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28 janvier 2020

26 mai, les jours d'après (XVIII)

 

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Négociations fédérales au point mort !

Et toujours les mêmes déclarations lénifiantes des politiciens, jour après jour. Et toujours cet escamotage de la véritable question de fond : un gouvernement pour mettre en oeuvre quelle politique ? Une question qu'ils veulent occulter, et pour cause : les partis de la "Suédoise" souhaitent poursuivre la même politique austéritaire (les intentions de la N-VA ne laissent aucun doute à cet égard !), or cette politique a été lourdement sanctionnée par les électeurs ! Pour mémoire : 22 sièges de moins au Parlement fédéral pour la "bande des quatre", au soir du 26 mai dernier ! Et ils essaient maintenant de venir enfumer tout le monde avec leurs belles déclarations la main sur le coeur concernant le "sens des responsabilités", les "menaces qui pèsent sur l'unité du pays", l'"urgence de la situation" et ainsi de suite...

Avis donc à la population : baissez la tête, acceptez un nouveau tour de vis anti-social, arrêtez de revendiquer une autre politique, contentez-vous des politiciens qui occupent le terrain depuis tant d'années ! Il y va de "l'intérêt supérieur de la Belgique" (lire : l'intérêt de la monarchie, l'intérêt de cette minorité qui concentre les richesses, l'intérêt du patronat qui veut sans cesse rafler la mise, l'intérêt des grands fraudeurs qui expatrient leur "patriotisme" dans des paradis fiscaux, bref l'intérêt du capital qui dans sa course folle aux profits n'épargnera jamais ni les êtres humains ni la nature !) !

Devant ce mauvais et lassant spectacle, une seule exigence : qu'ils dégagent !

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27 janvier 2020

26 mai, les jours d'après (XVII)

 

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Bertrand Henne (RTBF), ce lundi matin, au sujet de la ‘’marche de la colère’’ organisée par le PTB le 1er mars prochain :

"Ce qu’on perçoit. C’est qu’avec cette marche et son slogan, le PTB nie la profondeur du clivage socio-économique qui existe entre les partis et entre nord et sud. En particulier entre PS et N-VA. Le PTB réduit les enjeux "politiques" à des enjeux "politiciens", il dépolitise la crise."

A l'évidence.

Le PTB est un parti ‘’nationaliste’’, ou plus exactement un parti nationaliste ‘’belge’’, en d'autres termes un parti ‘’belgicain’’ ! Pour lui, les ‘’problèmes communautaires’’, pour reprendre une terminologie consacrée, n’existent pas ! Ou plutôt, il s’agit de problèmes ‘’artificiels’’ qui ont été créés par les ‘’politiciens’’ pour ‘’diviser les travailleurs’’ !

La longue marche du ‘’mouvement flamand’’ pour la légitime reconnaissance linguistique ? Un artifice…

La naissance d’un ‘’mouvement wallon’’ face à la progression de ce ''mouvement flamand'' et du bilinguisme ? Un artifice…

Le ‘’Congrès wallon’’, issu de mouvements de la résistance au sortir de la seconde guerre mondiale, optant en faveur d’une solution fédérale ? Un artifice...

La ‘’Question royale ‘’ et les grèves quasi insurrectionnelles en Wallonie ? Des artifices…

La ‘’grève du siècle’’ (1960-1961), l’émergence du ’’renardisme’’, ‘’le fédéralisme et les réformes de structures’’ ? Des artifices...

Les lois de 1962-1963 et la détermination d’une frontière linguistique figée ? Des artifices…

Le ‘’Wallen Buiten’’ de Leuven ? Un artifice...

Le développement de ‘’partis communautaires’’ ? Un artifice…

L’éclatement des partis traditionnels longtemps ‘’unitaires’’ ? Un artifice…

Le délitement de la ‘’Belgique de papa’’ et le processus continu de la ‘’fédéralisation’’ ? Des artifices…

Les grandes ‘’réformes institutionnelles’’ ratifiées chaque fois à une majorité de 2/3 des parlementaires ? Des artifices…

Avec une analyse qui ne veut pas tenir compte de 190 années d'histoire, avec une grille de lecture parfois proche du ‘’complotisme’’, le discours ‘’dé-politique’’ n’est effectivement jamais loin !

Pas étonnant dans ces conditions que le PTB appelle à manifester pour sauver ‘’l’unité’’ du pays ! [Soyons toutefois de bon compte, il n’arpentera pas les rues de Bruxelles uniquement pour ce seul objectif, heureusement !]

Mais de quoi s’agit-il en vérité ? De préserver ‘’L’Etat Belgique’’ qui reste un Etat… ‘‘bourgeois’’, qui plus est ‘’monarchique’’ !?!

Depuis sa fondation, le PTB escamote complètement la ‘’question nationale’’ et toute réponse qui serait basée sur le ‘’droit (démocratique) des peuples à l’autodétermination’’.

Il refuse de prendre en considération la portée ‘’stratégique’’ de ce ‘’droit’’ dans le cadre d’un pays (pérennisé suite à l'interventionnisme des principales puissances européennes au XIXème siècle !) où doivent cohabiter deux peuples dans un même cadre étatique !

Cette négligence ne constituerait pas un véritable souci s’il ne s’agissait que d’une question théorique pour intellectuels en manque de bavardages.

Mais il s’agit au contraire d’une problématique très concrète et ‘’impactante’’ pour les populations, car les rapports de forces politiques sont radicalement opposés au Nord et au Sud du territoire : le centre de gravité de la Flandre se situe très à droite, tandis que la Wallonie penche plus ‘’à gauche’’ !

En ignorant -ou en feignant d’ignorer- cette configuration particulière, le PTB se prive d’une approche ‘’stratégiquement’’ innovante : l’implosion de ‘’l’Etat Belgique’’ ferait voler en éclats le ‘’bloc social bourgeois’’ et permettrait de pouvoir avancer là où l’hégémonie du capital est un peu moins incrustée, là où existe un maillon (plus) faible du système !

Si les régions et communautés ont acquis des ‘’compétences propres’’, n’oublions pas que les principaux leviers de la décision -en matière économique et sociale (Sécu), en matière de politique étrangère et de défense nationale, en matière de justice et de questions sociétales, et en matière fiscale-, demeurent toujours au 16 rue de la Loi, en principe (!) sous le contrôle de la Chambre des représentants.

Ainsi, en ce qui concerne la dernière législature, pour ne pas remonter plus loin, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont imposé de nouvelles économies dans les soins de santé, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont décrété un saut d’index, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont orchestré le blocage des salaires, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont décidé de porter le taux de TVA de l’électricité à 21 %, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont modifié l’âge légal de la retraite, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui ont choisi de dépenser des milliards € pour acheter des F35, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui engagent le Belgique dans des conflits militaires dans le monde, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui détruisent la SNCB ou affaiblissent constamment les ‘’entreprises publiques’’, ce ne sont pas les ‘’entités fédérées’’ qui réglementent les ‘’politiques migratoires’’.

Cela ne signifie pas pour autant que ces ‘’entités fédérées’’ ont renoncé aux options austéritaires, en fonction des majorités en place, mais cela signifie que le cap général reste essentiellement fixé par le ‘’fédéral’’, dominé par la droite flamande (dans le gouvernement Michel, trois partis flamands pour un seul francophone ! Une démonstration presque caricaturale de cette hégémonie politique).

Une Wallonie ‘’indépendante’’, débarrassée du poids de la droite flamande, pourrait donc ouvrir de nouvelles perspectives en matière d’édification d’une solution de rechange ‘’de gauche’’.

Ce qui ne signifie pas que cela serait simple (ce ne l’est nulle part !), mais ce qui signifie qu’il y aurait un obstacle de moins dans le combat pour matérialiser une alternative.

En réalité, ce qui ‘’divise’’ les travailleurs, c’est l’absence de réponse à une ‘’question nationale’’ aussi vieille que la Belgique et c’est le maintien d’un Etat ‘’unitaire’’, même sous une forme ‘’fédéralisée’’ ! Car celui-ci est instrumentalisé par les possédants pour continuer à opposer les deux peuples, notamment en attisant les antagonismes ‘’communautaires’’.

Dans le cadre institutionnel actuel, le ‘’c’est la faute aux Flamands’’ ou le ‘’c’est la faute aux Wallons’’ tombent toujours à pic pour justifier ce qui est contesté en essayant de détourner le mécontentement vers les mauvaises cibles.

La disparition de la Belgique, par contre, saperait cette entourloupe, car chaque peuple serait entièrement maître de ses choix politiques et il serait dès lors difficile de pointer la ‘’responsabilité’’ de voisins qui ne seraient plus liés structurellement !

Cela dit, une telle issue n'est (sans doute) pas pour demain !

Même si l'histoire connait parfois des accélérations imprévisibles...

 

 

 

 

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21 janvier 2020

Orwell, 1903-1950 (I)

 

Orwell est, avec Kafka, l’un des rares écrivains du XXème siècle dont le nom est passé dans la langage courant, comme Balzac au XIXème siècle’’ [1]

‘’Tout ce que j’ai écrit d’important depuis 1936, chaque mot, chaque ligne, a été écrit directement ou indirectement, contre le totalitarisme et pour le socialisme démocratique tel que je le conçois’’ [2]

 

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Le 21 janvier 1950, il y a 70 ans, disparaissait George Orwell, écrivain politique, homme de gauche, adversaire résolu des dictatures nazie et stalinienne.

Ni courtisan, ni compagnon de route du ‘’communisme soviétique’’, ni porte-parole d’une cause, libre de toute obédience partisane, ennemi de la langue de bois et d’une franchise parfois brutale, Orwell dérangeait les ‘’intellectuels’’ aveuglés par l’un ou l’autre ‘’camp’’, les politiciens prêts à toutes les compromissions et des journalistes déjà dépendants de la puissance de l’argent.

homage to.jpgSon décès -à l’âge de 46 ans !-  fut donc très peu commenté et eut peu d’écho dans la presse de l’époque.

Romancier, journaliste, essayiste, il laissait pourtant une œuvre dense, pour un homme à la santé fragile n’hésitant pas à ‘’faire’’ et à entrer en ‘’immersion’’ dans le monde réel ‘’d’en bas’’ :  9 livres, d’innombrables essais, critiques littéraires et articles commentant l’actualité de son temps…

Et quel ‘’temps’’ ! Celui de la première moitié du XXème siècle, celui du fascisme et du stalinisme triomphants, celui des deux guerres mondiales et de leurs dizaines de millions de cadavres, celui d’Auschwitz et d’Hiroshima/Nagasaki, celui du début de la guerre froide et de la course aux armements (nucléaires) !

C’est peu dire que ces événements tumultueux, et sa trajectoire de vie mouvementée à leur contact, nourrirent directement ses romans et ses écrits.

Policier en Birmanie au service de l’Empire britannique, sans le sou en France et vagabond dans son propre pays, enquêteur sur les conditions d’exploitation de la classe ouvrière du Nord de l’Angleterre, combattant ‘’antifasciste’’ en Espagne, producteur et chroniqueur à la BBC durant le second conflit planétaire (1941-1943), et… cependant écrivain prolixe !

AnimalFarm.jpgLa publication de sa production littéraire rencontra maintes difficultés de son vivant et lui rapporta peu : ni la consécration, ni la fortune. Et il dut attendre la publication de ‘’La Ferme des Animaux’’ à la fin de la seconde conflagration mondiale pour enfin bénéficier d’une situation financière un peu plus aisée !

Il s’empressa alors de terminer son roman le plus connu, ‘’1984’’, quelques mois avant que la tuberculose ne l’emporte.

Il n’eut donc jamais vraiment l’occasion de vérifier la portée et la réception internationales de son œuvre, une œuvre qui n’a cessé de gagner en popularité au fil du temps.

Certes, Orwell n’était pas un prophète ou un Nostradamus buvant du thé ! Sa conception d’une société ‘’totalitaire’’ reposait sur sa connaissance et son expérience de la société ‘’réellement existante’’ des années vingt, trente et quarante du siècle dernier, sources directes de son ‘’inspiration’’ littéraire.

Or, sa description d’un système reposant sur le contrôle total de la population, où le langage est en permanence transformé et vidé de toute signification, où l’histoire est constamment revue et rectifiée, où le mensonge est institutionnalisé, a aujourd’hui une puissance évocatrice inégalée.

Car nous vivons dans le monde de la ‘’révolution numérique’’, un monde où les espaces  -public et privé-  sont envahis par les ‘’terminaux’’, un monde où il devient 1984.jpgpérilleux de s’émanciper du net et des ‘’réseaux sociaux’’, un monde où les caméras prolifèrent partout et où la surveillance généralisée s’intensifie, un monde où les ‘’infofausses’’ (les ‘’fake news’’, particulièrement prisées par un Donald Trump, président de la première puissance planétaire !) entretiennent quotidiennement confusion et manipulation !

Dès lors, c’est bel et bien notre présent qui actualise sans cesse ce livre daté et qui continue à lui assurer un retentissement énorme.

‘’1984’’, et ‘’La Ferme des Animaux’’ qui le préfigure, continuent donc d'être publiés et republiés, lus et discutés, abondamment.

Signe de l’intérêt persistant de ces textes, décidément incontournables : les ‘’traductions nouvelles’’, les ‘’éditions commentées’’, les ‘’analyses érudites’’ qui se multiplient. [3]

Je reviendrai dans les prochaines semaines sur la vie, la personnalité, l’action, la pensée et les ‘’monuments’’ littéraires de George Orwell.

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[1] Adrien Jaulmes, Sur les traces de George Orwell, Paris, Editions des Equateurs, 2019, page 145.

[2] George Orwell, Essais, articles, lettres - volume 1, Paris, Ivréa, 1995, page 25.

[3] Ainsi, en 2018, Gallimard a publié une nouvelle édition de 1984 avec une traduction réalisée par Josée Kamoun, qui a fait le choix d’un récit au présent alors que la version originale était écrite au passé ! La fameuse ‘’novlangue’’ devient le ‘’néoparler’’, ‘’l’Angsoc’’ devient le ‘’Sociang’’, la ‘’police de la pensée’’ devient la ‘’mentopolice’’ et le ‘’crime de la pensée’’ devient ‘’mentocrime’’. Voir à ce sujet : Thierry Discepolo, L’art de détourner George Orwell, Le Monde Diplomatique, juillet 2019.

Concernant La Ferme des Animaux, notons la version que vient de publier Larousse dans sa collection ‘’Petits Classiques’’ (traduction Etienne Leyris).

 

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Bibliographie

 

GEORGE ORWELL

 

A ma guise, chroniques 1943-1947, Marseille, Agone, 2008

Chroniques du temps de guerre (1941-1943), Paris, Ivréa, 1988

Dans le ventre de la baleine, et autres essais (1931-1943), Paris, Ivréa, 2005

Ecrits politiques (1928-1949), Marseille, Agone, 2009

Essais, articles, lettres (4 volumes), Paris, Ivréa, 1995-2001

Tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949), Paris, Ivréa, 2005

Une vie en lettres, correspondance (1903-1950), Marseille, Agone, 2014

Une histoire birmane, Paris, Ivréa, 1996

Dans la dèche à Paris et à Londres, Paris, 10/18, 2010

Une fille de pasteur, Paris, LGF-Livre de poche, 2008

Le Quai de Wigan, Paris, Ivréa, 1995

Et vive l’Aspidistra, Paris, 10/18, 2000

Un peu d’air frais, Paris, 10/18, 2010

Hommage à la Catalogne, Paris, 10/18, 2000

La Ferme des Animaux, Paris, Gallimard (‘’Folioplus classiques’’), 2010

1984 (traduction Amélie Audiberti), Paris, Gallimard (‘’Folioplus classiques’’), 2015

1984 (traduction Josée Kamoun), Paris, Gallimard, 2018

 

SUR ET AUTOUR DE GEORGE ORWELL

 

AGONE (Revue), Orwell, entre littérature et politique, Marseille, N°45, 2011

BEGOUT Bruce, De la décence ordinaire, Paris, Allia, 2019

BRUNE François, Sous le soleil de Big Brother, Paris, L’Harmattan, 2000

CHRISTIN Pierre, VERDIER Sébastien, Orwell, Paris, Dargaud, 2019 [‘’Roman graphique’’, avec la participation d’André Juillard, Olivier Balez, Manu Larcenet, Blutch, Juanjo Guarnido, Enki Bilal]

CONANT James, Orwell ou le pouvoir de la vérité, Marseille, Agone, 2012

CRICK Bernard, George Orwell, une vie, Paris, Flammarion, 2008

CRITIQUE COMMUNISTE (Revue), 1984, N°32, 1984

DURAND-LE GUERN Isabelle, Le roman de la révolution. L’écriture romanesque des révolutions de Victor Hugo à George Orwell, Presses Universitaires de Rennes, 2012

GENSANE Bernard, George Orwell, vie et écriture, Presses Universitaires de Nancy, 1994

GILL Louis, George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984, Montréal, Lux, 2011

HITCHENS Christopher, Dans la tête d’Orwell, Paris, Editions Saint Simon, 2019

JAULMES Adrien, Sur les traces de George Orwell, Paris, Editions des Equateurs, 2019

KENNEL-RENAUD Elisabeth, Etude sur La Ferme des Animaux, Paris, Ellipses, 2008

LEMEUNIER Aude, 1984, George Orwell, Paris, Hatier (‘’Profil d’une œuvre’’), 2004

LEYS Simon, Orwell ou l’horreur de la politique, Paris, Plon, 2006

LE GENRE HUMAIN (Revue), 1984 ?, N°9, Automne-Hiver 1983-1984, Bruxelles, Complexe

LE MAGAZINE LITTERAIRE (Revue), George Orwell, 1984, hier et demain, N°202, Décembre 1983

LE MAGAZINE LITTERAIRE (Revue), Orwell, écrivain et prophète politique, N°492, Décembre 2009

MALTERE Stéphane, George Orwell, Paris, Folio (‘’Biographie’’), 2015

MARTIN Jean-Pierre, L’autre vie d’Orwell, Paris, Gallimard, 2013

MICHEA Jean-Claude, Orwell, anarchiste tory, Paris, Climats, 2000

MICHEA Jean-Claude, Orwell éducateur, Paris, Climats, 2003

NEWSINGER John, La politique selon Orwell, Marseille, Agone, 2006

REGARD Frédéric, 1984 de George Orwell, Paris, Folio, 1994

SPURLING Hilary, Sonia Orwell, un portrait, Paris, Seuil, 2003

WILLIAMS Raymond, Orwell, Paris, Seghers, 1972

14 janvier 2020

26 mai, les jours d'après (XVI)

 

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La Belgique connait une ''crise de régime'' de longue date, alternant des périodes conflictuelles de ‘’basse intensité’’ avec des moments de fortes tensions ‘’communautaires’’, qui interrogent toujours plus la nécessité du maintien d’un Etat maintenant encore significativement ‘’unitaire’’ (malgré le processus de ‘’fédéralisation’’) !

La cause principale de cette situation chaotique tient dans une ‘’question nationale’’ aussi vieille que le pays : deux peuples cohabitent dans une même entité étatique et, à l’origine, cette construction n’avait rien de naturelle mais fut imposée par les ‘’grandes puissances’’ de l’époque, pour des raisons que l’on qualifierait volontiers aujourd’hui de ‘’géopolitiques’’.

Or, les choix exprimés régulièrement et majoritairement par les électorats du ‘’nord’’ et du ‘’sud’’ divergent : la centre de gravité de la Flandre se situe à droite tandis qu’il se positionne plus à gauche en Wallonie.

Certes, la ‘’gauche wallonne’’ (PS et Ecolo) et une gauche ‘’de gouvernement’’ qui ne conteste pas véritablement le capitalisme, préférant le gérer ! En d’autres termes, c’est une gauche qui est peu ‘’à gauche’’. Mais la droite flamande, elle, est très à droite et son ‘’nationalisme’’, dans le sens identitaire du terme, est plutôt décomplexé.

Il faut d’ailleurs noter que tous les partis de droite flamands revendiquent un positionnement ‘’autonomiste’’, en ce y compris le CD&V et l’Open Vld qui ne sont évidemment pas des partis nostalgiques de la ‘’Belgique de papa’’ ! On se souvient encore d'Herman De Croo ''débranchant la prise'' sur BHV, ce qui plongea ensuite le royaume dans sa plus longue période sans exécutif au niveau fédéral...

Les péripéties actuelles illustrent donc une fois de plus la grande difficulté de former un gouvernement ''belge'' : deux configurations politiques contrastées, traduction de rapports de force asymétriques, sont contraintes de se rencontrer et de négocier pour dégager un ''consensus'' de plus en plus ardu à concrétiser.

La seule issue à cette impasse récurrente consisterait à prendre le problème à la racine en privilégiant le ''droit (démocratique) des peuples à l’autodétermination''.

C’est prématuré ? Peut-être, sans doute ! Mais dans ce cas, inutile de venir geindre au sujet des ‘’bugs’’ à répétition qui succèdent aux élections...

 

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Le MR n'a pas "d'exclusives" ? Avant 2014, les libéraux ne voulaient pas d'association avec la N-VA... La suite est connue, retournement de veste spectaculaire et coalition avec ce parti honni. Aujourd'hui, ils voudraient que tout le monde fasse de même et gouverne avec les amis de Bart et de Francken ! Mais surtout, leur souhait est de poursuivre l'expérience de la "Suédoise", en y ajoutant par la force des choses l'un ou l'autre parti, condition obligée suite à leur déroute électorale du 26 mai. Et poursuivre signifie surtout poursuivre le même type de politique austéritaire, sans aucune remise en question fondamentale...  Le PS et Ecolo vont-ils les aider à concrétiser cette ambition ? Hélas, les connaissant, et connaissant leur appétit du pouvoir, rien n'est à exclure !

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10 janvier 2020

26 mai, les jours d'après (XV)

 

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Dans une tribune libre publiée par le quotidien Le Soir (27/12/2019), les responsables de la FGTB, de la CSC et de la CGSLB ont saisi l’occasion du 75ème anniversaire de la Sécu pour exiger un sauvetage financier de celle-ci.

Mais leur analyse et leurs propositions laissent perplexes !

"Face aux réductions de cotisations distribuées par les gouvernements successifs, sur le dos de la sécurité sociale, il faut prévoir un financement alternatif adéquat."

Précisément, il ne viendrait pas à l'idée des dirigeants syndicaux d'agir afin que l'on mette fin à ces cadeaux à répétition aux employeurs, et pour que l'on rétablisse le paiement des "cotisations sociales" (qui, rappelons-le, font partie de notre salaire !) à leur niveau d’antan ?

Et de proposer tout de go un financement "alternatif" sous la forme d'une "cotisation sociale généralisée" (CSG) qui serait payée par tout le monde, et donc aussi par les travailleurs (comme s'ils ne payaient déjà pas suffisamment la facture des politiques austéritaires, depuis des décennies...) !

C’est franchement irrecevable !

Pour alimenter les caisses de la Sécu, en plus d'un relèvement de la part patronale épinglé plus haut , il existe pourtant de véritables solutions de rechange : augmenter les salaires pour toutes et tous, à commencer par le salaire minimum ; assurer -enfin !-  l'égalité salariale entre les hommes et les femmes, et donc réaligner à la hausse les salaires de ces dernières ! ; remettre dans le circuit professionnel les centaines de milliers de "sans-emploi" (notamment via une réduction généralisée du temps de travail) et permettre, dès lors, des centaines de milliers de rentrées supplémentaires en cotisations dans les caisses de la Sécu !

Et si cela ne suffisait pas encore, il n'est pas interdit de taxer les fortunes ou de mettre un terme à la fraude fiscale éhontée et à l'énorme fuite des capitaux qui caractérisent ce pays !

Naturellement, impossible de concrétiser une telle politique réellement alternative -elle !- en restant enfermé dans le système de la "concertation sociale" qui n'a fait qu'entériner des reculs sociaux depuis 30 ans !

Mettre à nouveau sur la table une CSG, au moment où les partis affutent leurs propositions pour constituer un gouvernement fédéral, est par conséquent un bien mauvais signal...

 

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Le président de la Région wallonne veut éviter de nouvelles élections pour éviter une nouvelle ‘’montée des extrêmes’’ !

Difficile néanmoins d'anticiper un résultat électoral mais l'essentiel est ailleurs.

Elio Di Rupo, comme d'autres responsables politiques, sait que les ''partis traditionnels'', tel le PS, sont de plus en plus rejetés ! Parce qu'ils n'apportent aucune réponse aux problèmes de la population, si ce n'est de l'austérité, encore de l'austérité, toujours de l'austérité !

Or, les gens sont fatigués de la croissance des inégalités et de la pauvreté, des privatisations de services publics à répétition, de la casse de la Sécu, du blocage récurrent des salaires, des pensions de misère pour un grand nombre, de la fiscalité inéquitable qui a transformé le pays en paradis (fiscal) pour les fortunés et en enfer (fiscal) pour les autres, du chômage et des emplois au rabais, des pratiques affairistes des politiciens et de leurs proches, du ''mal-être'' et du ''mal-vivre'' qui se généralisent pendant qu'une minorité festoie ! Et ils sont interloqués par l'inertie des gouvernants face à l'aggravation constante de la ''crise du réchauffement climatique'' et la destruction accélérée des écosystèmes !

Le ''dégagisme'' gagne donc du terrain et effraie un petit monde politicien qui s'accroche au(x) pouvoir(s) depuis tellement longtemps.

Bref, si un nouveau rendez-vous avec l'électorat pouvait amplifier ce mouvement, pourquoi pas ? Certes, il y a la menace du Vlaams Belang ! Sauf que ce n'est pas en se cachant la tête dans le sable que celle-ci pourra être éradiquée, mais en la combattant frontalement, en ce y compris sur le terrain institutionnel... 

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20 décembre 2019

26 mai, les jours d'après (XIV)

 

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Elio Di Rupo profite d’un entretien accordé au quotidien De Morgen pour brocarder le PTB : "Le syndicat a été infiltré par le PTB. Et pas un petit peu. C'est un problème. Quand j'entends parler le PTB, je m'imagine dans l'Union soviétique des années 50 et 60, avec une économie dirigée par l'État et un bureau politique qui décide de tout". 

Il n’est pas certain que l’ancien président du PS ait vraiment le sens du timing. En effet, il crache son animosité au moment même où son parti, Solidaris et la FGTB mettent en scène leur engagement commun pour la Sécurité sociale, à l’occasion du 75ème anniversaire de celle-ci !  

 

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On attend maintenant son commentaire concernant les liens étroits entre direction syndicale, parti et mutualité ! 

On pourrait en sourire, mais il n’est pas anodin que ces propos soient tenus dans la presse du nord du pays.  Comme s’il s’agissait de rassurer les futurs partenaires de la droite flamande quant au caractère modéré et parfaitement responsable de sa famille politique… 

Car, derrière cette irritation appuyée face aux progrès électoraux constants du PTB, se situe l’essentiel.

Le PS, depuis des décennies et sans le moindre état d’âme, gère l’’’Etat (bourgeois) Belgique’’ avec les libéraux et/ou le CD&V/Cdh ! Et, dans cet exercice, il est particulièrement zélé pour appliquer les politiques libérales exigées par la FEB et le VOKA !  

Le bilan de ses 26 années consécutives de participation gouvernementale, entre 1988 et 2014, est ici terriblement édifiant !  

Rappel. 

- Le ‘’plan global’’ (qui a par ailleurs réussi la prouesse, en 1993, de provoquer la première grève générale nationale en front commun syndical depuis la fin de la seconde guerre mondiale !) !

- Le traficotage du système d'indexation (‘’index-santé’’, c’est-à-dire un index calculé à partir d’un‘’panier de la ménagère’’ (sic) lesté de certains produits pourtant largement consommés, comme les produits pétroliers) !

- La loi de 1996 sur la ‘’compétitivité’’ qui cadenasse les augmentations de salaire (alignement sur nos trois ‘’concurrents’’ géographiquement les plus proches) !

- Le ‘’pacte des générations’’ (qui lui aussi avait suscité, en 2005, de vives réactions syndicales, principalement de la... FGTB) !

- Les privatisations d'entreprises publiques !

- Les cadeaux fiscaux aux plus riches et aux multinationales (comme ces ‘’intérêts notionnels’’ qui ont permis à Di Rupo de se rendre à Davos pour vanter notre petit ‘’paradis’’ pour des investisseurs avides de profits et de dividendes élevés) !

- Les réductions régulières de ‘’cotisations patronales’’ (en fait le ‘’salaire différé’’ des travailleurs !)  qui ont plongé la Sécu dans les difficultés (sous-financement) !

- L’inertie face à la fraude fiscale et face à la fuite des capitaux !

- La ratification des traités austéritaires européens !

- La chasse aux chômeurs (qui a ‘’fait saigner des cœurs’’ du côté du Boulevard de l'Empereur !) !

 

 

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Il faut ajouter à ce sombre panorama cette autre consternante réalité : le PS est un ‘’parti de parvenus’’ qui ne sait plus se dépatouiller de ses multiples ’’affaires’’ ! De la saga Agusta [jamais dans l’histoire de ce pays une famille politique avait vu ses présidents lourdement condamnés  -Guy Spitaels et Frank Vandenbroucke (l’homme qui brûlait des billets de banque !), mais également des ministres (Guy Coëme…) et même un secrétaire général de l’OTAN, Willy Claes !] à la saga Nethys, en passant par les innombrables turpitudes des socialistes carolos sans oublier les péripéties du Samu social à Bruxelles, la liste est longue. Actuellement encore, ce sont les émoluments drôlement élevés de l’Administrateur de la RTBF (Philippot) et les tracas judiciaires d’Alain Mathot  (lequel avait en son temps sauvegardé son ‘’immunité parlementaire’’ grâce à l’appui de… la N-VA !) qui défraient la chronique...

Last but not least, ces différents gouvernements de collaboration avec la droite se sont aussi illustrés par leur immobilisme face à la grave crise du ‘’réchauffement climatique’’ ! 

 

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Aujourd’hui, rien n’indique que Paul Magnette soit prêt à changer de cap ! 

Nommé ‘’informateur’’ il y a quelques semaines, le nouveau patron du PS avait rédigé une note de discussion dans laquelle il ignorait largement les principales promesses de son parti affichées lors de la campagne électorale : ni retour de l’âge légal de la retraite à 65 ans, ni rétablissement de la tva sur l’électricité à 6 % (en lieu et place des 21 % actuels !), ni impôt sur la fortune, ni pension minimale à 1500 € net immédiatement, ni mesures sérieuses concernant la lutte contre la fuite des capitaux, ni salaire minimum à 14 €/heure, ni refinancement des services publics, ni resocialisation des entreprises privatisées, ni mesures efficaces pour lutter contre la pauvreté, et rien  -absolument rien !- de consistant concernant la crise écologique ! 

Certes les véritables négociations n’ont pas encore commencé et un document de travail peut être amélioré. Ainsi, le PS aura l’opportunité de défendre ses propres priorités. Mais les autres formations politiques soutiendront également les leurs ! Et précisément, au vu de l’histoire de ces dernières décennies, il ne faut pas être un prix Nobel pour deviner que le prochain programme gouvernemental s’inscrira dans la continuité des précédents, avec au menu beaucoup d’économies budgétaires, beaucoup d’austérité pour le plus grand nombre, beaucoup d’avantages pour le patronat, et peu de réelles avancées pour le social ou l’environnemental ! Tout simplement parce que la ‘’social-démocratie’’ est incapable d’entrevoir un autre horizon que celui du capitalisme et de sa gestion respectueuse ! 

Et c’est parce qu’elle ne propose pas de véritable solution de rechange aux recettes austéritaires des néo-libéraux que le PTB apparaît comme la seule alternative crédible ‘’à gauche’’ ! 

De quoi continuer à entretenir le ressentiment des dirigeants du PS à l’encontre de cette gauche décomplexée qui les contourne et qui n’est pas décidée, pour le moment, à abdiquer !

 

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04 décembre 2019

26 mai, les jours d'après (XIII)

 

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Paul Magnette redouble d’efforts pour dégager des convergences ouvrant la voie à une majorité avec… la droite libérale ! La perspective d’un gouvernement mettant en œuvre une politique sociale-libérale ne semble pourtant guère émouvoir le «peuple de gauche». Alors que le passé nous apprend que ces gouvernements de coalition sont toujours plus libéraux que sociaux, en témoignent les 26 années consécutives de présence du PS dans un exécutif fédéral (du 9 mai 1988 au 26 mai 2014) ! A l’évidence, du côté du Boulevard de l’Empereur, on joue à fond la carte de l’épouvantail N-VA, alibi idéal pour justifier une nouvelle coalition avec l’Open Vld et le MR… 

Manifestement, les grandes envolées de la campagne électorale vont donc une nouvelle fois tomber dans les oubliettes de notre histoire politique. Ainsi, on allait voir ce qu’on allait voir  -on promettait notamment de revenir sur les mesures les plus funestes de la «Suédoise» !-, et on découvre maintenant des intentions où il n’est nullement question de rétablir l’âge légal de la retraite à 65 ans ou de réinstaurer un taux de TVA de 6 % sur l’électricité (en lieu et place des actuels 21 % !). Par contre, au nom de la sacro-sainte «compétitivité» capitaliste, il est bel et bien question d’accroître encore les efforts en matière de «flexibilité» du travail, il est bel et bien question de favoriser «la liberté d’entreprendre», et il est bel et bien souhaité une augmentation de la «productivité» générale (ce qui, à l’heure d’une catastrophique «crise écologique» qui menace l’espèce humaine et une bonne partie du vivant, est un tantinet criminel !). 

Ajoutons l’absence de mesures sociales fortes, comme un salaire horaire minimum de 14 €, ou de mesures sociales qui auraient également un impact pour le combat contre le «réchauffement climatique», comme une réduction généralisée de la durée du temps de travail !

Ne parlons même pas d’un impôt sur la fortune ou d’une réorientation radicale de notre système fiscal particulièrement inique ! 

Il n’y a donc rien d’enthousiasmant à attendre de la tambouille politicienne en préparation sous nos yeux. Il n’y aura pas de changements fondamentaux sans mobilisations sociales et sans mobilisations «pour le climat», de grande ampleur.

Car sans luttes il est impossible de modifier les rapports de force et il est impossible de significativement faire «bouger les lignes»

 

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25 novembre 2019

26 mai, les jours d'après (XII)

 

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C’est clair comme de l’eau de roche : il n’y aura pas de gouvernement fédéral de plein exercice cette année ! 

L’Etat Belgique est une nouvelle fois plongé dans une crise aigüe et il devient de plus en plus difficile pour les principaux acteurs politiques de dégager une solution. 

Comment expliquer l’embrouillamini actuel ? 

Principalement par deux faits essentiels :  

1. La «crise de la représentation politique» -sans cesse renforcée par l’incapacité des courants historiques traditionnels à apporter des réponses convaincantes aux déficits sociaux et écologiques, dans un monde en pleine dérive mortifère-,  a renforcé l’éclatement du paysage parlementaire d’une part, et d’autre part la méfiance voire le rejet d’un nombre croissant de citoyen(ne)s vis-à-vis de la «gestion de la Cité».

2. Les différentes réformes de l’Etat n’ont jamais débouché sur une vraie stabilisation institutionnelle, et la «question nationale» -sans cesse refoulée mais jamais réellement solutionnée !-  continue à peser lourdement.

Les résultats du 26 mai sont particulièrement instructifs concernant ces deux constats. 

- Les plus anciennes formations politiques de ce pays ont toutes été sanctionnées et les différents exécutifs qui étaient en place ont encaissé un incontestable revers. Pour ne prendre que l’échelon fédéral, la «coalition suédoise» a perdu 22 sièges ! Et cette dégringolade n’a pas profité aux deux partis socialistes, qui étaient pourtant dans l’opposition, et qui se retrouvent aujourd’hui avec 7 députés de moins qu’il y a 5 ans ! Cette déroute généralisée contraste avec le succès du Vlaams Belang (VB), d’Ecolo-Groen et… du PTB-PVDA ! Ces «vases communicants politiques» ont suscité une petite onde de choc, difficilement occultée par les habituels cris de victoire des uns et des autres lors de la soirée électorale…

- Autre secousse : la confirmation de l’existence de «deux pays» et de deux configurations politiques diamétralement opposées ! Avec le renforcement d’un centre de gravité situé (très) à droite en Flandre ; avec une Wallonie nettement plus à gauche ! Et au Nord, c’est surtout la «droite de la droite » qui a marqué des points ; tandis qu’au Sud, c’est la «gauche de la gauche» qui a le plus progressé ! Le VB est maintenant le deuxième parti de la Chambre (18 députés) et le PTB-PVDA a multiplié par six sa représentation (12 députés pour 2 en 2014 !) !

- Au total, 12 formations se partagent les 150 sièges du Parlement fédéral ! Certes, à l’exception du groupe présidé par Raoul Hedebouw, tous placent leur action et leur projet politiques dans le cadre du capitalisme, jugé «indépassable» ! Mais il existe néanmoins entre ces forces des différences programmatiques et des sensibilités diverses sur les problématiques économiques, sociales, écologiques, sociétales et institutionnelles…

- Les deux partis dominants sont directement contestés sur leur identité revendiquée. En Flandre, sur sa «droite», la N-VA doit tenir compte du retour en forme du VB ! En Wallonie-Bruxelles, sur sa «gauche», le PS doit prendre en considération la progression significative du PTB !

- Les différents exécutifs des entités fédérées sont au travail, sur la base d’orientations divergentes. Ce qui ne devrait pas constituer un handicap dans un Etat fédéral assumé, mais ce qui reste une difficulté en Belgique lorsque des configurations antagoniques doivent se retrouver et se confronter, afin de constituer une majorité gouvernementale suffisamment cohérente pour tenir la distance d’une législature !

 

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C’est dans ce contexte particulièrement complexe qu’«informateurs», «démineurs», «explorateurs», «formateurs»  -peu importe le terme retenu- cherchent «la» formule qui permettra de (re)mettre sur les rails un exécutif fédéral disposant d’un appui majoritaire à la Chambre des représentants, capable de rencontrer peu ou prou les aspirations populaires et à même de répondre de manière satisfaisante à l’impatience grandissante de celles et ceux «d’en bas». 

Sans surprise, depuis des mois, les observateurs et les médias dominants ont demandé au PS et à la N-VA de s’associer. Et sans surprise, cette perspective peine à se concrétiser car tout ce beau monde marche sur des œufs. Bart de Wever et consorts, sous la menace du VB, ne peuvent se permettre d’importantes concessions, ni sur le plan socio-économique, ni sur le plan de la gestion des migrations, ni bien sûr sur le plan institutionnel ! Le PS, qui a dénoncé durant cinq ans la connivence du MR avec les nationalistes flamands et qui a gauchi son programme pour damer le pion au PTB, ne peut se permettre de trop vite rétropédaler ! Histoire d’éviter une rupture supplémentaire avec sa base la plus militante et avec les ailes syndicales les plus combatives ! 

Paul Magnette tente donc d’enclencher un «plan B», à savoir une majorité «arc-en-ciel» reprenant socialistes, écologistes et… libéraux ! Il n’exclut d’ailleurs pas des apports du CD&V, de Défi et… du Cdh ! 

La difficulté est ici de persuader des partis flamands à monter au Fédéral tout en étant minoritaires dans leur propre communauté, et qui se retrouveront donc sous le feu d’un puissant bloc N-VA/VB ! 

Difficulté mais pas impossibilité : en 2014, l'hypothèse d'une participation gouvernementale du MR, ultra minoritaire dans la partie francophone du pays, était considérée comme une opération «kamikaze» et l’on sait ce qu’il en est finalement advenu : Michel Ier ! 

L’Open Vld semble d’ailleurs ne plus fermer la porte, la perspective d’un poste de premier ministre n’est sans doute pas étrangère à ce positionnement recalibré. 

Certes, la perspective d’une N-VA rejetée dans l’opposition ne fera pas pleurer dans les chaumières progressistes. Mais un gouvernement «arc-en-ciel» serait un gouvernement comprenant plusieurs partis de… la défunte «Suédoise» ! Et qui peut croire que c’est en s’associant avec les libéraux et/ou le CD&V que l’on pourra changer de cap politique ? 

D’autant que la Commission européenne presse la Belgique de respecter les règles de l’UE en matière de déficit budgétaire. Traduction : il ne faut pas relacher les efforts, ce qui pour les libéraux de toutes obédiences et de tous les pays signifie poursuite des politiques «austéritaires» ! 

Jusqu’où PS/SPA/ECOLO/GROEN sont-ils disposés à continuer dans cette voie, alors que le (re)financement des services publics, de la Sécurité sociale, de mesures d’ampleur contre le «réchauffement climatique», de la lutte contre la pauvreté et les inégalités…, est pressant ? 

Notre histoire politique nous enseigne qu’il ne faut pas trop entretenir d’illusions quant à la fermeté de ces formations «de gauche» ! Pour autant, construire un accord de majorité reste extrêmement compliqué et tout reste possible, en ce compris l’organisation de nouvelles élections ! 

Mais ce serait une erreur de regarder passivement cette agitation politicienne et d’attendre tranquillement que la situation se décante. Absence de gouvernement fédéral ou pas, seules les mobilisations sociales de toute nature permettent de construire des rapports de force qui seront indispensables dans les mois et les années à venir… 

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