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29 octobre 2025

POLARS EN BARRE [94]

 

"Le traitement répétitif, sophistiqué, d’un univers de fiction où prédomine la pulsion de mort n’aura jeté le doute que dans les esprits étriqués, incapables de comprendre que Shakespeare demeure le scribe inspiré des plus belles pièces policières du répertoire.

Le revival incessant des grands mythes ― Sherlock Holmes, Philip Marlowe, Arsène Lupin, etc. ― a ancré dans notre imaginaire collectif les faits les plus marquants de l’histoire du genre. Mais cette mythologie voyante ― je songe à James Bond ― a souvent dérobé au regard du plus grand nombre la véritable vie de la « famille policière », la solidité de ses rites, la pérennité de sa forme jamais entamée par de fréquentes querelles de clochers. Le vieux débat instauré dès l’apparition du roman noir américain, entre celui-ci et le roman d’énigme, ressemble moins à une lutte intestine qu’à une parade nécessaire à la santé du genre.

Mais pourquoi chercher toujours à se justifier ?

(…)

L’émotion esthétique si souvent ressentie devant les chefs-d’œuvre d’une forme littéraire indéniable fait partie de la connivence. La littérature de mystère restera longtemps encore ― je l’espère ― un mystère de la littérature."

 

François Rivière

 

 

 

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28 octobre 2025

POLARS EN BARRE [93]

"Le sourire que j’avais en prenant congé de Harry me quitta dès que je fus dans ma voiture. D’ailleurs, dès le début mon sourire avait manqué de sincérité et je doutais qu’il fût très réussi. Parce que j’avais vraiment peur.

Les réflexions de Daisy commençaient à me sembler logiques. Je me souvenais de toutes ces énigmes jamais résolues, de ces meurtres et de ces suicides mystérieux, de ces morts soudaines. Quiconque est en rapport avec le monde du cinéma a entendu parler de ces histoires : il y en a des douzaines. Je comprenais aussi pourquoi. Si vous êtes intéressé à une affaire qui porte sur des millions de dollars et que le succès ou la faillite dépendent de la publicité, il est normal que vous fassiez tout votre possible pour que cette publicité soit bonne. Vous n’hésiterez pas à employer les grands moyens afin de protéger votre renom ou celui de votre produit."

 

Robert Bloch

 

 

 

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27 octobre 2025

POLARS EN BARRE [92]

"Je pénétrai dans un salon rempli de rébarbatifs grossiums en uniforme. Ils avaient entamé le breakfast autour d’une énorme table ronde, entourée d’un ballet de serviteurs en blanc chargé de plateaux.

Uniformes de l’armée, de la marine, de la RAF. Des bleus, des verts, des blancs, le tout impeccable et raide d’amidon. Des mains manucurées découpaient avec précaution des tranches de melon. Des visages tannés s’emplissaient de toasts et d’œufs. Des voix précises, habituées à commander, chuchotaient, bourdonnaient, sans un mot plus haut que l’autre. L’argenterie cliquetait sur les assiettes. Les serveurs silencieux observaient, surveillés par un maître d’hôtel survolté qui claquait des doigts, gesticulait en fronçant les sourcils pour garder son équipe sur le qui-vive. Tout bruit, tout mouvement cessèrent quand j’apparus avec Redlin. Les uniformes cessant de parler et de mastiquer ; les serveurs, telles des chauve-souris adaptées aux ultra-sons, interrompirent le service.

Redlin leva les bras comme un maître de cérémonie :

— Messieurs, puis-je avoir le plaisir de vous présenter M. Jack Le Vine, extraordinaire détective privé."

 

Andrew Bergman

 

 

 

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26 octobre 2025

POLARS EN BARRE [91]

"Chacun dans son coin, lui comme les autres dans un coin encore plus isolé que les autres, en face d’un autre coin où il regardait vivre les Koline comme s’il avait regardé des poissons dans un aquarium !

Seulement, dans son coin à lui, quelqu’un glissait insidieusement de l’arsenic, quelqu’un qui vivait quelque part dans la ville, qui marchait, qui respirait, qui entrait dans la maison, et qui avait décidé qu’il mourrait dans un temps déterminé.

Au fait, quel délai lui avait-on, accordé ? Car c’était dosé ! La personne à l’arsenic savait de lui quelque chose qu’il ignorait, la chose la plus mystérieuse qui soit : la date de sa mort !"

 

Georges Simenon

 

 

 

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25 octobre 2025

POLARS EN BARRE [90]

"Je tiens Simenon pour un grand romancier : le plus grand, peut être, et le plus vraiment romanesque que nous ayons eu en littérature française aujourd'hui."

André Gide (1939)

 

♦♦♦♦♦

 

"Je n'écris pas 'il pleuvait à verse', j'écris 'Maigret était trempé'."

Georges Simenon

 

♦♦♦♦♦

 

 

"Maigret s’était rarement senti aussi dépaysé, comme en dehors de la vie normale, avec un malaise semblable à celui qui nous prend quand, dans un rêve, le sol se dérobe sous nos pieds.

Dans les rues enneigées, les rares passants marchaient en s’efforçant de garder l’équilibre, les voitures, les taxis, les autobus roulaient au ralenti tandis qu’un peu partout des camions de sable ou de sel longeaient au pas les trottoirs.

Derrière presque toutes les fenêtres brûlaient des lampes électriques et la neige tombait toujours d’un ciel gris ardoise.

Il aurait presque pu dire ce qui se passait dans chacune de ces petites cases où les humains respiraient. Depuis plus de trente ans, il avait appris à connaître Paris quartier par quartier, rue par rue, et pourtant, ici, il se sentait plongé dans un monde différent, où les réactions des êtres étaient imprévisibles.

Comment vivait Félix Nahour, quelques heures plus tôt encore ? Quelles étaient ses relations exactes avec ce secrétaire qui n’en était pas un, avec sa femme et ses deux enfants ? Pourquoi ceux-ci étaient-ils sur la Côte d’Azur et pourquoi…

Il y avait tant de pourquoi qu’il ne pouvait que les aborder un à un. Rien n’était clair. Rien n’était net. Rien ne se passait comme dans d’autres familles, d’autres foyers."

 

Georges Simenon

 

 

 

 

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24 octobre 2025

POLARS EN BARRE [89]

"Elle finissait de payer le chauffeur. Puis elle avait surgi de l'obscurité du taxi. Elle s'était avancée dans la lumière éblouissante de la marquise. Dusty avait cillé. Son cœur avait fait un bond jusqu'au fond de sa gorge puis était retombé au creux de l'estomac. Il avait failli en lâcher les bagages !"

 

Jim Thompson

 

 

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23 octobre 2025

POLARS EN BARRE [88]

"Une fois notre service terminé, Lee et moi nous allions à la maison pour y trouver Kay en train de lire, soulignant des passages au crayon jaune. Elle faisait la cuisine pour trois et parfois Lee nous quittait pour se payer une bourre à moto sur Mulholland. C’est alors que nous parlions. Lee était toujours à la périphérie de nos conversations, comme si c’était tricher que de parler de la force brute qui était notre point d’ancrage sans qu’elle fût présente : Kay parlait de ses six années d’université et de ses deux maîtrises que Lee avait financées grâce à ses bourses de boxeur, disant aussi à quel point son travail de professeur remplaçant convenait à merveille à la “dilettante surdiplômée” qu’elle était devenue, je lui racontais comment j’avais grandi, petit Boche à Lincoln Heights. On ne parla jamais de mes dénonciations à la Brigade des Étrangers ou de sa vie avec Bobby De Witt. Nous avions tous les deux l’intuition et le sens de l’histoire de l’autre, mais l’un comme l’autre, nous ne voulions pas de détails."

 

James Ellroy

 

 

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22 octobre 2025

POLARS EN BARRE [87]

"L'argent ! Si vous avez de l'argent, vous êtes quelqu'un ; si vous n'en avez pas, vous n'êtes plus personne. C'est comme ça que les gens voient les choses, de nos jours. Rien ne compte plus maintenant que l'argent..."

 

William Heath

 

 

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