IMAGINAIRE(S) [28]

 

"Un avenir immense s’ouvrait devant les créatures ; l’homme pressentait à peine les lointains descendants qui trembleraient en attendant la fin du monde.  Imagina-t-il jamais que l’agonie durerait plus de cent millénaires ?"

 

[J.-H. Rosny aîné, La mort de la Terre, 1910]

IMAGINAIRE(S) [27]

 

" − Mais enfin, en supposant que toutes les difficultés soient résolues, tous les obstacles aplanis, en réunissant toutes les chances en votre faveur, en admettant que vous arriviez sain et sauf sur la Lune, comment reviendrez-vous ?

   − Je ne reviendrai pas !"

 

[Jules Verne, De la Terre à la Lune, 1865]

IMAGINAIRE(S) [26]

 

"Il n’y avait rien d’autre, dans l’obscurité absolue de la chambre, que la respiration des trois hommes, et dehors, de l’autre côté des murs surchauffés, une planète morte. On l’avait tuée en plein printemps, les bourgeons à peine formés, les lapereaux à peine nés dans les terriers. Plus un animal. Plus un oiseau. Plus un insecte. La terre brûlée. Les maisons en cendres. Ça et là, des pieux déchiquetés et noircis qui avaient été des arbres. Et au milieu de tout cela, une poignée d’hommes. Gardés en vie, peut-être, comme cobayes-témoins dans une expérience ? C’était dérisoire. Au beau milieu de ce charnier, quelques poumons qui pompaient l’air. Des cœurs qui pompaient le sang. Des cerveaux d’hommes actifs. Actifs pour quoi ?"

 

[Robert Merle, Malevil, 1972]

IMAGINAIRE(S) [25]

 

"Un être humain est une structure physico-chimique dont la conscience d’exister provient d’un système nerveux complexe. Après la mort, le corps se désintègre ; la personnalité survit en un certain nombre d’impulsions-souvenirs déformées dans le système nerveux des autres. A mesure que les années passent, ces souvenirs s’affaiblissent."

 

[Alfred Elton Van Vogt, Le monde des Ā, 1945]

IMAGINAIRE(S) [24]

 

"C’était le temps et non plus l’homme qui effaçait maintenant la croisée des chemins."

 

[Walter Michael Miller, Un cantique pour Leibowitz, 1960]

IMAGINAIRE(S) [23]

 

"Il marchait sans se presser, se sentant comme isolé dans une membrane, à l’intérieur de laquelle il baignait dans un état d’engourdissement, tout en s’éloignant de la cabine en direction de son bureau. Comme si rien ne s’était passé.

Et c’était la vérité dans toute son amertume : rien ne s’était passé. Absolument rien."

 

[Philip Kindred Dick, La vérité avant-dernière, 1964]

IMAGINAIRE(S) [22]

 

"Mais les salamandres ne nous demandent rien ; elles se contentent d’augmenter leur rendement et leurs commandes ; aujourd’hui, il nous faut enfin nous demander jusqu’où elles iront. Autrefois on parlait du péril jaune, noir ou rouge. Mais si au moins il s’agissait d’hommes ! Quand il s’agit d’hommes, nous pouvons au moins nous imaginer ce qu’ils peuvent bien vouloir. Mais si nous n’avons pas la moindre idée du péril contre lequel l’humanité aura à se défendre et de la manière de l’affronter, il faut au moins qu’une chose soit claire : si les salamandres attaquent, il faut que l’humanité se rassemble dans le même camp."

 

[Karel Čapek, La guerre des salamandres, 1936]

 

IMAGINAIRE(S) [21]

 

"Le cercle est la forme la plus solide de l’univers. Rien ne peut le défaire, rien ne peut l’égaler, rien ne peut être plus parfait. Et c’est ce que nous voulons : être parfaits. Toute information qui nous échappe, tout ce qui est inaccessible nous empêche de l’être."

 

[Dave Eggers, Le Cercle, 2013]