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15 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 300

"Pendant quarante-trois années de ma vie consciente je suis resté un révolutionnaire; pendant quarante-deux de ces années j'ai lutté sous la bannière du marxisme. Si j'avais à tout recommencer, j'essaierais certes d'éviter telle ou telle erreur, mais le cours général de ma vie resterait inchangé. Je mourrai révolutionnaire prolétarien, marxiste, matérialiste dialectique, et par conséquent intraitable athéiste. Ma foi dans l'avenir communiste de l'humanité n'est pas moins ardente, bien au contraire elle est plus ferme aujourd'hui qu'elle n'était au temps de ma jeunesse.

Natacha vient juste de venir à la fenêtre de la cour et de l'ouvrir plus largement pour que l'air puisse entrer plus librement dans ma chambre. Je peux voir la large bande d'herbe verte le long du mur, et le ciel bleu clair au-dessus du mur, et la lumière du soleil sur le tout. La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression et de toute violence, et en jouissent pleinement."

 

 

 

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14 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 299

"Toute cette histoire héroïque de l'armée rouge, dont je rapporte à peine les grandes lignes, Trotski me l'a contée pendant des heures, devant les cartes innombrables de son bureau.

Il me l'a contée avec cette simplicité que tous les Commissaires du Peuple ont si heureusement conservée au pouvoir, en s'interrompant pour me dire : “Comme vous avez bien fait de me demander tout cela ! Comme cela me fait plaisir de me rappeler ces choses !” jusqu'au moment où il terminait un chapitre en déclarant gentiment : “Maintenant, nous allons nous arrêter. Mon garçon joue au ballon sur la place du Kremlin. Nous allons aller le chercher.”

Ce qu'il ne m'a pas dit, ce qu'il ne pouvait me dire lui-même, c'est à quel point il a été l'animateur de la résistance aux cent actes que la création de l'armée rouge a permise.

D'autres me l'ont dit, à Petrograd (par exemple) en me parlant de l'attaque de Iudénitch contre la capitale, en octobre 1919. Les blancs arrivèrent alors jusqu'à la grande ville. Ils pénétrèrent dans les faubourgs et l'on croyait Petrograd perdue.

“Quand Trotski a débarqué à Moscou — me rapportait un camarade — la confiance est revenue en un clin d’œil partout. Les barricades sont sorties de terre comme d'elles-mêmes. En quelques jours, Iudénitch a été battu, écrasé, et son armée s'est évaporée littéralement.”

Trotski n'est pas qu'un organisateur, c'est un chef. Plus craint qu'aimé peut-être, c'est possible. Mais d'un ascendant prodigieux.

Il appartient à la race de nos grands Jacobins, dont on s'aperçoit souvent que les souvenirs le hantent. Il connait bien la Révolution française et l'amour qu'il lui porte est l'origine des sentiments francophiles qu'il confesse, malgré les événements de ces dernières années, comme beaucoup de communistes russes."

 

 

 

 

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27 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 282

"Les structures globales de deux imaginaires contemporains, selon moi, seraient alors d’un côté le récit collectiviste égalitaire, de l’autre l’individualisme différentialiste.

(…)

Je suis d’accord pour dire que toutes les batailles politiques sont des conflits d’imaginaires. Les êtres humains sont des êtres sociaux divisés par des intérêts matériels, mais c’est à travers leurs préjugés culturels qu’ils prennent conscience de ces divisions et des rapports sociaux qui les organisent. Donc un imaginaire. C’est une constante anthropologique: les êtres humains produisent des imaginaires et se construisent à partir deux.

(…)

La querelle de légitimité n’était pas réglée depuis la Révolution de 1789. Maintenant, elle l’est, par l’écologie. Étant tous dépendants d’un même écosystème qui est le seul compatible avec la vie humaine, nous sommes bien tous semblables et dépendons tous d’un accès aux mêmes biens communs. Je crois condamné le point de vue différentialiste auquel nous nous confrontons. Son effondrement sera celui de la civilisation capitaliste.

(…)

Je trouve l’imaginaire apoca­lyptique faible. À moins qu’une météorite ne tombe sur la Terre, l’effondrement restera un processus. Ce qui est vraisemblable, c’est que la civilisation humaine, c’est-à-dire le monde globalisé dans lequel nous vivons, va s’effondrer par pans. La civilisation actuelle va s’effriter et les deux tendances vont continuer à se heurter au cours de ce processus."

[Jean-Luc Mélenchon]

 

 

 

 

 

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