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12 décembre 2025

POLARS EN BARRE [138]

"L’étrange vieil homme qui se trouvait dans le coin, à la table voisine de la mienne, posa son verre de lait et s’accouda.

— Des mystères ? dit-il. Il n’y a de mystère en aucun crime si les investigations sont intelligentes !

Stupéfaite, je le regardai par-dessus les journaux que j’étais entrain de lire. Avais-je commenté à haute voix l’article qui m’intéressait tant, je n’en sais rien, mais les paroles de ce bonhomme se trouvaient en directe réponse à mes pensées. Son apparence, en tout cas, suffit à m’intriguer. Je n’avais jamais vu un vieillard si blême, si mince, et muni de si drôles de cheveux pâles, comiquement ramenés en travers d’un crâne glabre. Il paraissait timide et nerveux. Incessamment, il tourmentait une cordelette entre ses doigts maigres et longs ; il y accumulait, pour les défaire ensuite, des nœuds extraordinairement compliqués… Je m’aperçus par la suite qu’il ne pouvait guère parler sans manier quelque ficelle."

 

Emma Orczy

 

 

 

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11 décembre 2025

POLARS EN BARRE [137]

 

"Près d’un demi-siècle après son apparition, Raffles, le ″gentleman-cambrioleur″, demeure l’un des personnages du roman anglais les plus connus. Rares sont ceux qui ignorent qu’il jouait du cricket dans l’équipe d’Angleterre, qu’il vivait dans une garçonnière d’Albany Street et cambriolait les maisons de Mayfair qu’il fréquentait par ailleurs en invité.

(…)

Aujourd’hui, le charme de Raffles tient en partie à l’atmosphère d’époque et en partie à l’ingéniosité de la narration. Hornung était un auteur très consciencieux et, à son niveau, très habile. Si l’on en juge en termes de pure efficacité, on ne peut qu’admirer son œuvre. Mais ce qui fait de Raffles un personnage vraiment marquant, ce qui lui donne, aujourd’hui encore, valeur de symbole (il y a tout juste quelques semaines, dans une affaire de vol, un magistrat parlait au sujet du prévenu d’un ″Raffles en chair et en os″), c’est sa qualité de gentleman..."

 

George Orwell

 

 

 

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♦♦♦

 

 

 

"Je le vois encore, vautré dans un des fauteuils luxueux qui meublaient son salon. Je revois sa silhouette athlétique et indolente, son visage pâle et allongé, rasé avec soin, ses cheveux noirs bouclés, sa bouche forte et sans scrupule. Et je ressens de nouveau la puissance de son œil magnétique, froid et lumineux comme une étoile, qui me pénétrait jusqu’au cerveau, scrutant mes plus secrètes pensées.

(...)

Depuis quelques mois je luttais avec succès contre son emprise, et ce n’était pas sans peine, car j’ai déjà eu l’occasion de dire combien Raffles était irrésistible pour tout le monde et en particulier pour moi, quand il se mettait en tête de me circonvenir."

 

 

Ernest William Hornung

 

 

 

 

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10 décembre 2025

POLARS EN BARRE [136]

"Arsène Lupin, depuis quatre ans, était chef de la Sûreté !!!

Il l’était depuis quatre ans ! Il l’était réellement, légalement, avec tous les droits que ce titre confère, avec l’estime de ses chefs, avec la faveur du gouvernement, avec l’admiration de tout le monde.

Depuis quatre ans le repos des habitants et la défense de la propriété étaient confiés à Arsène Lupin. Il veillait à l’accomplissement de la loi. Il protégeait l’innocent et poursuivait le coupable.

Et quels services il avait rendus ! Jamais l’ordre n’avait été moins troublé, jamais le crime découvert plus sûrement et plus rapidement !

(…)

Et voilà que M. Lenormand n’était autre qu’Arsène Lupin !

Qu’il fût prince russe, on s’en souciait peu ! Lupin était coutumier de ces métamorphoses. Mais chef de la Sûreté ! Quelle ironie charmante ! Quelle fantaisie dans la conduite de cette vie extraordinaire !"

 

Maurice Leblanc

 

 

 

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09 décembre 2025

POLARS EN BARRE [135]

"Chaque époque et chaque nation ont leur propre morale, leur propre code de valeurs, en fonction de ce que les gens estiment être la valeur la plus sacrée, et d'autres qui ne se préoccupaient que de la beauté. Le Siècle des Lumières célébrait la raison comme la plus élevée des valeurs, et certains peuples - les Italiens, les Irlandais - ont toujours trouvé que la sensibilité, l'émotion, les sentiments, étaient ce qui comptait le plus. Aux premiers temps de l'Amérique, l'exaltation du travail était notre plus grande expression de moralité, puis il y eut une période où les valeurs à la propriété furent estimées au-delà de tout. Mais un autre changement s'est produit récemment. Aujourd'hui, notre code moral repose sur l'idée que la fin justifie les moyens.

Il fut une époque où c'était considéré comme malhonnête, l'idée que la fin justifie les moyens. Mais cette époque est révolue. Nous seulement nous y croyons, mais nous le disons. Nos chefs de gouvernement justifient toujours leurs actions en invoquant leurs buts. Et il n'est pas un seul P.-D.G. qui ait commenté publiquement la vague de compressions de personnel qui balaie l'Amérique sans l'expliquer par une variation sur la même idée : la fin justifie les moyens."

[...]

 

"Je ne pourrais pas être plus heureux si j’avais moi-même un boulot. C’est vrai ; enfin, presque vrai. Mais il travaille, il a un poste, il est là où il veut être !

Mon Dieu, je n’ai pas besoin de le tuer.

Oh, c’est super, c’est super. En démarrant la Voyager, en faisant le demi-tour, je souris jusqu’aux oreilles.

Tandis que les kilomètres défilent, que je me rapproche de plus en plus de la maison, le poids me retombe lentement dessus. Encore deux."

 

Donald Westlake

 

 

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08 décembre 2025

POLARS EN BARRE [134]

"On se reconnaît entre initiés qui entravent le jars. On affirme une appartenance. L’argot touche et percute. Il est aussi une poésie de la révolte. Il pleure et rit dans une mélodie intime qui n’existe nulle part ailleurs. Si la langue est vivante, alors les hommes qui la pratiquent le sont aussi. Le mouvement des phrases est aussi dans les têtes. Et ça danse ! Les marches que gravit le bandit Cartouche pour être exécuté mène à l’abbaye de Monte-à-Regret. Qui se fait raccourcir le cigare mange les pissenlits par la racine au boulevard des allongés… Corps humains, sexe, armes, nourriture et métiers : tout est dans une sarabande vibrante de métaphores et d’euphémismes."

 

Lionel Besnier

 

 

 

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07 décembre 2025

POLARS EN BARRE [133]

"Tony avait toujours refusé de participer à ces raids nocturnes pourvoyeurs de gains illicites. Ces ″minables larcins″ ― ainsi désignait-il avec mépris ces déprédations ― ne l’intéressaient nullement. Il voulait devenir un ″gros bonnet″, un chef et peut-être même un politicien. Il était dévoré par la soif de commander, par une grande faim de pouvoir, de richesses. Et il entendait bien jouir un jour de tout ça. Entre-temps, bien qu’on ne lui connût pas le moindre travail et qu’il refusât à verser dans l’ornière criminelle où se complaisaient les gars du quartier, il s’habillait mieux qu’eux et semblait disposer de tout l’argent dont il avait besoin. Nombreux étaient les garçons qui se posaient des questions à ce sujet mais, dans la mesure où il s’obstinait à ne participer à rien, il semblait bien que cette énigme soit destinée à rester entière car, dans le quartier, personne ne s’avisait jamais d’enquêter sur les sources de revenus de qui que ce soit, fût-ce un ami intime. Et Tony n’avait pas d’amis intimes."

 

Armitage Trail

 

 

 

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06 décembre 2025

POLARS EN BARRE [132]

"Un policier qui travaille dans le marais, il faut qu’il choisisse : admettre toutes les sales combines et accepter de se faire payer pour fermer les yeux, sinon à lui les plaies et les bosses, les coups de trique et les os cassés."

 

David Goodis

 

 

 

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05 décembre 2025

POLARS EN BARRE [131]

"Comme un jouet mécanique bien remonté, la grande ville continuait son activité nocturne avec une précision mathématique, sans s’inquiéter de ses habitants."

 

William Riley Burnett

 

 

 

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