02 septembre 2025
POLARS EN BARRE [37]
"J’ai secoué la tête :
― Rien ne se règle jamais tout seul.
On est resté un long moment plantés tous les deux devant la fenêtre, sans rien dire. La radio, de l’autre côté de la cour, avait fini par s’éteindre, et la nuit était très paisible. Et, pourtant, dans toutes les rues et les avenues de la ville, la police était à nos trousses."
Steve Fisher
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01 septembre 2025
POLARS EN BARRE [36]
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"Il est inutile d’insister sur la perception du roman policier comme sous-littérature : elle est tellement ancrée dans nos mœurs, en portent témoignage les propos de tant de critiques et d’écrivains «respectables», ainsi que, souvent, ceux des auteurs «policiers» eux-mêmes, que l’on peut honnêtement la considérer comme un fait acquis.
Toutefois, ce fait acquis correspond étrangement à ce qui semble bien constituer une caractéristique intrinsèque du genre. Car loin d’avoir été formulé après la naissance de celui-ci, sur la base d’une appréciation globale et empirique, le jugement reléguant le roman policier dans le domaine «para-littéraire», tout comme l’association du genre au jeu, survint au moment même de cette naissance. Mieux : la désapprobation constitua, dès l’abord, une composante essentielle du propos isolant le «detective story» de la «bonne» littérature.
(…)
D’une certaine manière, l’on pourrait même se demander si le roman policier n’est pas rejeté précisément parce qu’il s’agit d’un genre. Dans une telle perspective, l’aspect «mauvaise littérature» ne constituerait nullement un jugement de valeur, mais bien un décret proprement constitutif du genre. Il ne s’agirait pas d’une catégorie comportant un grand nombre de mauvais échantillons, mais bien d’une mauvaise littérature parce que constituée en catégorie.
(…)
C’est dès sa naissance que le roman policier semble ainsi promis à une destinée singulière. On ne l’observe pas parce qu’il existe, — il vient à l’existence dans la mesure où l’on en parle. Et c’est a priori qu’on ne le perçoit que comme antithèse de ce qui est, par définition, la seule forme d’écriture digne d’être remarquée, la bonne, vraie littérature."
Uri Eisenzweig
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31 août 2025
POLARS EN BARRE [35]
"Il me coupa la parole.
— La loi, c’est moi qui l’ai faite dans le comté de Tangerine pendant des années, et vous voyez ce que ça a donné. La loi est aussi pourrie que moi, Frank. On ne peut plus compter sur la loi. C’est vieux jeu, c’est passé de mode. Nous l’avons tellement déformée et tournée à notre avantage, le général et moi, qu’elle a les reins brisés."
Don Tracy
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30 août 2025
POLARS EN BARRE [34]
"Une fois de plus venait de se produire ce miracle, déprécié, discrédité aux yeux de ses milliers de bénéficiaires —sauf un— qui s’appelle la naissance du jour.
Tous deux, l’homme et la jeune fille, demeuraient inertes, endormis à leur table, aurait-on dit. Lui, assis droit dans sa chaise, elle, pliée en deux, la tête calée sur la table.
Pourtant, Shawn avait les yeux grand ouverts. Ceux de la jeune fille étaient invisibles, derrière son bras replié, comme un rempart, l’autre allongé en travers de la table, vers lui.
(…)
Shawn toucha d’abord la main tendue vers lui, légèrement.
— Il fait jour, dit-il doucement. Les étoiles sont parties ! Regardez… on ne les voit plus.
Elle ne bougea pas. Il remonta alors plus haut sur le bras, au dessus du coude, et insista patiemment, du bout des doigts.
— Levez la tête, elles sont loin, je vous assure. Vous ne me croyez pas ? Vous n’avez pas confiance en moi ?
Elle ne parut pas entendre. Il abandonna et retira sa main, persuadé qu’elle ne bougerait jamais plus."
William Irish
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29 août 2025
POLARS EN BARRE [33]
"Les pages du calendrier défilent, s’envolent, se déchirent, changent d’aspect. Elles ressemblent à des courbes de ventes, maintenant. Elles montrent le passage de 53 à 54. Les barres verticales grimpent de plus en plus haut. Le tirage de Confidentiel atteint le million d’exemplaires par mois. Puis Confidentiel bondit jusqu’au million et demi en un temps remarquablement record.
Et tout ça, c’est grâce à MOI. Je suis plongé jusqu’au cou dans les secrets sordides que j’ai cruellement convoités toute ma vie. J’ai mis sur écoute le Tout Hollywood. Ma ville grouille de cafteurs de cancans que je rétribue personnellement. Les chambres d’hôtel et les maisons de passe son reliées directo à mon magnéto. J’apprends tout ce qui est effrontément honteux, sexuellement souillé, profondément répugnant, et tout ce qui est mal du point de vue de la morale. C’est mal, c’est véridique, et c’est à MOI."
James Ellroy
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28 août 2025
POLARS EN BARRE [32]
"Eh bien ! Il ne m’avait pas menti, Chavez, en me disant qu’elle était chez elle. J’ai pu m’en rendre compte quand, en traversant l’allée qui mène au garage, j’ai aperçu l’énorme et étincelant cabriolet Cadillac à sa place habituelle. Il ne mentait pas non plus en m’affirmant que Miss Ballou n’avait pas besoin de moi, ainsi que j’ai pu le constater en ouvrant la porte de service pour descendre au sous-sol. Parce qu’elle était là, au pied des marches, le teint grisâtre, les membres flasques, un cadavre, enfin, comme j’espère bien ne jamais en revoir jusqu’à la fin de mes jours."
Stanley Ellin
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27 août 2025
POLARS EN BARRE [31]
"Alliés ! Ennemis ! … ce sont des mots que je ne connais pas. Baise qui baise, qui ne baise pas est baisé !
(...)
Cet homme d’action sait bien que l’action ne signifie rien, car il faut toujours tout recommencer."
Antoine-Louis Dominique
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26 août 2025
POLARS EN BARRE [30]
"Ce qui fait la richesse inépuisable du roman policier, c'est qu'il s'est adapté à toutes les époques sans jamais faiblir."
François Guérif
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"Le visage de Sylvia sur ses photos était celui d’une femme pure et innocente. Mais j’avais trop souvent vu cette expression sur des visages féminins pour en être impressionné. Il faut dire qu’au contraire de Frederick Summers je n’étais pas inquiet, ni un fanatique du culte des hypocrisies qui lui avaient servi de morale. S’il n’avait pas été ainsi, il n’aurait pas loué mes services pour découvrir ce qu’était Sylvia, une honnête femme ou non — chose que j’ignorais autant qu’au début de mon enquête.
Je savais cependant que les hommes vivent heureux dans le mensonge et haïssent la vérité ; et que le mensonge le plus vénéré est celui de la version biblique du vice et de la vertu. Les lois stupides qui règlent notre existence sont tempérées par une sorte de justice sardonique ; et ce fut en vertu de cet étrange équilibre que Sylvia fit vœu de chasteté. Elle était là, grande, belle et sereine ; et autour d’elle les machines à sous cliquetaient, les vieux films érotiques se déroulaient dans les lanternes magiques ; les cabines de photos s’allumaient par intermittence et les boules de billards se heurtaient.
Au-dehors, Broadway déversait sa vie médiocre, artificielle et clinquante. Avec la venue de l’hiver, les jours raccourcirent. Pluie, neige et grêle tombèrent ; puis ce fut le retour du printemps, auquel succéda l’été.
Ainsi passèrent neuf mois de la vie de Sylvia."
Howard Fast
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