Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04 novembre 2022

"BOUQUINAGE" - 47

"D'une façon plus générale, on peut dire que la représentation médiatique du monde, telle qu'elle est fabriquée quotidiennement par les journalistes, ne montre pas ce qu'est effectivement la réalité mais ce que les classes dirigeantes et possédantes croient qu'elle est, souhaitent qu'elle soit ou redoutent qu'elle devienne. Autrement dit, les médias dominants et leurs personnels ne sont plus que les instruments de propagande, plus ou moins consentants et zélés, dont la classe dominante a besoin pour assurer son hégémonie. Comme tels, ces instruments doivent être démontés et combattus avec vigueur et sans relâche -ce que ne font malheureusement pas les organisations de la gauche institutionnelle, qui ont renoncé à la critique de classe et sont toujours prêtes à pactiser avec l'ennemi au nom de la bienséance républicaine, du réalisme politique et de la nécessité d'exister médiatiquement.
 
Peut-être objectera-t-on qu'il serait injuste de traiter en ennemis de classe tous les journalistes sans exception, puisque beaucoup d'entre eux sont les victimes de la perversion du système médiatique. Il serait facile de répondre, d'un point de vue sociologique, que l'établissement, le maintien et la reproduction des dominations sociales exigent un énorme travail collectif impliquant des myriades d'individus ; que le propre de toutes les institutions sociales, c'est d'embrigader tout le monde dans leur fonctionnement, dominants et dominés confondus, et qu'il serait peut-être temps, dans une société chargée d'histoire comme la nôtre, où l'on a appris depuis longtemps à rationaliser l'injustice et à planifier l'ignominie, que des citoyens se prétendant instruits, lucides et responsables réfléchissent sur leur propre participation au maintien du désordre régnant, à la façon dont leur tâche parcellaire ou ponctuelle s'inscrit dans un processus global, et donc qu'ils s'interrogent sur les ordres qu'ils reçoivent, sur ceux qui les donnent, et sur toutes les conséquences que leur exécution peut entraîner. Quand la monstruosité du système qu'on sert est devenue évidente, l'excuse consistant à dire qu'on ne savait pas ou qu'on ne savait pas faire autrement n'est plus acceptable. Certaines et certains journalistes ont l'intelligence de le comprendre et le courage de se battre. Honneur à elles et à eux. Il appartient aux autres de suivre leur exemple."
 
 
 

socio.jpg

18 octobre 2022

"BOUQUINAGE" - 30

 

"Mais l’œuvre de Marx est beaucoup plus que cela : que ce soit dans les pages du Capital ou ses autres écrits, il dénonce, avec une férocité extraordinaire, la nature perverse et inhumaine du mode capitaliste de production, de ses origines –l'accumulation primitive– à nos jours. Si l'on ignore la dimension “morale” de l'indignation et du refus, on ne peut pas comprendre Marx, la motivation de ses écrits et leur cohérence.

De même, la lutte de classe est chez Marx non seulement un instrument de connaissance de la réalité historique –ce qu'on appelle parfois le “matérialisme historique”– mais aussi une stratégie de combat contre les exploiteurs et les oppresseurs, dans une perspective de changement révolutionnaire de la société. Dans la philosophie de la praxis marxienne, l'interprétation du monde et sa transformation sont des moments dialectiquement inséparables.

Enfin, on ne peut pas comprendre la structure significative de la pensée de Marx sans prendre en compte sa visée “utopique” : le communisme, le projet d'une société libre et égalitaire, sans classes et sans État, en rupture avec le capitalisme et la société bourgeoise."

 

 

 

1659365470321.png

15 octobre 2022

Quelles réformes ?

 

Bertrand Henne, journaliste à la RTBF,  dans son billet "Les coulisses du pouvoir" (mardi 12 octobre) :

 

"Il semble assez évident depuis plus d’un an maintenant que les grandes réformes sont repoussées aux prochaines élections. Marché du travail, pensions, fiscalité, énergie, réforme de l’État. Le gouvernement gère donc surtout les urgences, et le court terme. Et c’est ce qu’il a fait. Il n’en avait de toute façon pas les moyens de sortir le Bazooka comme l’Allemagne l’a fait à coup de 200 milliards d’euros. Et il n’en avait pas besoin, car dans la gestion du court terme il peut compter sur l’indexation des salaires, couplée au tarif social, elle protège mieux les ménages belges que les Néerlandais, les Français et les Allemands. Mais ce n’est pas tenable très longtemps. Cette protection de l’indexation va nous poser des problèmes à long terme, car les salaires et allocations sociales belges progressent plus vite qu’ailleurs. Les entreprises commencent à sentir passer solidement la facture. Le gouvernement a lâché un milliard, pour éviter une dégradation trop importante de la compétitivité."

 

Décidément, c'est toujours la même conception néo-libérale du monde : il faut "réformer" !

C'est-à-dire ?

Imposer de nouveaux sacrifices à la population ; ajouter de l'austérité à l'austérité qui frappe les travailleurs et allocataires sociaux depuis un demi siècle déjà ; flexibiliser plus le travail ; remettre en cause le système d'indexation (pourtant déjà trafiqué à maintes reprises, voir l'épisode de "l'index-santé") et maintenir le blocage des salaires au nom de la "compétitivité" ; sabrer dans les pensions et retarder le départ légal à la retraite ; et ainsi de suite...

Pas un mot sur des mesures et une politique vraiment alternatives ! Pas un mot sur la nécessité d'une lutte efficace contre la fraude fiscale afin d'aller chercher l'argent où il se trouve ! Pas un mot sur la gigantesque fuite des capitaux dans des paradis accueillants (déjà oubliés les "Pandora Papers" ?) ! Pas un mot sur la lutte contre les inégalités sociales impliquant la mise en œuvre d'une autre fiscalité, avec notamment une véritable taxation des fortunes ! Pas un mot sur un indispensable changement de logiciel, la rupture avec la sacro-sainte "croissance" qui contribue à détruire la planète ! Pas un mot sur une réduction du temps de travail radicale, incontournable si l'on veut rompre avec un productivisme mortifère ! Pas un mot sur la nécessité de renforcer les services publics et la Sécu, notamment les soins de santé (déjà oubliées les leçons de la crise sanitaire ?) !

Il est temps de rompre –appelons un chat un chat– avec ce mode de production/consommation/échange capitaliste et de se fixer d'autres buts que la course aux profits maximale et l'enrichissement perpétuel d'une minorité de nantis : pour une société dont la finalité serait l'harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature.

Manifestement, ce ne sont plus le type d'analyses et les perspectives que l'on peut entendre du côté du "service public" de la RTBF.

Hélas...

01:17 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |