02 octobre 2025
POLARS EN BARRE [67]
"Il ne me restait qu’une chose à faire, foncer de l’avant.
Il devait être sept heures du soir quand j’arrivai sur la route secondaire dont m’avait parlé le petit gars. Je la pris jusqu’à l’embranchement. Le jour tombait et je n’avais pas de temps à perdre. Je roulai à tombeau ouvert, tant et si bien que je faillis ne pas voir la maison.
Je freinai une centaine de mètres plus loin que le petit chemin qui y conduisait. Elle était isolée près d’un bosquet de mélèzes. Je laissai la voiture sur l’herbe et je descendis. Je sentais contre ma cuisse la présente réconfortante du revolver.
Réconfortante ! Encore un peu et je me prenais pour Superman.
En tout cas, je commençais à m’expliquer la mentalité des voyous qui croient que tout leur est permis.
Je connais deux choses pour faire d’un homme sain un maniaque de la puissance : le revolver et la voiture, car il suffit, dans les deux cas, d’une petite pression de la main ou du pied pour libérer une force disproportionnée avec le geste dont elle est née."
Georges Bardawil

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01 octobre 2025
POLARS EN BARRE [66]
"Ce qui est capital, c’est que le roman policier se présente comme une fiction vraie. Il emprunte à la fiction ses protagonistes, ses décors, voire même ses passions ; mais il est vrai par sa méthode, puisque cette méthode ne doit rien à l’imagination, puisqu’elle est identique à celle du savant. En ce sens, le roman policier évacue tout romanesque, liquide l’imaginaire qui avait fait tout le prix du vieux roman noir de la fin du XVIIIè siècle, et triomphait encore sur le boulevard du Crime. (…) Le roman policier s’avance dur, viril, intelligent, fort de ses procédés qui lui permettent de tout expliquer. Ce qu’il sait dissiper, c’est le flou poétique, la convention littéraire, les clairs-obscurs du cœur. Tout faux-semblant disparaît devant le détective. Et la preuve que le roman policier est d’une autre nature que la pure fiction, c’est qu’il est capable non seulement de raconter une affaire criminelle authentique mais d’en donner une solution (Le mystère de Marie Roget). Par conséquent, lorsque le romancier invente une histoire (Double assassinat dans la rue Morgue), cette histoire, purement imaginaire, devient un vrai fait divers par la vertu du raisonnement. Il y a une équivalence absolue entre un récit créé de toutes pièces et une histoire vécue, dans la mesure où l’étude rationnelle des faits conduit à un dénouement nécessaire. Voilà pourquoi le roman policier a été considéré, tout d’abord, non pas comme une littérature marginale, mais comme une forme toute nouvelle de littérature."
Pierre Boileau et Thomas Narcejac

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30 septembre 2025
POLARS EN BARRE [65]
"Les contraintes morales léguées par la prohibition et les églises évangélistes avaient fait des États-Unis un pays conservateur au puritanisme exacerbé avec comme seules valeurs le business et la réussite."
Olivier Barde-Cabuçon

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29 septembre 2025
POLARS EN BARRE [64]
" − Tu es communiste, seulement tu l’ignores. Tu vomis la façon dont cette ville est administrée, tu vomis la façon dont le Petit Théâtre est dirigé, tu vomis toute cette publicité grotesque des postes de radio, tu vomis les curés et les prédicateurs qui rampent, qui quémandent, qui font la chasse aux fidèles, tu vomis le régime établi. Tu me l’as dit au moins cent fois, nom de Dieu !...
− Écoute, dit Dolan en retirant son chapeau. Cette discussion pourrait durer toute la nuit. Il se peut que je sois communiste. Si je le suis, je n’en sais rien. Mais je déteste vraiment tout ce dont tu as parlé, et pas mal de choses dont tu n’as rien dit, telles que ces combines du Jour des Mères et du Jour des Pères, mais je hais tout particulièrement tous ces salauds qui s’affublent de robes noires et de cagoules et emmènent les gens dans le fond de la vallée pour les fouetter à mort, pour les châtrer et leur faire embrasser le drapeau. Il se peut que j’aie besoin de discipline et d’organisation ; il se peut que plus tard je demande à quelqu’un de m’initier. Mais je n’ai pas de temps à perdre, pour le moment. Tout ce qui m’importe, c’est de bousiller cette combine de Croisés, et je le ferai, quand bien même ça devrait être mon dernier acte sur Terre.
− Tu t’enrichiras à ce jeu, répondit Bishop avec une trace d’ironie.
− Oh, je m’en fous, un linceul n’a pas de poches répliqua Dolan."
Horace McCoy

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28 septembre 2025
POLARS EN BARRE [63]
"Elle vit entrer Slim ; il portait un paquet enveloppé de papier brun sous le bras.
Slim donnait le frisson à Maisey. Elle se retourna précipitamment en faisant semblant de rectifier l’alignement des manteaux et des pardessus, ce qui lui évita de le regarder.
Slim monta l’escalier, longea le couloir et parvint à la chambre de Miss Blandish. Il s’arrêta un instant devant la porte et s’assura qu’il n’y avait personne en vue avant de tirer une clé de sa poche. Il ouvrit la porte et entra dans le vaste salon.
Chaque fois qu’il pénétrait dans cette pièce, elle lui plaisait davantage. Il n’avait jamais rien vu d’aussi joli. Décorée en bleu et gris, meublée de fauteuils profonds en cuir gris, d’un tapis bleu et d’un gros poste de télévision, c’était à ses yeux la plus belle pièce du monde. Il n’y manquait que des fenêtres, mais Slim lui-même était bien forcé d’admettre qu’il eût été dangereux de garder la jeune fille dans une pièce dotée de fenêtres.
Il s’avança jusque sur le seuil de la chambre à coucher.
Cette chambre lui plaisait autant que le salon. Elle était décorée dans les tons ivoire et rose, et dominée par le large lit à deux places capitonné de rose. Un deuxième poste de télévision se dressait au pied du lit. Slim était un fanatique de la télévision. Il ne se lassait pas de regarder les images défiler sur le petit écran.
Miss Blandish était assise devant la coiffeuse. Elle portait un peignoir rose qui s’était entrouvert et dévoilait ses jambes splendides. Ses pieds nus étaient glissés dans des mules roses. Elle se manucurait distraitement les ongles et bien qu’elle ait entendu entrer Slim, elle ne leva pas les yeux."
James Hadley Chase

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27 septembre 2025
POLARS EN BARRE [62]
"En réalité, le genre est né aux États-Unis et suit, en quelque sorte, l’évolution et la constitution du crime organisé, de la déviance individuelle à la corruption généralisée d’une ville ou d’un État. Dans le roman noir, la description du milieu ou l’étude de cas relevant de la criminologie psychologique ne constituent plus une appropriation recevable du phénomène policier par les classes dominantes (Eisenzweig, Littérature 49). Mieux, le néo-polar français des années 80 n’hésitera pas à montrer comment les mécanismes d’exclusion sociale amènent les dominés du monde économique à basculer dans l’illégalité, animés par un sentiment de défi et de révolte. Dès lors, dans l’univers romanesque des récits noirs, le privé à la conscience malheureuse l’emporte sur l’inspecteur-commissaire-fonctionnaire parce que l’ordre, la loi et le bien ne coïncident pas nécessairement."
Didier Dupont, Yves Reuter, Jean-Maurice Rosier

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26 septembre 2025
POLARS EN BARRE [61]
"Quand il reprit ses esprits, le tueur regarda l’horloge d’un œil vague ; l’objet ne signifiait rien pour lui. Il soufflait, haletant, fin prêt pour la suite des événements, et il était déçu, troublé qu’il n’y eût plus que le silence, à présent, autour de lui. Du revers de la main, il se frotta les lèvres ; elles s’écartèrent à regret, comme engluées l’une à l’autre, recouvertes d’une pellicule qui avait le goût de l’effort et du désir. Sa bouche se mit à béer de plaisir, bien qu’il n’en fût pas conscient."
Robin Cook

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25 septembre 2025
POLARS EN BARRE [60]

♦♦♦
"Je pivotai pour regarder le meuble derrière moi. Lorsque je me tournai à nouveau, Sherlock Holmes se tenait debout devant moi et me souriait par-dessus mon bureau. Je bondis sur mes pieds, le dévisageai quelques secondes, totalement stupéfait, puis il semblerait que je me sois évanoui pour la première et dernière fois de ma vie. Ce qui est certain, c’est qu’un brouillard gris tourbillonna devant mes yeux et quand il s’éclaircit, je me retrouvai le col défait et je sentis un arrière-goût piquant de cognac sur mes lèvres. Holmes était penché au-dessus de ma chaise, sa flasque à la main."
Arthur Conan Doyle

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