13 février 2023
"BOUQUINAGE" - 148
"Dès sa plus tendre enfance, son père l'avait instruit dans les sciences occultes, et son âme avait été vouée au diable, avant même qu'il eût atteint l'âge de raison."
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12 février 2023
"BOUQUINAGE" - 147
" ‘’Tout s’est arrangé’’. C’était ce que Sacha disait à tous, ne voulant pas que le moindre bruit parvînt aux oreilles de sa mère.
La décision de Glinskaïa avait été affichée le lendemain de la réunion du bureau. Sacha, en tant qu’ ‘’instigateur d’actes hostiles au Parti’’ était exclu de l’institut ; Rounotchkine, Poloujan et Pozdniakova recevaient un blâme et Kovalev un avertissement.
La machine s’était mise en marche, on recherchait les documents, on établissait les arrestations. Lozgatchov, déjà nommé doyen à la place de Janson, compléta rapidement et même avec prévenance le livret de Sacha, tandis que son visage lisse semblait dire : personnellement je n’ai rien contre toi, ainsi en ont décidé les circonstances, mais si tu es réintégré, j’en serai sincèrement heureux.
Sacha fit ses adieux à tous les membres de son groupe mais refusa de serrer la main de Kovalev.
- Je ne fraie pas avec les salauds.
Rounotchkine confirma que Kovalev était effectivement un salaud et qu’en fait ils étaient tous des salauds. Ce petit avorton de Rounotchkine n’avait peur de personne.
La sonnerie retentit. Le couloir se vida. Personne n’avait plus affaire à Sacha. Il avait tous ses papiers, il ne lui restait qu’à les faire tamponner et à partir.
Krivoroutchko était encore vice-directeur économique et financier. Et tamponnant les documents, il dit à mi-voix :
- Les attestations courantes pour décembre ont déjà été envoyées au Bureau des cartes d’alimentation.
- Merci, répondit Sacha. C’était trop tôt pour l’envoi des attestations, Krivoroutchko avait simplement voulu qu’il reçoive ses cartes d’alimentation. Il aurait très bien pu ne pas le faire.
A présent, sa mère ne se douterait de rien jusqu’à la fin du mois de décembre. Et d’ici là, il aurait été réintégré."
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08 février 2023
"BOUQUINAGE" - 143
"En partant de Holborn Circus pour se rendre dans Clerckenwell Road, et en traversant Dorrington Street, on a bien des chances de se trouver à un certain moment en plein dans Merry-Fair, une petite foire sédentaire qui doit son nom à quelques merry-go-round, plutôt qu'à un cachet personnel de “merry”.
Pourtant, j'ai insisté particulièrement sur son atmosphère de joie, pour y conduire Mildred.
Mildred est un crampon. Depuis des années cette haquenée dispose de ma personne, de mes biens, des mes espérances d'avenir.
Ainsi que de mes dimanches pour faire des promenades le long de la Tamise – comme dans la chanson.
Que de fois j'ai adressé aux lourdes eaux du fleuve la plus ardente de mes prières indévotes ; mais elles passaient, sourdes à ma peine, et je rentrais à Londres, avec Mildred à mon bras.
Ce jour elle avait accepté les joies promises de Merry-Fair et celles d'un mystery-show.
Les attractions que nous offrit la tente aux mystères étaient pauvres et allaient des passe-muscade aux boules de cuivre et aux gobelets d'un jongleur.
Déjà, les regards menaçants de Mildred pesaient sur moi quand parut un baladin qui promit, à l'honorable public, la grande sensation de l'armoire magique.
Une haute et étroite caisse en bois blanc fut posée sur scène et la dame de la baraque s'y laissa enfermer.
Quelques instants après, le baladin ouvrit la caisse : elle était vide. Mais presque aussitôt la dame, tout à l'heure recluse, se leva d'entre les spectateurs.
— À présent, annonça le paillasse, je demande à une dame de l'assistance d'entrer dans l'armoire magique pour se rendre compte qu'elle ne recèle ni trucs ni tromperies.
Je murmurai à l'oreille de Mildred :
— C'est une occasion pour faire admirer par les gens ta merveilleuse robe d'organdi.
C'était la prendre par son unique point faible ; elle se leva et entra dans l'armoire magique.
Le baladin fit quelques gestes de passe-passe et ouvrit la caisse.
Elle était vide.
— Mesdames, messieurs, annonça-t-il alors, j'ai l'honneur de vous remercier.
Et le rideau se baissa.
Je n'ai jamais revu Mildred."
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