30 décembre 2025
POLARS EN BARRE [156]
"La mort, c'est mon truc. C'est grâce à elle que je gagne ma vie. Que je bâtis ma réputation professionnelle. Je la traite avec la passion et la précision d'un entrepreneur de pompes funèbres, grave et compatissant quand je suis en présence des personnes en deuil, artisan habile quand je suis seul avec elle. J'ai toujours pensé que, pour s'occuper de la mort, le secret était de la tenir à distance. C'est la règle. Ne jamais la laisser vous souffler dans la figure.
Hélas, cette règle, la même, ne m'a pas protégé. Quand les deux inspecteurs sont venus me chercher et m'ont parlé de Sean, une sorte de paralysie glacée m'a aussitôt envahi."
Michael Connelly

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29 décembre 2025
POLARS EN BARRE [155]
Dans la rue, il commençait à crachiner. Deux cavaliers pressèrent le trot de leurs chevaux et dépassèrent une Ford bringuebalante. Executor ouvrit la porte de la Packard blindée et aida le journaliste à s’asseoir.
− Ça commence à bien faire. Il nous faut de l’action.
− La veuve m’a juré qu’elle et ses amis n’y étaient pour rien.
− Qui alors ?
− Pas la moindre idée. Mais tu as raison. Ça suffit comme ça.
− Personne ne proteste de son innocence tant qu’une accusation n’a pas été lancée. Personne ne donne de réponses si on ne lui pose pas de questions.
− Tu as raison. Il faudrait commencer par là.
− Hier, on a tiré sur le poète et on a failli le tuer. Mettons la pression et voyons si l’Ombre sort de l’obscurité et se montre, dit l’Executor en démarrant.
− L’Ombre ? Quelle Ombre ?
− L’ennemi. C’est comme ça que le poète l’appelle. Quant à notre club de joueurs de dominos, il lui a trouvé un nom encore plus lyrique : l’Ombre de l’ombre.
− Pas mal du tout. On pourrait l’embaucher au journal."
Paco Ignacio Taibo II

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28 décembre 2025
POLARS EN BARRE [154]
"Il resta étendu là jusqu’à ce qu’il fût certain que la cour fût vide. Il pensa à l’amour de sa vie et imagina qu’elle était avec lui, la tête reposant sur sa poitrine, lui disant combien elle aimait les sonnets qu’il composait pour elle.
Il se remit enfin debout. C’était dur de marcher ; chaque pas lui déchirait de douleur les entrailles jusqu’à la poitrine. Il se tâta le visage ; ce dernier était couvert de quelque chose de sec qui ne pouvait être que du sang. De la manche, il se frotta le visage avec furie jusqu’à ce que le sang frais coulât des écorchures sur une peau douce. Il se sentit mieux du coup, et le fait qu’il n’ait pas pleuré le fit se sentir encore mieux."
James Ellroy

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27 décembre 2025
POLARS EN BARRE [153]
"− Siggie Reuhr est probablement capable de bien des choses, mais d’un meurtre, ça, non. Comment a-t-il été descendu, le type ?
− A coup de hache.
− Alors, il y a eu du sang ?
− Je pense bien !
− Alors vous pouvez rayer Siggie de votre liste. Le poison, je ne dis pas. Mais une hache ! Du sang ! C’est tout juste si Siggie ne tournait pas de l’œil s’il lui arrivait de se couper le doigt sur la tranche d’un grand livre. La vue du sang le rendait malade. Non, inspecteur, si votre type s’est fait descendre à coup de hache, croyez-moi, ce n’est pas du côté de Siggie qu’il faut chercher."
Ed McBain

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26 décembre 2025
POLARS EN BARRE [152]
"Il hésita entre le “Tabac du Matin’’ et le self-service situé au rez-de-chaussée de l’Humanité. On pouvait y prendre un café, l’emporter à une table sur un plateau et tout en dégustant le liquide brûlant, s’amuser à reconnaître au passage les grandes signatures du journal, les plus illustres figures du Parti Communiste. Thorez, Duclos, même Aragon venaient ici se restaurer entre deux réunions ou attendre que leur article arrive au marbre."
Didier Daeninckx

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25 décembre 2025
POLARS EN BARRE [151]
"Le matin de Noël était nuageux, sec et sans caractère. J’étais devant ma fenêtre à regarder le parc, irrésistiblement envahi, comme chaque année en cette circonstance, par le souvenir des Noëls blancs de mon enfance, lorsque la maison était surchargée de décorations faites par ma mère, que mon père passait des heures à quatre pattes pour essayer de localiser l’ampoule fautive qui empêchait notre arbre de s’illuminer, que nous ne bougions pas du tout l’après-midi, à guetter par la fenêtre l’arrivée de mes grands-parents qui venaient passer la veillée avec nous, pour rester jusqu’au Nouvel An. (C’est-à-dire les parents de ma mère, car nous n’avions rien à faire avec ceux de mon père ; en fait, je n’avais jamais entendu parler d’eux, aussi loin que remonte ma mémoire.) Durant ces quelques jours, l’atmosphère de notre maison, d’habitude si tranquille et contemplative, devenait vivante, turbulente même, et c’est peut-être à cause de ce souvenir -et du souvenir de la blancheur fabuleuse qu’on était certain, à cette époque, de voir recouvrir notre pelouse- qu’il y avait un air d’irréalité dans la grisaille silencieuse des Noëls auxquels j’avais dû tristement me résigner depuis quelques années.
Mais ce jour-là il y avait autre chose. Ni Fiona ni moi ne pouvions supporter la perspective des huit heures de programmes de Noël de la télévision, et, au milieu de la matinée, voilà que nous roulions dans une voiture louée en direction de la côte sud. Je n’avais pas conduit depuis une éternité. Par bonheur, il n’y avait pratiquement pas de circulation dans le sud de Londres, et, à part une Ford Sierra rouge évitée de justesse, et quelques éraflures après un choc bruyant avec la borne d’un rond-point à la sortie de Surbiton, nous parvînmes à la campagne sans incident grave. Fiona avait proposé de conduire, mais je n’avais pas voulu en entendre parler. C’était peut-être stupide de ma part, parce qu’elle se sentait (et paraissait) beaucoup mieux qu’elle n’avait été depuis des semaines, et je pense en outre que j’avais été beaucoup plus qu’elle perturbé par l’absurde malentendu concernant le résultat de ses analyses à l’hôpital, où elle s’était présentée pour apprendre que son rendez-vous avait été annulé, que quelqu’un avait dû lui téléphoner pour l’en prévenir, que le spécialiste qui était censé s’occuper d’elle était parti manifester contre la décision de l’administration de fermer quatre services chirurgicaux juste après Noël, et qu’on la priait de revenir la semaine prochaine quand tout serait rentré dans l’ordre."
Jonathan Coe

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24 décembre 2025
POLARS EN BARRE [150]
"Il y a énormément d'hypocrisie à Noël – hypocrisie honorable, hypocrisie pour le bon motif , c'est entendu –, mais hypocrisie tout de même !"
Agatha Christie

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23 décembre 2025
POLARS EN BARRE [149]
"La ″Série noire″ : c’est sans doute ici que l’on peut observer l’exemple le plus accompli de littérature sérielle. Si la collection se fonde, au départ, sur un corpus polymorphe, extérieur à elle, elle tend, au fil des années, à devenir la seule définition des textes qu’elle rassemble. Venus d’horizons divers (USA, Grande-Bretagne, France, Suède), écrits par des auteurs de séries ou des auteurs littéraires, appartenant à des genres variés (policier de détection, criminel noir, espionnage, suspense, fantastique, terreur et même science fiction), de style et de qualité très différents, près de deux mille textes s’ajustent en un ensemble qui porte sa propre signification. A l’origine, des textes américains qui, dans les années vingt, substituent peu à peu au roman policier de détection un roman criminel d’action où la résolution de l’énigme passe au second plan, tandis que la violence, le tragique prennent la première place tout en faisant une large place à l’humour, à la satire sociale et politique. Dès les années trente-sept-quarante, ce roman avait suscité des émules en Grande-Bretagne puis en France, où on le trouve aux lendemains de la guerre dans différentes collections.
La distanciation ludique établie par les titres, la dérision, l’humour, le sentiment de l’absurde et du tragique, l’angoisse et l’incertitude nés de la distorsion continuelle entre ses différents romans parcellaires désignent la ″Série noire″ à la fois comme un jeu et comme une ″œuvre″ autonome dont l’équivalent n’existe nulle part. En ce sens, le fondateur et directeur de la collection, Marcel Duhamel, et son équipe sont bien les auteurs de la série."
Juliette Raabe

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