23 août 2016
Candidats à la candidature
Jean-Luc Mélenchon,
sur les candidatures de Nicolas Sarkozy et d'Arnaud Montebourg :
Nicolas Sarkozy est candidat à la primaire de la droite. Le chef de guerre est de retour. Il n’est jamais parti bien loin. Mais il revient plus féroce qu’avant. Son programme annonce une guerre sociale. Il faut dire que sur chaque sujet, Hollande s’est chargé lui-même de faire sauter la digue et de lui ouvrir la voie. On ne pourra donc compter que sur notre propre résistance.
Officiellement, Sarkozy veut faire campagne sur « l’identité » et « l’autorité ». Il a déjà repris la course-poursuite avec le FN dans une interview à Valeurs Actuelles. Il propose ainsi de remettre en cause l’un des piliers du code de la nationalité, à savoir le droit du sol. Évidemment, son but est de radicaliser le débat en ciblant les musulmans. Il promet ainsi « d’interdire les expressions communautaires dans les entreprises, le voile à l’université comme dans l’entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires ». Mais ce n’est là qu’un amuse-gueule pour réactionnaire.
Car le programme de Sarkozy, c’est surtout un plan de reculs sociaux très brutal et cruel. Il prévoit ainsi un nouveau report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ! Il propose aussi la suppression des 35 heures et même de toute durée légale du travail : la durée du travail serait fixée entreprise par entreprise sans aucune protection nationale par la loi. Les salariés se feraient voler une partie de leur salaire puisque les heures de travail au delà de la 35e heure de la semaine ne seraient plus payées comme des heures supplémentaires mais comme des heures normales, sans majoration ni repos compensateur ! Nicolas Sarkozy s’en prend aussi aux chômeurs. Il veut réduire leurs allocations au fur et à mesure des mois d’inactivité.
Autre poncif libéral : le démantèlement final de l’État et des services publics. Rendez-vous compte : il veut couper encore 100 milliards d’euros dans les budgets publics. Il prétend supprimer 300 000 postes de fonctionnaires, soit plus que le nombre total de policiers et gendarmes dans le pays ! Au printemps, il est même allé jusqu’à évoquer la privatisation d’EDF. Et comme d’habitude : continuer à servir de grosses louches d’argent public aux oligarques et grands patrons. Nicolas Sarkozy propose ainsi la poursuite de la ruineuse et inefficace politique de cadeaux fiscaux au MEDEF : il ajoute 14 milliards d’euros de dons supplémentaires. Sans oublier la reprise des cajoleries à l’oligarchie avec la promesse de supprimer rien de moins que l’impôt sur la fortune ! Le tout solidement ancré dans un productivisme aveugle fait de défense du nucléaire et des gaz de schiste !
Si Sarkozy peut revenir aussi combatif, c’est parce que François Hollande a totalement gâché et même volé la victoire de 2012. Ce qui aurait dû être une victoire idéologique contre l’ultra-libéralisme s’est transformé en l’exact contraire. François Hollande a validé a posteriori l’essentiel du discours de Sarkozy notamment contre le « coût » du travail ou les droits des salariés. Il a même totalement endossé et amplifié son bilan comme le durcissement des conditions d’accès à la retraite ou l’acceptation du traité budgétaire Sarkozy-Merkel. J’ai déjà dénoncé sur ce blog [celui de JLM : http://melenchon.fr/2016/06/17/loi-el-khomri-ps-lr-main-d... ] comment les programmes de « Les Républicains » et du PS se rejoignaient contre les 35 heures lors de l’examen de la loi El Khomri. La continuité est telle qu’elle choque même les anciens ministres de François Hollande : Benoît Hamon l’accuse d’avoir « mis ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy » et Arnaud Montebourg parle même de « sarkhollandisme » comme objet politique unifié.
C’est que leur bilan commun est éloquent par le désastre social, démocratique et écologique qu’il montre. C’est le thème de notre campagne « Je vote, ils dégagent » d’inscription sur les listes électorales. Sarkozy et Hollande cumulés, c’est un chômeur de plus toutes les 2 minutes. Sarkozy et Hollande, c’est une école fermée par jour. Sarkozy et Hollande c’est 10 tonnes de pesticides par heure. Sarkozy et Hollande, c’est zéro centrale nucléaire fermée en 10 ans. Sarkozy et Hollande, c’est deux traités européens imposées au peuple français contre sa volonté et sans référendum… Il est temps de changer !
L’annonce de la candidature de Montebourg et le contenu qu’il y met sont de bonnes nouvelles. Ce sont d’abord de terribles confirmations depuis l’intérieur du PS de la condamnation du bilan du quinquennat de François Hollande de la part d’un de ses ex principaux ministres et de l’un de ses soutiens essentiels au deuxième tour de la précédente primaire des socialistes. Elle confirme ainsi la critique que nous en avons fait inlassablement pendant cinq ans : « Le bilan du quinquennat n’est pas défendable » a asséné le nouveau candidat d’entrée de jeu. Cette candidature après celle de Benoit Hamon fonctionnera donc d’abord comme un affichage permanent de l’échec de François Hollande. Mais ce n’est pas tout. Les thèmes choisis élargissent l’audience de notre discours : sixième république, relocalisation industrielle, et surtout dénonciation des traités européens. Je sais parfaitement bien les limites de tout cela. Je connais l’ambiguïté du personnage et la limite de la méthode qu’il déploie. Je vois bien les limites du contenu de ses propositions. Je sais aussi que sa fonction de rabatteur pour le compte de François Hollande a déjà été maintes fois prouvée. Mais nous sommes entrés dans cette campagne comme dans un combat « culturel » d’abord. Le vote est dans six mois. D'ici là, quelles idées vont dominer la société et la scène politique ? Avec sa candidature, après celle de Benoît Hamon et Marie-Noëlle Liennemann, la scène n’est plus uniquement occupée par des libéraux qui se concurrencent dans les surenchères droitières et ethnicistes. Cela vient en renfort de notre travail qui trouve une raison de plus de s’intensifier.
Mes amis, tenez-vous à distance du sectarisme politique et du meurtre rituel des voisins de palier politique. Montebourg nous sert. Sa «Mélenchonisation » partielle aide à la propagation de certaines de nos idées. Au bout du compte, les gens qui auront été convaincus par lui pourront quand même voter pour ces idées là en utilisant le bulletin de vote à mon nom. Il faut donc plutôt le pousser à persévérer dans le travail de démolition des certitudes aveugles qui continuent à dominer le PS. Il faut faciliter la désorganisation du PS qu’il propage en laissant planer le doute sur sa candidature à la primaire ou en solo hors parti car il délégitime la primaire (et donc son résultat) avant même qu’elle ait lieu. Tirez donc plutôt argument du fait que nos diagnostics sont confirmés par ceux-là même que nous avons combattus. Non pour flétrir et peindre le tableau noir en encore plus noir. Mais parce que cela permet de conclure : « à présent essayons autre chose, essayons le programme de la France insoumise et le mouvement politique ouvert qu’elle impulse ».
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25 mai 2016
Réduire le temps de travail pour changer la vie !
Ce matin, le président du parti des MenteuRs, était l’invité de la RTBF où il a pu égrener ses contre-vérités, sans véritable contradicteur d’ailleurs.
Je ne relèverai pas ici toutes les perles entendues, ce serait trop long.
Je ne m’attarderai donc pas sur les bienfaits du taxshift, sur les énormités concernant la « hausse du pouvoir d’achat », sur le rituel « redressement du pays ».
Je me limiterai à la problématique de la flexibilité et plus particulièrement au dernier projet porté par le ministre CD&V, Kris Peeters.
Selon Olivier Chastel, il est faux d’affirmer que la semaine de 38 heures est remise en cause.
L’obscur leader des libéraux francophones a beau se tortiller sur sa chaise, la réalité et les faits sont toutefois indiscutables. En « annualisant » la durée du travail pour tous les salariés, ceux-ci devront travailler certaines semaines plus longtemps, jusque 45 fois 60 minutes, sans que ces heures ne soient considérées comme des heures supplémentaires !
Mais c’est tout « bénéfice » pour le travailleur surenchérit l’apprenti candide bleu, car il pourra ainsi ajuster ses horaires en fonction de ses besoins.
C’est oublier que le contrat de travail n’est pas synonyme de liberté ou d’égalité entre l’employeur et l’employé, mais qu’il représente au contraire un lien de subordination entre les deux !
En d’autres termes, c’est le patron qui décidera les modalités pratiques de ce processus de flexibilisation généralisée.
Le salarié sera contraint de travailler plus quand il voudrait travailler moins, et de travailler moins quand il pourrait travailler plus.
Au-delà de ce débat sur l’organisation du travail (subie), se pose surtout la question de la durée du temps de travail.
Aujourd’hui, avec un chômage de masse persistant, avec les progrès de la productivité et avec le développement de technologies sans cesse plus performantes, ce qui devrait être à l’ordre du jour est une réduction radicale du temps de travail !
La Suède, qui n’est pourtant pas un pays bolchévik, expérimente actuellement la semaine des 30 heures.
Chez nous, dans le mouvement syndical et dans les partis de gauche, cette vieille revendication du mouvement ouvrier retrouve enfin des couleurs.
Et si l’on veut dépasser l’horizon du court ou moyen terme, nous devrions même nous fixer pour but la demi-journée de travail !
Travailler moins travailler tous, sans détérioration de la qualité de vie au boulot et sans pertes de revenu, pour ouvrir la voie à une société du temps libéré, voilà l’objectif central pour le mouvement social dans son ensemble.
Naturellement, pour concrétiser une telle ambition politique, un changement radical des rapports de forces entre classes est indispensable
Ce qui passe par un durcissement des luttes, car il sera impossible d’inverser le cours des choses en se contentant de défilés à Bruxelles ou de grèves éparpillées dans le temps.
Ce qui nécessite aussi la défense d’alternatives claires et un combat sans concession contre ce gouvernement des droites qui ne cèdera jamais autour d’une table de « concertation ».
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07 mai 2016
Autoritarisme anti-syndical
Karel Van Eetvelt, de l’organisation patronale flamande Unizo, qualifie les grèves annoncées par les syndicats, de «déclaration de guerre et même «d'actes terroristes» ! La chaîne RTL-TVI, en collaboration avec le quotidien L’Echo, a récemment réalisé une « enquête » sur la « face cachée des syndicats ». Nous avons eu droit, sans surprise, aux traditionnels clichés : du « trésor de guerre camouflé des syndicats » à « l’opacité de leur gestion », en passant par la détention suspecte d’innombrables propriétés immobilières, les voyages de confort à l’étranger, etc. Bref, les organisations syndicales manquent de transparence et ne sont guère soumises à un contrôle rigoureux. Certes, il n’y a là rien de bien neuf sous un soleil estival revenu. Voilà longtemps déjà qu’est orchestrée une campagne médiatique visant à discréditer le mouvement syndical. Ainsi, il ne se passe pas une action de grève sans qu’une chaîne de télévision (ou l’autre) ne mette en scène un « micro-trottoir » où un quidam vient témoigner au sujet de la sempiternelle « prise en otage » des citoyens ! Face à ce rouleau compresseur idéologique, il est important d’allumer des contre-feux en rappelant un certain nombre de faits : 1. Les exécutifs fédéraux imposent des trains de mesures d’austérité de plus en plus durs. Sans la moindre concertation avec les « organisations représentatives des travailleurs ». Un coup de force (bien dans la ligne des tendances autoritaires qui se développent au niveau de l’Union Européenne) qui représente une véritable remise en cause de toute « démocratie sociale » ! 2. Ce sont les banques et le secteur financier qui portent une lourde responsabilité dans les difficultés actuelles, mais ce sont les victimes de la « crise globale du capitalisme » qui sont priées de régler la note. Par ailleurs, cette volonté rageuse de vouloir frapper le plus grand nombre tout en ménageant les possédants et les nantis, est dénuée de pertinence sur le plan économique. Le recul social provoquera de nouvelles récessions qui serviront à leur tour de prétexte pour amplifier les politiques d’austérité. Entretenant ainsi une spirale régressive sans fin. Dans ce contexte, le mouvement syndical reste le principal vecteur d’une résistance face à l’offensive néo-libérale et, c’est à ce titre, qu’il dérange la bourgeoisie et son personnel politique ! 3. «Les syndicats abusent» tempêtent les faiseurs d’opinion. Heureusement que les syndicats ont «exagéré» au cours des 150 dernières années, car sans le combat ininterrompu des salariés et de leurs organisations, pas de suffrage universel, pas de Sécurité Sociale, pas de congés payés, pas de journée de 8 heures, pas de droit du travail, pas de conventions collectives, pas d’indexation des salaires,… . Ce sont ces « conquêtes sociales » arrachées de haute lutte qui nous garantissent aujourd’hui encore un (relatif) bien-être, et ce sont celles-ci qui sont fortement contestées par la classe dominante, depuis plus de 40 ans déjà !
4. «La grève pénalise d’abord les citoyens qui veulent travailler» ajoutent les mêmes propagandistes zélés de l’establishment. La grève entraîne surtout des difficultés pour les grévistes eux-mêmes, qui sacrifient une partie de leur salaire et qui, dans beaucoup d’entreprises, subissent des pressions et des menaces patronales. Et elle est rendue quasiment impossible dans les PME, «légalement» privées de toute représentation syndicale, où le chantage au C4 est réel. Elle n’est donc jamais organisée pour le fun, et présenter les travailleurs qui débrayent comme des fêtards en quête d’une journée de congé supplémentaire est une mystification qui doit être clairement dénoncée! 5. Celles et ceux qui critiquent les organisations syndicales profitent de leurs combats, car chaque avancée sociale bénéficie à l’ensemble des travailleurs, syndiqués ou non syndiqués ! On a rarement vu un détracteur du syndicalisme (journalistes y compris) refuser une augmentation salariale, un avantage financier ou un aménagement favorable des conditions de travail, obtenus par les syndicats !
Au-delà de la stigmatisation pure et simple de l’action syndicale, la campagne de dénigrement permanente vise à convaincre « l’opinion publique » de la nécessité à remettre en question le droit de grève et à imposer la « personnalité juridique » à des organisations jugées « irresponsables ». La confrontation est engagée de longue date déjà. Lors de chaque conflit, le patronat n’hésite pas à avoir recours aux tribunaux pour faire interdire les piquets de grève. Et les partis de droite multiplient les initiatives législatives pour affaiblir les capacités et possibilités d’action du mouvement syndical ! Le message est dénué d’ambiguïté : l’ordre du capital doit être respecté, point barre !
Il appartient au mouvement syndical dans son ensemble à prendre conscience des défis qui lui sont lancés et à relever le gant. Nous ne sommes pas confrontés uniquement à un débat académique sur le choix de la meilleure politique à suivre pour sortir de la crise, nous sommes également menacés par des attaques concrètes et multiformes contre le « mouvement ouvrier ». Des agressions qui s’inscrivent dans une véritable guerre engagée au niveau européen (et au-delà) contre les travailleurs salariés et les allocataires sociaux, dans le but d’infliger au monde du travail un impressionnant recul social, nouveau point d’appui pour augmenter toujours plus les profits des entreprises et des multinationales. Qui a dit que la « lutte des classes » était un concept archaïque ? @
UN VRAI DEBAT POLITIQUE
Les militants et délégués, les appareils et les permanents, les responsables et dirigeants syndicaux ne sont évidemment pas à l'abri de la critique. Mais il s'agit d'un débat politique interne au mouvement ouvrier, en toute autonomie par rapport à l'adversaire de classe ! Il n'appartient pas au MR ou à la NVA d'organiser le fonctionnement des syndicats ou de leur dicter une ligne de conduite ! Cette prérogative appartient aux travailleurs et affiliés, dans la lutte permanente pour une authentique démocratie syndicale ! Pour reprendre une formule de la CSC, lors de l'un de ses congrès : "syndicalisme de base, base du syndicalisme" ! |
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