08 novembre 2025
POLARS EN BARRE [104]
"Seuls Kol et Victoria semblaient garder la tête froide, ramener sans cesse les questions pratiques sur le tapis. Kol invita tout le monde à réfléchir sérieusement avant de prendre une décision.
– Un : où, quand, comment on s’y prend pour l’embarquer sans que personne le sache ? Au Touquet ou ailleurs ? Deux : comment on le transporte chez l’Enfant-Loup ? Comment on installe son sous-sol pour qu’il puisse y vivre et bosser ? Comment faire ça sans jamais alerter les flics ?
Tous se regardèrent comme s’ils ne s’étaient jamais vus.
Dylan avoua :
– J’en sais rien, je n’ai jamais enlevé personne.
– Si, tu m’as enlevée ! s’exclama Dorith.
– Et moi aussi ! dit sa soeur en minaudant.
Victoria intervint avant qu’Hurel et Rousseau se lancent sur l’enlèvement des Sabines dont une exposition thématique venait d’être organisée au…
– Pour les recherches, vous n’aurez pas à les faire, annonça-t-elle. C’est fait. J’ai un dossier épais comme ça sur Ramut : adresse, téléphone, mail… tout ce qu’il faut. Je sais même par qui sa femme se fait baiser, le nom, l’adresse, la pension où ils ont placé leur fils. Tout…
– C’est pour le procès ?
Victoria fit non de la tête."
Gérard Mordillat

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07 novembre 2025
POLARS EN BARRE [103]
"On garde toujours quelques séquelles après avoir éclairci les circonstances d'un meurtre. Malheureusement, derrière, il y a souvent davantage de misère humaine et d'histoires sordides, et moins de traits d'ingéniosité, qu'on pourrait le penser en lisant des romans d'Agatha Christie. Quand j'ai commencé, je me voyais comme une sorte de chevalier de la justice, mais j'ai par moment plutôt l'impression d'être un éboueur."
Jo Nesbø

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06 novembre 2025
POLARS EN BARRE [102]
"Ses vêtements étaient mouillés, chauds, et ils sentaient mauvais. Du sang. Elle allait mourir. La mort. Elle allait mourir. Elle le savait. A travers la petite lumière vacillante dans son esprit, elle le sentait. Quelqu'un l'avait tuée... l'homme qui lui avait pris sa pièce lui avait pris la vie."
Mary Higgins Clark

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05 novembre 2025
POLARS EN BARRE [101]
"Fossoyeur et Ed Cercueil étaient installés en bras de chemise à la table la plus éloignée du fourneau, leur veston accroché au dossier de leur chaise. Les pardessus, surmontés de leurs vieux feutres noirs déformés, étaient accrochés à un clou, près de la porte. La sueur perlait sur leur crâne laineux aux cheveux coupés court et ruisselait sur leur visage noir. Les cheveux d’Ed Cercueil étaient poivrés et gris. Partant de l’oreille droite, une cicatrice en forme de croissant barrait le crâne de Fossoyeur, souvenir du coup de crosse qu’Ed Cercueil, aveuglé par du vitriol, lui avait assené. Plus de trois ans s’étaient écoulés depuis cette sombre histoire. Les médecins avaient pratiqué sur le visage brûlé à l’acide d’Ed Cercueil de nombreuses greffes de peau prélevées sur ses cuisses. Mais cette peau, d’un ton plus clair que celle de son visage ayant été greffée par pièces et morceaux, Ed Cercueil semblait avoir passé entre les mains d’un maquilleur d’Hollywood qui lui aurait fait la tête de Frankenstein. Quant à la face bossuée de Fossoyeur, rien ne la distinguait de celles des innombrables bagarreurs de Harlem."
Chester Himes

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04 novembre 2025
POLARS EN BARRE [100]
"Planté devant le miroir, Rico se coiffait soigneusement à l’aide d’un petit peigne d’ivoire.
Il était très fier de ses cheveux noirs lustrés qu’il peignait en arrière, formant trois vagues symétriques.
Rico était un homme simple ; il n’aimait que trois choses au monde : lui-même, ses cheveux et son arme. Il prenait le plus grand soin des trois."
William R. Burnett

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03 novembre 2025
POLARS EN BARRE [99]
"On aperçoit maintenant entre quels pôles opposés hésite le roman policier et combien il flatterait à la fois les ambitions de l’intelligence et les appétits de la sensation, s’il ne devait sacrifier l’une des deux tendances pour satisfaire l’autre. Pourtant il contient toujours nécessairement les deux éléments : le meurtre et l’enquête. Aussi plaît-il indifféremment à tous les publics et contente-t-il en chaque lecteur les plus diverses exigences. Il compose les séductions du conte qu’on écoute passivement et celle de la recherche où l’on prend une part active. Il éveille toutes sortes d’émotions et singulièrement les plus faciles à faire naître, celles qui répondent aux instincts élémentaires, mais il exerce en même temps l’intellect qui domine et unifie. Il charme, captive, délasse en donnant l’impression du progrès, de l’effort récompensé, du travail fécond.
[…]
Le roman policier représente bien la lutte entre l’élément d’organisation et l’élément de turbulence dont la perpétuelle rivalité équilibre l’univers. Dans la société, l’antagonisme de la loi et du crime la figure. C’est pourquoi le détective et le policier apparaissent comme les champions de deux principes distincts vers lesquels chacun se sent tour à tour incliné : celui qui conseille de commettre l’infraction, celui qui porte à la réprimer. De la même manière l’individu tente tour à tour à se discipliner et à se débaucher. Il est tenté par les émotions, voudrait en ressentir de nouvelles et de toujours plus intenses, quitte à s’éparpiller et à se perdre en leur multitude attirante. Mais il aime aussi se montrer maître et seigneur, imposer l’ordre et la clarté. De nouveau, le criminel et l’enquêteur deviennent symboliques. Ils ne cessent pas d’être de vivantes images de la règle et du délit, mais se présentent en même temps comme des personnifications l’un des jouissances, du défi, du scandale, des mouvements irréfléchis et spontanés, l’autre de la puissance volontaire qui sait les comprendre, les pénétrer, les asservir."
Roger Caillois

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02 novembre 2025
POLARS EN BARRE [98]
"Dès qu’elle ouvrit sa porte d’entrée et qu’elle reconnut au sein du groupe massé devant son seuil une inspectrice venue l’interroger deux semaines plus tôt, la femme comprit qu’elle avait perdu la partie. Elle réussit toutefois à conserver suffisamment de sang-froid pour prier ses visiteurs d’entrer.
Au contraire de ces films où l’on voit des policiers survoltés plaquer un suspect au mur puis retourner sa maison en faisant voler papiers, coussins, livres et tiroirs, tout se passa dans un calme étonnant. Les représentants de l’ordre ne semblaient animés d’aucune intention agressive et c’est dans un silence parfait qu’ils se partagèrent les fauteuils du salon. Ils n’étaient pas là pour jouer les gros bras. Avant tout, ils voulaient comprendre pourquoi celle qui leur faisait face avait tué la gérante du Club 3 alors que rien, de prime abord, ne reliait les deux femmes."
Francis Groff

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01 novembre 2025
POLARS EN BARRE [97]
"Comme ils atteignaient le trottoir, l’auto du coroner arriva. Smith, l’assistant du coroner et un jouvenceau brûlé de soleil en descendirent.
— Le patron va arriver dans un moment, déclara Smith. Nous allons l’attendre.
— Je prends ma voiture et je vous suis, cria Jardinn à Bracker et à Phaley qui montaient déjà dans la leur. Celui-ci se contenta de faire un signe d’acquiescement.
— Où est le cadavre, Jardinn ? demanda l’assistant du coroner en allumant une cigarette.
Jardinn, qui se dirigeait vers son garage, se retourna pour répondre :
— A l’intérieur. C’est celui qui ne bouge pas."
Raoul Whitfield

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