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16 novembre 2025

POLARS EN BARRE [112]

"Frénétiquement, Ella Sue, moitié tirant, moitié poussant, cherchait à entraîner Sonora dans le vestibule. Arthur arriva en courant, suivi de Mary. Ella Sue s’arrêta devant la porte de la chambre du sénateur, l’ouvrit et hurla :

― Regardez ! vous me croyez maintenant ?

Sonora ouvrit son énorme four. La surprise, puis la peur s’inscrivirent sur son visage rond. Elle dut s’appuyer contre le chambranle. Mais ce n’était pas seulement le meurtre qui la terrifiait. Elle avait reconnu le cadavre."

 

Bill Goode

 

 

 

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15 novembre 2025

POLARS EN BARRE [111]

"Le roman policier traite de pensée logique et demande au lecteur un effort de pensée logique. A cet égard, il se rapproche des mots croisés.

En conséquence, il a un schéma et montre sa force dans la variation. Aucun auteur de roman policier n’éprouvera le moindre scrupule à situer son meurtre dans la bibliothèque du château d’un lord, bien que cela manque totalement d’originalité. Les caractères ne varient guère, et les mobiles du meurtre ne sont qu’en très petit nombre. Ni pour créer de nouveaux caractères, ni pour dénicher de nouveaux mobiles, le bon auteur de romans policiers n’investit une grande somme de talent ou de réflexion. Il ne s’agit pas de cela. Celui qui, notant qu’un meurtre sur dix se déroule dans un presbytère, s’écrie : ″Toujours la même chose ! ″, celui-là n’a pas compris ce qu’est le roman policier. Il pourrait aussi bien, au théâtre, dès que le rideau se lève, s’écrier : ″Toujours la même chose ! ″. L’originalité est ailleurs. Le fait qu’une caractéristique du roman policier consiste à exécuter des variations sur des éléments plus ou moins constants élève même le genre tout entier au niveau esthétique. C’est un des signes auxquels on reconnaît une branche cultivée de la littérature."

 

Bertolt Brecht

 

 

 

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14 novembre 2025

POLARS EN BARRE [110]

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♦♦♦

 

 

"Pendant cette période qui se poursuit jusque dans les années trente, la scène est dominée par le roman criminel à l’anglaise, défini universellement comme le classique du genre, soit par le nombre de ses représentants, soit pour sa fidélité aux normes expérimentées à ce moment-là. (…) Toutefois, presque tous les auteurs, qu’ils soient anglais ou américains, intègrent à leurs histoires un minimum d’action : l’image du détective compassé qui enquête, une tasse de thé à la main et assis à une table style chippendale, commence à disparaître ; laissant la place au détective qui, à l’occasion, est capable de sauter d’une fenêtre, poursuivre les criminels, distribuer quelques gifles. C’est l’avènement du thriller, héritier direct du western américain et du feuilleton européen. Son apparition remonte à la fin du XIXème siècle, à l’époque de la fantastique explosion de la littérature policière aux États-Unis avec Nick Carter et les dime novels.

Le terme thriller désigne une œuvre narrative (mais aussi théâtrale ou cinématographique) centrée sur un problème policier et construite de façon à provoquer une tension maximale. Les ingrédients ne sont pas neufs : suspens et intrigue restent toujours les points forts du roman policier ; la nouveauté réside dans le fait que ces ingrédients sont étroitement liés à l’action et à l’aventure.

(…)

L’élément qui différencie l’âge d’or du roman policier de l’ère précédente des ″pères nobles″ est l’incroyable diffusion que ce genre littéraire connaît dans le monde entier."

 

Stefano Benvenuti, Gianni Rizzoni et

Michel Lebrun

 

 

 

 

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13 novembre 2025

POLARS EN BARRE [109]

"Un philosophe produit des idées, un poète des vers, un curé des sermons, un professeur des bouquins, etc. Un criminel produit la criminalité. Mais si les liens entre cette branche soi-disant criminelle de la production et toute l’activité productrice de la société sont examinés de plus près, nous sommes forcés d’abandonner un certain nombre de préjugés. Le criminel produit non seulement la criminalité mais aussi la loi criminelle ; il produit le professeur qui donne des cours au sujet de la loi criminelle et de la criminalité, et même l’inévitable livre de base dans lequel le professeur présente ses idées et qui est une marchandise sur le marché. Il en résulte un accroissement des biens matériels, sans compter le plaisir qu’en retire l’auteur dudit livre.

De plus, le criminel produit tout l’appareil policier ainsi que de l’administration de la justice, détectives, juges, jurys, etc., et toutes ces professions différentes, qui constituent autant de catégories dans la division sociale du travail, développent des habiletés diverses au sujet de l’esprit humain, créent de nouveaux besoins et de nouveaux moyens de les satisfaire. La torture elle-même a permis l’invention de techniques fort ingénieuses, employant une foule d’honnêtes travailleurs dans la production de ces instruments.

Le criminel produit une impression tantôt morale, tantôt tragique, et rend un "service" en piquant au vif les sentiments moraux et esthétiques du public. Il ne produit pas seulement les livres de droit criminel, la loi criminelle elle-même, et ainsi les législateurs, mais aussi l’art, la littérature, les romans et les drames tragiques dont le thème est la criminalité, tel que Œdipe et Richard III, ou Le Voleur de Schiller, etc.

Le criminel interrompt la monotonie et la sécurité de la vie bourgeoise. Il la protège ainsi contre la stagnation et fait émerger cette tension à fleur de peau, cette mobilité de l’esprit sans lesquelles le stimulus de la compétition elle-même serait fort mince. Il donne ainsi une nouvelle impulsion aux forces productrices. Le crime enlève du marché du travail une portion excédentaire de la population, diminue la compétition entre travailleurs, et jusqu’à une certaine limite met un frein à la diminution des salaires, et la guerre contre le crime, de son côté, absorbe une autre partie de cette même population. Le criminel apparaît ainsi comme une de ces "forces équilibrantes" naturelles qui établissent une juste balance et ouvrent la porte à plusieurs occupations soi-disant "utiles".

L’influence du criminel sur le développement des forces productrices peut être détaillée. Est-ce que le métier de serrurier aurait atteint un tel degré de perfection s’il n’y avait pas eu de voleurs ? Est-ce que la fabrication des chèques bancaires aurait atteint un tel degré d’excellence s’il n’y avait pas eu d’escrocs ? Est-ce que le microscope aurait pénétré avec autant d’efficacité le monde commercial de tous les jours s’il n’y avait pas eu de faux-monnayeurs ? Le développement de la chimie appliquée n’est-il pas dû autant à la falsification des marchandises et aux tentatives pour y remédier, qu’aux efforts productifs honnêtes ? Le crime, par le développement sans fin de nouveaux moyens d’attaquer la propriété, a forcé l’invention de nouveaux moyens de défense, et ses effets productifs sont aussi grands que ceux des grèves par rapport à l’invention des machines industrielles.

Laissant le domaine du crime privé, y aurait-il un marché mondial ? Les nations même existeraient-elles s’il n’y avait pas eu de crimes nationaux ? L’arbre du mal n’est-il pas aussi l’arbre du savoir depuis le temps d’Adam ? Le jour où le Mal disparaîtra, la Société en sera gâtée, si même elle ne disparaît pas !"

 

Karl Marx

 

 

 

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12 novembre 2025

POLARS EN BARRE [108]

 

"Je transmis le message au garde qui attendait dehors, montai dans le chariot et me dirigeai tranquillement vers l’océan, à la lumière des becs de gaz. Le vent était moins violent, beaucoup plus chaud et humide, charriant des bouffées de parfums de fleurs comme pour annoncer que la vague de froid était terminée.

Je frappai à la porte de Daskalos. Je ne m’attendais pas à recevoir une réponse et je n’en reçus point. J’ouvris la porte et j’entrai.

Toutes les lampes étaient éteintes dans la salle de séjour, mais il y avait assez de lumière provenant d’une autre source. La cheminée était large et profonde. On y avait fait du feu en entassant des bûches aussi haut que possible. Je sentis la chaleur de l’autre bout de la pièce, je pus également voir le corps étendu par terre, juste devant le pare-feu.

Je m’approchai et allumai le lampadaire.

Daskalos.

Le défunt Daskalos."

 

Stanley Ellin

 

 

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11 novembre 2025

POLARS EN BARRE [107]

 

"Le taxi s’éloigna et prit, sur la gauche, la Huitième Avenue, en direction de la Quarante-deuxième Rue. Galt le suivit des yeux, un instant, puis tourna le coin de la rue en rasant les murs. Il l’avait à peine dépassé qu’il s’arrêta pile et se colla contre le bâtiment. Il enleva son chapeau, glissa la main dans son veston et tira le Webley à nez camard qu’il portait toujours sous l’aisselle. Il posa son chapeau par-dessus le revolver qu’il garda dans sa main gauche. De la main droite il prit une cigarette qu’il porta à ses lèvres, mais sans l’allumer.

Son visage s’était métamorphosé : ses lèvres s’étaient amincies, ses yeux avaient pris une expression froide et vide."

 

Léo Rosten

 

 

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10 novembre 2025

POLARS EN BARRE [106]

"L'aube trouva Harry Dickson immobile dans son fauteuil, la pipe éteinte aux lèvres, les yeux perdus dans un rêve sombre et redoutable."

 

Jean Ray

 

 

 

 

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09 novembre 2025

POLARS EN BARRE [105]

"Vous connaissez tous ma devise ? Elle est la même que celle des Kennedy : «ne jamais se laisser abattre !»"

 

Frédéric Dard

 

 

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