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29 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 253

"Il y a presque dix ans, je vous avais écrit une autre lettre d'adieux. D'après ce dont je me souviens, je m'y plaignais de n'être pas meilleur soldat et meilleur médecin. Le second point ne m'intéresse plus. Comme soldat, je ne suis pas si mauvais.

En essence, rien n'a changé, sinon que je suis beaucoup plus conscient, mon marxisme s'est enraciné et épuré. Je crois en la lutte armée comme unique solution pour les peuples qui se battent pour se libérer et je suis conséquent dans mes croyances. Beaucoup me qualifieront d'aventurier, ce que je suis, mais d'un genre différent, un aventurier qui risque sa peau pour démontrer ses vérités."

 

 

 

 

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28 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 252

"L'aspect de la crise moderne que l'on déplore comme une “vague de matérialisme” est lié à ce que l'on appelle “crise d'autorité”. Si la classe dominante a perdu le consentement, c'est-à-dire si elle n'est plus “dirigeante”, mais uniquement “dominante”, et seulement détentrice d'une pure force de coercition, cela signifie précisément que les grandes masses se sont détachées des idéologies traditionnelles, qu'elles ne croient plus en ce en quoi qu'elles croyaient auparavant, etc. La crise consiste justement dans le fait que l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés."

 

 

 

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27 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 251

"Les magnifiques événements de Russie agissent sur moi comme un élixir de vie. C’est bien pour nous tous un message de salut qui nous vient de là-bas ; je crains que, tous autant que vous êtes, vous ne sachiez pas en apprécier l’importance, et que vous ne sentiez pas assez que c’est notre propre cause qui triomphe là-bas. Ces événements auront, devront nécessairement avoir un effet salvateur sur le monde entier ; il faut que leur rayonnement atteigne l’Europe entière. J’ai la conviction inébranlable qu’une nouvelle époque commence, et que la guerre ne peut plus durer longtemps."

 

 

 

 

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26 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 250

 

"J'ai participé deux fois à la conquête du pouvoir, en 1981 et en 1998. Chaque fois, une énorme vague populaire nous avait portés. Mais, une fois au pouvoir, on n'a jamais rien fait de cette énergie populaire. On lui demande de rentrer à la maison pendant que l'on fait le changement par le sommet. Si bien que toute dynamique se refroidit, et l'adversaire reprend la main. Quand on veut faire des politiques de changement par le sommet sans se préoccuper de l'intervention populaire, on referme la trappe sur soi. Voilà la vraie leçon. Voilà à quoi répond la théorie de la révolution citoyenne que je porte."

 

 

 

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24 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 248

 

 

"D'une guerre européenne peut jaillir la révolu­tion, et les classes dirigeantes feront bien d'y songer ; mais il en peut sortir aussi, pour une longue période, des crises de contre-révolution, de réaction furieuse, de nationalisme exaspéré, de dictature étouffante, de militarisme monstrueux, une longue chaîne de violences rétrogrades et de haines basses, de repré­sailles et de servitudes, Et nous, nous ne voulons pas jouer à ce jeu de hasard barbare, nous ne vou­lons pas exposer, sur ce coup de dé sanglant, la certi­tude d'émancipation progressive des prolétaires, la certitude de juste autonomie que réserve à tous les peuples, à tous les fragments de peuples, au-dessus des partages et des démembrements, la pleine victoire de la démocratie socialiste européenne.

C'est pourquoi, nous socialistes français, sans qu'aucune personne humaine puisse nous accuser d'abaisser le droit, nous répudions à fond, aujour­d'hui et à jamais, et quelles que puissent être les conjectures de la fortune changeante, toute pensée de revanche militaire contre l'Allemagne, toute guerre de revanche. Car cette guerre irait contre la démo­cratie, elle irait contre le prolétariat, elle irait donc contre le droit des nations, qui ne sera pleinement garanti que par le prolétariat et la démocratie. Aujourd'hui, la paix de l'Europe est nécessaire au progrès humain : et la paix, la paix assurée, la paix durable, la paix confiante entre l'Allemagne et la France, qui a beaucoup fait en Europe pour le mouvement de la démocratie et l'éveil de la classe ouvrière, ne peut pas être à contresens de leur développement."

 

 

 

 

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23 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 247

 

"L'expérience de 1848-49 a donc conduit Marx et Engels, dans cette année de “bilan” que fut 1850, à formuler plusieurs propositions importantes :

— tout d'abord, la nécessité de la dictature du prolétariat dans la phase de transition vers la société communiste ;

— ensuite, la nécessité -étroitement liée à la première- de “rendre permanente” la révolution jusqu'à ce que le prolétariat international ait associé, concentré entre ses mains les principales forces productives mondiales ;

— enfin, la nécessité -pour assurer cette “permanence”- que le prolétariat se constitue en parti indépendant, avec sa politique propre, et qu'il adopte une tactique permettant de créer et de renforcer son pouvoir face à celui de la bourgeoisie libérale et de la petite bourgeoisie démocrate, jusqu'à déplacer cette dernière et instaurer sa domination de classe."

 

 

 

 

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22 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 246

"Son œuvre ouverte, hors mesure, creuse au plus profond dans l'esprit d'une époque. Critique en mouvement d'un système dynamique, Le Capital, en dépit de ses multiples remaniements de son plan, était inachevable. Non parce que la vie de son auteur fut trop brève, mais parce que c'était une vie humaine, et parce que l'objet de sa critique, en perpétuel mouvement, l'entraînait toujours plus loin.

Pléiadisé, Marx, bénéficie désormais d'une reconnaissance académique qui s'efforce de l'enfermer dans les limites temporelles de son siècle : un formidable penseur, certes, mais daté et démodé, bon pour les archives et les musées. Un économiste amateur, un philosophe digne de figurer dans la grande fresque de l'odyssée de l'Esprit, un historien admissible au programme d'agrégation, un pionnier de la sociologie ? Un peu de tout cela. Marx en miettes, en somme, inoffensif. Un intellectuel respectable s'il n'avait eu la fâcheuse idée de se mêler de politique. C'est pourtant ce qui fait de lui une figure nouvelle d'intellectuel, qui sut mener de front dans les années 1860 la rédaction du Capital et l'organisation matérielle, jusqu'au collage des timbres, de la Première Internationale. C'est pourquoi, écrit Jacques Derrida, “il n'y a pas d'avenir sans Marx”. Pour, contre, avec, mais pas “sans”. Et quand les néolibéraux, scotchés à Hobbes, à Locke, à Tocqueville le traitent de ringard du XIXè siècle, le spectre sourit dans sa barbe.

L'actualité de Marx, c'est celle du capital lui-même. Car, s'il fut un formidable penseur de son époque, s'il a pensé avec son temps, il a aussi pensé contre et au-delà de son temps de manière intempestive. Son corps-à-corps, théorique et pratique, avec son ennemi irréductible, la puissance impersonnelle du capital, le porte jusqu'à notre présent. Son inactualité d'hier fait son actualité d'aujourd'hui."

 

 

 

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20 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 244

"Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé.

La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c'est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu'ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu'ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d'ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l'histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté.

C'est ainsi que Luther prit le masque de l'apôtre Paul, que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l'Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à 1795. C'est ainsi que le débutant qui apprend une nouvelle langue la retraduit toujours en pensée dans sa langue maternelle, mais il ne réussit à s'assimiler l'esprit de cette nouvelle langue et à s'en servir librement que lorsqu'il arrive à la manier sans se rappeler sa langue maternelle, et qu'il parvient même à oublier complètement cette dernière."

 

 

 

 

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