18 octobre 2022
Divertir pour dominer !
La Terre peut maintenant cesser de tourner autour du soleil et on peut arrêter de se prendre la tête face aux multiples crises qui nous heurtent de plein fouet : la sacro-sainte coupe du monde de football approche à grandes foulées de footballeurs.
Olé, olé, olé… la Belgique sera bientôt championne du premier sport planétaire ! Enfin, c'est peu probable, mais chuuuuuuuut, il ne faut pas doucher l'enthousiasme des plus acharnés du ballon rond.
La ferveur populaire sera donc à son comble, au moins le temps de quelques matchs ! Interdiction par conséquent de jouer les trouble-fêtes avec des "détails" comme le non-respect des droits humains au Qatar ou l'absurdité écologique de ses stades climatisés.
Néanmoins, quelques rappels.
Le football n’est pas seulement le sport le plus pratiqué et le plus apprécié dans le monde. Il est aussi une formidable machine à fric, avec un chiffre d’affaires global dépassant les 400 milliards d’euros par an. Avec une déferlante publicitaire permanente. Avec le paiement de droits télévisés de retransmission vertigineux. Avec ses grands clubs "valorisés" en bourse et parfois… très endettés. Avec des propriétaires et des actionnaires issus du monde de la finance et de l’entreprise ; hier Berlusconi à Milan ou Tapie à Marseille ; aujourd’hui des investisseurs états-uniens au Standard de Liège ou qataris au Paris Saint-Germain. Avec des joueurs qui gagnent des sommes pharaoniques, à rendre jaloux les patrons les mieux rémunérés des plus imposantes boîtes. Avec son milieu interlope, ses conseillers juridiques, ses managers et autres "agents de joueurs", qui manœuvrent de manière opaque dans les coulisses. Avec des matchs truqués et de dangereuses maffias des paris. Avec son dopage, comme dans tous les sports (il n’y a pas que le cyclisme !). Avec ses coupes du monde achetées et ses coupes d’Europe fort lucratives…
Et puis, ce qui reste l’alpha et l’omega des institutions sportives, la "compétition", parfaitement en phase avec l’ADN du capitalisme. Il doit y avoir des gagnants et il doit y avoir des perdants, les seconds toujours plus nombreux que les premiers ! Place à la lutte de chaque équipe contre ses concurrentes implacables. Place à la volonté de dominer les rivaux. Place à la course éperdue à la victoire et aux succès qui doivent fatalement en appeler d’autres. Place à la convoitise des titres et des championnats. Place aux performances et aux records. Place à la gloire et à la reconnaissance.
Et, derrière cette lutte permanente pour atteindre le Graal "sportif", d’immenses intérêts financiers ou politiques, une propagande nationale et nationaliste, une instrumentalisation de puissants symboles.
Ah, cette ritournelle concernant l’équipe nationale qui serait le dernier "ciment" de la Belgique. Avec Philippe le Premier, Dame Mathilde, le Manneken-Pis, les gaufres et les frites au pickles. Non, peut-être ?
Et puis, le football mobilise des bataillons de supporters qui sont aussi des… bataillons d’électeurs ! On se souvient de Jacques Chirac remettant la coupe Jules Rimet à Zinédine Zidane et à ses équipiers tricolores, en 1998, histoire d’entretenir sa "popularité". On se souvient d'Emmanuel Macron, 20 ans plus tard, aux côtés de... Poutine, ravi (et pour cause) des prouesses des "Bleus" et des "bénéfices" qu'il en retirerait.
Et la gauche n’est jamais en reste d’un cocorico, souvent opportuniste. En France, même des députés de la NUPES applaudissent à tout rompre Karim Benzama qui vient de décrocher un "Ballon d’Or" qualifié pour la circonstance “du peuple” (sic) ! Chez nous, les présidents des partis dits progressistes clament à longueur de journée leur passion immodérée pour le ballon rond, et sur les "réseaux sociaux", le président du PTB n’est pas le dernier à s’extasier devant les victoires "belges", quelle que soit par ailleurs la compétition sportive à la une ! Diable (rouge ou pas) une voix est une voix, même enrouée à force de crier sur des gradins, et il doit être probablement payant sur le plan électoral de s’aligner sur le plus grand nombre !
OK, nous disent des contradicteurs agacés, mais cette "passion" n’empêche en rien de s’engager ou de prendre pleinement conscience des contradictions et turpitudes du mode de production capitaliste dans lequel nous vivons ! Un supporter peut être un militant, à moins que ce ne soit le contraire.
Le football serait donc un simple exutoire, un moyen d’évasion parmi d’autres, une distraction parfaitement anodine, mais surtout pas un obstacle supplémentaire à la lutte consciente pour changer le monde.
Comment peut-on banaliser ce mécanisme d’aliénation ? Comment peut-on traiter avec légèreté ce qui constitue le pain et les jeux des temps modernes, avec ses nouveaux gladiateurs, ses spectateurs avides de sensations fortes, ses empereurs bienveillants ? Qu’ils soient chefs d’Etat, capitaines d’industrie, milliardaires ou géants de la finance !
Les "grands" événements sportifs occupent une place de choix dans la société marchande du spectacle. Dans le capitalisme réellement existant, le sport professionnel n’a rien d’un folklore innocent ou d’un divertissement futile. Il est une véritable machine de guerre idéologique, un levier destiné à consolider les "valeurs" du capital, un élément du dispositif cherchant à coloniser l’imaginaire collectif pour pérenniser la domination ("symbolique") du peuple, au plus grand profit (dans tous les sens du terme) des possédants.
Et, dans ce contexte, le matraquage médiatique ininterrompu ne relève pas d’une programmation fortuite. Ainsi, la RTBF diffusera toutes les rencontres de la coupe du monde, sans exception. Des centaines d’heures de retransmission en direct qui assurément vont "booster" l’audimat et garantir de plantureuses rentrées publicitaires….
On se prend ici à rêver d’un "service public" qui consacrerait ces centaines d’heures d’émissions aux catastrophes écologiques ou aux inégalités sociales, par exemple.
Mais pas question évidemment de donner trop de matière à réflexion critique aux téléspectateurs et de sacrifier au passage le veau d’or footballistique !
Circulez, il n’y a(ura) rien à voir, rien d’autre que du foot...
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"BOUQUINAGE" - 30
"Mais l’œuvre de Marx est beaucoup plus que cela : que ce soit dans les pages du Capital ou ses autres écrits, il dénonce, avec une férocité extraordinaire, la nature perverse et inhumaine du mode capitaliste de production, de ses origines –l'accumulation primitive– à nos jours. Si l'on ignore la dimension “morale” de l'indignation et du refus, on ne peut pas comprendre Marx, la motivation de ses écrits et leur cohérence.
De même, la lutte de classe est chez Marx non seulement un instrument de connaissance de la réalité historique –ce qu'on appelle parfois le “matérialisme historique”– mais aussi une stratégie de combat contre les exploiteurs et les oppresseurs, dans une perspective de changement révolutionnaire de la société. Dans la philosophie de la praxis marxienne, l'interprétation du monde et sa transformation sont des moments dialectiquement inséparables.
Enfin, on ne peut pas comprendre la structure significative de la pensée de Marx sans prendre en compte sa visée “utopique” : le communisme, le projet d'une société libre et égalitaire, sans classes et sans État, en rupture avec le capitalisme et la société bourgeoise."
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SFFF - 24 images par seconde [XXIV]
1971
Le Survivant [The Omega Man]
Film de Boris Sagal
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17 octobre 2022
SFFF - 24 images par seconde [XXIII]
1954
Des monstres attaquent la ville [Them]
Film de Gordon Douglas
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"BOUQUINAGE" - 29
"Tu te trompes John Difool ! Et tu n'as rien compris ! Je ne suis pas un ordinateur, JE SUIS VIVANT ! Tout comme toi ! Et les lignes de forces du destin nous ont réunis, tous les deux, pour que s'accomplisse la justice !"
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16 octobre 2022
SFFF - 24 images par seconde [XXII]
1988
Invasion Los Angeles [They Live]
Film de John Carpenter
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"BOUQUINAGE" - 28
"Le cinéma est ambivalent, mais il est aussi magique. Alors que les acteurs de sa génération ont eu le plus grand mal à survivre dans le milieu professionnel à partir de la cinquantaine (pensez à Burt Reynolds ou à Charles Bronson), Eastwood a réussi à faire de la baisse de son niveau de testostérone un atout décisif pour le prolongement de sa carrière. Son passage par l'Europe, qu'aucun sociologue déterministe n'aurait pu sérieusement envisager, lui a permis de développer une forme de capital social qui a été décisive dans sa consécration par l'intelligentsia new-yorkaise. Sa trajectoire a été contemporaine de l'importation de la notion d'auteur et du processus d'“auteurisation” : personne n'aurait parié une dime sur son accession à ce statut. Eastwood a capitalisé, sans pour autant développer une stratégie consciente, la vieille américanolâtrie cinéphilique des premiers rédacteurs des Cahiers. Il cumulait deux avantages : d'abord, il offrait de nombreuses similitudes avec le passé du cinéma états-unien et on pouvait lui appliquer les catégories de jugement esthétique qui avaient été utilisées pour John Ford ; ensuite, il était passé par le western spaghetti et était donc affecté d'un coefficient de sophistication qu'il n'avait jamais revendiqué en tant que tel. Comme il était incapable de développer un métadiscours sur son travail, il n'avait aucune raison de s'interposer entre l'exercice raffiné du commentaire produit par des intellectuels européens et sa propre activité d'entrepreneur en produits de divertissement. Il avait donc d'autant plus de chances de plaire aux théoriciens du cinéma qu'il n'avait rien de théorique à offrir, à la différence de certains de ses concurrents du nouvel Hollywood, nourris de film theory et formés dans des écoles où l'on parlait de Lacan et de Derrida."
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15 octobre 2022
Quelles réformes ?
Bertrand Henne, journaliste à la RTBF, dans son billet "Les coulisses du pouvoir" (mardi 12 octobre) :
"Il semble assez évident depuis plus d’un an maintenant que les grandes réformes sont repoussées aux prochaines élections. Marché du travail, pensions, fiscalité, énergie, réforme de l’État. Le gouvernement gère donc surtout les urgences, et le court terme. Et c’est ce qu’il a fait. Il n’en avait de toute façon pas les moyens de sortir le Bazooka comme l’Allemagne l’a fait à coup de 200 milliards d’euros. Et il n’en avait pas besoin, car dans la gestion du court terme il peut compter sur l’indexation des salaires, couplée au tarif social, elle protège mieux les ménages belges que les Néerlandais, les Français et les Allemands. Mais ce n’est pas tenable très longtemps. Cette protection de l’indexation va nous poser des problèmes à long terme, car les salaires et allocations sociales belges progressent plus vite qu’ailleurs. Les entreprises commencent à sentir passer solidement la facture. Le gouvernement a lâché un milliard, pour éviter une dégradation trop importante de la compétitivité."
Décidément, c'est toujours la même conception néo-libérale du monde : il faut "réformer" !
C'est-à-dire ?
Imposer de nouveaux sacrifices à la population ; ajouter de l'austérité à l'austérité qui frappe les travailleurs et allocataires sociaux depuis un demi siècle déjà ; flexibiliser plus le travail ; remettre en cause le système d'indexation (pourtant déjà trafiqué à maintes reprises, voir l'épisode de "l'index-santé") et maintenir le blocage des salaires au nom de la "compétitivité" ; sabrer dans les pensions et retarder le départ légal à la retraite ; et ainsi de suite...
Pas un mot sur des mesures et une politique vraiment alternatives ! Pas un mot sur la nécessité d'une lutte efficace contre la fraude fiscale afin d'aller chercher l'argent où il se trouve ! Pas un mot sur la gigantesque fuite des capitaux dans des paradis accueillants (déjà oubliés les "Pandora Papers" ?) ! Pas un mot sur la lutte contre les inégalités sociales impliquant la mise en œuvre d'une autre fiscalité, avec notamment une véritable taxation des fortunes ! Pas un mot sur un indispensable changement de logiciel, la rupture avec la sacro-sainte "croissance" qui contribue à détruire la planète ! Pas un mot sur une réduction du temps de travail radicale, incontournable si l'on veut rompre avec un productivisme mortifère ! Pas un mot sur la nécessité de renforcer les services publics et la Sécu, notamment les soins de santé (déjà oubliées les leçons de la crise sanitaire ?) !
Il est temps de rompre –appelons un chat un chat– avec ce mode de production/consommation/échange capitaliste et de se fixer d'autres buts que la course aux profits maximale et l'enrichissement perpétuel d'une minorité de nantis : pour une société dont la finalité serait l'harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature.
Manifestement, ce ne sont plus le type d'analyses et les perspectives que l'on peut entendre du côté du "service public" de la RTBF.
Hélas...
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