16 juin 2023
"BOUQUINAGE" - 271
"Même si vous aviez raison pour Cuba, ce qui est peut-être le cas, pensez donc à la voie que cela ouvre ! Une poignée de militaires opèrera des changements de plus en plus conséquents en ré-écrivant le passé, le présent et le futur en fonction de l’idée qu’ils se font, eux, de ce qui est préférable pour le reste de l’espèce humaine. Non, mon colonel ; non, messieurs ; désolé, mais je refuse."
00:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
15 juin 2023
"BOUQUINAGE" - 270
"La Mort était d'autant plus vorace que ses proies se faisaient rares ; tant que les survivants étaient nombreux, il est vrai, nous ne recensions sans doute pas avec autant d'attention les victimes. Aujourd'hui, chaque vie était devenue un joyau précieux, chaque être humain une œuvre beaucoup plus estimable que la plus admirable des statues ; et l'humanité se réduisant un peu plus chaque jour —que dis-je, chaque heure—, nous en étions malades de chagrin. Cet été marqua le terme de nos espoirs ; le vaisseau de la société sombrait, et les épaves précaires transportant les rares rescapés sur un océan de misère étaient livrées aux caprices de la tempête. Les hommes survivaient par groupes de deux ou trois — je parle de l'individu capable de dormir, de veiller et de s'acquitter des fonctions animales ; mais l'homme, faible comme le roseau quand il est seul et plus puissant que le vent ou l'océan quand il unit ses forces à celles de ses semblables, l'homme dompteur des éléments, seigneur de la création, l'égal des demi-dieux, cet homme-là n'existait plus."
00:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
14 juin 2023
"BOUQUINAGE" - 269
"Sebastian se pencha sur l'Anarque pour scruter son minuscule visage brun foncé et ridé. Un visage qui était désormais vivant, pas de doute là-dessus. Le changement était formidable. Voir ce qui avait été une matière organique inerte s'animer à nouveau... là était le miracle véritable. Le plus grand de tous. La Résurrection...
L'Anarque ouvrit les yeux. Son regard se posa sur Sebastian. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait avec régularité. Il avait une expression paisible et Sebastian eut soudain la conviction qu'il était mort dans la sérénité. Fidèle à sa vocation, il avait péri comme Socrate — sans haine et sans crainte."
00:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |