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11 novembre 2022

"BOUQUINAGE" - 54

"Jonas parvint de l'autre côté de la rivière, s'arrêta un instant et se retourna. La communauté où il avait passé l'intégralité de sa vie était maintenant derrière lui, endormie. À l'aube, la vie ordonnée et disciplinée qu'il avait toujours connue continuerait sans lui. La vie où il ne se passait jamais rien d'inattendu. Ni d'importun. Ni d'inhabituel. La vie sans couleur, sans douleur, sans passé."

 

 

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10 novembre 2022

"BOUQUINAGE" - 53

"Je ne faisais rien. Je rêvais. Je méditais sur cette vie qui s'en allait de moi. Tous mes comptes à jour, j'essayais de comprendre. Le sens des choses encore m'échappait. Toutes ces joies que j'avais eues, tous ces deuils que j'avais portés, tout ce petit univers étrange et familier d'un vieux chalet cerné par un lac – tout cela allait finir, ou plutôt, moi j'allais finir, nos relations allaient finir, et je n'y avais rien compris. “La vie est une ombre qui passe, un pauvre acteur qui tient son rôle sur la scène et dont on n'entend plus parler. C'est une histoire dite par un idiot, pleine de cris et de furie, et qui ne signifie rien.” Mais le même Shakespeare, avant de mourir, écrivit la Tempête et le Conte d'hiver : “Emmène-moi en quelque endroit où nous puissions à loisir échanger nos questions et réponses sur le rôle joué par chacun de nous dans cette vaste brèche du temps... Allons, emmène-nous.” Ainsi, j'étais à la fin du voyage, et je ne pouvais honnêtement dire quel en était le sens ni même s'il en avait un."

 

 

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08 novembre 2022

"BOUQUINAGE" - 51

"Peut-on dire que Valérian est une série idéologiquement engagée ?

Jean-Claude Mézières : Je me rappelle le nombre de gens qui me disaient, il y a trente ans, “Valérian c'est bien, mais qu'est-ce que c'est politique !”

Pierre Christin : Valérian et Laureline sont des agents spatio-temporels censés être neutres mais ils finissent toujours par choisir le camp des opprimés, en général sous la pression de Laureline. Même si ce n'est pas une bande dessinée “engagée”, dans le sens où elle n'est proche d'aucun parti ou d'aucune idéologie, elle choisit le camp des faibles. L'exploitation d'autrui est un thème présent dans de nombreux albums. Je choisissais pour chaque titre une thématique le plus souvent liée au contexte politique. Ainsi, j'ai commencé à parler des médias et de leurs manipulations quand le monde médiatique a pris une ampleur insoupçonnée par rapport aux années 1970, ou quand j'ai senti que le néo-libéralisme allait tout embarquer, sans même le dire à Jean-Claude. La politique m'intéressait mais je n'ai jamais été un militant acharné, et j'ai compris ça assez vite avec Valérian ; j'essayais de faire passer des trucs qui me tenaient à cœur, mais discrétos !

(...)

On pourrait résumer Valérian en disant que c'est une série humaniste ?

Pierre Christin : Oui, c'est une bande dessinée résolument antiraciste, anti-xénophobe et anti-confessionnelle, depuis le début. Elle est née dans un contexte où la plupart des bandes dessinées étaient conformistes, avec un type de héros incarnant l'appareil d’État : des soldats, des scouts, des flics, des pilotes... fondamentalement des bras armés. Valérian étend l'humanisme jusqu'aux non-humains."

 

 

 

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