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22 novembre 2021

COLÈRE CONTRE L'AUTORITARISME SANITAIRE

 

LA NATURE A HORREUR DU VIDE.

LA POLITIQUE AUSSI.

L’EXTREME-DROITE OCCUPE LA RUE QUAND LES "GAUCHES" LA DESERTENT !

 

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La ’’grande presse’’ commente largement ce qu’elle appelle un ’’durcissement des protestations contre les mesures anti-covid’’. En mélangeant tout et son contraire, au même titre que les innombrables commentaires sur les ’’réseaux sociaux’’ qui traduisent un véritable désarroi face à une situation il est vrai déconcertante. Quelques réflexions.

 

  1. Dans une ’’démocratie’’ et dans un ’’Etat de droit’’ peuvent être sanctionnées les personnes qui ne respectent pas la loi et les règles qui en découlent. Nous ne sommes pas dans un tel cas de figure ici : les ’’non-vaccinés’’ ne bafouent aucune disposition légale ; ils font simplement usage d’une liberté qui leur est accordée.
  2. Ce sont les gouvernements et leurs majorités politiques qui refusent de légiférer au sujet de ’’l’obligation vaccinale’’. Il ne s’agit nullement d’une décision prise par je ne sais quels ’’Illuminatis’’ ni quels obscurs ’’complotistes’’.
  3. Le présent ’’chaos’’ contribue à fracturer la population et participe à la construction d’une conflictualité exacerbée entre ’’pro-’’ et ’’anti-’’ vaccination. Cette antagonisme entre ’’ceux d’en-bas’’ profite à ’’ceux d’en haut’’ qui peuvent évacuer les débats sur les causes structurelles des pandémies et sur leur propre bilan dans la gestion de cette crise sanitaire !
  4. Les dérives autoritaristes actuelles ne sont pas anodines. Il est étonnant de constater que certains ’’progressistes’’ ne s’en inquiètent guère et parfois même applaudissent des deux mains ! Pourtant, quelle est cette ’’organisation sociale’’ où doivent être exhibés plusieurs fois par jour un ’’laisser-passer’’ (appelé chez nous Covid Safe Ticket) et ses papiers d’identité afin de pouvoir circuler librement, qui pour aller boire un verre dans un café, qui pour aller manger dans un restaurant, qui pour visionner un film dans une salle de cinéma ou assister à un spectacle culturel…, et ainsi de suite ? Quelle est cette ’’organisation sociale’’ qui permet à des citoyen(ne)s de contrôler quotidiennement d’autres citoyen(ne)s pour vérifier s’ils disposent des documents requis ou s’ils respectent les injonctions gouvernementales ? Quelle est cette ’’organisation sociale’’ qui privilégie un mode de décision ’’verticaliste’’, sans concertation aucune avec la ’’société civile’’ et les multiples associations représentatives du plus grand nombre ?
  5. Comment s’étonner, dans ces conditions, de l’existence d’un mécontentement grandissant et d’une montée des oppositions ? Comment être surpris par la multiplication de manifestations diverses et par le recours à des actions musclées de certains groupes, d’extrême-droite notamment, à la recherche d’une légitimité qu’ils pourraient maintenant providentiellement gagner ?
  6. L’essayiste Naomi Klein, dans un épais volume consacré à la ’’stratégie du choc’’, expliquait naguère comment les élites ultra-libérales utilisaient les crises et les catastrophes pour saper les fondements démocratiques des sociétés, et consolider ainsi leur hégémonie politique et idéologique. Elle soulignait l’émergence d’un ’’capitalisme du désastre’’ se donnant les moyens d’affaiblir toute contestation du despotisme du marché et de la logique du profit. Aujourd’hui, le ’’choc pandémique’’ confirme cette analyse. La Covid 19 sert de prétexte à une remise en question de droits et libertés démocratiques essentiels, hélas dans une certaine indifférence de beaucoup, tétanisés par la peur d’un virus.
  7. Les ’’gauches’’ doivent fermement combattre les orientations prétendument protectrices d’exécutifs qui ne se sont jamais réellement préoccupés de la santé des gens. On attend toujours de ces gouvernants des mesures fortes en matière de pollution (qui tuent des millions d'individus dans le monde chaque année !), de recours aux pesticides, ou de la ’’malbouffe’’… Le CST, qui est en réalité un ’’pass’’ autoritaire, incarne la duplicité des dominants. Il ne s’agit pas d’assurer une véritable sécurité sanitaire mais de renforcer le contrôle de la population, un contrôle déjà bien avancé avec certaines modalités de la ’’numérisation’’ de la société.
  8. Renoncer à relever ce défi anti-autoritaire reviendrait à ouvrir une voie royale aux ’’droites’’, parmi lesquelles les plus radicales ! Une erreur qui aurait de lourdes conséquences démocratiques, sociales et politiques…

 

 

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PS : Sur les antennes de la RTBF, j'ai entendu ce matin quelqu'un répéter que des malades du cancer ne pouvaient recevoir des traitements adéquats "à cause des non-vaccinés" qui encombraient les soins intensifs ! Voilà comment on divise une population ! Rappelons que les difficultés de l'hôpital sont la conséquence directe des politiques austéritaires des différents gouvernements : politiques de restructurations, de coupes budgétaires, de suppressions de lits et de matériel, qui ont poussé beaucoup de soignants découragés à changer de métier ! Si les moyens nécessaires étaient mis à disposition du secteur hospitalier, plutôt que de galvauder des milliards € pour l'achat de F35 par exemple, aucun "choix" ne devrait être effectué parmi les victimes de pathologies graves ! Décidément, les gouvernants, et celles/ceux qui relaient mécaniquement leurs discours, s'y entendent à merveille pour fracturer toujours plus la société et camoufler ainsi les lourdes responsabilités gouvernementales dans la gestion erratique de cette crise sanitaire ! 

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18 novembre 2021

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Le programme L'AVENIR EN COMMUN, réactualisé, est disponible dès aujourd'hui en librairie. Prix de vente : 3 €

 

 

15 novembre 2021

UNE PANDÉMIE D'EMBROUILLAMINI

R.jpgAujourd'hui, la vaccination n'est pas obligatoire et repose sur la volonté de chacun(e).

Dès lors, comment peut-on  –dans un "Etat de droit"–  sanctionner ou pénaliser les personnes qui font usage de la liberté de choix qui leur est accordée ? Si le permis de conduire était facultatif, on réprimerait celles et ceux qui conduisent une voiture sans ce document ?

Il est donc urgent de mettre fin aux atermoiements et à l'hypocrisie des "décideurs".

Ou on légifère sans tarder en faveur de "l'obligation vaccinale", ou l'on cesse immédiatement de "fracturer" la population et de traquer une partie de celle-ci !

Assez de confusion et d'improvisation au jour le jour ! Assez de déclarations qui partent dans tous les sens ! Assez de "Processions d'Echternach" à répétition !  Assez de "verticalisme" et de dérives "despotiques" !

De la clarté et de la cohérence dans la définition d'une ligne de conduite face à la pandémie ! Un "processus de décision", sur cette question ou sur d'autres aspects de la lutte contre la Covid, qui associe la société civile et favorise une participation citoyenne active !

Nous avons besoin de plus de "démocratie" et moins d'"autoritarisme", nous devons revendiquer plus de libertés effectives et moins de contrôle généralisé, si nous voulons éviter de nous réveiller dans une "dystopie" qui aurait pris corps dans notre société...

 

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14 novembre 2021

LE BIDE DE LA COP 26

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Greta Thunberg :
 
"The COP 26 is over. Here’s a brief summary: Blah, blah, blah.
 
But the real work continues outside these halls. And we will never give up, ever.
 
Unless we achieve immediate, drastic, unprecedented, annual emission cuts at the source then that means we’re failing when it comes to this climate crisis.
 
“Small steps in the right direction”, “making some progress” or “winning slowly” equals losing."
 
 
Contrairement aux propos nets de Greta Thunberg, Jean-Pascal van Ypersele (GIEC) ne veut pas parler d'"échec" de la COP 26 !
 
Il n'est pas le seul : Adelaïde Charlier (coordinatrice francophone du mouvement Youth for climate), dans les médias aujourd'hui, tenait un discours assez similaire. Sans oublier, évidemment, ces innombrables "responsables politiques" qui se succèdent devant les caméras pour répandre la bonne parole, un tantinet forcée car le bilan final est loin d'être enthousiasmant, même pour les adeptes de Monsieur Émile Coué.
 
A les en croire, il y aurait donc malgré tout des "motifs de satisfaction", des "signaux" et des "gestes" positifs. Bref, "des pas dans la bonne direction", selon une formule qui a beaucoup de succès après chaque rassemblement de la "diplomatie climatique internationale", depuis près de 30 ans...
 
Mais, problème, COP ou pas COP, de la numéro 0 (Rio) jusqu'à la présente numéro 26 (Glasgow), la situation n'a cessé de se dégrader. Car les belles paroles et les bonnes intentions ne peuvent remplacer des actes !
 
Pourquoi dès lors s'en tenir à cette narration lénifiante ? Parce que ces personnes –quelques unes sans doute de bonne volonté– sont incapables d'imaginer un autre horizon que celui du capitalisme, qu'il s'agirait donc de "verdir".
 
Mais en ne remettant pas en cause fondamentalement ce mode de production, de consommation et d'échange, en refusant d'envisager l'absence d'issue structurelle dans le cadre d'un système mobilisé par la course aux profits et qui sacralise "la concurrence libre et non faussée", ils contribuent à maintenir le monde dans une dangereuse impasse !
 
S'il n'y a rien à attendre des palabres à répétition orchestrées périodiquement par les différents gouvernements, il convient donc aussi de garder une distance critique vis-vis de certains "experts" ou de certaines "figures médiatisées", certes utiles pour dresser un tableau lucide et argumenté de la catastrophe actuelle, mais inaptes à définir une alternative systémique "radicale", c'est-à-dire qui prend les difficultés à la racine.
 
Il n'existe pas d'autre chemin, aussi escarpé soit-il, que celui des mobilisations de masse pour... un projet politique à la hauteur de l'enjeu : l'éco-socialisme !
 

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08 novembre 2021

ERNEST MANDEL - UN ENGAGEMENT PERMANENT POUR LA RÉVOLUTION

Ernest Mandel est une figure majeure des "marxismes" du "court" et tumultueux XXème siècle.

Un militant, un internationaliste, un théoricien, certes.

Mais aussi un homme profondément jovial qui avait la camaraderie chevillée au corps, un humaniste révolutionnaire qui se situait dans la tradition des "Lumières", un volontariste qui ne s'arrêtait pas devant les innombrables obstacles dressés par les tenants de l'ordre du Capital !

Un indécrottable "optimiste" ont souvent ajouté avec ironie et condescendance d'aucuns qui sont revenus de tout.

Oui, Ernest était convaincu que l'"émancipation humaine" était un combat de longue haleine qui finirait par triompher. Oui, il considérait le "socialisme/communisme" comme la seule issue à la barbarie de notre époque capitaliste. Oui, il était persuadé que cette "utopie concrète" se matérialiserait à l'avenir. Oui, il avait pleinement confiance dans les mouvements de masse et leurs capacités d'auto-organisation.

Bien sûr, la réalité lui a donné tort jusqu'ici. Bien sûr, l'actuelle "catastrophe écologique" assombrit encore un peu plus le futur des espèces vivantes, parmi lesquelles la nôtre !

Mais à moins de se résigner et d'opter pour un repli individualiste, la lutte reste la seule voie. Même si nos modes d'action et nos objectifs doivent être ajustés en tirant les enseignements du passé, en intégrant  les spécificités du "capitalisme financier globalisé", en assimilant pleinement les répercussions d'une société "numérisée" de contrôle généralisé...

 

¡Hasta la Victoria Siempre!

 

"Ne succombez pas au désespoir, à la résignation, ou au cynisme, face aux terribles épreuves qui nous attendent tous. Ne vous repliez pas sur les «solutions individuelles». N'oubliez jamais l'engagement moral de tous ceux qui se réclament du marxisme : la défense intransigeante des intérêts des exploités et des opprimés à l'échelle mondiale, tout le temps. Ne vous contentez jamais d'activités de pure propagande. N'oubliez jamais l'engagement initial et final de Marx : essayer de commencer à changer le monde."

 

Ernest Mandel, New-York, 11 novembre 1994

 

 

 

 

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Parution février 2022 (à commander dès maintenant sur syllepse.net)
 
Né de parents juifs, Ernest Mandel est élevé dans un foyer socialiste de gauche. Il rejoint, en 1939, la petite section belge de la 4e Internationale et participe à la résistance antinazie; il est arrêté par deux fois, s’évade. Arrêté une troisième fois, il est envoyé dans un camp de travail.
 
Après la guerre, il devient un membre influent du mouvement syndical belge. Dans les années 1960, il publie des ouvrages de théorie économique marxiste qui seront édités dans de multiples langues, à des millions d’exemplaires. En 1963, il est exclu du Parti socialiste belge, avec les membres de son aile gauche, et participe alors à la création de la Ligue révolutionnaire des travailleurs. Durant toutes ces années, il est l’un des principaux animateurs de la 4e Internationale et il parcourt le monde dans tous les sens. Il est présent à Cuba où il se lie à Che Guevara. Il est actif dans le soutien au FLN algérien dans sa lutte de libération et aux mouvements de guérilla latino-américains. On le retrouve en Pologne et en Allemagne de l’Est où il entre en contact avec les dissidents.
 
Décédé d’une crise cardiaque en 1995 à Bruxelles, Ernest Mandel a été l’un des intellectuels marxistes anti-staliniens les plus en vue de la seconde moitié du 20e siècle.
 
Ses écrits ont été publiés dans plus de quarante langues. Son dernier ouvrage majeur, Le troisième âge du capitalisme, a eu une large influence sur le renouveau de la pensée marxiste.
 
Pour l’écriture de cette biographie, Jan ­Willem Stutje a eu accès aux archives privées d’Ernest ­Mandel. Il a également interviewé de nombreuses personnalités qu’il a connues. Il raconte ici également les relations entretenues par Ernest Mandel avec des intellectuels de renom, comme Jean-Paul Sartre, Ernst Bloch ou Perry Anderson.
 
La vie d'un révolutionnaire et celle, parfois tragique, de l’homme.
 

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04 novembre 2021

SFFF [II]. UN PASSIONNÉ PASSIONNANT

 

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Difficile de n’avoir aucun point commun avec Jean-Pierre Dionnet !  

La vie de cet activiste culturel a été si dense, ses activités si diverses, ses passions si variées, ses rencontres si nombreuses, que tout le monde  –enfin presque– peut repérer un intérêt convergent ou des coups de foudre partagés. 

Ainsi, je suis solidaire à 1000 % avec son jugement sur la série TV "Le Prisonnier" qu’il considère comme "la plus grande série du monde de tous les temps" !  Et je le rejoins aussi sur quelques autres broutilles, naturellement… depositphotos_165162870-stock-illustration-smiley-emoticon-with-ok-sign_foro.jpg

 

 

Mais reprenons en nous agrippant au fil de ses mémoires, rédigées en collaboration avec Christophe Quillien, truffées d’informations sur une époque aujourd’hui révolue, de digressions et d’anecdotes le concernant ou concernant ses innombrables relations. 

Donc, le gaillard, qui a beaucoup lu –et de tout– durant une scolarité confinée dans un internat, est monté ensuite à Paris où il a enchaîné des boulots : chez Renault (brièvement), vendeur aux puces, assistant libraire, avant d’entrer au magazine Pilote (en 1968) où il écrira des scénarios pour Moebius, Druillet, Bilal, Solé et beaucoup d’autres. 

Proche de Mandryka, il est partie prenante de l’aventure "L’Echo des Savanes", première mouture, en 1971. Mais c’est en 1975 qu’il frappera fort en créant Métal Hurlant avec ses potes Jean Giraud et Philippe Druillet, une publication frappadingue qui tiendra douze ans et qui connaîtra maintes péripéties qui l’occuperont tant et plus. 

Ses fonctions et son aura atypique lui permettent de rencontrer tout au long de ces années de très nombreuses personnalités. Un tourbillon mondain qui ne cessera de prendre de l’ampleur avec le temps, notamment quand il deviendra producteur et réalisateur d’émissions de télévision (comme "Les enfants du Rock") tout en continuant à écrire inlassablement des bandes dessinées. 

Les noms, les portraits, les potins, les appréciations, les jugements défilent page après page. Tour à tour drôles, surprenants, croustillants, piquants, révélateurs, souvent dignes d’intérêt et… parfois discutables ! 

Mentionnons parmi les "rencontres", dans le monde de la SF et de l’étrange, les "Jacques" (Goimard, Sadoul, Bergier), Robert Louit, Gérard Klein, Philippe Curval, William Desmond, Philip K. Dick, Harlan Ellison, John Brunner… ; pratiquement tout qui a compté dans l’univers du "neuvième art", de Pratt à Stan Lee, en passant  –outre les vieux complices Moebius et Druillet–  par Tardi, Got, Gotlib, Brétecher, Cestac, Pétillon, Margerin, Jodorowsky, Corben, Schuiten… impossible de les citer tous. Au niveau musical, un Gainsbourg ou un Mick Jagger. Et puis il y a le cinéma et la télévision, mais chut…  

Si vous êtes fan de science-fiction, de BD, de polars, de séries télévisées ou de septième art, si vous voulez assouvir votre curiosité intellectuelle, il n'y a pas à hésiter : lisez ce bouquin !

 

DIONNET Jean-Pierre/QUILLIEN Christophe, Mes Moires un pont sur les étoiles, Hors Collection, 2019, 19 €

 

 

 

MORCEAUX CHOISIS

 

trange adventure.jpgIl a fallu attendre le succès d’Astérix pour voir le neuvième art  –qui n’avait rien d’artistique pour la plupart des adultes– bénéficier en France d’un début de reconnaissance dans les années 1960. La bande dessinée était à ranger dans la même catégorie que la science-fiction, le polar et la musique rock : une sous-littérature ou une sous-culture réservées à une population de quasi-débiles mentaux et d’adultes abrutis insensibles à la beauté et à la grandeur de la "vraie" culture. Je n’ai donc jamais eu à me battre ni à me cacher pour en lire. Ma mère m’a même fait fabriquer des étagères sur MH - Robot rêveur.jpglesquelles je range mes fascicules. Et j’en lis beaucoup. Je dévore tout ce qui me tombe sous la main. De la BD américaine, française ou italienne, peu m’importe, je ne suis pas sectaire et je me moque des frontières. Tout me plaît, tout m’enchante, tout m’émerveille. (p.32) 

Un roman, une BD, une chanson, un film sont éternels. Et ils prennent une nouvelle dimension quand nous les retrouvons après une longue absence. (p.49) 

Avec un brin d’imagination, tout est possible. (p.55) 

Il n’existe pas d’art majeur ou d’art mineur, seulement de bonnes et de mauvaises œuvres. (p.66) 

Je crois que si j’arrêtais de me déplacer, je serais mort. Courir n’est pas un but en soi. Je n’ai jamais eu de but dans la vie, je n’ai jamais décidé de m’engager dans telle ou telle aventure. Je n’ai fait que saisir les occasions qui se présentaient et accepter les propositions qui m’étaient faites. Car il n’y a rien à trouver, c’est le déplacement qui est important. (p.82) 

J’avais l’impression, au lendemain de Mai 68, que les véritables préoccupations étaient celles qui relevaient du quotidien et qu’il était désormais interdit de rêver, comme si le rêve nous interdisait de vivre. Nous étions des rêveurs, mais cela ne nous empêchait pas de vivre dans la vie de tous les jours. Et la curiosité tous azimuts de Bergier ne l’empêchait pas d’avoir un solide coup de fourchette. (p.92) 

MH serein.jpgChacun de nous exprimait sa propre vision du monde. Bilal naviguait entre la réalité et les univers fantastiques, ses histoires parlaient d’un passé récent terrible et d’un avenir qui ne l’était pas moins. Tardi préférait mettre en scène ses mondes intérieurs. Moi, je me sentais bien dans des mondes d’avant ou d’après, mais surtout pas dans le monde contemporain. (p.158) 

Une autre revue était envisagée, elle devait s’appeler Métal hurlant. Mandryka avait eu l’idée du titre, mais il n’était plus très chaud pour se lancer dans l’aventure, à cause des difficultés financières de L’Echo. C’est Druillet, Moebius et moi qui avons repris le flambeau. La suite de l’histoire, tout le monde la connaît. (p.164) 

MH - Humour.jpgA Métal, nous venons d’une autre planète : la nôtre. Nous avons enfanté notre propre monde, notre propre univers graphique, notre propre langage visuel. Certains s’en amusent, d’autres s’en agacent. Ils ont peut-être peur de nous. Ils ont raison d’avoir peur. Métal hurlant est un meilleur journal que Pilote, un meilleur journal que L’Echo des savanes. (p.179) 

La science-fiction ne doit pas toujours être trop sérieuse, elle doit aussi faire rire les lecteurs. (p.186) 

Il faudra bien que l’Éducation nationale se décide un jour à enseigner à l’école la lecture des images et celle de la bande dessinée. (p.194) 

Druillet a dynamité la structure de la planche et de la case, Moebius l’a druillet salambo.jpgminée de l’intérieur pour nous emmener là où il voulait. L’un est un visionnaire viscéral qui ne calcule pas, l’autre était un manipulateur, un illusionniste, un magicien. (p.195)

Si la science-fiction a nourri mon imaginaire, j’ai toujours été et je reste un grand lecteur de romans noirs. Je crois même que le polar est la littérature du XXème siècle par excellence, encore plus que la SF (…). La science-fiction a deviné le XXIème siècle (...) mais elle n’est pas –ou pas encore– allée au-delà. (p.222) 

Jean Giraud plaçait son œuvre personnelle au-dessus de tout, et l’obsession de cette œuvre l’obligeait à laisser de côté son humanité. Au fond, Jean n’était pas très humain. Il me disait parfois qu’il n’était pas quelqu’un de "gentil". Il savait qu’il n’était pas le père idéal, pas plus que le collaborateur idéal. Il n’avait pas de cœur, alors que Druillet a toujours eu un cœur trop grand.  Mais je crois qu’il ne faut pas lui en vouloir. Les grands auteurs n’ont pas le choix. Leur œuvre personnelle prime sur le reste et R.jpgJean Giraud-Moebius n’échappait pas à la règle. Las artistes sont des gens déficients et leur création sert à combler cette déficience. Quand je dirigeais Métal hurlant, il m’est arrivé de manquer d’humanité. Le sort du journal passait avant tout, même si j’ai parfois publié un auteur en sachant qu’il ne se vendrait pas, comme Charlie Schlingo. Je n’étais pas un bon mari, je me consacrais entièrement à Métal, que je considérais au même titre qu’une œuvre d’art. A ce moment précis, je n’étais sans doute pas un être humain remarquable, mais il faut parfois faire les choix qui s’imposent. (p.261) 

"Destination Séries" est une émission bimensuelle qui dure trente minutes. (…) Je présente l’émission avec Alain Carrazé. Ce type est un fou. Un fou de séries s’entend. (…) Même si je suis loin de m’y connaître autant que lui, je suis néanmoins un amateur du genre. Le Prisonnier reste ma plus grande série du monde de tous les temps. Elle date peut-être des années 1960, mais elle n’est pas démodée. La preuve : dans la société contemporaine, nous avons fini par devenir des numéros, comme Patrick McGoohan. (p.393)

 

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01 novembre 2021

SFFF [I]. MÉTAL HURLANT, HIER ET AUJOURD'HUI

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C’est une époque que les moins de 50 ans, avec ou sans Rolex, connaissent peu : les années 70, dans l’immédiate foulée de 1968, en pleine effervescence politique et sociale, mais aussi culturelle.

Une ébullition qui n’émergeait pas du néant. La SF et la BD constituaient déjà chacune un "continent" que les "élites" s’efforçaient pourtant d’invisibiliser en tentant de repousser ces "genres" en marge d’une "culture" réservée à une minorité de sachants.  

Toutefois, cette condescendance aristocratique ne put entraver la popularité de ces moyens d'expression qui foisonnaient : BD franco-belge, comics en provenance d’Outre-Atlantique, presse satirique, littérature fantastique, fictions scientifiques, musique rock…

MÉTAL HURLANT fut un enfant turbulent de cette vague underground.

 

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Porté sur les fonts baptismaux en 1975 par trois créateurs issus de l’hebdomadaire Pilote, le "journal qui s’amuse à réfléchir", les ébouriffants Jean-Pierre Dionnet, Jean Giraud (Gir/Moebius) et Philippe Druillet, rejoints par un quatrième "Humanoïde associé", Bernard Farkas, le "financier" de l’aventure.

Cette Odyssée, qui bouscula le "neuvième art" en France et qui eût des répercussions internationales, perdura douze ans.

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Gilles Poussin et Christian Marmonnier l’ont racontée en 2005 et cette somme vient d’être ré-éditée [*].

S’appuyant sur les témoignages contradictoires des principaux acteurs de l’époque, sur d’innombrables documents/photos extraits du magazine et de ses avatars, ces 300 pages jubilatoires consacrées à l’empire MÉTAL HURLANT méritent d’être mises entre toutes les mains.

Pourquoi pas sous le sapin, dans une période propice aux offrandes ?

 

[*] MARMONNIER Christian, POUSSIN Gilles, Métal Hurlant 1975-1987, La machine à rêver, Denöel, Paris, 2021

 

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MÉTAL HURLANT, LE RETOUR !

 

Au menu :  280 pages articulées autour d’une thématique, le "Futur proche" dans la SF.

Verdict ?

Inutile de tenter des comparaisons car le contexte a changé et un certain monde qui s’engageait dans le dernier quart du XXème siècle n’est plus tout-à-fait le même que celui du premier quart du XXIème siècle. Pour le meilleur et pour le pire !

Et puis, Moebius n’est plus et Druillet a modifié sa trajectoire artistique…

 

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Minorés, donc, le côté rock et déjanté, l’inventivité graphique et la créativité esthétique, la remise en question des codes et des narrations classiques, les transgressions et les délires de trublions décomplexés.

Certes, un "copier-coller" entre hier et aujourd’hui n’aurait pas été pertinent, mais l’on pouvait néanmoins attendre plus de peps et une publication moins sage, même en notre époque aseptisée !

Les 22 BD proposées (format "histoires complètes") sont souvent minimalistes et la dense première partie consacrée à plusieurs articles et entretiens (Damasio, Bilal, Gibson…), n'apporte aucune illumination fracassante !

Ce premier numéro mérite naturellement le bénéfice du doute. La nouvelle cuvée de MÉTAL HURLANT devra faire ses maladies de jeunesse avant, souhaitons-le, de trouver une tonalité moins mièvre et plus subversive !

Attendons par conséquent la suite, c’est-à-dire le numéro 3, car le numéro 2 planifié pour janvier 2022, sera une publication vintage orchestrée par le "vieux" baroudeur de l'imaginaire, Jean-Pierre Dionnet  himself !

 

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