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09 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 264

"La guerre avait commencé ; on les bombardait et ils allaient sans doute mourir, mais c'était Washington qui leur larguait des bombes sur la tête et non les Chinois ou les Russes. Quelque chose s'était détraqué dans le système automatique de défense spatiale et le cycle de réaction se déroulait... Personne ne pouvait y mettre fin. C'était la guerre et la mort, bien sûr, mais c'était une erreur. Il y manquait l'intention. Il ne sentait aucune hostilité au-dessus de lui. Les forces, là-haut, agissaient sans mobile, sans idée de vengeance, elles étaient creuses, vides, absolument froides. C'était comme si sa propre voiture lui eût passé d'elle-même sur le corps. C'était vrai, mais ça n'avait aucun sens. Ce n'était pas de la politique, c'était une panne, un échec, un hasard."

 

 

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08 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 263

"Et l'équipement ? se demanda-t-il soudain. Rosenfeld n'avait pas abordé ce problème. Le gouvernement allait-il lâcher tous ces gens dans un monde étranger sans aucun matériel ? Sans outillage convenable, la colonie ne serait rien de plus qu'un énorme camp de personnes déplacées. Pour vraiment fonctionner réellement, elle devait devenir autonome : la chose était évidente pour qui se donnait la peine d'y réfléchir dix minutes. Et il faudrait du temps, pour transférer suffisamment de matériel pour cent millions de personnes : cela supposait une logistique incroyable. Trente-trois fois environ ce qu'il avait fallu engager pour organiser le débarquement de Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement avait perdu la tête. Les politiciens étaient à ce point désorientés par les implications politiques de cette Terre parallèle qu'ils avaient perdu le sens des réalités.

Tout cela pouvait facilement devenir le plus extraordinaire foutoir de tous les temps."

 

 

 

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07 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 262

"La pluie était une vieille tradition de Portland, mais la chaleur —environ 21°C, le 2 mars— était récente, résultat de la pollution atmosphérique. Les émanations urbaines et industrielles n'avaient pas été contrôlées assez tôt pour que l'on pût renverser la tendance cumulative qui s'annonçait déjà au milieu du XXème siècle ; il faudrait plusieurs siècles pour que l'air perde son surplus de CO2, s'il y arrivait jamais. New-York allait devenir l'une des plus grandes victimes de l'effet de serre, car les glaces polaires continuaient à fondre et le niveau de la mer montait toujours ; en fait, toute la côte nord-est était en danger. Il y avait quelques compensations malgré tout. L'eau s'élevait déjà dans la baie de San Francisco et finirait par couvrir toutes les centaines de kilomètres carrés de boue et de détritus qu'on y avait déversés depuis 1848. Portland, avec ses cent trente kilomètres et le plateau côtier qui le protégeait de la mer, n'était pas menacé par le soulèvement des eaux mais seulement par la pluie qui tombait.

(...)

La sous-alimentation, la surpopulation et l'insalubrité de l'environnement étaient la norme. Il y avait plus de cas de scorbut, de typhus et d'hépatite dans les vieilles villes, plus de bandes armées, de crimes et de meurtres dans les villes nouvelles. Les rats régnaient sur les unes et la Maffia sur les autres. George Orr restait à Portland parce qu'il y avait toujours vécu et parce qu'il n'avait aucune raison de croire qu'ailleurs la vie serait plus agréable, ou différente."

 

 

 

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