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25 mars 2023

"BOUQUINAGE" - 188

 

"C’est une idée profondément ancrée chez les militants de base que celle d’un parti révolutionnaire toujours en lutte contre des ennemis, de l’extérieur ou de l’intérieur. On constate, ici encore, une sorte de fossilisation du discours politique depuis 1917. En fait, le discours stalinien des années 1930 reprend quelques grands thèmes bien assimilés par le militant moyen : un parti qui lutte contre les innombrables ennemis qu’a suscités une révolution unique dans l’histoire, un parti des opprimés, des prolétaires, la construction du socialisme dans un seul pays… L’aboutissement théorique de ce discours est aberrant du point de vue strictement marxiste : c’est l’idée d’après laquelle “plus on avance dans la construction du socialisme et plus la lutte des classes s’intensifie”, idée clef de l’idéologie stalinienne, qui va servir à justifier les purges et la terreur des années 1930. Difficilement acceptable pour le bolchevik d’origine, issu souvent de l’intelligentsia, cette théorie passe tout à fait dans la vulgate politique des militants de l’époque stalinienne, peu formés politiquement.

(…)

Entre 1924 et 1940, cinq millions et demi de citoyens soviétiques adhèrent au parti, à un rythme d’ailleurs irrégulier. Des années de recrutement massif (1924, 1929-1932, 1939) alternent avec des années où il devient très difficile d’entrer au parti.

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Durant cette période, près de deux millions et demi de communistes quittent le parti, surtout dans les années 1930. Ainsi, pour deux adhésions, on enregistre, approximativement, un départ.

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Quelles raisons peuvent pousser un communiste à quitter le parti ? Il semble que les motifs de désaccord politique avec la ligne générale aient été rarement mis en avant. Les membres du parti invoquent surtout la surcharge de travail qu’occasionne leur militantisme, l’hostilité du milieu familial à leur engagement politique, le peu d’initiative qui leur est laissée. Ils font part aussi de leur refus d’assumer de nouvelles tâches, de leur déception de n’avoir pas obtenu d’améliorations matérielles après leur adhésion au parti.

Quitter le parti, c’est cependant, dans la grande majorité des cas, en être exclu au terme d’un contrôle ou d’une purge.

(…)

La purge a trois fonctions. La première est de maintenir la fiction d’un parti-élite, d’une avant-garde composée des individus les meilleurs idéologiquement, moralement et socialement, d’éliminer tous ceux qui ne méritent pas le digne nom de communiste.

(…)

La seconde fonction de la purge est d’assurer le monolithisme idéologique du parti face aux déviations, aux oppositions de toute sorte, réelles ou supposées, ou tout simplement à tout discours “politiquement douteux” qui mettrait en doute l’idéal officiel proclamé.

(…)

La troisième fonction de la purge, surtout à partir de 1934, est de rechercher les responsables des difficultés que rencontre un régime parvenu, officiellement, à son but, le socialisme."

 

 

 

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