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31 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 255

 

Que la vie en vaut la peine

"C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indiffèrent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri

Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle"

 

 

 

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30 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 254

 

"Il est fondamentalement faux d'opposer la culture bourgeoise et l'art bourgeois à la culture prolétarienne, à l'art prolétarien. Ces derniers n'existeront en fait jamais, parce que le régime prolétarien est temporaire et transitoire. La signification historique et la grandeur morale de la révolution prolétarienne résident dans le fait que celle-ci pose les fondations d'une culture qui ne sera pas une culture de classe mais la première culture vraiment humaine.

Notre politique en art, pendant la période de transition, peut et doit être d'aider les différents groupes et écoles artistiques venus de la révolution à saisir correctement le sens historique de l'époque, et, après les avoir placés devant le critère catégorique : pour ou contre la révolution, de leur accorder une liberté totale d'autodétermination dans le domaine de l'art.

Pour le moment, la révolution ne se reflète dans l'art que de manière partielle, quand l'artiste cesse de la regarder comme une catastrophe extérieure, et dans la mesure où la confrérie des artistes et poètes, anciens et nouveaux, devient une partie du tissu vivant de la révolution, apprend à voir celle-ci non du dehors mais de l'intérieur.

Le tourbillon social ne s'apaisera pas de sitôt. Nous avons devant nous des décennies de lutte en Europe et en Amérique. Non seulement les hommes et les femmes de notre génération, mais aussi ceux de la génération à venir, seront les participants, les héros et les victimes de cette lutte. L'art de notre époque sera entièrement placé sous le signe de la révolution.

Cet art a besoin d'une nouvelle conscience. Il est par-dessus tout incompatible avec le mysticisme, que celui-ci soit franc ou qu'il se déguise en romantisme, la révolution ayant pour point de départ l'idée centrale que l'homme collectif doit devenir le seul maître, et que les limites de sa puissance sont seulement déterminées par sa connaissance des forces naturelles et sa capacité de les utiliser. Cet art nouveau est incompatible avec le pessimisme, avec le scepticisme, avec toutes les autres formes d'affaissement spirituel. Il est réaliste, actif, collectiviste de façon vitale, et empli d'une confiance illimitée en l'avenir."

 

 

 

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19 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 243

"Le lendemain matin, j'achetai le Hindmere and District Courier au kiosque à journaux de la gare. C'était là, comme je m'y attendais ; en quatrième colonne, à la une, sous le titre UN “ANGE GARDIEN" SAUVE DEUX ENFANTS. Les guillemets entourant “ange gardien” pour bien montrer que le journaliste conservait une prudente réserve me firent redouter le pire, mais mes inquiétudes s'apaisèrent considérablement au fil de ma lecture. Les journaux régionaux se payent rarement la tête des habitants du cru  — par prudence peut-être —, sauf de certaines personnalités comiques qui ne demandent que ça. Il fallait reconnaître que l'article était bon et objectif, malgré les doutes évidents du reporter. On y devinait aussi par endroits un zeste de franche perplexité, comme si l'auteur avait décidé de passer au crible de la gentillesse la preuve indéniable qu'on se trouvait en l'occurrence aux limites de la folie, et que, par conséquent, il doutait des implications de la preuve en question. Le fameux ange gardien n'apparaissait pratiquement que dans le titre ; le compte rendu donnait l'impression générale qu'il était arrivé à Matthew quelque chose de surprenant, lorsqu'il était tombé à l'eau, mais que personne ne savait trop quoi. N'empêche qu'il s'était courageusement porté au secours de Polly."

 

 

 

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17 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 241

 

" Vous connaissez tous ma devise ? Elle est la même que celle des Kennedy : “ne jamais se laisser abattre !” "

 

 

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16 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 240

"Il hésita entre le ‘’Tabac du Matin’’ et le self-service situé au rez-de-chaussée de l’Humanité. On pouvait y prendre un café, l’emporter à une table sur un plateau et tout en dégustant le liquide brûlant, s’amuser à reconnaître au passage les grandes signatures du journal, les plus illustres figures du Parti Communiste. Thorez, Duclos, même Aragon venaient ici se restaurer entre deux réunions ou attendre que leur article arrive au marbre."

 

 

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15 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 239

"C’était un univers gris et instable, imprécis, composé de courbes changeantes et d’orbites sans cesse déformées. Puis certaines lignes se précisèrent. Des lignes droites. Et, des nuées grises, émergèrent des zones mieux définies, plus sombres ou plus claires. Les lignes séparèrent les zones. C’était un échiquier."

 

 

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14 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 238

"C’était le temps et non plus l’homme qui effaçait maintenant la croisée des chemins."

 

 

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13 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 237

"Les dieux s'inclinent parfois devant les offenses des humains armés de pouvoirs volés, mais l'heure du châtiment vient toujours..."

 

 

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