24 mai 2014
Demain...
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02 mai 2014
Lettre à Anne Demelenne
Chère Anne,
Ce n’est pas parce que tu sièges au bureau du PS qu’il faut essayer de nous faire avaler des couleuvres roses.
Ton parti est au cœur de toutes les coalitions gouvernementales depuis 1988. Chaque fois avec la droite, et souvent avec l’aile libérale de celle-ci.
Un fait connu de tous dans ce pays. Sauf peut-être de quelques distraits dans l’état-major de la FGTB ?
Certes, il y a de l’ironie dans ce point d’interrogation. Mais tu ne peux ignorer qu’il n’y a plus guère de dupes dans les rangs syndicaux quant à la nature des politiques impulsées par les différents gouvernements à participation « socialiste ».
Ce n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard si les syndicalistes sont fréquemment descendus dans la rue pour essayer de faire entendre leur voix. Et il n’est pas plus fortuit que de nombreuses grèves aient été organisées tout au long de ces années, y compris des grèves générales. Contre le « plan global », contre le « pacte des générations » et contre les choix austères de l’équipe dirigée par Elio Di Rupo.
Même la «concertation sociale», que tu privilégies, est en péril. A tel point que la FGTB a refusé de jouer le jeu d’un simulacre de négociation d’un accord interprofessionnel, il y a quelques mois… Blocage des salaires, oblige !
Il serait par conséquent « utile », un terme décidément à la mode de nos jours, que tu nous expliques quelques paradoxes.
Comment le mouvement syndical peut-il contester quotidiennement l’offensive ininterrompue de régression sociale et, au moment des élections, inviter à soutenir des formations qui mettent sans cesse en œuvre des «plans» d’austérité ?
Comment peut-on « passer au bleu » 22 milliards € d’ «économies» pour les deux dernières années, supportées pour l’essentiel par les travailleurs, avec ou sans emploi ?
Comment peut-on avoir milité contre la ratification du TSCG, qui coule les politiques autoritaires d’austérité dans un béton armé idéologique, et soutenir aujourd’hui celles et ceux qui ont approuvé ce funeste «Traité budgétaire européen» ?
Comment peut-on essayer de nous vendre l'alibi affirmant que « sans le PS, ce serait pire », alors que l’irréparable a déjà été commis à maintes reprises, en matière de privatisations, de gel des salaires, de manipulations de l’index, de remise en cause des prépensions, d’appauvrissement des chômeurs, de cadeaux fiscaux aux nantis, pour ne prendre que quelques exemples ?
Il est extrêmement difficile d’entrevoir la moindre cohérence dans ces prises de position qui semblent plutôt relever d’une regrettable schizophrénie politique.
Oui, l’adversaire est la droite, dans toutes ses composantes. Mais on ne combat pas celle-ci en s’associant en permanence avec elle !
La connivence affichée avec les représentants du capital, les pélérinages à Davos, la soumission à une construction anti-démocratique et anti-sociale de l’Union Européenne, la servilité devant les multinationales, ne peuvent rien apporter de positif à la gauche !
Et ne viens pas nous raconter que le PS est obligé de conclure des compromis. Dans deux villes importantes du Hainaut, Charleroi et Mons, dirigées par les ténors de ce parti, le PS a obtenu une majorité absolue de sièges lors des élections communales. Il avait donc les mains libres pour mener sa propre politique. Mais là aussi, il a choisi de s’associer avec des partenaires, et plus particulièrement avec un partenaire : le MR ! Démontrant ainsi que sa politique d’alliances n’est pas une politique subie mais une politique choisie…
Il est temps de tirer la conclusion de cet enlisement, loin des tentatives d’enfumage des discours du 1er mai et des promesses électorales habituelles : apporter son appui à des partis qui nous gouvernent depuis si longtemps revient à avaliser la poursuite, à l’avenir, des mêmes politiques nocives pour le monde du travail !
Et nous serons à nouveau contraints de nous mobiliser et de lutter contre de nouvelles mesures "austéritaires", destinées cette fois à aller chercher dans nos poches quelques 13 milliards € supplémentaires !
Les organisations syndicales ne peuvent se résigner à rester le dos au mur, et à réagir à contretemps.
Il est maintenant indispensable d’opter pour une démarche pro-active et, dans le cadre du prochain triple scrutin, de cesser de dénigrer les partis de la «gauche de gauche» qui ne se compromettent pas, jour après jour, avec le CDH ou le MR, qui ne relaient pas les ukases de la Commission européenne, qui défendent clairement des alternatives en phase avec les propositions des syndicats.
Chère Anne,
Tu appelles à ne pas voter pour le PTB-GO et les "petits" partis, au nom du «rassemblement à gauche», alors que c’est le PS, sa connivence avec les forces conservatrices, ses pratiques politiciennes, son absence de principes, sa priorité à la collaboration de classe, qui divise profondément les mouvements sociaux en général, et le mouvement syndical en particulier !
Tu es évidemment libre de tes choix. Mais il serait abusif de mettre à profit un poste de secrétaire générale de la FGTB pour vouloir les imposer à l’ensemble des affiliés et des militants.
Il est, à cet égard, heureux que ceux-ci soient de moins en moins enclins à exécuter des consignes d’appareil qui vont à l’encontre de leurs aspirations et de leurs intérêts collectifs.
Puisse le 25 Mai être un début de rupture avec la culture du renoncement et le premier signal d’un véritable changement d’orientation politique.
Cordialement,
Alain Van Praet
16:55 Publié dans Politique | Lien permanent | Facebook | |
21 avril 2014
Intrigues sous l'Atomium
L’Exposition Universelle de 1958, à Bruxelles.
J’avais deux ans et il paraît que je l’ai visitée avec mes parents. Je n’en ai gardé aucun souvenir, même pas celui de l’Atomium, ce monument pittoresque construit pour la circonstance !
Jonathan Coe non plus, lui qui n’était pas encore né à l’époque. Mais il s’est abondamment documenté pour écrire son plus récent roman, Expo 58, et c’est une belle réussite.
Le livre nous permet de suivre les tribulations dans la capitale belge de Thomas Foley, un jeune anglais, un peu naïf, ressemblant à Humphrey Bogart, à moins que ce ne soit à Dirk Bogarde.
Notre héros (malgré lui) travaille pour le Bureau Central d’Information de son pays, situé à… Baker Street à Londres (mais pas au 221B). Il a pour mission de superviser le bon fonctionnement du Britannia, un pub situé au cœur du "pavillon" de la Grande Bretagne.
Naturellement, les six mois de séjour prévus à Bruxelles, loin de sa femme et de sa fille née récemment, ne seront pas de tout repos.
La guerre froide bat son plein et les beaux discours sur l’amitié des peuples sont parfois loin de la réalité plus conflictuelle.
Vient de surcroît se greffer sur une intrigue d’espionnage, une intrigue amoureuse qui rendra la situation un peu plus complexe encore.
Tout est souvent drôle dans ce pastiche des romans d’un Ian Flemming ou d’un John Le Carré.
Mais derrière l’humour, se développe une réflexion sur le temps qui passe de manière irréversible, sur les occasions à saisir quand elles se présentent car elles ne se représentent plus ensuite, sur les carrefours de l’existence, et sur un monde de leurres qui peut cacher son inquiétante part d’ombre.
L’intrigue se lit avec plaisir d’un bout à l’autre. Elle ne manque d’ailleurs pas de personnages inattendus, tels les deux agents britanniques qui font penser aux Dupont-Dupondt, même si ces lascars sont beaucoup plus machiavéliques.
Je le recommande, en dépit d'une "réserve" : l’épilogue me semble un tantinet trop « moralisateur »...
En tout état de cause, une très bonne lecture pour les vacances d’été qui approchent.
@
Jonathan Coe, EXPO 58, Gallimard, 2014, 22€
21:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Facebook | |
05 avril 2014
Le bonneteau électoraliste
Il ne fallait pas être un grand devin pour anticiper la tonalité (verbale) de la campagne électorale du PS : demi-tour, à gauche !
Haro, donc, sur l’austérité. Haro, donc, sur les mesures frappant les plus faibles, comme les chômeurs. Haro, donc, sur la droite, MR et NVA en tête, vecteurs d’un futur « bain de sang social ».
Et revoilà l’impôt sur la fortune, la lutte « résolue » contre la fraude fiscale, ou la suppression des intérêts notionnels, le tube de ce printemps !
Et revoilà les mandataires du PS dans la rue, solidaires des manifestations populaires.
Elio Di Rupo et Paul Magnette ne remettent pas à l’ordre du jour la Charte de Quaregnon -un peu de retenue, quand même !- , mais ils ressortent leurs armures et leurs boucliers (quelque peu ternis), prêts à défendre la veuve et l’orphelin, et décidés à pourfendre l’ennemi libéral.
Il importe que chacun(e) se rende compte, dans toutes les chaumières du Royaume, qu’ils sont les meilleurs champions du « progrès social ». Aucune hésitation, par conséquent : le 25 mai, il faut rallier leur panache !
Mais il n'est pas nécessaire d'être diplômé en "sciences po" pour comprendre, à quelques encablures du prochain méga-scrutin, qu’il s’agit d’un discours de circonstance, destiné à dresser un rideau de fumée devant un bilan gouvernemental socialement peu reluisant !
Cramponné depuis 26 ans au gouvernement, aux côtés de multiples partenaires de droite, le PS a beaucoup à faire oublier.
Ce qui n’est pas simple, tant la liste des mauvais coups portés aux salariés ou aux allocataires sociaux s’est allongée au fil du temps. Du « plan global » à l’exclusion programmée de 55.000 chômeurs, en passant par le « pacte des générations », diverses manipulations de l’index ou le blocage des salaires, le bilan est lourd, très lourd.
Les ténors du parti devront aller au charbon. A ne pas douter, au cours des 7 semaines à venir, ils vont sonner tant et plus le tocsin, reprendre le vieux refrain du « vote utile » au nom du « sans nous ce sera l’apocalypse », pour espérer convaincre une nouvelle fois bon nombre d’électeurs de leur faire confiance. Et par la même occasion, sauver leur tête…
Dans cette croisade, ce sera également un must de taper sur le PTB-Gauche d’ouverture, seule liste vraiment à gauche capable d’effectuer une percée sur le front électoral !
C’est dire si toutes les tentatives d’embrouillamini exigeront des clarifications concernant la politique réellement pratiquée, à tous les niveaux de pouvoir, par cette « gauche » de moins en moins sociale et de plus en plus libérale !
@
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23 mars 2014
Congrès en pagaille pour un scénario prévisible !
Dimanche 23 mars. Congrès du PS, du MR et d’ECOLO. Caméras omniprésentes, sourires radieux, grandes déclarations, petites phrases assassines.
C’est évident, il y a de l’élection dans l’air. Chacun veut marquer son territoire et démontrer qu’il défend un projet original, très différent de ses concurrents.
Fichtre, il faut que l’offre (traditionnelle) soit large et diversifiée, pour que les électeurs trouvent leur compte et ne s’égarent pas dans des « aventures ».
Sans aller trop loin cependant, car dès le 26 mai, oubliés les effets de manche, les postures dramatiques, les polémiques féroces. Oubliés, les programmes. Ils se retrouveront tous autour d’une table pour discuter, les uns avec les autres, les uns contre les autres. Les exclusives opportunément bannies de ce landernau politicien, tous les scenarii seront alors envisageables. Avec un seul objectif commun : des participations gouvernementales !
Le « miracle » de la « démocratie » s’opèrera. Ce qui paraissait incompatible la veille redeviendra miraculeusement négociable. Aux virils anathèmes de la campagne succèderont compromis et compromissions. Aux rictus dédaigneux de la bataille électorale succèderont les franches poignées de main et les tendres embrassades.
Car chacun sait où se trouve son intérêt. En ces temps tourmentés, pas question de cracher dans la soupe, pas question de faire l’impasse sur les postes et cabinets ministériels qui apportent du beurre pour les épinards et rapportent des sous dans les caisses. Et puis, il y a des carrières politiques à construire ou à pérenniser.
Ce qui, finalement, n’est guère ardu : il suffit de respecter les règles de l’establishment, et de bien servir les intérêts du capital pour être bien récompensé…
Oui, mais la crise globale du capitalisme réellement existant, la population qui souffre, les travailleurs qui perdent leur emploi, les chômeurs qui doivent vivre avec une allocation de misère (lorsqu’ils en ont encore une !), les malades qui ont des difficultés pour se soigner, les immigrés confrontés au racisme quotidien, les femmes toujours traitées comme des citoyennes de seconde zone, la planète en détresse, bref tout ce qui devrait être considéré comme les véritables enjeux du moment ?
Il faudra se contenter ici des réponses coutumières : « il faut être réaliste, l’époque est dure, les finances publiques ne sont guère florissantes, les charges de la dette doivent être remboursées jusqu'au dernier centime, il n’est pas tolérable de vivre au dessus de ses moyens » ! Vous comprendrez donc, Chèr(e) Ami(e), que dans ces conditions, une politique de Saint Nicolas n’est pas envisageable !
Naturellement, tous les cadeaux étant réservés aux dominants et aux nantis, les seuls besoins considérés comme prioritaires étant ceux de la bourgeoisie, il ne reste même pas la poussière des cacahuètes pour les travailleurs et les allocataires sociaux. Afin que « ceux d’en haut » prennent tout, il faut que « ceux d’en bas » cèdent tout, jour après jour, mois après mois, année après année.
Ils ne peuvent pleinement satisfaire le 1% qui trône au sommet de la pyramide des richesses, et protéger dans le même temps les autres 99 % ! Il faut choisir et ce choix coule de source…
C’est immuable, c’est le capitalisme, c’est la démocratie… de marché !
TINA. There is no alternative, il n’y a pas d’alternative, comme le vociférait Miss Maggie (Thatcher). Formule reprise en chœur et en boucle par les médias, les mercenaires de la pensée et les faiseurs d’opinion.
Il n’y a pourtant pas de fatalité. Notre destin n’est pas gravé dans le marbre des puissances financières. Nous avons la capacité de glisser quelques grains de sable dans cette machinerie bien huilée.
A commencer par la poursuite -et l’amplification- des mobilisations et des luttes multiformes contre ces politiques austéritaires rituelles, parfaitement en phase avec les recommandations de la Commission européenne.
Ensuite, par la construction d’une alternative anticapitaliste large, regroupant toutes les composantes de la « gauche de la gauche », selon les propositions de la FGTB de Charleroi, par exemple !
Mais dans l’immédiat, ne boudons pas le méga scrutin à venir. L’abstention est contre-productive. Il est indispensable d’utiliser les urnes pour élire des femmes et des hommes 100 % à gauche, qui relaieront les combats et défendront les aspirations du terrain, qui pourront servir de tremplin pour renforcer d’autres choix et d’autres orientations que ceux déterminés unilatéralement par les traités (ultra-libéraux) européens !
Une liste de gauche unitaire autour du PTB, avec la LCR et le PC, avec des personnalités et des militants associatifs, avec des acteurs des mouvements sociaux et du mouvement syndical, est d’ores et déjà en état de marche.
Le 25 mai, le vote
sera le meilleur investissement pour un avenir alternatif, où transformation de la société et changement de la vie pour le plus grand nombre iront de pair…
@
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22 mars 2014
Renouvellement
A deux mois des élections, Belgique morne campagne (électorale) !
La presse -qu’il est désormais inopportun de qualifier de grande- disserte longuement sur le dos nu d’un premier ministre, le travestissement en panda d’un président de parti, l’intégration de candidat(e)s people sur diverses listes, la multiplication de « réformes fiscales » annoncées -avec tambours et trompettes- par des « responsables » débordant d’auto-satisfaction, la météo diantrement clémente de cet hiver, les Diables rouges et (leur barde) Stromae, les aventures de la famille royale, ou les amours contrariés de tel grand et de telle importante de ce monde.
Mais rien, ou presque, concernant la pauvreté croissante, les inégalités criantes, la détresse des sans-emploi, les restructurations ininterrompues des entreprises, le malaise ambiant…
Il est vrai que parler sérieusement de ces problèmes obligerait à parler de leurs causes, à commencer par les politiques concrètes menées par les différents gouvernements !
Or, les partis, qui composent les coalitions gouvernementales, au « fédéral » et dans les « entités fédérées », n’apprécient guère que l’on s’éternise sur des bilans de leurs méfaits, à quelques semaines d’une importante échéance électorale. Ils préfèrent jouer la carte de la diversion, se réfugier dans la politique spectacle, monopoliser l’attention moyennant quelques promesses spectaculaires.
La dégradation des services publics ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Le blocage des salaires ? Circulez, il n’y a rien à voir !
L’index malmené ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Les chômeurs traqués ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Les jeunes harcelés ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Les demandeurs d’asile persécutés ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Les cadeaux fiscaux offerts aux puissants ? Circulez, il n’y a rien à voir !
La soumission aux diktats « austéritaires » de l’UE ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Aujourd’hui, les fariboles ne sont plus de mise : voter pour les mêmes partis demain, c’est voter pour les mêmes politiques après-demain ! Avec la certitude de nous retrouver, dans 5 ans, face à une situation encore plus dégradée sur les plans social et humain !
Le 25 mai, il faudra dès lors choisir : conforter les petits jeux de chaises musicales entre partis installés, ou s’engager dans la voie d’un renouvellement politique ; se complaire dans les impasses actuelles ou changer de cap !
L’arrivée dans les assemblées parlementaires de députés de la « gauche de gauche » constituerait une bouffée d’oxygène salutaire.
La liste PTB-GO incarne concrètement cet espoir d’un premier changement.
Il serait impardonnable de ne pas en tenir compte…
@
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18 mars 2014
La lutte des classes au féminin
Le capitalisme broie les êtres humains, mais toutes et tous ne subissent pas l’exploitation et l’aliénation quotidiennes de manière passive ! C’est le propre des héroïnes/héros -c’est vraiment le mot – de Gérard Mordillat. Elles et ils, surtout elles, se révoltent et se battent avec les moyens du bord, souvent jusqu’au bout.
Xenia se situe dans la même veine que la trilogie « Les vivants et les morts/Notre part des ténèbres/Rouge dans la brume ».
Pour autant Mordillat se contente-il de faire du Mordillat ? Non, car chaque personnage de ses récits a son propre vécu, sa propre personnalité, sa propre trajectoire, son propre destin.
Ainsi, au fil de ses livres, nous découvrons une palette de plus en plus large de la classe ouvrière de notre époque, cette classe que d’aucuns ont un peu rapidement promis à la disparition.
Ici, Xenia (« l’étrangère », en grec !), est une jeune femme de 23 ans, abandonnée par son compagnon et mère d’un petit garçon ; elle galère comme« technicienne de surface » et survit dans une cité. A ses côtés, sa voisine et meilleure amie, Blandine, caissière dans un hypermarché. Toutes deux doivent bosser selon des horaires hyper-flexibles pour un salaire dérisoire. Et tout est mis en œuvre par leur employeurs respectifs pour accentuer toujours plus la pression selon le principe patronal : travailler plus pour gagner moins ! Autour de ces deux femmes qui oscillent entre désespoir et hargne, une galerie de personnages poignants, pour la plupart des prolétaires
Il y a de l’action (sociale) - car Xénia et Blandine se retrouveront successivement sans travail !- mais aussi des sentiments et de l’amour, comme toujours chez l’ami Mordillat, qui n’a jamais caché sa tendresse pour les femmes.
Les 370 pages se lisent d’une traite, tant la lutte de ces damnés de la terre contre les contraintes du système, le combat de ces victimes du capitalisme contre leurs bourreaux ordinaires, est prenante.
De la bonne littérature, même si la fin du roman est quelque peu expéditive, et même si l’on ne retrouve pas tout-à-fait le souffle épique des « Vivants et les morts » ou de « Notre part des ténèbres ».
@
Gérard Mordillat, Xénia, Calmann-Lévy, 18,5 €
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19 février 2014
Le Parti socialiste n'affaiblit pas seulement la gauche, il la discrédite !
Au cours des 40 années dernières années, caractérisées par l’entrée du capitalisme dans une longue phase dépressive, le PS a participé -au niveau fédéral- à 18 gouvernements (sur 24 !), tous de coalition avec divers partis de droite ! Et il est maintenant au pouvoir -de manière ininterrompue- depuis le 9 mai 1988 (gouvernement Martens VIII), soit près de 26 ans !
Durant cette période, les 11 coalitions gouvernementales, qui se sont succédées, ont accumulé un nombre impressionnant de contre-réformes destinées à démanteler bon nombre d’acquis et de conquis du mouvement ouvrier.
Plan global, manipulation du système d’indexation des salaires (« Index-santé »), loi sur la compétitivité de 1996 (visant à établir une norme salariale préventive), Pacte des générations, privatisations, blocage des salaires, chasse aux chômeurs, expulsions massives de réfugiés, ratification des traités libéraux européens… Rien que du lourd, du très lourd !
Avec à la clé un bilan (anti-)social (et anti-humain) édifiant : aujourd’hui, le chômage de masse -tumeur capitaliste incrustée depuis des décennies- n’a pas été éradiqué, les inégalités n’ont jamais été aussi grandes, la pauvreté frappe officiellement plus de 15 % de la population, les exclusions de toute nature prolifèrent, l’état de notre environnement est dramatique…
Dans le même temps, la Belgique est devenue un paradis fiscal pour les riches, les grandes entreprises ne paient pratiquement aucun impôt, la fuite des capitaux et le fraude fiscale atteignent des records, les intérêts notionnels sont applaudis par le capital international dans les travées de Davos…
Tout ceci n’empêche évidemment pas le PS de vitupérer toutes celles et tous ceux qui le critiquent, au nom du progrès social et de la défense des plus belles conquêtes des générations précédentes, qui ont tant lutté pour gagner un peu de bien-être pour le plus grand nombre !
Il est temps de voir la réalité en face : le PS n’affaiblit pas seulement la gauche, il la discrédite !
Pour redonner du tonus à celle-ci, un renouvellement est urgent. Le soutien à la liste PTB-GO, et l’élection de députés dans les assemblées parlementaires, constitueraient un premier pas dans la bonne direction.
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