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27 janvier 2021

LA COMMUNE DE PARIS - 1871 [VI]

 

PARUTIONS NOUVELLES

 

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SOMMAIRE

Entretien - Jean-Luc Mélenchon :  ‘’Idéologiquement, je suis un enfant de la Commune’’

Hier

Des ors de Saint-Cloud au pavé de Montmartre : les origines de la Commune par Maxime Jourdan

L’épreuve de la démocratie par Pierre-Henri Zaidman

Une rupture avec le « vieux monde » par Laure Godineau

Une Commune plus patriote qu’internationaliste par Philippe Darriulat

À belle et bonne école par Jean-Louis Robert

1871, une insurrection de tout un pays ? par Marc César

Aux armes, les citoyennes ! par Michèle Audin

Universelle et cosmopolite, la Commune ? par Sylvie Aprile

Un printemps d’enfer par Christophe Kantcheff

Portfolio

Raphaël Meyssan : Belleville, un quartier gravé dans la mémoire par Olivier Doubre

Aujourd’hui

À chacun ses usages de la Commune par Éric Fournier

Des barricades qui font le tour du monde par Quentin Deluermoz

Du joli Mai aux gilets jaunes par Ludivine Bantigny

Les pétroleuses des XXe et XXIe siècles par Mathilde Larrère

Qu’as-tu appris à l’école ? Sur la Commune, pas grand-chose par Laurence De Cock

L’insurrection à l’écran par Jérôme Provençal

Une mémoire à défendre par Olivier Doubre

 

 

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Sortie en mars 2021


1871-2021, la Commune a 150 ans. Un siècle et demi ! Deux écueils possibles : la commémoration acritique, à grand renfort d’images sacrées, de récits hagiographiques (souvent préconçus) ; l’ignorance d’un pan d’histoire ouvrière inconnue car vieille, combattue par l'ordre, mal ou non enseignée, masculinisée… Dans les deux cas, ce serait ne pas servir nos réflexions et actions d’aujourd’hui, et de demain, pour l’émancipation sociale.

Roger Martelli, coprésident des Amis et amies de la Commune de Paris (1871) nous invite à croiser les regards sur ces 72 jours, leurs significations, conséquences et enseignements. Finalement, ‘’tout dépendra d’abord de ce que ses héritiers et héritières voudront faire de l’événement Commune de Paris’’ ! 

Dans une conversation à quatre voix, Ludivine Bantigny, Maryse Dumas, Christian Mahieux et Pierre Zarka explorent ce qui, depuis 1871 tisse ce fil rouge : Communs, Commune, se fédérer, autogestion, révolution.

Que fut l’œuvre de la Commune ? Gérard Coste retrace l’importance des services publics. Anouk Colombani réhabilite les femmes au travail, puis laboure les étranges résonances entre les débats sur le travail des ouvriers-boulangers et nos débats contemporains sur la démocratie du travail. Jean-François Dupeyron met en lumière les apports des Communard·es dans le domaine de l’éducation. Georges Ribeill nous raconte le chemin de fer et les cheminots de 1871. Christian Mahieux exhume le caractère novateur des décisions prises en matière de laïcité.

Assiégée par l’armée prussienne, affamée et attaquée par la bourgeoisie versaillaise, la Commune n’a pas bénéficié d’un contexte favorable aux expériences sociales. C’est peu de le dire ! Cela ne l’empêcha pas de prendre des mesures qu’aucune institution républicaine n’a renouvelé depuis 150 ans ; ainsi des décrets permettant la réquisition d’entreprises que présente Christian Mahieux. Il nous rappelle aussi que la Commune n’échappe pas à son temps : la lutte contre le colonialisme ne fait pas partie des préoccupations. Entre membres de la Commune, débats et divergences ont existé : quels enjeux autour de la définition d’une minorité et d’une majorité ?

Patrick Le Tréhondat nous explique la démocratie en armes, autre innovation communarde que la bourgeoisie s’empressa de faire disparaitre pour laisser la place à ‘’la grande muette’’.  

La Commune, comme tous les mouvements collectifs, ce sont des femmes et des hommes qui s’associent librement, pour lutter, revendiquer, rêver, construire … ‘’Parmi les insurgé·es, se trouvaient des femmes qui sont invisibilisées’’. Avec Elisabeth Claude, sortons-les de l’ombre et faisons connaissance ! Christian Mahieux nous propose de découvrir un homme et une femme de la Commune : Eugène Varlin et Léodile Bera, dite André Léo.

Malgré les circonstances tragiques, les arts furent aussi au cœur des préoccupations révolutionnaires. Somme toute logique que ce soit au travers de ceux-ci  que se joue également une guerre d’interprétation de la Commune mais aussi les possibilités de sa perpétuation…

Un CD accompagne ce numéro. Il mêle des voix militantes d'aujourd'hui, pour la Commune. En italien, en français, en occitan, a capella ou instrumental, enregistré à distance ou ensemble, pris en manif, chanteurs des soirées militantes ou chanteuses professionnelles, chanter la Commune c'est aussi continuer à la faire. 

A partir des chansons de la Commune, Mymytchell entend ‘’questionner le lien inestimable entre l’expérience politique et le fait de chanter’’. Tandis qu’Anouk Colombani nous livre une interview d’une communarde contemporaine, Dominique Grange. Gérard Gourguechon montre le lien qui unit les ‘’écrivains contre la Commune’’ aux éditorialistes en croisade contre nos grèves : la haine et le mépris de classe.

Barbara Issaly montre la place de la Commune dans la Bande dessinée.

On prête parfois à la Commune des décisions, des pratiques, voire mêmes des intentions qu’elle n’a pas eues. C’est l’objet d’une des rubriques du blog de Michèle Audin, qui nous confie que la Commune n’a pas brulé la guillotine. 

La Commune: de Paris ? Oui, mais pas seulement. Bernard Régaudiat analyse celles de Marseille en 1870 et 1874, Matthieu Rabbe raconte Lyon, les camarades de la revue Solidaritat nous décrivent Nîmes, et Christian Mahieux évoque Saint-Étienne, Narbonne, Toulouse, Grenoble, Le Creusot, et Limoges ; et aussi Montereau ou Brest.

L’internationale sera le genre humain… Les militant·es de la Fundación Salvador Segui expliquent le retentissement de la Commune en Espagne. Nara Cladera nous fait découvrir les communards en Uruguay. Cybèle David nous parle de l’autonomie zapatiste et Richard Neuville de la Commune d’Oxaca, au Mexique.

Quelques repères sont nécessaires, pour mieux appréhender tout ceci. C’est ce que nous proposent Philippe Barrre et Alice Rodrigues, avec deux chronologies : de 1789 à 1871, en passant par 1792, 1830 et 1848 ; de la Commune proprement dite.  

Renvois vers le dictionnaire biographique Maitron et plusieurs sites internet consacrés à la Commune, ainsi qu’un court lexique complètent cet ouvrage.  

Enfin, Charles Jacquier revient sur les 100 ans d’une autre Commune, celle de Cronstadt (URSS). Les dessins originaux de Tardi et d’Hélène Maurel, ainsi que deux textes de Jacques Prévert sont également au menu de ce numéro. Une fois de plus, Serge D’Ignazio nous a généreusement offert plusieurs de ses photos. Merci aussi à Jihel.

16 janvier 2021

LA COMMUNE DE PARIS - 1871 [V]

LITTERATURE/COMMUNE

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14 janvier 2021

LA COMMUNE DE PARIS - 1871 [IV]

 

PARUS RÉCEMMENT

OU

A PARAÎTRE PROCHAINEMENT

 

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La Commune de Paris fête son 150e anniversaire en 2021. Sa pensée éducative et son action effective en matière scolaire sont encore très peu connues car le modèle dominant de l'histoire scolaire française les oublie systématiquement.

Pourtant, la première laïcisation des écoles publiques fut l'oeuvre de la République de Paris dès le 2 avril 1871. De même, celle-ci, dans les conditions extrêmement difficiles que lui imposa le second siège de Paris, entama la construction d'une école inspirée par la pensée pédagogique des divers socialismes du XIXe siècle.

La notion d'éducation intégrale fut au coeur de cette approche d'une éducation nouvelle, qui voulait "qu'un manieur d'outil puisse écrire un livre, l'écrire avec passion, avec talent, sans pour cela se croire obligé d'abandonner l'étau ou l'établi".

Cet ouvrage se consacre à l'étude de l'oeuvre scolaire de la Commune de 1871 et propose de réhabiliter une histoire pédagogique presque totalement méconnue : celle qui va des projets pédagogiques ouvriers dès les années 1830 au projet syndical d'école rouge de la jeune CGT avant le premier conflit mondial, en passant par l'école nouvelle élaborée par la Commune.

C'est donc la conception et l'histoire d'une autre école qui nous sont présentées ici : ni l'école étatique des "républicains d'ordre", ni l'école confessionnelle des congrégations religieuses, mais une école émancipée construite par et pour le peuple.

 

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Devenue un mythe mondial au XXe siècle, la Commune de 1871 est en réalité mal connue.

Le 18 mars et la Semaine sanglante sont des points de repère parisiens, marqueurs mémoriels qui cachent en partie sa grande complexité comme sa dimension nationale ou transnationale. Fertile en initiatives de tous types, elle constitue a posteriori un extraordinaire et fascinant laboratoire du politique.

Expérience démocratique originale, affirmation républicaine, forme de fédéralisme à la française, tentative d’émancipation sociale, utopie, référence insurrectionnelle ou révolutionnaire, elle est tout cela à la fois et davantage encore. De fortes reconstructions historiques, sociales ou politiques ont renforcé sa polysémie.

C’est à une relecture collective qu’invitent ici les plus grands spécialistes et de jeunes chercheurs. Quel fut le quotidien de 1871, localement ? Que se joua-t-il sur l’ensemble du territoire, marqué par une grande diversité des espaces et des lieux ? Quelles furent les réceptions à l’échelle internationale ? Les trente-cinq textes de cet ouvrage accordent aussi une large place à l’après-Commune, à l’exil et à la déportation, aux influences et aux commémorations, ainsi qu’aux aspirations du premier XIXe siècle. Enfin, au plus près des individus, des auteurs retracent des parcours de vie de contemporains connus ou anonymes, acteurs ou non du mouvement.

Qu’est-ce que la Commune ? Ce livre, riche en images et documents, propose des pistes novatrices et rouvre le débat. Il montre la dimension capitale de l’expérience communaliste pour décrypter le XIXe siècle et pour nourrir nos questionnements les plus contemporains.

Textes de :


Inès Ben Slama, Filippo Benfante, Olivier Berger, Marc César, Iain Chadwick, Philippe Darriulat, Quentin Deluermoz, Benoît Doessant, Jean-Numa Ducange, Carolyn J. Eichner, Fabrice Erre, Jérémie Foa, Éric Fournier, Jacques Frayssenge, Gilbert Gaudin, Jacques Girault, Anthony Glinoer, Laure Godineau, Odile Krakovitch, Gauthier Langlois, Claude Latta, Laurent Le Gall, Masaï Mejiaz, John Merriman, Daniel Mollenhauer, Burak Onaran, Guillaume Parisot, Rémy Pech, Jérôme Quaretti, Michèle Riot-Sarcey, Jean-Louis Robert, Jacques Rougerie, Gonzalo J. Sánchez, Jr., Antoine Schwartz, Robert Tombs, Danièle Voldman, Jonathan Vouters, Deborah Xuereb

Première édition en décembre 2019
Deuxième édition augmentée d'un index en novembre 2020

 

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Un livre sous une forme particulière : des lettres écrites aux hommes et aux femmes de la Commune comme s’ils & elles étaient encore en vie !

 

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1871 – 2021, il y a 150 ans la Commune ! 

Il n’était pas possible aux Éditions du Caïman, de passer à côté de la Commune dans la collection Noires Nouvelles dont la ligne éditoriale est de commémorer des événements ou des périodes historiques revisitées dans la plus pure tradition du polar : celle de la critique sociale, de la face cachée de l’Histoire, du questionnement politique. 

Vive la Commune ! Vive cette période insurrectionnelle à Paris, Marseille, Toulouse, Saint-֤Étienne…, vive cet instant politique fulgurant qui marque à tout jamais l’histoire de France et demeure une référence pour tous les révolutionnaires, humanistes de la planète ! 

Cette belle et tragique Commune, dont l'esprit souffle depuis 1871, se rappelle aujourd'hui à nous, au moment où le Peuple a plus que jamais intérêt à faire front dans les luttes sociales. 

Vive la Commune ! est le cri de ralliement d’autrices et auteurs, dessinateurs et dessinatrices qui vous offrent ce livre où vous côtoierez des personnalités majeures comme Louise Michel, Élisée Reclus, Gustave Courbet, Maxime Lisbonne, Gaston Crémieux, des héros, des Versaillais et des personnages atypiques comme le caricaturiste Pilotell ou le photographe Bruno Braquehais… mais aussi — et surtout ! — des communardes. 

Et puis des réflexions sur la Commune aujourd’hui, son souvenir, son rôle, son avenir… 

À travers plus de cinquante textes et dessins voici un livre salutaire pour clamer haut et fort que, non, décidément, la Commune n’est pas morte !

 

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150 ans après sa fin tragique, la Commune de Paris demeure paradoxalement mondialement connue et largement méconnue à la fois.

En cause les débats, enjeux de mémoire et relectures ultérieures qui en ont été faites et ont nourris les mythes et fantasmes qui l'entourent. Mais que fut, en réalité, la Commune de Paris ? Quels enjeux a-t-elle soulevé, et quelles controverses en entourent la mémoire ? Quels lieux emblématiques de la capitale a-t-elle marqué de son empreinte? Enfin, et surtout, qui étaient celles et ceux qui y ont pris part? Que furent leur vie, leurs engagements ?

A l'occasion du cent-cinquantième anniversaire de cet événement emblématique, un collectif d'une trentaine de chercheurs et chercheuses a rassemblé pour la première fois, en un seul et même volume, l'ensemble des connaissances cumulées à son sujet, embrassant une grande variété de contenus (biographies, synthèses thématiques, présentations de lieux, retour sur des questions controversées).

Très richement illustré, il constitue une entrée sans équivalent dans cette page méconnue de l'histoire sociale française et internationale.

 

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Un dossier de 13 pages sur la Commune de Paris dans le numéro de janvier 2021 d‘“Alternative libertaire”, mensuel de l'Union communiste libertaire. 

" (...) Le dossier que propose Alternative libertaire cherche à déchiffrer un moment clé de l’histoire des mouvements populaires d’émancipation. Il est bien sûr un hommage aux femmes et aux hommes dont l’espoir fut si grand qu’il nous inspire encore aujourd’hui. Mais mémoire et lucidité doivent aller de pair, et nous avons cherché à éviter autant la mythification que la condescendance. Quelles étaient les contradictions internes, les dynamiques, les limites ? Quelles leçons pour nous aujourd’hui, quels écueils éviter ?

Tout en refusant d’annexer la Commune de 1871 à l’histoire du mouvement anarchiste – qui ne naîtra qu’une décennie plus tard – nous nous sommes efforcé·es de l’analyser d’un point de vue libertaire. Jusqu’à quel point y eut-il une poussée du pouvoir populaire ? Y eut-il tentation de remettre en question la propriété privée des moyens de production et d’échange ? Pourquoi le "peuple en armes" fut-il ainsi terrassé par l’armée régulière ? Dans quelle mesure la hiérarchie hommes-femmes fut-elle altérée ? Quels étaient les principes éducatifs et démocratique en gésine ? (..)" (Présentation du Dossier par ses auteurs)

 

SOMMAIRE

Crise prérévolutionnaire

-Les rouges prémices de la Commune.
-Les tendances politiques qui vont animer la révolution.
-L’AIT parisienne en ordre dispersé.
 

Chronologie commentée

-18 mars-28 mai : de la révolte montante à l’ultime barricade. 

Mémoire politique

-Quand les libertaires prenaient leurs distances
-Pour l’anarchiste Jean Grave, "La Commune légiférait, mais agissait peu".
-Gustave Lefrançais (1826-1901), entre communalisme et anarchisme.
-La postérité internationale de l’idée de "commune".
 

Pouvoir populaire

-Commune, comités de quartiers, une dialectique inaboutie.
-Mesures sociales : pas de révolution sans attenter à la propriété privée.

Aspects éducatifs

-L’alliance des mains et des cerveaux. 

Aspects féministes

-Serge Kibal (historien) : "Un début de reconnaissance des femmes comme individus libres". 

Aspects militaires

-Pourquoi et comment les fédérés furent écrasés ?
-La garde nationale : une force politico-militaire autonome.
-Lyon, Marseille... tentatives avortées.
 

Bibliographie

Rougerie, Tombs, Thomas... le drapeau rouge à chaque page.

 

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Ce numéro fait découvrir les écrits des auteur(e)s reconnus (Daudet, Flaubert, Anatole France et même Sand et Zola) contre la Commune de Paris de 1871 et à l'opposé les écrits pour la Commune de Paris de 1871 des chansonniers, compositeur-poètes, les laissés pour compte de la culture officielle (Pottier, JB Clément, Bouvier, etc). Après cette lecture, vous ne lirez plus jamais un(e) auteur(e) de la même façon.

 

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Alix Payen avait vingt-neuf ans en 1871 ; elle serait restée anonyme sans ses lettres, qui sont tout ce que l’on connaît d’elle. Ces lettres figurent dans le recueil de onze volumes des Cahiers de la Quinzaine (dirigés par Charles Péguy), où son frère a réuni sur ses vieux jours les archives familiales sous le titre : "Une famille de républicains fouriéristes : les Milliet".  

La vie de cette famille qui, sur trois générations, couvre la moitié du XIXe siècle, de la monarchie de Juillet à la troisième République, constitue une source inestimable d’information — notamment sur l’idéologie républicaine d’une fraction de cette bourgeoisie qu’on a baptisée "quarante-huitarde". 

Le père dut s’exiler en Suisse après le coup d’Etat du 2 décembre 1851. Des trois enfants Milliet, le cadet, Paul — le narrateur — devait faire une carrière dans les beaux-arts ; l’aîné, Fernand, engagé à dix-sept ans dans l’armée de Garibaldi, devait servir dans l’armée française comme sergent en Algérie et au Mexique — ce qui ouvre une documentation de première main sur la réalité quotidienne des expéditions coloniales vécue par des exécutants sans illusions. La troisième, Alix, mariée à un commerçant parisien, employé bijoutier qui avait voulu se mettre à son compte, s’est retrouvée, comme son frère et son mari, engagée naturellement aux côtés de la garde nationale, sous le siège de Paris, puis sous la Commune en 1871. Elle fait donc partie de ces femmes que la réaction versaillaise baptisa "pétroleuses" et dont Alexandre Dumas fils écrivait : "Nous ne dirons rien de ces femelles, par respect pour les femmes, à qui elles ressemblent quand elles sont mortes…"

 

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Pour une remise à jour des connaissances de base…

 

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Librairie La Brèche, Paris

 

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13 janvier 2021

LA COMMUNE DE PARIS - 1871 [III]

REPERES CHRONOLOGIQUES

1870-1871

 

 

1870

 

12 janvier. Plusieurs dizaines de milliers de personnes assistent à l’enterrement du journaliste Victor Noir, assassiné quarante-huit heures plus tôt par Pierre Bonaparte. Ce dernier ne sera pas condamné pour cet acte. Parmi les cris des participants : "A bas Bonaparte", "Vive la République".

7 février. La police interrompt une réunion à Belleville et arrête les journalistes de La Marseillaise.

Mars. Intervention de la troupe lors de la grève du Creusot.

20 avril. Senat-consulte : modification constitutionnelle. Napoléon III tente de donner une couleur plus libérale au régime en renforçant le parlementarisme.

29 avril. Arrestation de membres de l’A.I.T au motif de l’organisation d’un complot pour assassiner l’Empereur.

Début mai. Courrier de J.-Ph. Becker au secrétaire de l’Internationale : "Pourtant je ne suis pas sans de grandes inquiétudes et je tiens la révolution pour très prématurée. Dans quelques années sa victoire aurait été assurée".

8 mai. Victoire de Napoléon III au plébiscite : plus de 7 millions de voix en faveur de la réforme contre 1,5 millions d’opposants.

Juin-juillet. Procès des dirigeants de l’Internationale en France, condamnés le 9 juillet.

12 juillet. Manifeste contre la guerre des sections parisiennes de l’Internationale.

15-16 juillet. Les journaux français publient "la Dépêche d’Ems". Renforcement du bellicisme et du chauvinisme. 

19 juillet. La France déclare la guerre à la Prusse.

23 juillet. Première Adresse du Conseil général aux membres de l’A.I.T, en Europe et aux Etats-Unis.

4 août. Défaite française à Wissembourg.

6 août. Manifestations parisiennes consécutives aux premières défaites militaires.

7 août. Etat de siège décrété à Paris.

8-13 août. Proclamation de Communes (éphémères) à Marseille puis à Lyon.

14 août. Echec d’une tentative blanquiste pour renverser le régime, dans le quartier de la Villette.

14-18 août. Encerclement de l’armée Bazaine à Metz.

1er septembre. Lettre de Marx à Sorge : "Le comportement lamentable de Paris durant la guerre qui continue, après les terribles défaites, à se laisser commander par les mamelouks de Louis Bonaparte et l’aventurière espagnole Eugénie, montre à quel point les Français ont besoin d’une leçon tragique pour se ressaisir".

2 septembre. Capitulation de l’armée de Mac Mahon à Sedan. Napoléon III fait prisonnier.

4 et 5 septembre. Proclamation de la République à Paris, Marseille, Lyon et d’autres grandes villes. Manifeste des délégués du Comité central des vingt arrondissements –issu des comités de vigilance–, qui réclame l’armement des Français. Constitution d’un "Gouvernement de défense nationale" présidé par Trochu.

6 septembre. Rétablissement de la fonction de maire à Paris, qui est exercée par Etienne Arago. La municipalité est nommée par le gouvernement.

9 septembre. Seconde Adresse du Conseil général de l’Internationale (A.I.T) sur la guerre franco-allemande.

15 septembre. Première "Affiche rouge", signée par les membres du Comité central des vingt arrondissements –Blanquistes, Républicains radicaux, internationaux–, revendiquant la guerre à outrance et la levée en masse dans les départements. Les négociations entre Jules Favre et Bismarck, à Ferrières, échouent.

18 septembre. Création à Marseille de la Ligue du Midi par les délégués de départements du Sud-Est.

19 septembre. Début du siège de Paris, encerclé par 180.000 Prussiens. Gustave Flourens "major de rempart".

22 septembre. Les délégués des vingt arrondissements et les commandants de la Garde nationale réclament l’élection d’une Commune de Paris.

28 septembre. La tentative insurrectionnelle de Bakounine et ses amis pour instaurer un nouveau pouvoir à Lyon échoue. Capitulation de Strasbourg.

5 octobre. Flourens et les bataillons de Belleville demandent des armes et exigent l’épuration du personnel bonapartiste.

7 octobre. Gambetta quitte Paris en ballon et gagne Tours. Il rejoint la Délégation du gouvernement et commence à organiser des armées de secours. Garibaldi à Marseille.

10-13 octobre. Le Gouvernement de Défense nationale veut arrêter Blanqui et Flourens.

20 octobre. Adresse du Comité central républicain "A tous les défenseurs de la révolution".

27 octobre. Capitulation de Bazaine à Metz.

28-30 octobre. Echec de la sortie du Bourget pour forcer le blocus de Paris.

30-31 octobre. Journée insurrectionnelle à Paris. Prise de l’Hôtel de Ville en quelques heures, avec Blanqui, Flourens et d’autres. Vallès au pouvoir à la mairie du XIXème. Répression rapide. Le commandant de la place de Perpignan est grièvement blessé par la foule.

31 octobre- 1er novembre. Arrestation d’insurgés. Installation d’une commission révolutionnaire à la Mairie de Marseille. Cluseret général en chef des troupes de la Ligue du Midi et l’un des principaux dirigeants de la Commune de Marseille.

3 novembre. Plébiscite favorable pour le Gouvernement de la Défense nationale à Paris. Seul le XIXème a voté majoritairement non.

5 novembre. Elections des municipalités d’arrondissement (maires et adjoints). Jules Ferry à la tête de l’administration de Paris.

10 novembre. A Draguignan, le préfet destitué par le gouvernement est rétabli dans ses fonctions par la Garde nationale.

20-21 novembre. Création à Toulouse de la Ligue du Sud-Ouest en présence de délégués de 13 départements.

2-3 décembre. Dislocation de la première armée de la Loire. Orléans repris par les Prussiens. Echec d’une sortie sur Champigny.

5 décembre. Echec d’une tentative d’insurrection à Rouen.

6 décembre. Contacts entre Rossel et Gambetta au sujet d’une réorganisation de l’armée. Les discussions restent sans succès.

21-22 décembre. Echec d’une seconde sortie sur Le Bourget.

28 décembre. Dissolution de la Ligue du Midi.

 

1871

 

5 janvier. Rive gauche de Paris : début du bombardement par les Prussiens.

6 janvier. Seconde "Affiche rouge"  ‘’Place à la Commune !’’. Près de 140 signataires, poursuivis par le gouvernement. Certains sont arrêtés.

18 janvier. Guillaume II est proclamé Empereur d’Allemagne à Versailles, dans la Galerie des glaces du château.

19 janvier. Défaite sanglante à Buzenval. Défaite de l’Armée du Nord à Saint Quentin. Le pain est rationné.

21 janvierLibération de Flourens et d’autres détenus arrêtés après le 31 octobre. Retour de Flourens à la mairie de Belleville.

22 janvier. Manifestation de plusieurs bataillons de la Garde nationale. Vinoy –successeur de Trochu– organise la répression.

23 janvier. Jules Favre négocie la capitulation à Versailles.

26 janvier. Fin du bombardement prussien.

28 janvier. Capitulation et armistice. Des élections doivent avoir lieu pour désigner une Assemblée nationale qui traitera avec les vainqueurs.

31 janvier. Lettre ouverte de Jules Guesde (alors présent à Montpellier) à Gambetta : "C’est le rouge au front et la mort dans l’âme que nous avons appris la conclusion du pacte honteux qui jette la France épuisée aux pieds de Guillaume le sanglant, et qui doit avoir pour conséquence inévitable une restauration monarchique. La France républicaine, la démocratie méridionale ne veut pas d’élections. (…) Ce n’est pas un bulletin de vote à la main, mais avec des fusils, que le grand parti républicain se rangera autour de vous".

6 février. Démission de Gambetta du gouvernement.

8 février. Élection d’une Assemblée nationale qui a vocation à négocier la paix. Une majorité royaliste domine la nouvelle Assemblée, ceux que l’on appellera "les ruraux". A Paris, les Républicains sont majoritaires et opposés à la capitulation. Victor Hugo est parmi eux.

10 février. Jules Guesde fustige Gambetta qui refuse "de faire la révolution".

12 février. L’Assemblée nationale se réunit à Bordeaux.

15 février. Réunion de délégués des bataillons de la Garde nationale, création de la Fédération de la Garde nationale.

16 février. Les députés d’Alsace-Lorraine protestent à l’Assemblée contre l’annexion.

17 février. À Bordeaux, Thiers est élu "chef du pouvoir exécutif", et choisira ses ministres le 19.

19 février. Lettre de J.-Ph. Becker à Sorge : "La bourgeoisie se fera cosaque plutôt que de laisser, par plus de liberté démocratique, le prolétariat prendre le haut du pavé".

20 février. Lettre de Léon Millot à Jules Guesde : "Décidément, l’urne du suffrage universel n’est qu’une boîte à surprises (…). A Paris (…) nous sommes parfaitement décidés à garder la République (…) pour nous ériger en ville libre".

21 février. Premier numéro du Cri du peuple.

24 février Manifestation de gardes nationaux parisiens place de la Bastille.

26 février. Signature d’un traité préliminaire de paix. Les Prussiens occuperont l’ouest de Paris le 1er mars. Les canons de la Garde nationale stockés place Wagram et à proximité de la zone d’occupation sont déplacés dans les quartiers de l’est et du nord-est.

1er mars. Défilé prussien sur les Champs-Élysées dans une ville silencieuse et en deuil. Les conditions de paix sont acceptées par l’Assemblée. Annexion de l’Alsace-Lorraine. Indemnité de 5 milliards de francs.

3 mars. Création du Comité exécutif provisoire de la Garde nationale. Le gouvernement nomme Louis d’Aurelle de Paladines commandant de la Garde nationale de Paris.

8 mars. Le gouvernement Thiers essaie sans succès de s’emparer des canons rassemblés au Luxembourg.

10 mars. Une assemblée d’élus des bataillons refuse de considérer Louis d’Aurelle de Paladines comme commandant. L’Assemblée nationale décide de s’installer à Versailles plutôt qu’à Paris. Elle abroge le moratoire des loyers et des effets de commerce. La solde des gardes nationaux est supprimée.

11 mars. Vinoy interdit six journaux républicains, dont Le Cri du Peuple et Le Père Duchêne Flourens, Levraux et Blanqui sont condamnés à mort (par contumace) pour le soulèvement du 30-31 octobre.

15 mars. Au Vauxhall, 1325 délégués représentant 215 bataillons votent les statuts du Comité central de la Garde nationale. 

17 mars. Blanqui, malade, est arrêté dans le Lot.

18 mars. Coup de main de Vinoy pour s’emparer des canons de la Garde nationale, notamment sur la butte Montmartre.  Début de l’insurrection. Fraternisation de militaires avec la population. Thiers se replie sur Versailles avec son gouvernement et les services gouvernementaux. Les généraux Lecomte et Clément Thomas sont exécutés. Le Comité central de la Garde nationale s’installe à l’Hôtel de Ville.

19 mars. Proclamation de la Fédération de la Garde nationale. Occupation des lieux abandonnés par le gouvernement. Le Comité central décrète des élections à la Commune.

20 mars. L’Assemblée se réunit à Versailles. Elle nomme une commission de 15 membres pour aider le gouvernement. Dans ses proclamations, cette commission s’abstient de faire référence à la République. 

21 mars. Manifestation des "amis de l’ordre" sur les boulevards parisiens. L’armée de Versailles occupe le fort du Mont-Valérien.

22 mars. Manifestation violente de ces "amis". Les Gardes nationaux fédérés interviennent pour rétablir le calme. Plusieurs morts.

22-31 mars. Communes éphémères à Narbonne, Saint-Étienne, Toulouse, Lyon, Marseille et au Creusot…

26 mars. Elections municipales à Paris. 19 élus du "Parti des maires", 65 pour le Comité central de la Garde nationale et le Comité central des vingt arrondissements.

28 mars. Grande fête de la Proclamation de la Commune à l’Hôtel de Ville. L’assemblée élue prend le nom de "Commune de Paris".

29 mars. Premiers décrets de la Commune : annulation des trois derniers termes des loyers, suspension de la vente des objets déposés au Mont-de-Piété.  Dix commissions sont formées. Séance du Comité fédéral de l’A.I.T.

1er avril. À Versailles, l’armée finit de se réorganiser.

2 avril. Décret sur la séparation de l’Église et de l’État. La Commune décide de fixer le traitement maximum à 6 000 francs annuels. Attaque versaillaise surprise à Courbevoie.

3 avril. Sortie de trois colonnes contre Versailles. Le fort du Mont Valérien ouvre le feu. Assassinat de Flourens qui avait été fait prisonnier. Le général Gallifet fait exécuter des Fédérés à Chatou.

4 avrilLes Versaillais exécutent les prisonniers. Arrestation de Darboy, archevêque. Cluseret délégué à la Guerre. Fin de la Commune de Marseille.

5 avrilPremières interdictions de journaux versaillais par la Commune.

6 avril. En réponse aux exécutions sommaires des Versaillais, Décret sur les otages. Mac Mahon est nommé commandant en chef de l’armée de Versailles. À l’initiative du sous-comité du onzième de la Garde nationale, la guillotine est brûlée Place Voltaire. Courbet appelle les artistes à se réunir.

8 avril. Favre rencontre Bismarck.

11 avril. Constitution de l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés.

12 avril. Tentative d’échanger Darboy contre Blanqui. Le Conseil fédéral de l’A.I.T. exclut à l’unanimité Tolain qui siège à Versailles. Marx à Kugelmann : "Quelle souplesse, quelle initiative historique, quelle capacité de sacrifice chez ces Parisiens (…) S’ils succombent, ce sera uniquement pour avoir été ‘’trop gentils’’. Il eût fallu marcher tout de suite sur Versailles, une fois que Vinoy d’abord, puis la fraction réactionnaire de la Garde nationale de Paris eurent d’eux-mêmes laisser le champ libre. Par scrupules de conscience, on laissa passer le moment opportun".

13 avril. Décret ordonnant la démolition de la colonne Vendôme.

14 avril. Courbet constitue la Fédération des artistes, qui se donne pour but "la libre expansion de l’art dégagé de toute tutelle gouvernementale".

15 avril. Réouverture du musée du Louvre au public. 

16 avril. Décret sur la reprise par les sociétés ouvrières des ateliers abandonnés. Elections complémentaires à la Commune. Forte abstention. 

17 avril. Décret sur les échéances des effets de commerce, payables par termes en trois ans et sans intérêts. Marx à Kugelmann : "Il serait certes commode de faire l’histoire universelle si on n’engageait la lutte qu’à condition d’avoir des chances infailliblement favorables. (…) La lutte de Paris a fait entrer dans une nouvelle phase la lutte de la classe ouvrière contre la classe capitaliste et son Etat. Quelle qu’en soit l’issue immédiate, elle a permis de conquérir une nouvelle base de départ d’une importance historique universelle".

18 avril. Prise de la gare d’Asnières.

19 avril. Programme de la Commune : "Déclaration au peuple français".

20 avril. Les bureaux de placement de la main d’œuvre sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux.

21 avril. Thiers impose le blocus ferroviaire de Paris. Délégation de Francs-maçons à Versailles. Le pouvoir exécutif de la Commune est confié aux délégués réunis en commissions.

22 avril. Constitution d’un tribunal révolutionnaire.

24 avril. Le drapeau rouge flotte sur la Bourse et la mairie du deuxième arrondissement.

25 avril. Court cessez-le-feu à Neuilly afin de permettre l’évacuation des civils.

26 avril. Marx à Léo Frankel : " … les ouvriers ont partout été éclairés sur le véritable caractère de cette sublime Révolution de Paris".

28 avril. Décret interdisant les amendes et les retenues sur salaires.  Interdiction du travail de nuit dans les boulangeries. Proclamation de la Commune : "Au peuple des campagnes". Commission formée pour organiser l’enseignement laïc.

29 avril. Grand défilé des Francs-maçons pour soutenir la Commune.

30 avril. Elections municipales en province qui aboutissent à plusieurs victoires républicaines dans les villes.

1er mai. Rossel délégué à la Guerre. Création du Comité de salut public.

2 mai. Abolition du serment politique que devaient prêter les fonctionnaires.

3 mai. Prise par traitrise par les Versaillais de la redoute du Moulin Saquet, trois cents morts.

4 mai. Interdiction du cumul des salaires.

5 mai. Interdiction de journaux versaillais.

7 maiDécret de la Commune sur la restitution des objets déposés au Mont-de-Piété d’une valeur inférieure à 20 francs.

8 mai. Ultimatum de Thiers aux Parisiens. Interdiction gouvernementale du Congrès des villes républicaines.

9 mai. Renouvellement du Comité de salut public.

10 mai. Démission de Rossel. Delescluze délégué à la Guerre. Pendant ce temps, signature du traité de paix à Francfort. Condamnation à mort de 18 militaires ayant participé à la Commune de Narbonne.

11 mai. Décret sur la démolition de la maison de Thiers.

12 maiProclamation du Comité de salut public au peuple de Paris. Jenny Marx à Kugelmann : "Nous allons vers une seconde bataille de juin".

13 mai. Les Versaillais occupent le fort de Vanves. Marx à Léo Frankel et à Eugène Varlin : "La Commune me semble perdre trop de temps avec des bagatelles et des querelles personnelles. On voit qu’il y a encore d’autres influences que celles des ouvriers. Tout cela ne ferait rien si vous aviez du temps pour rattraper le temps perdu".

15 mai. Sécession des minoritaires de la Commune. Appel de la Commune aux grandes villes de France.

16 mai. La Colonne Vendôme est détruite en présence d’une foule nombreuse.

17 mai. Explosion (criminelle ?) de la cartoucherie Rapp. La Commune active l’application du décret sur les otages.

18 mai. Interdiction de dix journaux par le Comité de salut public. L’assemblée de Versailles ratifie le traité de Francfort.

20 mai. Séance extraordinaire du Conseil fédéral des sections parisiennes de l’A.I.T. Les membres de la Commune adhérents à l’A.I.T sont invités " à faire tous leurs efforts pour maintenir l’unité de la Commune".

21 mai. L’armée versaillaise pénètre dans Paris. Dernière séance de la Commune. Début de la semaine sanglante.

22 mai. Appels de Delescluze, du Comité de salut public, du Comité central. On élève des barricades. Les Versaillais prennent la gare Saint-Lazare et la gare Montparnasse, et sont sur les Champs-Elysées.

23 mai. Montmartre encerclé, les Batignolles tombent. Incendie aux Tuileries.

24 mai Les Versaillais prennent la Banque de France, la Bourse, le Louvre. Les exécutions sommaires des Fédérés s’amplifient. Incendie de l'Hôtel de Ville et de la préfecture de police. La Commune transférée à la mairie du Onzième.

25 mai. Dernière réunion de la Commune dans le XIème arrondissement.

26 mai. Les Versaillais prennent le Faubourg-Saint-Antoine, et attaquent Ménilmontant et Belleville. Exécution de 52 otages de la Commune, dont Mgr Darboy.

27 mai. Derniers combats à Belleville et aux Buttes Chaumont. Offensive des Versaillais contre le Père-Lachaise. Ils tuent 1600 Fédérés.

28 mai. Dernières barricades. Exécutions en masse des Fédérés, à la mitrailleuse, qui se poursuivront jusqu’en juin. Assassinat de Varlin, Tony Moilin  fusillé au Jardin du Luxembourg.

29 mai. Reddition du fort de Vincennes. 

30 mai. A Londres, Marx lit devant le Conseil général de l’A.I.T "L’Adresse sur la guerre civile en France".

Juin. Transfert des prisonniers communards à Versailles, mise en place des conseils de guerre, suppression de la fonction de maire à Paris.

13 juin. Publication de La guerre civile en France rédigée par Marx.

28 juin. Condamnation des insurgés marseillais.

2 juillet. Elections partielles à l’Assemblée nationale et victoire des Républicains.

7 aoûtPremier conseil de guerre, jugeant "les membres de la Commune" (16 membres de la Commune et 2 membres du Comité central).

28 novembre. Exécution de Rossel, Ferré et Bourgeois à Satory.

 

 

 

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09 janvier 2021

LA COMMUNE DE PARIS - 1871 [II]

 

COMMUNIQUE

 

VIVE LA COMMUNE VIVE LA SOCIALE

 

En 1871, durant 72 jours, la Commune de Paris a tenté, dans un contexte difficile, de concrétiser les utopies du mouvement ouvrier.

Du 18 mars au 28 mai 1871 le peuple de Paris s’autogouverne et prend une série de mesures emblématiques qui aujourd’hui encore sont soit novatrices, soit au cœur de débats de société.

Citons notamment le gel des loyers et la réquisition de logements pour que tout le monde ait un toit, la limitation du travail de nuit, l’abolition des amendes et des retenues sur les salaires, la réduction du temps de travail, l’instruction laïque obligatoire et gratuite, la séparation de l’Église et de l’État, le caractère révocable des mandats et la limitation des rémunérations qui y sont liées…

Mais la Commune c’est aussi la question de l’égalité des sexes, de l’abolition des différences liées à la nationalité, du rôle de la violence, de l’importance de l’or conservé par la Banque de France…

C’est enfin une expérience démocratique avec un foisonnement de journaux, de placards sur les murs, de débats et d'assemblées impliquant le plus grand nombre…

Cette expérience prendra fin dans le sang de la ‘’Semaine sanglante’’  (21-28 mai) et du ‘’Mur des fusillés [Mur des Fédérés]’’ du Père Lachaise.

Épisode-clé de l’histoire sociale mondiale, la Commune suscitera une grande espérance qui sera portée et entretenue par ses survivant·es en exil (avec toutes les questions liées à l’accueil, à la solidarité… mais aussi aux conflits internes qui perdureront), puis au sein du mouvement ouvrier.

Une des figures les plus connues et les plus représentatives en est sans nul doute Louise Michel. Depuis 150 ans, la Commune, dont tous les courants de la gauche se revendiquent en tout ou en partie, est source de débats.

Ce sont ces débats que nous entendons prolonger et actualiser tout en rappelant ce que fut cette Commune de Paris.

Et Liège est d’autant plus indiquée que c’est là, le 18 mars 1886, à l’occasion d’un meeting organisé par un groupe anarchiste, Place Delcour, ayant pour objet la commémoration du 15e anniversaire de la Commune, que la révolte de 1886 débutera (marquée par la grève à Liège mais aussi et surtout par la destruction de l’usine Baudoux à Jumet et le massacre de Roux). Une révolte qui marque un tournant dans l’histoire sociale de la Belgique puisque c’est à sa suite que sera, enfin, amorcé un début de législation sociale dans notre pays, resté à la traîne sur ce plan au nom de la compétitivité économique et du laisser-faire.

Notre projet se veut un label, une coordination de tous événements se déroulant sur le territoire liégeois, entre le 18 mars et le 28 mai 2021, qui aborderaient l’histoire ou l’actualité d’une des nombreuses thématiques mises en lumière par la Commune.

Notre groupe est ouvert à toute initiative. Si vous êtes intéressé·e par cette démarche et si vous voulez la soutenir ou y participer d’une manière ou d’une autre, ou si vous souhaitez nous entretenir d’un projet, vous pouvez envoyer un mail à :

julien.dohet@skynet.be

Dès à présent sont déjà prévus/envisagés (sous réserves évidemment des mesures sanitaires) :

1. Un lancement officiel le 18 mars. Si possible Place Delcour, avec pose d’une plaque commémorative, reconstitution du parcours de la manifestation de 1886 et conférence inaugurale.

2. Participation à la commémoration de la fusillade de Roux du 29 mars 1886.

3. Exposition ‘’Vive la Commune ! Il y a 150 ans… La Commune de Paris vivait’’ du 20 avril au 20 mai (lieu à confirmer). Cette exposition sera présentée à Bruxelles avant et après sa venue à Liège.

4. Une exposition au Grand Curtius : La Commune. Paris 1871. Liège 1886. Élaborée en partenariat avec Theun Vonkx (Galerie De Queeste Art, Poperinge), le Centre des archives communistes en Belgique (CArCoB), l’Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale (IHOES) et les Fonds patrimoniaux de la Ville de Liège, elle se tiendra du 30 avril à la fin juin. Vernissage prévu le 29 avril. Une série de conférences seront proposées par les différents partenaires (voir ci-dessous). Un programme détaillé suivra.

5. Publication d’un numéro de la revue des musées de Liège, LIEGEMUSEES.

6. Une présence le 1er mai Place Saint-Paul avec dégustation de la boisson ‘’Le Communard’’ et autres surprises.

7. Des conférences/débats (lieux et dates en cours de confirmation) avec :

a. Michèle Audin, autrice du blog https://macommunedeparis.com/ et de deux ouvrages chez Libertalia : ‘’Eugène Varlin, ouvrier relieur 1839-1871’’ et ‘’C'est la nuit surtout que le combat devient furieux : Une ambulancière de la Commune, 1871’’.En avril à la librairie Livre aux Trésors.

b. Raphaël Meyssan auteur de la trilogie ‘’Les Damnés de la Commune’’. En mai.

c. Ludivine Bantigny, spécialiste en histoire sociale et autrice de ‘’La Commune au présent’’ (à paraître en mars).

d. Mathilde Larrère, spécialiste des mouvements révolutionnaires et du maintien de l’ordre en France au XIXe siècle et autrice de ‘’Rage against the Machisme’’.

e. Micheline Zanatta, historienne, sur les répercussions de la Commune à Liège.

f. Jules Pirlot, historien, concernant les événements de 1886.Une lecture de textes de Louise Michel par Lara Persain à l’An Vert, au mois de mai.

8. Présentation d’un numéro spécial ‘’Discours et imaginaire de la Commune’’ de la revue COnTEXTES (Revue de sociologie de la littérature, émanant de plusieurs centres de recherches universitaires).

9. Une scène Slam version Commune de Paris le 21 avril à la Zone.

10. Association au colloque organisé à Bruxelles les 27 (à la Maison du livre) et 28 (à l’ULB) avril.

11. Une rencontre-débat autour de l’Assemblée citoyenne permanente de la Communauté germanophone (‘’Permanenter Bürgerdialog’’, l’"Ostbelgien Modell"), à laquelle participeront des représentants germanophones et probablement Christoph Niessen qui, avec Min Reuchamps, a écrit un texte pour le CRISP sur cette assemblée. Le 20 ou le 25 mai 2021 à la Cité Miroir, organisée par les Territoires de la Mémoire.

12. Un Week-end à Paris les 22 et 23 mai sur les traces de la Commune (programme précis en préparation).

13. Un débat ayant pour thème (titre provisoire) ‘’violences sociales/violence de l’Etat, de la Commune de Paris à aujourd’hui’’ organisé par le service ‘’En luttes’’ du CAL à la Cité Miroir le 27 mai.

14. Une soirée festive de clôture ‘’La Commune n’est pas morte’’ le samedi 29 mai au Manège Fonck, avec notamment un quiz/blind test historico-politico-littéraire et musical sur la Commune.

15. Récital de ‘’C’est des Canailles’’ autour de la Commune et de ses rêves. Des interventions ponctuelles (lancement le 18 mars, 1er mai à hauteur du stand, lors de la fête de clôture…) sont aussi envisagées.

16. Présentation du jeu de société ‘’Red Flag over Paris’’ en présence de son concepteur à l’occasion d’un après-midi/soirée autour de jeux de sociétés comme Soviet System, Kapital, Plan social…

17. Projection d’au moins un film sur la Commune au Ciné-club du Laveu.

18. Concert du ‘’Chant des cerises’’.

19. Des visites du ‘’Liège social’’. Programme précis en cours d’élaboration.

20. La relance des Amis de la Commune – Belgique.

Ce programme sera précisé et complété au fur et à mesure.

Organisations et partenaires associés à ce stade :

L’An Vert, Barricade, CAL, CArCoB, Centre de Planning familial Louise Michel, C’est des Canailles, Ciné-club du Laveu, CPCR, Département d’Histoire et département de Littérature de l’ULiège, Département de langues et littératures françaises et romanes de l’UNamur, Festival de Liège/Manège Fonck, les Fonds patrimoniaux et les Musées de la Ville de Liège, galerie De Queeste Art (Poperinge), IHOES, Territoires de la Mémoire, ULDP, La Zone…

 

 

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"La Commune de Paris. Proclamation sur la place de l'hôtel de ville des résultats du scrutin du 26 mars".

Gravure sur bois in Bell, Georges (nom de plume de Joachim Hounau), "Paris incendié. Histoire de la Commune de 1871", Paris, Auguste Marc et Cie, (s.d, 1871 ou 1872), p.17 (coll. J. Dohet).

 

05 janvier 2021

LA COMMUNE DE PARIS - 1871 [I]

 

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Ne pas faire table rase du passé !

Préserver le fil des luttes émancipatrices

entre hier et aujourd’hui !

 

 

1871-2021.

Il y a 150 ans, la Commune de Paris !

Un "événement" mémorable, rapidement mythifié et revendiqué par tous les courants politiques se réclamant de la "gauche".

Une insurrection populaire aux nombreuses répercussions dans l’Hexagone comme au niveau international.

Une page tempétueuse de la lutte des classes.

Certes.

Mais pourquoi célébrer encore cet épisode daté de l’histoire de la France et de l’humanité ?

Quel intérêt présente ce retour commémoratif à un passé maintenant lointain du mouvement social ?

Quelles similitudes entre cette époque et la nôtre ?

Quelles analogies possibles entre ce temps de révolution industrielle et de féroce exploitation du prolétariat, de machines à vapeur et de journées de travail de 14 heures, de calèches et de télégraphe…, et la "modernité" de notre siècle, celle de la révolution numérique et des "réseaux sociaux", de la globalisation du capitalisme financier et d’un monde devenu village, de la généralisation des "crises" –sociale, économique, écologique, anthropologique, sanitaire–  ô combien dangereuses pour la survie même de notre espèce ?

Sans doute quelques "détails" comme l’épuisement confirmé de la nature et des êtres humains, la persistance d’énormes inégalités à l’échelle nationale comme à l’échelle planétaire, la distance abyssale entre les gouvernants et les gouvernés, les oppressions et les injustices à répétition, les menaces grandissantes sur les libertés et les droits démocratiques, les conditions de vie plus difficiles pour un grand nombre et le mal-être croissant d’une "civilisation" en pénurie de repères, le despotisme du Capital et sa rapacité obsessionnelle, la compétition impitoyable et la course aux profits démesurée, l’aliénation et la marchandisation généralisées !

135127151_403503617570625_3201421923040729421_n.jpgLes 72 jours de la Commune qui ébranlèrent toute une époque sont assurément toujours connectés à nos préoccupations contemporaines, notamment l’aspiration inépuisable à l’émancipation des femmes et des hommes, naturellement considérée par les possédants comme une "utopie" lourde de menaces… pour leurs intérêts !

A l’évidence, l’exigence de "liberté, égalité, fraternité" reste à concrétiser dans la réalité, les fondations d’une  "République démocratique, sociale et universelle"  –à laquelle aspirait une majorité de protagonistes du coup de tonnerre de 1871–  doivent encore être consolidées.

Les combats et les objectifs portés par les "Communards" hier demeurent pour l’essentiel nos combats et nos objectifs aujourd’hui, même si le contexte est différent et même si certains défis ont une ampleur inédite.

Il ne convient donc pas d’épouser religieusement des modes d’action du passé ou de reprendre pieusement des programmes d’antan, mais de continuer à lutter pour réaliser les grands buts émancipateurs qui traversent les âges !

C’est pourquoi, revenir sur une telle expérience fondatrice, qui a marqué la mémoire populaire, n’a rien de superflu.

Il s’agit de sauvegarder le fil conducteur qui relie des générations en lutte pour libérer la société de l’emprise mortifère des puissants et des prédateurs du Capital.

De multiples initiatives sont d’ores et déjà planifiées en cette 21ème année du 21ème siècle :  débats, colloques, manifestations diverses…

Et de nombreuses publications nouvelles viendront s’ajouter à une bibliographie déjà immense.

Je reviendrai ici durant cette année sur cet anniversaire dans ses différents aspects…

 

 

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28 novembre 2020

Friedrich Engels, 1820-2020

 

200.jpgFriedrich Engels est né il y a 200 ans à Barmen, dans un milieu piétiste et bourgeois −son père était propriétaire d’une usine de textile−, dans cette Rhénanie-Westphalie qui avait déjà vu naître Karl Marx en 1818. (1)

Friedrich Engels-Karl Marx, Karl Marx-Friedrich Engels, deux figures majeures de l’histoire du "mouvement ouvrier", indissociables même si d’aucuns s’acharnent à les dissocier, en minorant l’apport d’Engels ou en le rendant responsable des avatars du "marxisme" !

Durant près de 40 ans, c’est ensemble qu’ils s’engagèrent dans l’action révolutionnaire et c’est de concert qu’ils menèrent un travail théorique décisif.

 

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De la révolution européenne de 1848 à la Commune de Paris, de la Ligue des Communistes au Parti social-démocrate allemand en passant par l’Association Internationale des Travailleurs, leur étroite collaboration fut constante.

C’est à quatre mains qu’ils écrivirent des œuvres majeures et sans Engels, pas de Capital. Non seulement parce que son aide matérielle fut cruciale, mais surtout parce que leurs discussions concernant le domaine économique furent fac simi kapital.jpgpermanentes, Marx n’hésitant jamais à demander des explications concrètes à son camarade familiarisé avec les pratiques des affaires et de l’industrie, grâce à sa position au sein de l’entreprise familiale. (2)

Et puis, Engels avait montré la voie dès 1843-1844 en rédigeant son "Esquisse d’une critique de l’économie politique" (3) que Marx qualifia de "géniale" dans un célèbre bilan d'étape. (4)

Car Engels fut souvent un précurseur et son ami n’avait aucune difficulté à en convenir : "tu sais que 1. tout vient tard chez moi et 2. que je marche toujours sur tes traces". (5)

Ainsi c’est Engels qui découvrit et analysa très tôt la situation des classes laborieuses en cette époque de "révolution industrielle", c’est lui qui initia une première critique de l’économie politique de la classe dominante, c’est lui qui prit d’abord en considération les travaux des principaux "socialistes" qui les précédèrent, c’est lui qui se rallia le premier au "communisme", c’est lui qui accorda un grand intérêt aux "sciences exactes"

Mais Engels fut plus qu’un partenaire intellectuel et militant, il fut un véritable ami qui se sacrifia pour aider financièrement Marx et sa famille, souvent dans la dèche. C’est pourquoi il accepta de travailler pour son paternel, ce qui lui coutait beaucoup. (6)

Ce fut aussi Engels qui aida Marx à faire face à certaines turpitudes privées, notamment en assumant sa paternité adultérine ! (7)

Bon vivant, personnalité truculente, appréciant les femmes, capable de boire énormément, polyglotte, curieux de tout, "expert" en questions militaires (8) Engels était un homme aux multiples ressources, doté d'une force de travail peu commune.

Ainsi, après la mort de Marx, c’est lui qui travailla obstinément  pour éditer les tomes 2 et 3 du Capital, et il joua un rôle considérable de "passeur" au sein de la social-démocratie allemande et de la nouvelle internationale fondée en 1889.

Engels succomba d’un cancer le 5 août 1895, laissant un vide immense dans le mouvement d’émancipation des travailleurs. (9)

 

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Notes

 

  • (1) Pour une biographie détaillée, je renvoie à la bibliographie proposée ci-dessous.
  • (2) Voir : Marx-Engels, Lettres sur "Le Capital", Editions Sociales, Paris, 1964. Marx reconnut explicitement sa dette dans sa lettre du 16 août 1867 : "Voilà donc ce volume terminé. Si cela a été possible, c’est à toi et à toi seul que je le dois ! Sans ton dévouement pour moi, il m’aurait été impossible d’effectuer les travaux énormes nécessaires pour ces trois volumes." Marx-Engels, Correspondance – Tome IX, Editions Sociales, Paris, 1982, page 9.
  • (3) Friedrich Engels, Esquisse d’une critique de l’économie politique in Ecrits de jeunesse – volume 2, Les Editions Sociales/GEME, Paris, 2018, pages 83-112.
  • (4) Karl Marx, Contribution à la critique de l’économie politique (Préface de 1859), Editions du Progrès, Moscou, 1975, page 6.
  • (5) Lettre de Marx à Engels le 4 juillet 1864, in Marx-Engels, Correspondance - Tome VII, Editions Sociales, Paris, 1979, page 248.
  • (6) Très vite, confronté à cette sombre perspective, il s’agaçait : "… mais j’en ai eu déjà par-dessus la tête avant même d’avoir commencé à travailler ; le commerce est trop affreux (…) et ce qui est particulièrement affreux, c’est d’être non seulement un bourgeois, mais un fabricant ; un bourgeois qui intervient activement contre le prolétariat. (…) On doit pouvoir, tout en étant communiste, être, quant à sa situation extérieure, un bourgeois et un négociant, si toutefois on n’écrit pas ; mais faire de la propagande communiste en grand et en même temps du commerce et de l’industrie, ça ne va pas. J’en ai assez ; à Pâques, je m’en vais." Lettre à Marx du 20 janvier 1845, in Marx-Engels, Correspondance – Tome I, Editions Sociales, Paris, 1971, pages 357-358. Face aux difficultés matérielles des deux amis, en exil en Angleterre suite à la déferlante contre-révolutionnaire sur le continent, Engels reprit son travail d’associé au sein de l’entreprise familiale, en 1850. Et ce, pour une durée de 20 ans !
  • (7) Le 23 juin 1851, Hélène Demuth  −bonne de la famille−  donna naissance à un fils, Henry Frederick (Freddy) Demuth, qu’Engels reconnut pour sauver le mariage de Marx !
  • (8) D’où le surnom de  "Général" affublé à Engels par Marx et ses proches…
  • (9) Dans sa notice nécrologique, Lénine souligna qu’"après son ami Karl Marx (mort en 1883), Engels fut le savant et l’éducateur le plus remarquable du prolétariat contemporain dans le monde civilisé tout entier". Lénine, Œuvres Choisies – Tome 1, Editions du Progrès, Moscou, 1977, page 50.

 

 

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Bibliographie

 

 

  1. Œuvres d’Engels

 

Ecrits de jeunesse [volume 1], Les Editions Sociales/GEME, Paris, 2015  

Ecrits de jeunesse [volume 2], Les Editions Sociales/GEME, Paris, 2018 

La situation de la classe laborieuse en Angleterre, Editions Sociales, Paris, 1975 

Les principes du communisme, Les Editions Sociales, Paris, 2020

Anti-Dühring, Editions Sociales, Paris, 1973 

Dialectique de la nature, Editions Sociales, Paris, 1975 

L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, Editions Sociales, Paris, 1972 

La guerre des paysans en Allemagne, Editions Sociales, Paris, 1974  

La question du logement, Editions Sociales, Paris, 1969

 

 

  1. Œuvres de Marx et Engels

 

Annales franco-allemandes, Les Editions Sociales/GEME, Paris, 2020 

La Sainte Famille, Editions Sociales, Paris, 1972 

L'idéologie allemande, Editions Sociales, Paris, 1976 

Le Manifeste du Parti Communiste, Editions Sociales, Paris, 1971 

La Nouvelle Gazette Rhénane [3 volumes], Editions Sociales, Paris, 1969-1971 

Lettres sur "Le Capital", Editions Sociales, Paris, 1964

Sur la religion [textes choisis], Editions Sociales, Paris, 1972 

Sur la littérature et l'art [textes choisis], Editions Sociales, Paris, 1954 

Correspondance [12 tomes - Novembre 1835-Octobre 1874], Editions Sociales, Paris, 1971-1989  

Correspondance [tome 13  1875-1880], Les Editions Sociales/GEME, Paris, 2020

 

 

  1. Biographies/essais

 

BRUHAT Jean, Marx-Engels, UGE-10/18, Paris, 1971 

CLAUDIN Fernando, Marx, Engels et la révolution de 1848, Maspero, Paris, 1980  

[Collectif], Souvenirs sur Marx et Engels, Editions du Progrès, Moscou, 1982  

COLLIN Denis, Friedrich Engels, philosophe et savant, Bréal, Paris, 2020 

CORNU Auguste, Karl Marx et Friedrich Engels, PUF, Paris, Tome 1, 1955 ; Tome 2, 1958 ; Tome 3, 1962 ; Tome 4, 1970  

DELBRACIO Mireille et LABICA Georges (dir), Friedrich Engels, savant et révolutionnaire, PUF, Paris, 1997 

GULLI Florian et QUETIER Jean, Découvrir Engels, Les Editions Sociales, Paris, 2020 

HUNT Tristram, Engels, le gentleman révolutionnaire, Flammarion, Paris, 2009 

RIAZANOV David, Marx et Engels, Anthropos, Paris, 1974  

ROSDOLSKY Roman, Friedrich Engels et les peuples "sans histoire". La question nationale dans la révolution de 1848, Syllepse [Paris], Page Deux [Lausanne], M Editeur [Montréal], 2018 

TEXIER Jacques, Révolution et démocratie chez Marx et Engels, PUF, Paris, 1998

26 septembre 2020

Walter Benjamin, 15 juillet 1892 - 26 septembre 1940

 

"La tradition des opprimés nous enseigne que «l'état d'exception» dans lequel nous vivons est la règle. Il nous faut en venir à une conception de l'Histoire qui corresponde à cet état."
 
 
(Thèses sur le concept d'histoire, 1940)
 
 
 

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