24 avril 2017
Election présidentielle : deuxième réaction, à froid !
Macron : 23,86 %
Le Pen : 21,43 %
Fillon : 19,94 %
Mélenchon : 19,62 %
Hamon : 6,35 %
Dupont-Aignan : 4,73 %
Lasalle : 1,21 %
Poutou : 1,10 %
Asselineau : 0,92 %
Arthaud : 0,65 %
Cheminade : 0,28 %
Tels sont les résultats officiels de l'élection présidentielle française .
Deux conclusions générales pour commencer :
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Le centre de gravité politique de la France s'est déplacé plus encore vers la droite !
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Le quinquennat a été sanctionné, mais de manière équivoque. D'une part, le parti gouvernemental est en pleine déroute ; d'autre part Macron triomphe -alors qu'il fut membre du PS et ministre de François Hollande !- et son projet politique ne représente pas une véritable rupture avec celui porté par le président sortant !
Nous aurons donc au second tour -et ce n'est pas une donnée réjouissante!- une confrontation entre la candidate du FN et un candidat très libéral s'appuyant sur un mouvement politique aux contours flous, construit grâce aux appuis financiers d'une fraction importante de l'oligarchie : grands patrons, banquiers ou propriétaires d'empires de presse (à l'échelle de l'Hexagone)...
Le succès de Macron est celui de l'establishment, du «parti des gagnants» et des «belles personnes», de celles et de ceux qui cumulent capital économique et capital culturel. Sa campagne «à l'américaine», centrée sur l'image et la «com» , a relégué au second plan le programme. Histoire sans doute d'occulter son caractère nocif pour le plus grand nombre : incompréhension de l'enjeu écologique, «ubérisation» de la société, démantèlement de l'unicité du code du travail, menaces sur le système des retraites, morale des gagnants basée sur l'enrichissement personnel, poursuite de la construction d'une UE du capital, alignement sur la politique ordo-libérale de Merkel et Juncker...
Les sondages annoncent d'ores et déjà une victoire nette du candidat d' «En Marche » ce qui est effectivement le plus probable vu les soutiens qu'il a dès hier soir obtenus , tant du PS que des Républicains. Et puis, on voit mal dans la conjoncture actuelle une majorité d'électeurs accorder leurs votes à Le Pen.
Le FN, précisément, qualifié lui aussi pour le second tour, mais avec un score inférieur à ses espérances. Certains de ses dirigeants avaient en effet tablé sur un résultat de l'ordre de 30 % ! Néanmoins, 22 %, cela reste énorme et c'est surtout suffisant pour rester dans la course à la présidence.
Ce qui est à noter, c'est l'évolution de la perception de ce parti dans la sphère des faiseurs d'opinion. En 2002, on parlait de séisme ; aujourd'hui, plus grand monde ne sursaute devant l'omniprésence de l'extrême-droite. Voilà des fruits bien amers de la dédiabolisation du FN par la médiacratie installée, voilà une conséquence malsaine du relais complaisant de ses thèmes de prédilection dans les journaux ou à l'antenne ! Cette banalisation a déjà coûté cher et le prix à payer risque d'être plus lourd encore demain. Car les politiques austéritaires qui persisteront dans les prochaines années -avec à la clé l'aggravation des conditions de vie de beaucoup- seront une nouvelle fois du pain bénit pour Le Pen et ses amis !
La droite traditionnelle (LR) et la «gauche de gouvernement» (PS), les véritables piliers de cette 5ème République à bout de souffle, sont toutes deux défaites, avec une ampleur variable.
La droite classique, taraudée par les affaires et des péripéties interlopes à répétition, à l'image de son candidat Fillon, échoue à la troisième place, à 2 % des fascistes. Le coup est rude, et lors de la soirée électorale, d'aucuns commençaient déjà à sortir les couteaux pour régler leurs comptes entre frères d'armes. Pour autant, elle devrait tenter de serrer les rangs pour sauver l'essentiel lors des élections législatives, en s'appuyant sur son « maillage électoral territorial ». Dans le but évident d'être un partenaire incontournable d'une prochaine majorité présidentielle.
Le PS, lui, s'effondre. C'était prévisible. 5 années d'occupation du pouvoir pour mener des politiques trahissant les idéaux et les fondamentaux de «la gauche», cela ne pouvait passer. Les dirigeants sociaux-libéraux ont bien essayé de jouer la carte de l'amnésie pour obtenir l'amnistie, mais en vain. Et puis, après la tragi-comédie des «primaires», les petits meurtres entre amis, les ralliements opportunistes derrière Macron, et un programme bricolé à la hâte, le désastre était impossible à éviter, même avec l'appui (famélique) d'EELV. Il faut remonter à 1969, et aux 5,01 % de Gaston Defferre, pour retrouver une situation aussi catastrophique.
Cette formation à l'agonie peut-elle encore rebondir au mois de juin ? Quelques éléphants du parti, repliés dans leurs fiefs électoraux, peuvent assurément sauver leur mandat. Mais pour faire quoi ? Mettre le pied dans la porte d'une future majorité afin de s'y faufiler à tout prix ? Ce sera certainement le choix d'une partie de l'appareil, avec Valls et consorts. Quant à la «gauche du PS», on doute qu'elle ait actuellement les moyens de peser sur une hypothétique recomposition du «camp progressiste».
Ces mouvements et ces revers multiples des uns et des autres annoncent une période pleine d'incertitudes.
La seule véritable alternative présente dans la bataille de la présidentielle, la France Insoumise, peut nourrir des regrets. Il lui a manqué 800.000 voix pour renverser la table et s'inviter au second tour...
Toutefois, les 7 millions de bulletins de vote portant le nom de Jean-Luc Mélenchon ne constituent pas un résultat anodin. 19,62 %, dans un contexte hostile fait de mensonges diffusés quotidiennement dans les médias, de calomnies et d'accusations grotesques répétitives, de dénigrement systématique, représentent une vraie performance.
Ce vote d'adhésion à un programme énergique, et proposant des solutions pertinentes pour répondre aux grands enjeux de notre époque, est réellement porteur d'espoir pour l'avenir. Un «avenir», qui devra se décliner «en commun», si l'humanité veut sortir des impasses mortifères du capitalisme financier productiviste.
Ce ne sera pas simple, car l'oligarchie a senti le vent du boulet. La réaction euphorique des marchés, tôt ce matin, est très révélatrice à cet égard. La France Insoumise et son porte-parole restent plus que jamais des perturbateurs à écarter.
Dès hier soir, l'offensive décomplexée anti-Mélenchon repartait d'ailleurs avec vigueur, autour de la problématique du «vote républicain», le 7 mai. Le candidat de la rupture avec la monarchie présidentielle étant sommé d'appeler à voter immédiatement pour Macron ! Et déjà de nouvelles accusations hallucinantes concernant une supposée complicité des Insoumis avec le FN ! Pas de doute, les chiens de garde n'arrêteront pas de sitôt d'aboyer et de mordre !
A l'évidence, l'échéance des législatives sera très importante. Et il faudra à nouveau beaucoup de pugnacité pour affronter l'adversité. 577 candidatures dans 577 circonscriptions pour se confronter aux baronnies en place, avec des candidat(e)s parfois inexpérimentés, dans le cadre d'une élection à deux tours (pas de «proportionnelle» comme pour le scrutin européen), voilà un défi qui ne sera pas facile à relever.
Heureusement, les Insoumis ont du caractère ! Ils vont démontrer que déception ne signifie pas résignation...
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23 avril 2017
Election présidentielle : première réaction, à chaud !
A partir du moment où il n'y a pas victoire, il y a déception !
Eu égard l'excellente campagne de la France Insoumise et sa dynamique propulsive, l'espoir était devenu réel. Mais, même si le bonheur électoral n'est pas au rendez-vous, il convient d'analyser ce résultat de manière lucide. Pour gagner, il eût fallu passer par un « trou de souris», comme l'a souvent répété Jean-Luc Mélenchon. Cela ne s'est pas produit cette fois...
Néanmoins, ce qui a été engrangé pèsera. Et cela comptera pour l'indispensable mobilisation dans les prochains jours, car une autre échéance électorale est déjà en vue, celle des élections législatives (11-18 juin) !
On ne peut se contenter de la formule laconique de François Mitterrand -«la France, ce vieux pays de droite»- pour comprendre les résultats du jour. Le recul du «camp progressiste» est tel qu'il interpelle.
En 2012, EELV+NPA+LO+PS+FDG avaient atteint 43,75 % au premier tour. Ce 23 avril, NPA+LO+PS+FI vont réaliser un score de l'ordre de 28 % ! Un recul considérable, principalement occasionné par l'effondrement du PS. Qui paie ainsi la facture du médiocre quinquennat de François Hollande, lequel a persisté à mettre en oeuvre une politique de droite, au service des intérêts du monde de la finance !
Problème : la «gauche de gouvernement» n'est pas la seule a être la victime de cette obstination social-libérale. Toutes les «gauches», même celles qui ont combattu les politiques de régression sociale et les reculs démocratiques de ces 5 dernières années, ont été pénalisées. Car les citoyens n'opèrent pas toujours des distinctions subtiles entre les unes et les autres.
Le paquebot gouvernemental a donc coulé en emportant avec lui beaucoup de monde. Les victimes collatérales de la désintégration du PS sont nombreuses. La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon n'ont pu redresser totalement une situation compromise de longue date.
Le désarroi du peuple après tant d'années de déceptions, la désorientation générale qui découle de crises multiples, la désarticulation de la société, voilà des handicaps. énormes qui n'ont pu être surmontés. Et ce, dans un contexte traditionnel de domination de l'idéologie dominante, de la colonisation des imaginaires par les «représentations du monde» des puissants, de lourdes tendances au repli sur la sphère privée et de désintérêt pour la «chose publique».
Si l'on ajoute que toute tentative de présenter une alternative se heurte à l'hostilité agissante des principaux médias, qui désinforment tant et plus et orchestrent des campagnes de dénigrement (qui ont atteint un niveau d'abjection sans précédent), l'on comprendra qu'il n'est guère simple de gagner l'adhésion du plus grand nombre.
Certes tout cela n'épuise pas la question. Aucune explication ne peut effacer le fait du moment présent : le suffrage universel a rendu son verdict et les composantes populaires décidées à opter pour le changement ne sont pas encore majoritaires ! Il va donc falloir poursuivre le travail de conviction, sans relâche.
Ce qui a été construit autour de la France Insoumise pendant 14 mois est toutefois une bonne base pour mener à son terme cette entreprise ardue.
En effet, un premier cap a été atteint, les lignes ont commencé à bouger, les Insoumis ont gagné en crédibilité et représentent une force qui ne peut être ignorée.
Dès lors, les élections législatives du mois de juin constitueront une opportunité pour consolider les acquis de cette mémorable campagne présidentielle.
Tout ne prend pas fin aujourd'hui. Au contraire, tout commence. Enfin, presque...
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Et maintenant ?
Ce sera donc Macron contre Le Pen, le candidat de la finance et de la presse, contre la fasciste. Avec une probable victoire du premier dans deux semaines. Qui ne règlera pas tout, loin s'en faut. Car un président a besoin d'une majorité parlementaire. Les grandes manoeuvres politiciennes vont commencer. Pour le peuple, cela n'augure rien de bon. Après l'épreuve des législatives, des confrontations sociales seront inévitables...
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Jour J !
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