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02 novembre 2025

POLARS EN BARRE [98]

"Dès qu’elle ouvrit sa porte d’entrée et qu’elle reconnut au sein du groupe massé devant son seuil une inspectrice venue l’interroger deux semaines plus tôt, la femme comprit qu’elle avait perdu la partie. Elle réussit toutefois à conserver suffisamment de sang-froid pour prier ses visiteurs d’entrer.

Au contraire de ces films où l’on voit des policiers survoltés plaquer un suspect au mur puis retourner sa maison en faisant voler papiers, coussins, livres et tiroirs, tout se passa dans un calme étonnant. Les représentants de l’ordre ne semblaient animés d’aucune intention agressive et c’est dans un silence parfait qu’ils se partagèrent les fauteuils du salon. Ils n’étaient pas là pour jouer les gros bras. Avant tout, ils voulaient comprendre pourquoi celle qui leur faisait face avait tué la gérante du Club 3 alors que rien, de prime abord, ne reliait les deux femmes."

 

Francis Groff

 

 

 

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01 novembre 2025

POLARS EN BARRE [97]

"Comme ils atteignaient le trottoir, l’auto du coroner arriva. Smith, l’assistant du coroner et un jouvenceau brûlé de soleil en descendirent.

— Le patron va arriver dans un moment, déclara Smith. Nous allons l’attendre.

— Je prends ma voiture et je vous suis, cria Jardinn à Bracker et à Phaley qui montaient déjà dans la leur. Celui-ci se contenta de faire un signe d’acquiescement.

— Où est le cadavre, Jardinn ? demanda l’assistant du coroner en allumant une cigarette.

Jardinn, qui se dirigeait vers son garage, se retourna pour répondre :

— A l’intérieur. C’est celui qui ne bouge pas."

 

Raoul Whitfield

 

 

 

 

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31 octobre 2025

POLARS EN BARRE [96]

"Enfin, elle prit une chemise en carton beige et, traçant les lettres avec le plus grand soin, inscrivit ″CLARISSA LISLE″ sur le recto. Elle avait souvent pensé que c’était là la partie la plus satisfaisante d’une nouvelle enquête : un moment d’espoir pimenté d’excitation, le dossier vierge et les caractères bien nets symbolisant en eux-mêmes un nouveau commencement. Elle feuilleta son carnet avant de l’ajouter à la chemise. A part Sir George et son épouse brièvement entrevue, ses futurs compagnons dans l’île n’étaient encore que des noms, une liste de suspects possibles : Simon Lessing, Roma Lisle, Rose Tolgarth, Ambrose Gorringe, Ivo Whittingham ― de simples sons transcrits sur du papier, qui contenaient une promesse de mystère, de défi, étant donné la fascinante variété de la personnalité humaine. Et tous, le beau-fils, la cousine, l’habilleuse, l’hôte et l’ami, évoluaient comme des planètes autour d’un astre : la figure centrale de Clarissa Lisle."

 

Phyllis Dorothy James

 

 

 

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30 octobre 2025

POLARS EN BARRE [95]

"Si la littérature policière connaît une popularité dans le monde entier, c’est qu’elle possède une multitude de ramifications et réunit tous les éléments susceptibles de fasciner : l’énigme, le suspens, les émotions exerçant un attrait sur le lecteur qui prend plaisir à faire fonctionner ses matières grises, qui aspire à la justice, en même temps qu’il s’abandonne aux frissons qui le parcourent ; si elle connaît un tel succès, c’est qu’elle apporte une foule d’informations concrètes, permet d’explorer des régions inconnues et intéressantes, pose des problèmes qui, loin de peser sur le lecteur, lui apportent une distraction recherchée et méritée. L’évolution de la science n’a pas seulement eu pour effet de transformer la vie politique et sociale, elle a fait se développer également la littérature divertissante et plus particulièrement la policière. Cette évolution confirme la thèse de Bertolt Brecht selon laquelle le roman policier répond aux exigences de l’homme vivant à l’ère scientifique."

 

Waltraud Woeller

 

 

 

 

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29 octobre 2025

POLARS EN BARRE [94]

 

"Le traitement répétitif, sophistiqué, d’un univers de fiction où prédomine la pulsion de mort n’aura jeté le doute que dans les esprits étriqués, incapables de comprendre que Shakespeare demeure le scribe inspiré des plus belles pièces policières du répertoire.

Le revival incessant des grands mythes ― Sherlock Holmes, Philip Marlowe, Arsène Lupin, etc. ― a ancré dans notre imaginaire collectif les faits les plus marquants de l’histoire du genre. Mais cette mythologie voyante ― je songe à James Bond ― a souvent dérobé au regard du plus grand nombre la véritable vie de la « famille policière », la solidité de ses rites, la pérennité de sa forme jamais entamée par de fréquentes querelles de clochers. Le vieux débat instauré dès l’apparition du roman noir américain, entre celui-ci et le roman d’énigme, ressemble moins à une lutte intestine qu’à une parade nécessaire à la santé du genre.

Mais pourquoi chercher toujours à se justifier ?

(…)

L’émotion esthétique si souvent ressentie devant les chefs-d’œuvre d’une forme littéraire indéniable fait partie de la connivence. La littérature de mystère restera longtemps encore ― je l’espère ― un mystère de la littérature."

 

François Rivière

 

 

 

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28 octobre 2025

POLARS EN BARRE [93]

"Le sourire que j’avais en prenant congé de Harry me quitta dès que je fus dans ma voiture. D’ailleurs, dès le début mon sourire avait manqué de sincérité et je doutais qu’il fût très réussi. Parce que j’avais vraiment peur.

Les réflexions de Daisy commençaient à me sembler logiques. Je me souvenais de toutes ces énigmes jamais résolues, de ces meurtres et de ces suicides mystérieux, de ces morts soudaines. Quiconque est en rapport avec le monde du cinéma a entendu parler de ces histoires : il y en a des douzaines. Je comprenais aussi pourquoi. Si vous êtes intéressé à une affaire qui porte sur des millions de dollars et que le succès ou la faillite dépendent de la publicité, il est normal que vous fassiez tout votre possible pour que cette publicité soit bonne. Vous n’hésiterez pas à employer les grands moyens afin de protéger votre renom ou celui de votre produit."

 

Robert Bloch

 

 

 

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27 octobre 2025

POLARS EN BARRE [92]

"Je pénétrai dans un salon rempli de rébarbatifs grossiums en uniforme. Ils avaient entamé le breakfast autour d’une énorme table ronde, entourée d’un ballet de serviteurs en blanc chargé de plateaux.

Uniformes de l’armée, de la marine, de la RAF. Des bleus, des verts, des blancs, le tout impeccable et raide d’amidon. Des mains manucurées découpaient avec précaution des tranches de melon. Des visages tannés s’emplissaient de toasts et d’œufs. Des voix précises, habituées à commander, chuchotaient, bourdonnaient, sans un mot plus haut que l’autre. L’argenterie cliquetait sur les assiettes. Les serveurs silencieux observaient, surveillés par un maître d’hôtel survolté qui claquait des doigts, gesticulait en fronçant les sourcils pour garder son équipe sur le qui-vive. Tout bruit, tout mouvement cessèrent quand j’apparus avec Redlin. Les uniformes cessant de parler et de mastiquer ; les serveurs, telles des chauve-souris adaptées aux ultra-sons, interrompirent le service.

Redlin leva les bras comme un maître de cérémonie :

— Messieurs, puis-je avoir le plaisir de vous présenter M. Jack Le Vine, extraordinaire détective privé."

 

Andrew Bergman

 

 

 

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26 octobre 2025

POLARS EN BARRE [91]

"Chacun dans son coin, lui comme les autres dans un coin encore plus isolé que les autres, en face d’un autre coin où il regardait vivre les Koline comme s’il avait regardé des poissons dans un aquarium !

Seulement, dans son coin à lui, quelqu’un glissait insidieusement de l’arsenic, quelqu’un qui vivait quelque part dans la ville, qui marchait, qui respirait, qui entrait dans la maison, et qui avait décidé qu’il mourrait dans un temps déterminé.

Au fait, quel délai lui avait-on, accordé ? Car c’était dosé ! La personne à l’arsenic savait de lui quelque chose qu’il ignorait, la chose la plus mystérieuse qui soit : la date de sa mort !"

 

Georges Simenon

 

 

 

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