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06 février 2020

26 mai, les jours d'après (XXI)

 

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L’organisation Youth for Climate programme ce vendredi 7 février une nouvelle grève, avec pour thème cette fois-ci la protection des océans. Rendez-vous est fixé à 13h30 devant la gare centrale de Bruxelles.

Réaction du ministre flamand de l’Education, Ben Weyts (N-VA) : il ne souhaite plus que les écoliers flamands descendent à l’avenir dans les rues pour réclamer plus d’actions du politique contre le réchauffement climatique et les conséquences de la crise écologique !

 ‘’Brosser des cours pour le climat, c’est brosser et l’on ne peut fermer les yeux là-dessus’’, a commenté le ministre nationaliste dans une réponse à une question parlementaire écrite du député de son parti, Koen Daniëls (on n'est jamais si bien servi que par les siens !).

‘’En tant que ministre de l’Education, je veux décourager les écoliers de s’absenter de l’école de manière non-autorisée’’, a insisté le sieur Weyts.  ‘’On ne peut pas d’un côté déplorer la baisse de qualité de l’enseignement et ensuite encourager la pratique de l’école buissonnière. Il doit être clair que les mêmes règles s’appliquent à tous en toutes circonstances, et indépendamment de tout motif politique ou autre’’

Décidément, la différence entre la N-VA et le VB devient aussi mince que du papier à cigarettes. Voici donc venu le temps des croisades contre... les mobilisations d'une jeunesse attentive au drame qui se joue !

Ensuite, n'en doutons pas, ces individus s'en prendront à tous les mouvements sociaux et au mouvement syndical. Ils n'ont d'ailleurs pas attendu pour embrayer la vitesse supérieure à cet égard.

Le but de "l'école" ne doit pas être le formatage des cerveaux ni la construction d'une armée de petits robots destinés à devenir des rouages d'une société productiviste et consumériste. L'école doit favoriser l'ouverture de l'esprit, éveiller le sens critique, former à la citoyenneté active. Et les grèves pour le climat, dans le cadre général du combat des jeunes contre le réchauffement climatique, représentent précisément un "exercice pratique" indispensable.

Rappelons que ce qui est en jeu ici n'a rien d'anodin : il s'agit de l'héritage qui sera imposé aux générations futures. Question vitale dans le sens premier du terme, car avant la fin de ce siècle, c'est la survie même de l'espèce humaine qui se jouera !

 

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GlaxoSmithKline a annoncé, lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire, un plan de restructuration qui menace 720 emplois en Belgique. En outre, des centaines de contrats temporaires ne seront pas renouvelés. Au total, près de 1.000 travailleurs risquent d'être concernés !

Ah, ces multinationales !

Elles sont choyées par les gouvernements ; elles font des profits pharamineux ; elles rémunèrent somptueusement les actionnaires ; elles ne paient quasi aucun impôt et... elles restructurent et licencient sans vergogne !

Il y a d'ailleurs gros à parier que ce plan présenté par GSK ne soit pas le dernier, car l'expérience démontre que ces pratiques socialement destructives des entreprises transnationales sont de véritables (et tristes) sagas, avec des "épisodes" qui se succèdent et se répètent dans le temps !

 Une fois de plus, donc, ce sont les salarié(e)s qui sont convié(e)s à payer la note de ces turbulences qui n'ont d'autre but que l'augmentation du taux de profit ! Le capitalisme réellement existant se fiche complètement des êtres humains, qu'il noie dans "les eaux glacées du calcul égoïste" (Marx) !

Mais peut-être le prochain (?) gouvernement fédéral prendra-t-il l’initiative de proposer une loi interdisant les licenciements dans les entreprises qui réalisent des bénéfices ?

Le PTB, lui, a décidé de ne pas attendre : il réintroduira une proposition de loi en ce sens à la Chambre !

Qui la soutiendra ?

Wait and see...

 

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05 février 2020

26 mai, les jours d'après (XX)

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Chaque jour qui passe voit l’un ou l’autre ténor politique avancer une petite idée concernant la constitution d’une prochaine majorité fédérale. En n’omettant pas d’agiter toujours le même spectre, celui du vide du pouvoir !

Que l'on cesse de dire : "il faut un gouvernement !". Non, il ne "faut" pas un gouvernement, il faut une autre politique ! Et ce n'est pas en reconduisant la "Suédoise" en y ajoutant Ecolo et le PS -parce qu'un appoint est indispensable suite à la raclée électorale encaissée par la majorité sortante !- qu'un changement de cap politique sera au rendez-vous !

Répétons-le : ce qui intéresse les partis de droite et leurs mandants patronaux, derrière tout ce mauvais cinéma autour de la formation d'une coalition fédérale, c'est de pouvoir continuer leur oeuvre de destruction sociale et environnementale !

 Nous avons donc été contraints de subir le blocage des salaires, un "saut" d'index, des "économies" supplémentaires dans le secteur des soins de santé, le détricotage de la Sécu, le recul de l'âge légal de la retraite (67 ans !), des mesures d'affaiblissement du secteur public, l'augmentation du taux de TVA sur l'électricité (de 6 à 21 % !), le renoncement face à la fraude et à la fuite des capitaux, l'inertie dans la lutte (vitale) contre le réchauffement climatique, une politique migratoire inhumaine et un discours raciste ininterrompu qui a boosté le VB, etc., avec au final... un bilan de législature désastreux : déficit démocratique, croissance de la "dette écologique" pour les générations futures, délabrement accru des finances publiques avec un déficit budgétaire annoncé à 12 milliards € à l'horizon 2024 !

Que cela ne tienne, pour les De Wever, Bouchez, Coens et consorts, il faut poursuivre dans la même voie socialement et humainement régressive. Ils veulent continuer à imposer "des larmes et du sang" ! Attention, pour le plus grand nombre s'entend, pas pour la poignée de multi-millionnaires, pas pour les multinationales gavées de cadeaux fiscaux, pas pour les bénéficiaires "d'intérêts notionnels", pas pour les patrons qui profitent de notre système fiscal, pas pour ces "patriotes" qui placent leurs avoirs dans des paradis fiscaux, pas pour les "affairistes" de tous bords qui prospèrent !

Par conséquent, cessons de pleurnicher sur les "difficultés" rencontrées par ces politiciens. Nous sommes censés vivre en "démocratie", et en démocratie le suffrage universel n'est pas un gadget ! Si nous devons revoter, revotons !

En espérant que cette fois le résultat empêchera les droites d'encore et toujours fanfaronner, en espérant que les nouveaux rapports de forces issus des urnes permettront de bloquer les éternelles politiques austéritaires et d’enrayer la poursuite de la destruction de notre planète !

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04 février 2020

Orwell, 1903-1950 (III)

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ORWELL

DANS

LE

TEXTE (2)

 

 

 

[George Orwell, Tels, tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949), Editions Ivrea, Paris, 2005]

 

Les seules autobiographies dignes de foi sont celles qui dévoilent quelque chose de honteux (p.7)

… un artiste est aussi un citoyen et un être humain (p.15)

… c’est une politique contestable que d’interdire quoi que ce soit (p.15)

Si, en définitive, on se range du côté de la police plutôt que celui des gangsters, c’est simplement parce qu’elle est mieux organisée et plus puissante, parce que la loi est un racket plus lucratif que le crime. La force prime le droit : vae victis (p.31)

… la police emploie des méthodes fondamentalement criminelles (p.34)

La vérité est, bien sûr, que les innombrables intellectuels anglais qui baisent le cul de Staline ne sont pas différents de la minorité qui fait allégeance à Hitler ou Mussolini… (p.37-38)

Les gens vénèrent le pouvoir sous la forme qu’ils sont capables de comprendre (p.40)

La grande faute de la quasi-totalité des auteurs de gauche est d’avoir voulu être antifascistes sans être en même temps antitotalitaires (p.45)

… le dilemme bien connu de la fin et des moyens. On n’arrive à rien si l’on n’est pas résolu à faire usage de la force et de la ruse, mais on dénature ainsi les buts qu’on s’était fixés (p.47)

… les procès de la vieille garde bolchévique étaient bien des mascarades (p.49)

Lénine conduit à Staline, et il aurait fini par ressembler à Staline s’il avait vécu plus longtemps (p.52)

Depuis 1930 environ, le monde ne nous a guère fourni d’occasions d’être optimistes. On ne voit rien venir, si ce n’est un amas chaotique de mensonges, de haine, de barbarie et d’ignorance, et derrière nos misères actuelles se profilent d’autres misères, encore plus terribles, qui commencent seulement à être perçues par la conscience européenne. Il est fort possible que les problèmes majeurs de l’humanité ne soient jamais résolus (p.56)

Toutes les révolutions sont des échecs mais il y a différentes sortes d’échecs (p.58)

Il ne faut pas confondre nationalisme et patriotisme (p.60)

Le principal objectif de la propagande est naturellement de façonner l’opinion du moment, mais ceux qui réécrivent l’histoire sont sans doute eux-mêmes persuadés, dans un recoin de leur esprit, qu’ils modifient effectivement le passé en y introduisant des faits à leur convenance. Quand on voit jusqu’à quel raffinement on a poussé la falsification pour occulter le rôle de Trotski dans la guerre civile russe, on ne peut s’empêcher de penser qu’il ne s’agit pas pour les responsables d’un simple mensonge (p.73)

… dans le monde moderne il n’est personne qui mérite le nom d’intellectuel, et qui puisse se tenir à l’écart de la politique, c’est-à-dire s’en désintéresser. Je pense que chacun doit participer à la vie politique -au sens large du terme-  et prendre parti, c’est-à-dire comprendre qu’il est des causes qui sont objectivement meilleures que d’autres, même si les moyens utilisés pour les défendre sont tout aussi mauvais (p.87)

Alors même qu’elle va probablement nous réduire tous à néant dans les cinq années à venir, la bombe atomique n’a pas suscité autant de débats que l’on aurait pu le croire (p.109)

Une arme complexe renforce le pouvoir des puissants, alors qu’une arme simple permet aux plus faibles  -aussi longtemps qu’elle est sans réplique- de se défendre bec et ongles (p.110)

… chaque progrès de la technique militaire a favorisé l’Etat au détriment de l’individu et les pays industrialisés au détriment des pays arriérés. Ceux qui détiennent la puissance sont de moins en moins nombreux (p.111)

Cependant, si l’on considère le monde dans sa totalité, on constate que, depuis plusieurs décennies, la tendance n’est pas à l’anarchie, mais au rétablissement de l’esclavage (p.113)

De nos jours, l’idée de liberté intellectuelle est combattue de deux façons à la fois. De façon théorique par les apologistes du totalitarisme, et de façon pratique, directe, par le monopole et la bureaucratie. Tout écrivain ou journaliste qui cherche à préserver son intégrité voit ses efforts mis en échec, moins par des persécutions actives que par la dérive générale de la société. Travaillent contre lui la concentration de la presse entre les mains de quelques milliardaires, l’emprise du monopole sur la radio et le cinéma, les réticences du grand public à dépenser de l’argent pour acheter des livres, ce qui oblige la quasi-totalité des écrivains à compléter leurs revenus par des travaux mercenaires… (p.115)

La liberté intellectuelle signifie la liberté de rendre compte de ce que l’on a vu, entendu et ressenti, sans être contraint d’inventer des faits ou des sentiments imaginaires (p.116)

L’argument selon lequel dire la vérité serait ‘’inopportun’’ et ‘’ferait le jeu’’ de tel ou tel est considéré comme sans réplique, et rares sont ceux qu’inquiète la perspective de voir les mensonges qu’ils cautionnent passer des journaux aux livres d’histoire (p.120)

Pour la mentalité totalitaire, l’histoire n’est pas quelque chose qu’il s’agit de connaître mais plutôt de fabriquer. Un Etat totalitaire est en fait une théocratie, et sa caste dirigeante doit, pour conserver son pouvoir, passer pour infaillible. Et puisque, dans la pratique, personne n’est infaillible, il est fréquemment nécessaire de réadapter les événements passés afin de montrer que telle ou telle faute n’a pas été commise, ou que tel ou tel triomphe imaginaire a réellement eu lieu. De même, chaque changement d’orientation politique majeur nécessite un changement doctrinal correspondant à une réévaluation des grandes figures historiques (…) En fait, le totalitarisme exige la réécriture continue du passé et probablement, à plus ou moins longue échéance, le rejet de l’idée même de vérité objective (p.121)

C’est au point de confluence de la littérature et de la politique que le totalitarisme exerce la plus forte pression sur les intellectuels (p.122)

La littérature véritablement apolitique n’existe pas, et moins encore dans une époque comme la nôtre, où les craintes, les haines et les sympathies de nature directement politique viennent à tout moment occuper l’esprit de chacun (p.123-124)

Cependant, le totalitarisme ne promet pas tant une époque de foi qu’une époque de schizophrénie. Une société devient totalitaire quand sa structure devient manifestement artificielle, c’est-à-dire lorsque sa classe dominante ne remplit aucune fonction mais parvient à s’accrocher au pouvoir par la force ou par la fraude (p.125-126)

Mais il n’est pas indispensable, pour être corrompu par le totalitarisme, de vivre dans un pays totalitaire (p.126)

On trouvera bien un jour quelque procédé ingénieux pour écrire des livres à l’aide de machines (p.129)

L’attaque directe et consciente contre l’honnêteté intellectuelle est le fait des intellectuels eux-mêmes (p.131)

… toute attaque contre la liberté intellectuelle et contre la notion de vérité objective menace à long terme tous les secteurs de la pensée (p.132)

… la littérature est condamnée si la liberté de pensée disparaît (p.133)

… un esprit vendu est un esprit perdu (p.133)

… l’imagination (…) ne se reproduit pas en captivité (p.133)

L’homme a besoin, de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux (p.139)

Les discours et les écrits politiques sont aujourd’hui pour l’essentiel une défense de l’indéfendable. Des faits tels que le maintien de la domination britannique en Inde, les purges et les déportations en Russie, le largage de bombes atomiques sur le Japon peuvent sans doute être défendus, mais seulement à l’aide d’arguments d’une brutalité insupportable à la plupart des gens, et qui ne cadrent pas avec les buts affichés par les partis. Le langage politique doit donc principalement consister en euphémismes, pétitions de principe et imprécisions nébuleuses (p.154)

Le principal ennemi du langage clair, c’est l’hypocrisie (…). Tous les problèmes sont des problèmes politiques, et la politique elle-même n’est qu’un amas de mensonges, de faux-fuyants, de sottise, de haine et de schizophrénie. Quand l’atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne (…). Mais si la pensée corrompt le langage, le langage peut aussi corrompre la pensée (p.155)

Ce qui importe avant tout, c’est que le sens gouverne le choix des mots, et non l’inverse (p.158)

Le langage politique -et, avec quelques variantes, cela s’applique à tous les partis politiques, des conservateurs aux anarchistes- a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance (p.160)

En fin de compte, la seule démonstration du mérite littéraire d’une œuvre est sa survie, qui ne fait elle-même qu’indiquer l’opinion de la majorité (p.210)

Quand on a lu ne serait-ce qu’une fois Shakespeare attentivement, on ne passe pratiquement plus un seul jour sans le citer, car il n’y a guère de sujets importants qu’il n’aborde ou du moins ne mentionne quelque part, à sa façon peu méthodique mais éclairante (p.224)

 

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Orwell, 1903-1950 (II)

 

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ORWELL

DANS

LE

TEXTE (1)

 

 

[George Orwell, Dans le ventre de la baleine et autre essais (1931-1943), Editions Ivréa, Paris, 2005]

 

Ce à quoi je me suis le plus attaché au cours de ces dix dernières années, c'est à faire de l'écriture politique un art à part entière (p.16)

La Ferme des Animaux est le premier livre où je me suis, en pleine connaissance de cause, efforcé de fondre en un même projet l'art et la politique (p.18)

... Ia sale besogne qui est celle de l'empire (p.25)

 Lorsque l'homme blanc devient un tyran, c'est sa propre liberté qu'il détruit (p.33)

... Ies gens aujourd'hui emprisonnés ne sont pas des fascistes, mais des révolutionnaires. Ils sont Ià non parce que leurs opinions sont trop à droite, mais parce qu'elles sont trop à gauche (p.39)

La vraie lutte se déroule entre la révolution et la contre-révolution ; entre les ouvriers qui essaient désespérément de préserver un peu de ce qu'ils ont conquis en 1936 et la coalition libéralo-communiste qui réussit si bien à le leur reprendre (...) le communisme est aujourd'hui une force contre- révolutionnaire (p.39)

... l'ère de la liberté de parole s'achève (p.49)

Bien évidemment, un romancier n'est pas obligé, quand il écrit, de prendre directement pour thème l’histoire contemporaine ; mais un romancier qui se désintéresse totalement des grands événements de son temps est généralement ou bien un gribouille ou bien un imbécile pur et simple (p.129)

Aucun livre n'est jamais totalement innocent. Qu'il s’agisse de vers ou de prose, on y discerne toujours une orientation, même si celle-ci ne s'exprime que dans la forme ou dans le choix de l'image (p.147)

Les gens qui ont le ventre vide ne désespèrent jamais de l'univers -ils ont bien autre chose à faire qu’à se soucier de l’univers (p.153)

Il est à peu près certain que nous entrons dans une ère de dictatures totalitaires -une ère où la liberté de pensée commencera par être un péché mortel, avant de devenir une simple abstraction vidée de tout sens. L'individu autonome est appelé à disparaître (p.178)

Le monde qui nous attend n’est pas un monde pour les écrivains (p.179)

... toute grande littérature est impossible tant que le monde n'aura pas été reconstruit sur de nouvelles bases (p.181)

Il n’y a pas de troisième voie entre résister à Hitler ou capituler devant lui ; et d'un point de vue socialiste, je puis dire qu'il est préférable de résister (p.188)

Par conviction personnelle, je suis résolument "de gauche", mais je crois que pour préserver son intégrité un écrivain doit rester libre de toute attache partisane (p.191)

Il est impossible de rien comprendre au monde moderne si l'on admet pas la terrifiante puissance du patriotisme, de la loyauté nationale (p.198)

La division du monde en nations repose sur d'authentiques différences de mentalité (...) il suffit d’ouvrir les yeux pour se rendre compte que le comportement humain moyen varie énormément d'un pays à l'autre (p.199)

La culture authentiquement populaire de l'Angleterre mène une existence souterraine, clandestine, officieuse et plus ou moins réprouvée par les autorités (p.203)

... l’aversion anglaise pour la guerre et le militarisme. Cette aversion, qui a de profondes racines historiques, est aussi présente dans la petite bourgeoisie que dans Ia classe ouvrière (p.205)

Le système électoral anglais, par exemple, est une escroquerie caractérisée. Il est truqué de dix façons différentes au profit de la classe possédante (...) L'hypocrisie elle-même joue le rôle d'un puissant garde-fou (p.210)

... la classe ouvrière britannique n'a jamais pensé ou agi en adoptant un point de vue internationaliste (p.212)

Le patriotisme est un sentiment quasi universel (p.214)

... un lien invisible enserre la nation et la tient rassemblée (p.217)

Il est indéniable que n'importe quel riche, sauf s'il est juif, à moins à redouter du fascisme que du communisme ou du socialisme démocratique (p.224)

Patriotisme et intelligence devront être réconciliés (p.230)

Cette guerre, si nous ne la perdons pas, abolira la majeure partie des privilèges de classe qui subsistent encore (p.233)

Le socialisme se propose, comme but ultime, la création d'un Etat mondial où les hommes seraient libres et égaux, tenant pour acquis que les hommes sont égaux en droit. Le nazisme veut exactement le contraire (p.238)

Une révolution, cela ne veut pas dire des drapeaux rouges et des barricades dans les rues, mais une refonte totale de l'exercice du pouvoir (p.247)

La guerre et la révolution sont indissociables (p.254)

L'initiative doit venir d'en bas. Ce qui implique le surgissement de quelque chose qui n'a jamais existé en Angleterre, à savoir un mouvement socialiste activement soutenu par la grande masse de Ia population (p.254)

... se montrer à la fois révolutionnaire et réaliste (p.260)

Aucun programme politique n'est jamais intégralement réalisé (...) C'est toujours la direction qui compte, le but visé (p.270)

Ce sont les mouvements qui suscitent les leaders, et non l'inverse (p.271)

Les nations n’échappent pas à leur passé par la seule magie d'une révolution (p.272)

Le patriotisme n'a rien à voir avec le conservatisme (...) aucun révolutionnaire authentique n'a jamais été internationaliste (p.274)

Chacun croit aux atrocités ennemies et refuse de croire à celles de son camp, sans même prendre la peine d'examiner les faits (p.292)

La notion même de vérité objective est en train de disparaître de notre monde (p.306)

Un monde de cauchemar dans lequel le chef, de n'importe quelle clique au pouvoir, contrôle non seulement l'avenir mais aussi le passé (p.308)

 

 

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03 février 2020

26 mai, les jours d'après (XIX)

 

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Après l’improbable duo Coens-Bouchez, voici maintenant l’entrée en piste de l’actuel vice-premier ministre  -et toujours CD&V-  Koen Geens. Avec le même objectif : associer coûte que coûte N-VA et PS, au motif qu’une majorité est indispensable en Flandre (pour mémoire, ce ne fut pas du tout le cas en Wallonie lors de la législature précédente, mais c’est évidemment le cadet des soucis de la droite flamande, qui utilise depuis des décennies l’Etat belge pour parvenir à ses fins !). 

Les champions de la dramatisation des deux côtés de la frontière linguistique affirment qu’il s’agit d’une dernière ‘’chance’’  -ou presque-  avant le retour forcé aux élections ! Un discours sans surprise destiné à mettre la pression sur les partis pour les contraindre à négocier une nouvelle ‘’coalition contre-nature’’, pour reprendre une expression utilisée naguère par Laurette Onkelinx… 

Problème pour tout ce petit monde avide de pouvoir : les viriles exclusives mutuelles lancées au lendemain du 26 mai 2019, par les principales formations, laissent des traces. Face à l’électorat et face à leurs militants, PS, N-VA et tutti quanti devront venir expliquer un éventuel revirement, ce qui ne sera pas évident pour ces partis traditionnels qui suscitent une méfiance croissante et qui ont d’ailleurs tous été sanctionnés dans les urnes !

 

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Le PTB-PVDA brandit une enquête d’opinion pour taper sur son clou favori : il est faux de parler de ‘’deux démocraties irréconciliables’’ (Flandre/Wallonie) et il convient de combattre la ‘’prise d’otage nationaliste’’ post-électorale ! Et de répéter sa litanie sur ‘’l’unité’’ du pays qui sera par ailleurs l’un des thèmes principaux de la manifestation nationale qu’il organise le 1er mars ! 

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Il y a les sondages et il y a les résultats des élections : ceux du 26 mai dernier sont clairs.  

Parlement flamand : NVA, 35 députés ; VB, 23 députés ; CD&V, 19 députés ; Open Vld, 16 députés ; Groen, 14 députés ; SPA, 13 députés ; et… PVDA, 4 députés. Sur les 7 partis représentés, les 4 premiers sont de droite et d’extrême-droite, et ils regroupent ensemble 93 parlementaires sur 124, soit 75 % des mandats ! La ‘’gauche’’ (Groen-SPA-PVDA) est limitée à 31 élus (sur 124), soit 25 % des parlementaires ! Est-il vraiment indispensable de faire un dessin sur le véritable rapport de forces en Flandre ? 

Parlement wallon : PS, 23 députés ; MR, 20 députés ; Ecolo, 12 députés ; PTB, 10 députés ; et Cdh, 10 députés. PS-Ecolo-PTB disposent donc de 45 sièges sur 75, soit 60 % des mandats ! Pour 30 sièges aux partis de la majorité de droite sortante (MR-Cdh) !  

Les faits sont décidément bien têtus : le centre de gravité politique en Flandre se situe nettement ‘’à droite’’ tandis qu’il est beaucoup plus ‘’à gauche’’ en Wallonie ! Et en Wallonie, contrairement à la Flandre, il n’existe pas d’extrême-droite implantée au niveau institutionnel (le dernier scrutin a vu la disparition du PP et le flop des différents groupuscules fascistes qui tentaient une percée) ! 

Le PTB-PVDA est dès lors de mauvaise foi lorsqu’il minimise les contradictions entre le Nord et le Sud de l’Etat Belgique, ou lorsqu’il affirme  -n’étant pas économe en généralités-  que ‘’les gens’’ ne sont pas différents. A l’évidence, il existe des points communs entre tous les êtres humains, mais cette banalité n’épuise pas la question ! 

Aucun groupe social, aucune classe sociale n’est homogène. Il y a  -malheureusement-  un important électorat populaire qui penche et qui vote ‘’à droite’’, partout. Mais beaucoup plus en Flandre qu’en Wallonie ! Ce ne sont pas seulement les patrons du BEL 20, du VOKA et leurs proches qui soutiennent la N-VA et le VB ! Une fraction significative de la population est raciste/xénophobe et est favorable à des politiques néo-libérales privilégiant l’individu au détriment du collectif ! Ce serait illusoire de croire qu’elle vote par distraction et que le verdict du dernier scrutin législatif était un simple ‘’accident’’… 

Le PTB-PVDA affirme que beaucoup ont choisi le VB ou la N-VA (ou les autres formations de droite) pour obtenir une pension à 1.500 € ou une augmentation des salaires, promises par ces partis. Ah bon ! Pourquoi ces électeurs si préoccupés de ‘’social ‘’ n’ont-ils pas voté massivement pour le PVDA qui a mené une campagne électorale sur un thème central : ‘’le social, c’est phénoménal’’ ? Comment se fait-t-il que la (ou les) ‘’copie(s)’’ a(ont) été préféré(e)s à ‘’l’original’’ ? ‘’Intoxication idéologique’’ vont sans doute répondre les dirigeants du PTB-PVDA ? Sauf que cette ‘’intoxication idéologique’’ (le poids de l’idéologie dominante, les manipulations médiatiques, la propagande mensongère) existe dans tous les pays capitalistes et… en Wallonie aussi. Or, malgré celle-ci, le PTB est à 13 % de la représentation parlementaire en Région wallonne et le PVDA est à 3 % de la représentation parlementaire au Vlaams Raad ! Il y a donc bel et bien deux configurations distinctes, qui sont  -notamment- la conséquence de la naissance et du développement d’un ‘’mouvement flamand’’ dominé par la droite car, historiquement, la ‘’gauche socialiste’’ n’a pas suffisamment pris en compte le légitime combat pour la reconnaissance de la langue flamande ! 

En fait, le problème du PTB-PVDA est qu’il pratique, depuis sa création, la politique de l’autruche devant une ‘’question nationale’’, matérialisée par l’existence et la cohabitation de deux peuples dans un même cadre étatique (au demeurant ‘’bourgeois’’ et monarchique !). Dès lors, il refuse obstinément de prendre en considération les deux réalités politiques fortement contrastées et il s’entête à ne pas abandonner sa posture ‘’belgicaine’’ (nationaliste ‘’belge’’),  ! 

Or, tant que l’Etat ‘’unitaire’’ (quand bien même sous une forme ‘’fédéralisée’’) persistera, c’est la Flandre, et les partis de droite qui y sont hégémoniques, qui imposent  -et imposeront-  leurs exigences à la Wallonie, quelles que soient les aspirations majoritaires des Wallons ! 

En ne changeant pas son approche, en n’assumant pas la complexité et les contradictions de ce pays, en rejetant une réponse institutionnelle à la hauteur de notre ‘’défi national’’, le PTB-PVDA pénalise(ra) indéfiniment les travailleurs wallons ! 

Et il handicape aussi les travailleurs flamands qui cherchent la protection des droites nationalistes parce qu’ils sont inquietés par l’épouvantail de la ‘’Wallonie profiteuse qui vit aux crochets de la Flandre’’ sans cesse agité par d’aucuns. 

Seule une indépendance de la Flandre et de la Wallonie pourrait éliminer les manoeuvres de diversion facilitées par le maintien d’un leurre, celui d’un royaume devant demeurer  obligatoirement ‘’uni’’ !

 

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Jeudi dernier, le Roi s’est adressé aux ‘’corps constitués’’, composés des autorités politiques, juridiques, économiques ou académiques en Belgique. Il y a notamment abordé l’avenir de notre pays et il a martelé que les ‘’exclusives’’ des uns et des autres devaient être jetée par-dessus bord afin de pouvoir former rapidement un gouvernement fédéral !  

Bref, il n'est élu par personne mais il est le "chef de l'Etat" (et accessoirement ‘’le chef des armées’’), et il interfère régulièrement dans la vie politique ! Il est toujours beaucoup question de '’l'institutionnel" dans ce pays -et pour cause !-, mais il serait temps de sortir de ‘’l'Ancien régime’’ et de se débarrasser une fois pour toutes de cet archaïsme que constitue un régime dynastique, où un individu dispose d'un statut et d'une fonction grâce à son hérédité et à sa place dans un ‘’ordre de succession’’ ! Vite, une République, voire deux... en cas d'implosion de la Belgique !

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28 janvier 2020

26 mai, les jours d'après (XVIII)

 

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Négociations fédérales au point mort !

Et toujours les mêmes déclarations lénifiantes des politiciens, jour après jour. Et toujours cet escamotage de la véritable question de fond : un gouvernement pour mettre en oeuvre quelle politique ? Une question qu'ils veulent occulter, et pour cause : les partis de la "Suédoise" souhaitent poursuivre la même politique austéritaire (les intentions de la N-VA ne laissent aucun doute à cet égard !), or cette politique a été lourdement sanctionnée par les électeurs ! Pour mémoire : 22 sièges de moins au Parlement fédéral pour la "bande des quatre", au soir du 26 mai dernier ! Et ils essaient maintenant de venir enfumer tout le monde avec leurs belles déclarations la main sur le coeur concernant le "sens des responsabilités", les "menaces qui pèsent sur l'unité du pays", l'"urgence de la situation" et ainsi de suite...

Avis donc à la population : baissez la tête, acceptez un nouveau tour de vis anti-social, arrêtez de revendiquer une autre politique, contentez-vous des politiciens qui occupent le terrain depuis tant d'années ! Il y va de "l'intérêt supérieur de la Belgique" (lire : l'intérêt de la monarchie, l'intérêt de cette minorité qui concentre les richesses, l'intérêt du patronat qui veut sans cesse rafler la mise, l'intérêt des grands fraudeurs qui expatrient leur "patriotisme" dans des paradis fiscaux, bref l'intérêt du capital qui dans sa course folle aux profits n'épargnera jamais ni les êtres humains ni la nature !) !

Devant ce mauvais et lassant spectacle, une seule exigence : qu'ils dégagent !

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27 janvier 2020

26 mai, les jours d'après (XVII)

 

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Bertrand Henne (RTBF), ce lundi matin, au sujet de la ‘’marche de la colère’’ organisée par le PTB le 1er mars prochain :

"Ce qu’on perçoit. C’est qu’avec cette marche et son slogan, le PTB nie la profondeur du clivage socio-économique qui existe entre les partis et entre nord et sud. En particulier entre PS et N-VA. Le PTB réduit les enjeux "politiques" à des enjeux "politiciens", il dépolitise la crise."

A l'évidence.

Le PTB est un parti ‘’nationaliste’’, ou plus exactement un parti nationaliste ‘’belge’’, en d'autres termes un parti ‘’belgicain’’ ! Pour lui, les ‘’problèmes communautaires’’, pour reprendre une terminologie consacrée, n’existent pas ! Ou plutôt, il s’agit de problèmes ‘’artificiels’’ qui ont été créés par les ‘’politiciens’’ pour ‘’diviser les travailleurs’’ !

La longue marche du ‘’mouvement flamand’’ pour la légitime reconnaissance linguistique ? Un artifice…

La naissance d’un ‘’mouvement wallon’’ face à la progression de ce ''mouvement flamand'' et du bilinguisme ? Un artifice…

Le ‘’Congrès wallon’’, issu de mouvements de la résistance au sortir de la seconde guerre mondiale, optant en faveur d’une solution fédérale ? Un artifice...

La ‘’Question royale ‘’ et les grèves quasi insurrectionnelles en Wallonie ? Des artifices…

La ‘’grève du siècle’’ (1960-1961), l’émergence du ’’renardisme’’, ‘’le fédéralisme et les réformes de structures’’ ? Des artifices...

Les lois de 1962-1963 et la détermination d’une frontière linguistique figée ? Des artifices…

Le ‘’Wallen Buiten’’ de Leuven ? Un artifice...

Le développement de ‘’partis communautaires’’ ? Un artifice…

L’éclatement des partis traditionnels longtemps ‘’unitaires’’ ? Un artifice…

Le délitement de la ‘’Belgique de papa’’ et le processus continu de la ‘’fédéralisation’’ ? Des artifices…

Les grandes ‘’réformes institutionnelles’’ ratifiées chaque fois à une majorité de 2/3 des parlementaires ? Des artifices…

Avec une analyse qui ne veut pas tenir compte de 190 années d'histoire, avec une grille de lecture parfois proche du ‘’complotisme’’, le discours ‘’dé-politique’’ n’est effectivement jamais loin !

Pas étonnant dans ces conditions que le PTB appelle à manifester pour sauver ‘’l’unité’’ du pays ! [Soyons toutefois de bon compte, il n’arpentera pas les rues de Bruxelles uniquement pour ce seul objectif, heureusement !]

Mais de quoi s’agit-il en vérité ? De préserver ‘’L’Etat Belgique’’ qui reste un Etat… ‘‘bourgeois’’, qui plus est ‘’monarchique’’ !?!

Depuis sa fondation, le PTB escamote complètement la ‘’question nationale’’ et toute réponse qui serait basée sur le ‘’droit (démocratique) des peuples à l’autodétermination’’.

Il refuse de prendre en considération la portée ‘’stratégique’’ de ce ‘’droit’’ dans le cadre d’un pays (pérennisé suite à l'interventionnisme des principales puissances européennes au XIXème siècle !) où doivent cohabiter deux peuples dans un même cadre étatique !

Cette négligence ne constituerait pas un véritable souci s’il ne s’agissait que d’une question théorique pour intellectuels en manque de bavardages.

Mais il s’agit au contraire d’une problématique très concrète et ‘’impactante’’ pour les populations, car les rapports de forces politiques sont radicalement opposés au Nord et au Sud du territoire : le centre de gravité de la Flandre se situe très à droite, tandis que la Wallonie penche plus ‘’à gauche’’ !

En ignorant -ou en feignant d’ignorer- cette configuration particulière, le PTB se prive d’une approche ‘’stratégiquement’’ innovante : l’implosion de ‘’l’Etat Belgique’’ ferait voler en éclats le ‘’bloc social bourgeois’’ et permettrait de pouvoir avancer là où l’hégémonie du capital est un peu moins incrustée, là où existe un maillon (plus) faible du système !

Si les régions et communautés ont acquis des ‘’compétences propres’’, n’oublions pas que les principaux leviers de la décision -en matière économique et sociale (Sécu), en matière de politique étrangère et de défense nationale, en matière de justice et de questions sociétales, et en matière fiscale-, demeurent toujours au 16 rue de la Loi, en principe (!) sous le contrôle de la Chambre des représentants.

Ainsi, en ce qui concerne la dernière législature, pour ne pas remonter plus loin, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont imposé de nouvelles économies dans les soins de santé, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont décrété un saut d’index, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont orchestré le blocage des salaires, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont décidé de porter le taux de TVA de l’électricité à 21 %, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont modifié l’âge légal de la retraite, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont choisi de dépenser des milliards € pour acheter des F35, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui engagent le Belgique dans des conflits militaires dans le monde, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui détruisent la SNCB ou affaiblissent constamment les ‘’entreprises publiques’’, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui réglementent les ‘’politiques migratoires’’.

Cela ne signifie pas pour autant que ces ‘’entités fédérées’’ ont renoncé aux options austéritaires, en fonction des majorités en place, mais cela signifie que le cap général reste essentiellement fixé par le ‘’fédéral’’, dominé par la droite flamande (dans le gouvernement Michel, trois partis flamands pour un seul francophone ! Une démonstration presque caricaturale de cette hégémonie politique).

Une Wallonie ‘’indépendante’’, débarrassée du poids de la droite flamande, pourrait donc ouvrir de nouvelles perspectives en matière d’édification d’une solution de rechange ‘’de gauche’’.

Ce qui ne signifie pas que cela serait simple (ce ne l’est nulle part !), mais ce qui signifie qu’il y aurait un obstacle de moins dans le combat pour matérialiser une alternative.

En réalité, ce qui ‘’divise’’ les travailleurs, c’est l’absence de réponse à une ‘’question nationale’’ aussi vieille que la Belgique et c’est le maintien d’un Etat ‘’unitaire’’, même sous une forme ‘’fédéralisée’’ ! Car celui-ci est instrumentalisé par les possédants pour continuer à opposer les deux peuples, notamment en attisant les antagonismes ‘’communautaires’’.

Dans le cadre institutionnel actuel, le ‘’c’est la faute aux Flamands’’ ou le ‘’c’est la faute aux Wallons’’ tombent toujours à pic pour justifier ce qui est contesté en essayant de détourner le mécontentement vers les mauvaises cibles.

La disparition de la Belgique, par contre, saperait cette entourloupe, car chaque peuple serait entièrement maître de ses choix politiques et il serait dès lors difficile de pointer la ‘’responsabilité’’ de voisins qui ne seraient plus liés structurellement !

Cela dit, une telle issue n'est (sans doute) pas pour demain !

Même si l'histoire connait parfois des accélérations imprévisibles...

 

 

 

 

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21 janvier 2020

Orwell, 1903-1950 (I)

 

Orwell est, avec Kafka, l’un des rares écrivains du XXème siècle dont le nom est passé dans la langage courant, comme Balzac au XIXème siècle’’ [1]

‘’Tout ce que j’ai écrit d’important depuis 1936, chaque mot, chaque ligne, a été écrit directement ou indirectement, contre le totalitarisme et pour le socialisme démocratique tel que je le conçois’’ [2]

 

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Le 21 janvier 1950, il y a 70 ans, disparaissait George Orwell, écrivain politique, homme de gauche, adversaire résolu des dictatures nazie et stalinienne.

Ni courtisan, ni compagnon de route du ‘’communisme soviétique’’, ni porte-parole d’une cause, libre de toute obédience partisane, ennemi de la langue de bois et d’une franchise parfois brutale, Orwell dérangeait les ‘’intellectuels’’ aveuglés par l’un ou l’autre ‘’camp’’, les politiciens prêts à toutes les compromissions et des journalistes déjà dépendants de la puissance de l’argent.

homage to.jpgSon décès -à l’âge de 46 ans !-  fut donc très peu commenté et eut peu d’écho dans la presse de l’époque.

Romancier, journaliste, essayiste, il laissait pourtant une œuvre dense, pour un homme à la santé fragile n’hésitant pas à ‘’faire’’ et à entrer en ‘’immersion’’ dans le monde réel ‘’d’en bas’’ :  9 livres, d’innombrables essais, critiques littéraires et articles commentant l’actualité de son temps…

Et quel ‘’temps’’ ! Celui de la première moitié du XXème siècle, celui du fascisme et du stalinisme triomphants, celui des deux guerres mondiales et de leurs dizaines de millions de cadavres, celui d’Auschwitz et d’Hiroshima/Nagasaki, celui du début de la guerre froide et de la course aux armements (nucléaires) !

C’est peu dire que ces événements tumultueux, et sa trajectoire de vie mouvementée à leur contact, nourrirent directement ses romans et ses écrits.

Policier en Birmanie au service de l’Empire britannique, sans le sou en France et vagabond dans son propre pays, enquêteur sur les conditions d’exploitation de la classe ouvrière du Nord de l’Angleterre, combattant ‘’antifasciste’’ en Espagne, producteur et chroniqueur à la BBC durant le second conflit planétaire (1941-1943), et… cependant écrivain prolixe !

AnimalFarm.jpgLa publication de sa production littéraire rencontra maintes difficultés de son vivant et lui rapporta peu : ni la consécration, ni la fortune. Et il dut attendre la publication de ‘’La Ferme des Animaux’’ à la fin de la seconde conflagration mondiale pour enfin bénéficier d’une situation financière un peu plus aisée !

Il s’empressa alors de terminer son roman le plus connu, ‘’1984’’, quelques mois avant que la tuberculose ne l’emporte.

Il n’eut donc jamais vraiment l’occasion de vérifier la portée et la réception internationales de son œuvre, une œuvre qui n’a cessé de gagner en popularité au fil du temps.

Certes, Orwell n’était pas un prophète ou un Nostradamus buvant du thé ! Sa conception d’une société ‘’totalitaire’’ reposait sur sa connaissance et son expérience de la société ‘’réellement existante’’ des années vingt, trente et quarante du siècle dernier, sources directes de son ‘’inspiration’’ littéraire.

Or, sa description d’un système reposant sur le contrôle total de la population, où le langage est en permanence transformé et vidé de toute signification, où l’histoire est constamment revue et rectifiée, où le mensonge est institutionnalisé, a aujourd’hui une puissance évocatrice inégalée.

Car nous vivons dans le monde de la ‘’révolution numérique’’, un monde où les espaces  -public et privé-  sont envahis par les ‘’terminaux’’, un monde où il devient 1984.jpgpérilleux de s’émanciper du net et des ‘’réseaux sociaux’’, un monde où les caméras prolifèrent partout et où la surveillance généralisée s’intensifie, un monde où les ‘’infofausses’’ (les ‘’fake news’’, particulièrement prisées par un Donald Trump, président de la première puissance planétaire !) entretiennent quotidiennement confusion et manipulation !

Dès lors, c’est bel et bien notre présent qui actualise sans cesse ce livre daté et qui continue à lui assurer un retentissement énorme.

‘’1984’’, et ‘’La Ferme des Animaux’’ qui le préfigure, continuent donc d'être publiés et republiés, lus et discutés, abondamment.

Signe de l’intérêt persistant de ces textes, décidément incontournables : les ‘’traductions nouvelles’’, les ‘’éditions commentées’’, les ‘’analyses érudites’’ qui se multiplient. [3]

Je reviendrai dans les prochaines semaines sur la vie, la personnalité, l’action, la pensée et les ‘’monuments’’ littéraires de George Orwell.

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[1] Adrien Jaulmes, Sur les traces de George Orwell, Paris, Editions des Equateurs, 2019, page 145.

[2] George Orwell, Essais, articles, lettres - volume 1, Paris, Ivréa, 1995, page 25.

[3] Ainsi, en 2018, Gallimard a publié une nouvelle édition de 1984 avec une traduction réalisée par Josée Kamoun, qui a fait le choix d’un récit au présent alors que la version originale était écrite au passé ! La fameuse ‘’novlangue’’ devient le ‘’néoparler’’, ‘’l’Angsoc’’ devient le ‘’Sociang’’, la ‘’police de la pensée’’ devient la ‘’mentopolice’’ et le ‘’crime de la pensée’’ devient ‘’mentocrime’’. Voir à ce sujet : Thierry Discepolo, L’art de détourner George Orwell, Le Monde Diplomatique, juillet 2019.

Concernant La Ferme des Animaux, notons la version que vient de publier Larousse dans sa collection ‘’Petits Classiques’’ (traduction Etienne Leyris).

 

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Bibliographie

 

GEORGE ORWELL

 

A ma guise, chroniques 1943-1947, Marseille, Agone, 2008

Chroniques du temps de guerre (1941-1943), Paris, Ivréa, 1988

Dans le ventre de la baleine, et autres essais (1931-1943), Paris, Ivréa, 2005

Ecrits politiques (1928-1949), Marseille, Agone, 2009

Essais, articles, lettres (4 volumes), Paris, Ivréa, 1995-2001

Tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949), Paris, Ivréa, 2005

Une vie en lettres, correspondance (1903-1950), Marseille, Agone, 2014

Une histoire birmane, Paris, Ivréa, 1996

Dans la dèche à Paris et à Londres, Paris, 10/18, 2010

Une fille de pasteur, Paris, LGF-Livre de poche, 2008

Le Quai de Wigan, Paris, Ivréa, 1995

Et vive l’Aspidistra, Paris, 10/18, 2000

Un peu d’air frais, Paris, 10/18, 2010

Hommage à la Catalogne, Paris, 10/18, 2000

La Ferme des Animaux, Paris, Gallimard (‘’Folioplus classiques’’), 2010

1984 (traduction Amélie Audiberti), Paris, Gallimard (‘’Folioplus classiques’’), 2015

1984 (traduction Josée Kamoun), Paris, Gallimard, 2018

 

SUR ET AUTOUR DE GEORGE ORWELL

 

AGONE (Revue), Orwell, entre littérature et politique, Marseille, N°45, 2011

BEGOUT Bruce, De la décence ordinaire, Paris, Allia, 2019

BRUNE François, Sous le soleil de Big Brother, Paris, L’Harmattan, 2000

CHRISTIN Pierre, VERDIER Sébastien, Orwell, Paris, Dargaud, 2019 [‘’Roman graphique’’, avec la participation d’André Juillard, Olivier Balez, Manu Larcenet, Blutch, Juanjo Guarnido, Enki Bilal]

CONANT James, Orwell ou le pouvoir de la vérité, Marseille, Agone, 2012

CRICK Bernard, George Orwell, une vie, Paris, Flammarion, 2008

CRITIQUE COMMUNISTE (Revue), 1984, N°32, 1984

DURAND-LE GUERN Isabelle, Le roman de la révolution. L’écriture romanesque des révolutions de Victor Hugo à George Orwell, Presses Universitaires de Rennes, 2012

GENSANE Bernard, George Orwell, vie et écriture, Presses Universitaires de Nancy, 1994

GILL Louis, George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984, Montréal, Lux, 2011

HITCHENS Christopher, Dans la tête d’Orwell, Paris, Editions Saint Simon, 2019

JAULMES Adrien, Sur les traces de George Orwell, Paris, Editions des Equateurs, 2019

KENNEL-RENAUD Elisabeth, Etude sur La Ferme des Animaux, Paris, Ellipses, 2008

LEMEUNIER Aude, 1984, George Orwell, Paris, Hatier (‘’Profil d’une œuvre’’), 2004

LEYS Simon, Orwell ou l’horreur de la politique, Paris, Plon, 2006

LE GENRE HUMAIN (Revue), 1984 ?, N°9, Automne-Hiver 1983-1984, Bruxelles, Complexe

LE MAGAZINE LITTERAIRE (Revue), George Orwell, 1984, hier et demain, N°202, Décembre 1983

LE MAGAZINE LITTERAIRE (Revue), Orwell, écrivain et prophète politique, N°492, Décembre 2009

MALTERE Stéphane, George Orwell, Paris, Folio (‘’Biographie’’), 2015

MARTIN Jean-Pierre, L’autre vie d’Orwell, Paris, Gallimard, 2013

MICHEA Jean-Claude, Orwell, anarchiste tory, Paris, Climats, 2000

MICHEA Jean-Claude, Orwell éducateur, Paris, Climats, 2003

NEWSINGER John, La politique selon Orwell, Marseille, Agone, 2006

REGARD Frédéric, 1984 de George Orwell, Paris, Folio, 1994

SPURLING Hilary, Sonia Orwell, un portrait, Paris, Seuil, 2003

WILLIAMS Raymond, Orwell, Paris, Seghers, 1972