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04 janvier 2023

"BOUQUINAGE" - 108

"Les paupières battantes, Tchen découvrait en lui, jusqu’à la nausée, non le combattant qu’il attendait, mais un sacrificateur. Et pas seulement aux dieux qu’il avait choisis : sous son sacrifice à la révolution grouillait un monde de profondeurs auprès de quoi cette nuit écrasée d’angoisse n’était que clarté. ‘’Assassiner n’est pas seulement tuer...’’ Dans ses poches, ses mains hésitantes tenaient, la droite un rasoir fermé, la gauche un court poignard. Il les enfonçait le plus possible, comme si la nuit n’eût pas suffi à cacher ses gestes. Le rasoir était plus sûr, mais Tchen sentait qu’il ne pourrait jamais s’en servir ; le poignard lui répugnait moins. Il lâcha le rasoir dont le dos pénétrait dans ses doigts crispés ; le poignard était nu dans sa poche, sans gaine. Il le fit passer dans sa main droite, la gauche retombant sur la laine de son chandail et y restant collée. Il éleva légèrement le bras droit, stupéfait du silence qui continuait à l’entourer, comme si son geste eût dû déclencher quelque chute. Mais non, il ne se passait rien : c’était toujours à lui d’agir."

 

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03 janvier 2023

SFFF - 24 images par seconde [CI]

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2013

Oblivion

Film de Joseph Kosinski

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"BOUQUINAGE" - 107

"Martha se mit à hurler à pleine gorge, sans s'arrêter, cherchant peut-être à disperser tout ce cauchemar par un jet sonore, comme on disperse des flammes avec une lance d'incendie. Sa voix atteignit un aigu insoutenable et se brisa en un hoquet. Elle tituba dans les bras du savant affolé.

La lumière revint. Le lustre clignota plusieurs fois avant de briller d'une façon normale.

Les jumelles avançaient toujours à pas menus. Leurs têtes chauves luisaient de la pluie qu'elles avaient reçue, sans doute, en passant sur la terrasse. Leurs pieds nus laissaient des traces humides sur les dalles. Et Joachim eut un recul à la pensée que cette pluie terrienne était  radioactive. Il vit aussi que toutes ces têtes rondes n'avaient plus d'yeux, ni d'oreilles, ni de bouches. Elles n'étaient plus que des boules revêtues d'une peau unie et lisse. Les fillettes n'étaient plus qu'une foule sans visages et leurs mains avaient disparu. Leurs bras mous se raccordaient les uns aux autres et formaient un seul long serpent sans solution de continuité. Une activité cellulaire accélérée les unissait en un seul organisme. Une métamorphose fantastique résultant de la foudre, du venin, de la chair d'une morte et de cent hasards biochimiques produisait un être nouveau."

 

 

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