs, mais aussi l’art, la littérature, les romans et les drames tragiques dont le thème est la criminalité, tel que Œdipe et Richard III, ou Le Voleur de Schiller, etc.
Le criminel interrompt la monotonie et la sécurité de la vie bourgeoise. Il la protège ainsi contre la stagnation et fait émerger cette tension à fleur de peau, cette mobilité de l’esprit sans lesquelles le stimulus de la compétition elle-même serait fort mince. Il donne ainsi une nouvelle impulsion aux forces productrices. Le crime enlève du marché du travail une portion excédentaire de la population, diminue la compétition entre travailleurs, et jusqu’à une certaine limite met un frein à la diminution des salaires, et la guerre contre le crime, de son côté, absorbe une autre partie de cette même population. Le criminel apparaît ainsi comme une de ces "forces équilibrantes" naturelles qui établissent une juste balance et ouvrent la porte à plusieurs occupations soi-disant "utiles".
L’influence du criminel sur le développement des forces productrices peut être détaillée. Est-ce que le métier de serrurier aurait atteint un tel degré de perfection s’il n’y avait pas eu de voleurs ? Est-ce que la fabrication des chèques bancaires aurait atteint un tel degré d’excellence s’il n’y avait pas eu d’escrocs ? Est-ce que le microscope aurait pénétré avec autant d’efficacité le monde commercial de tous les jours s’il n’y avait pas eu de faux-monnayeurs ? Le développement de la chimie appliquée n’est-il pas dû autant à la falsification des marchandises et aux tentatives pour y remédier, qu’aux efforts productifs honnêtes ? Le crime, par le développement sans fin de nouveaux moyens d’attaquer la propriété, a forcé l’invention de nouveaux moyens de défense, et ses effets productifs sont aussi grands que ceux des grèves par rapport à l’invention des machines industrielles.
Laissant le domaine du crime privé, y aurait-il un marché mondial ? Les nations même existeraient-elles s’il n’y avait pas eu de crimes nationaux ? L’arbre du mal n’est-il pas aussi l’arbre du savoir depuis le temps d’Adam ? Le jour où le Mal disparaîtra, la Société en sera gâtée, si même elle ne disparaît pas !"
Karl Marx

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12 novembre 2025
POLARS EN BARRE [108]
"Je transmis le message au garde qui attendait dehors, montai dans le chariot et me dirigeai tranquillement vers l’océan, à la lumière des becs de gaz. Le vent était moins violent, beaucoup plus chaud et humide, charriant des bouffées de parfums de fleurs comme pour annoncer que la vague de froid était terminée.
Je frappai à la porte de Daskalos. Je ne m’attendais pas à recevoir une réponse et je n’en reçus point. J’ouvris la porte et j’entrai.
Toutes les lampes étaient éteintes dans la salle de séjour, mais il y avait assez de lumière provenant d’une autre source. La cheminée était large et profonde. On y avait fait du feu en entassant des bûches aussi haut que possible. Je sentis la chaleur de l’autre bout de la pièce, je pus également voir le corps étendu par terre, juste devant le pare-feu.
Je m’approchai et allumai le lampadaire.
Daskalos.
Le défunt Daskalos."
Stanley Ellin

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11 novembre 2025
POLARS EN BARRE [107]
"Le taxi s’éloigna et prit, sur la gauche, la Huitième Avenue, en direction de la Quarante-deuxième Rue. Galt le suivit des yeux, un instant, puis tourna le coin de la rue en rasant les murs. Il l’avait à peine dépassé qu’il s’arrêta pile et se colla contre le bâtiment. Il enleva son chapeau, glissa la main dans son veston et tira le Webley à nez camard qu’il portait toujours sous l’aisselle. Il posa son chapeau par-dessus le revolver qu’il garda dans sa main gauche. De la main droite il prit une cigarette qu’il porta à ses lèvres, mais sans l’allumer.
Son visage s’était métamorphosé : ses lèvres s’étaient amincies, ses yeux avaient pris une expression froide et vide."
Léo Rosten

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10 novembre 2025
POLARS EN BARRE [106]
"L'aube trouva Harry Dickson immobile dans son fauteuil, la pipe éteinte aux lèvres, les yeux perdus dans un rêve sombre et redoutable."
Jean Ray

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09 novembre 2025
POLARS EN BARRE [105]
"Vous connaissez tous ma devise ? Elle est la même que celle des Kennedy : «ne jamais se laisser abattre !»"
Frédéric Dard

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08 novembre 2025
POLARS EN BARRE [104]
"Seuls Kol et Victoria semblaient garder la tête froide, ramener sans cesse les questions pratiques sur le tapis. Kol invita tout le monde à réfléchir sérieusement avant de prendre une décision.
– Un : où, quand, comment on s’y prend pour l’embarquer sans que personne le sache ? Au Touquet ou ailleurs ? Deux : comment on le transporte chez l’Enfant-Loup ? Comment on installe son sous-sol pour qu’il puisse y vivre et bosser ? Comment faire ça sans jamais alerter les flics ?
Tous se regardèrent comme s’ils ne s’étaient jamais vus.
Dylan avoua :
– J’en sais rien, je n’ai jamais enlevé personne.
– Si, tu m’as enlevée ! s’exclama Dorith.
– Et moi aussi ! dit sa soeur en minaudant.
Victoria intervint avant qu’Hurel et Rousseau se lancent sur l’enlèvement des Sabines dont une exposition thématique venait d’être organisée au…
– Pour les recherches, vous n’aurez pas à les faire, annonça-t-elle. C’est fait. J’ai un dossier épais comme ça sur Ramut : adresse, téléphone, mail… tout ce qu’il faut. Je sais même par qui sa femme se fait baiser, le nom, l’adresse, la pension où ils ont placé leur fils. Tout…
– C’est pour le procès ?
Victoria fit non de la tête."
Gérard Mordillat

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07 novembre 2025
POLARS EN BARRE [103]
"On garde toujours quelques séquelles après avoir éclairci les circonstances d'un meurtre. Malheureusement, derrière, il y a souvent davantage de misère humaine et d'histoires sordides, et moins de traits d'ingéniosité, qu'on pourrait le penser en lisant des romans d'Agatha Christie. Quand j'ai commencé, je me voyais comme une sorte de chevalier de la justice, mais j'ai par moment plutôt l'impression d'être un éboueur."
Jo Nesbø

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