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08 novembre 2021

ERNEST MANDEL - UN ENGAGEMENT PERMANENT POUR LA RÉVOLUTION

Ernest Mandel est une figure majeure des "marxismes" du "court" et tumultueux XXème siècle.

Un militant, un internationaliste, un théoricien, certes.

Mais aussi un homme profondément jovial qui avait la camaraderie chevillée au corps, un humaniste révolutionnaire qui se situait dans la tradition des "Lumières", un volontariste qui ne s'arrêtait pas devant les innombrables obstacles dressés par les tenants de l'ordre du Capital !

Un indécrottable "optimiste" ont souvent ajouté avec ironie et condescendance d'aucuns qui sont revenus de tout.

Oui, Ernest était convaincu que l'"émancipation humaine" était un combat de longue haleine qui finirait par triompher. Oui, il considérait le "socialisme/communisme" comme la seule issue à la barbarie de notre époque capitaliste. Oui, il était persuadé que cette "utopie concrète" se matérialiserait à l'avenir. Oui, il avait pleinement confiance dans les mouvements de masse et leurs capacités d'auto-organisation.

Bien sûr, la réalité lui a donné tort jusqu'ici. Bien sûr, l'actuelle "catastrophe écologique" assombrit encore un peu plus le futur des espèces vivantes, parmi lesquelles la nôtre !

Mais à moins de se résigner et d'opter pour un repli individualiste, la lutte reste la seule voie. Même si nos modes d'action et nos objectifs doivent être ajustés en tirant les enseignements du passé, en intégrant  les spécificités du "capitalisme financier globalisé", en assimilant pleinement les répercussions d'une société "numérisée" de contrôle généralisé...

 

¡Hasta la Victoria Siempre!

 

"Ne succombez pas au désespoir, à la résignation, ou au cynisme, face aux terribles épreuves qui nous attendent tous. Ne vous repliez pas sur les «solutions individuelles». N'oubliez jamais l'engagement moral de tous ceux qui se réclament du marxisme : la défense intransigeante des intérêts des exploités et des opprimés à l'échelle mondiale, tout le temps. Ne vous contentez jamais d'activités de pure propagande. N'oubliez jamais l'engagement initial et final de Marx : essayer de commencer à changer le monde."

 

Ernest Mandel, New-York, 11 novembre 1994

 

 

 

 

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Parution février 2022 (à commander dès maintenant sur syllepse.net)
 
Né de parents juifs, Ernest Mandel est élevé dans un foyer socialiste de gauche. Il rejoint, en 1939, la petite section belge de la 4e Internationale et participe à la résistance antinazie; il est arrêté par deux fois, s’évade. Arrêté une troisième fois, il est envoyé dans un camp de travail.
 
Après la guerre, il devient un membre influent du mouvement syndical belge. Dans les années 1960, il publie des ouvrages de théorie économique marxiste qui seront édités dans de multiples langues, à des millions d’exemplaires. En 1963, il est exclu du Parti socialiste belge, avec les membres de son aile gauche, et participe alors à la création de la Ligue révolutionnaire des travailleurs. Durant toutes ces années, il est l’un des principaux animateurs de la 4e Internationale et il parcourt le monde dans tous les sens. Il est présent à Cuba où il se lie à Che Guevara. Il est actif dans le soutien au FLN algérien dans sa lutte de libération et aux mouvements de guérilla latino-américains. On le retrouve en Pologne et en Allemagne de l’Est où il entre en contact avec les dissidents.
 
Décédé d’une crise cardiaque en 1995 à Bruxelles, Ernest Mandel a été l’un des intellectuels marxistes anti-staliniens les plus en vue de la seconde moitié du 20e siècle.
 
Ses écrits ont été publiés dans plus de quarante langues. Son dernier ouvrage majeur, Le troisième âge du capitalisme, a eu une large influence sur le renouveau de la pensée marxiste.
 
Pour l’écriture de cette biographie, Jan ­Willem Stutje a eu accès aux archives privées d’Ernest ­Mandel. Il a également interviewé de nombreuses personnalités qu’il a connues. Il raconte ici également les relations entretenues par Ernest Mandel avec des intellectuels de renom, comme Jean-Paul Sartre, Ernst Bloch ou Perry Anderson.
 
La vie d'un révolutionnaire et celle, parfois tragique, de l’homme.
 

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04 novembre 2021

SFFF [II]. UN PASSIONNÉ PASSIONNANT

 

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Difficile de n’avoir aucun point commun avec Jean-Pierre Dionnet !  

La vie de cet activiste culturel a été si dense, ses activités si diverses, ses passions si variées, ses rencontres si nombreuses, que tout le monde  –enfin presque– peut repérer un intérêt convergent ou des coups de foudre partagés. 

Ainsi, je suis solidaire à 1000 % avec son jugement sur la série TV "Le Prisonnier" qu’il considère comme "la plus grande série du monde de tous les temps" !  Et je le rejoins aussi sur quelques autres broutilles, naturellement… depositphotos_165162870-stock-illustration-smiley-emoticon-with-ok-sign_foro.jpg

 

 

Mais reprenons en nous agrippant au fil de ses mémoires, rédigées en collaboration avec Christophe Quillien, truffées d’informations sur une époque aujourd’hui révolue, de digressions et d’anecdotes le concernant ou concernant ses innombrables relations. 

Donc, le gaillard, qui a beaucoup lu –et de tout– durant une scolarité confinée dans un internat, est monté ensuite à Paris où il a enchaîné des boulots : chez Renault (brièvement), vendeur aux puces, assistant libraire, avant d’entrer au magazine Pilote (en 1968) où il écrira des scénarios pour Moebius, Druillet, Bilal, Solé et beaucoup d’autres. 

Proche de Mandryka, il est partie prenante de l’aventure "L’Echo des Savanes", première mouture, en 1971. Mais c’est en 1975 qu’il frappera fort en créant Métal Hurlant avec ses potes Jean Giraud et Philippe Druillet, une publication frappadingue qui tiendra douze ans et qui connaîtra maintes péripéties qui l’occuperont tant et plus. 

Ses fonctions et son aura atypique lui permettent de rencontrer tout au long de ces années de très nombreuses personnalités. Un tourbillon mondain qui ne cessera de prendre de l’ampleur avec le temps, notamment quand il deviendra producteur et réalisateur d’émissions de télévision (comme "Les enfants du Rock") tout en continuant à écrire inlassablement des bandes dessinées. 

Les noms, les portraits, les potins, les appréciations, les jugements défilent page après page. Tour à tour drôles, surprenants, croustillants, piquants, révélateurs, souvent dignes d’intérêt et… parfois discutables ! 

Mentionnons parmi les "rencontres", dans le monde de la SF et de l’étrange, les "Jacques" (Goimard, Sadoul, Bergier), Robert Louit, Gérard Klein, Philippe Curval, William Desmond, Philip K. Dick, Harlan Ellison, John Brunner… ; pratiquement tout qui a compté dans l’univers du "neuvième art", de Pratt à Stan Lee, en passant  –outre les vieux complices Moebius et Druillet–  par Tardi, Got, Gotlib, Brétecher, Cestac, Pétillon, Margerin, Jodorowsky, Corben, Schuiten… impossible de les citer tous. Au niveau musical, un Gainsbourg ou un Mick Jagger. Et puis il y a le cinéma et la télévision, mais chut…  

Si vous êtes fan de science-fiction, de BD, de polars, de séries télévisées ou de septième art, si vous voulez assouvir votre curiosité intellectuelle, il n'y a pas à hésiter : lisez ce bouquin !

 

DIONNET Jean-Pierre/QUILLIEN Christophe, Mes Moires un pont sur les étoiles, Hors Collection, 2019, 19 €

 

 

 

MORCEAUX CHOISIS

 

trange adventure.jpgIl a fallu attendre le succès d’Astérix pour voir le neuvième art  –qui n’avait rien d’artistique pour la plupart des adultes– bénéficier en France d’un début de reconnaissance dans les années 1960. La bande dessinée était à ranger dans la même catégorie que la science-fiction, le polar et la musique rock : une sous-littérature ou une sous-culture réservées à une population de quasi-débiles mentaux et d’adultes abrutis insensibles à la beauté et à la grandeur de la "vraie" culture. Je n’ai donc jamais eu à me battre ni à me cacher pour en lire. Ma mère m’a même fait fabriquer des étagères sur MH - Robot rêveur.jpglesquelles je range mes fascicules. Et j’en lis beaucoup. Je dévore tout ce qui me tombe sous la main. De la BD américaine, française ou italienne, peu m’importe, je ne suis pas sectaire et je me moque des frontières. Tout me plaît, tout m’enchante, tout m’émerveille. (p.32) 

Un roman, une BD, une chanson, un film sont éternels. Et ils prennent une nouvelle dimension quand nous les retrouvons après une longue absence. (p.49) 

Avec un brin d’imagination, tout est possible. (p.55) 

Il n’existe pas d’art majeur ou d’art mineur, seulement de bonnes et de mauvaises œuvres. (p.66) 

Je crois que si j’arrêtais de me déplacer, je serais mort. Courir n’est pas un but en soi. Je n’ai jamais eu de but dans la vie, je n’ai jamais décidé de m’engager dans telle ou telle aventure. Je n’ai fait que saisir les occasions qui se présentaient et accepter les propositions qui m’étaient faites. Car il n’y a rien à trouver, c’est le déplacement qui est important. (p.82) 

J’avais l’impression, au lendemain de Mai 68, que les véritables préoccupations étaient celles qui relevaient du quotidien et qu’il était désormais interdit de rêver, comme si le rêve nous interdisait de vivre. Nous étions des rêveurs, mais cela ne nous empêchait pas de vivre dans la vie de tous les jours. Et la curiosité tous azimuts de Bergier ne l’empêchait pas d’avoir un solide coup de fourchette. (p.92) 

MH serein.jpgChacun de nous exprimait sa propre vision du monde. Bilal naviguait entre la réalité et les univers fantastiques, ses histoires parlaient d’un passé récent terrible et d’un avenir qui ne l’était pas moins. Tardi préférait mettre en scène ses mondes intérieurs. Moi, je me sentais bien dans des mondes d’avant ou d’après, mais surtout pas dans le monde contemporain. (p.158) 

Une autre revue était envisagée, elle devait s’appeler Métal hurlant. Mandryka avait eu l’idée du titre, mais il n’était plus très chaud pour se lancer dans l’aventure, à cause des difficultés financières de L’Echo. C’est Druillet, Moebius et moi qui avons repris le flambeau. La suite de l’histoire, tout le monde la connaît. (p.164) 

MH - Humour.jpgA Métal, nous venons d’une autre planète : la nôtre. Nous avons enfanté notre propre monde, notre propre univers graphique, notre propre langage visuel. Certains s’en amusent, d’autres s’en agacent. Ils ont peut-être peur de nous. Ils ont raison d’avoir peur. Métal hurlant est un meilleur journal que Pilote, un meilleur journal que L’Echo des savanes. (p.179) 

La science-fiction ne doit pas toujours être trop sérieuse, elle doit aussi faire rire les lecteurs. (p.186) 

Il faudra bien que l’Éducation nationale se décide un jour à enseigner à l’école la lecture des images et celle de la bande dessinée. (p.194) 

Druillet a dynamité la structure de la planche et de la case, Moebius l’a druillet salambo.jpgminée de l’intérieur pour nous emmener là où il voulait. L’un est un visionnaire viscéral qui ne calcule pas, l’autre était un manipulateur, un illusionniste, un magicien. (p.195)

Si la science-fiction a nourri mon imaginaire, j’ai toujours été et je reste un grand lecteur de romans noirs. Je crois même que le polar est la littérature du XXème siècle par excellence, encore plus que la SF (…). La science-fiction a deviné le XXIème siècle (...) mais elle n’est pas –ou pas encore– allée au-delà. (p.222) 

Jean Giraud plaçait son œuvre personnelle au-dessus de tout, et l’obsession de cette œuvre l’obligeait à laisser de côté son humanité. Au fond, Jean n’était pas très humain. Il me disait parfois qu’il n’était pas quelqu’un de "gentil". Il savait qu’il n’était pas le père idéal, pas plus que le collaborateur idéal. Il n’avait pas de cœur, alors que Druillet a toujours eu un cœur trop grand.  Mais je crois qu’il ne faut pas lui en vouloir. Les grands auteurs n’ont pas le choix. Leur œuvre personnelle prime sur le reste et R.jpgJean Giraud-Moebius n’échappait pas à la règle. Las artistes sont des gens déficients et leur création sert à combler cette déficience. Quand je dirigeais Métal hurlant, il m’est arrivé de manquer d’humanité. Le sort du journal passait avant tout, même si j’ai parfois publié un auteur en sachant qu’il ne se vendrait pas, comme Charlie Schlingo. Je n’étais pas un bon mari, je me consacrais entièrement à Métal, que je considérais au même titre qu’une œuvre d’art. A ce moment précis, je n’étais sans doute pas un être humain remarquable, mais il faut parfois faire les choix qui s’imposent. (p.261) 

"Destination Séries" est une émission bimensuelle qui dure trente minutes. (…) Je présente l’émission avec Alain Carrazé. Ce type est un fou. Un fou de séries s’entend. (…) Même si je suis loin de m’y connaître autant que lui, je suis néanmoins un amateur du genre. Le Prisonnier reste ma plus grande série du monde de tous les temps. Elle date peut-être des années 1960, mais elle n’est pas démodée. La preuve : dans la société contemporaine, nous avons fini par devenir des numéros, comme Patrick McGoohan. (p.393)

 

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01 novembre 2021

SFFF [I]. MÉTAL HURLANT, HIER ET AUJOURD'HUI

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C’est une époque que les moins de 50 ans, avec ou sans Rolex, connaissent peu : les années 70, dans l’immédiate foulée de 1968, en pleine effervescence politique et sociale, mais aussi culturelle.

Une ébullition qui n’émergeait pas du néant. La SF et la BD constituaient déjà chacune un "continent" que les "élites" s’efforçaient pourtant d’invisibiliser en tentant de repousser ces "genres" en marge d’une "culture" réservée à une minorité de sachants.  

Toutefois, cette condescendance aristocratique ne put entraver la popularité de ces moyens d'expression qui foisonnaient : BD franco-belge, comics en provenance d’Outre-Atlantique, presse satirique, littérature fantastique, fictions scientifiques, musique rock…

MÉTAL HURLANT fut un enfant turbulent de cette vague underground.

 

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Porté sur les fonts baptismaux en 1975 par trois créateurs issus de l’hebdomadaire Pilote, le "journal qui s’amuse à réfléchir", les ébouriffants Jean-Pierre Dionnet, Jean Giraud (Gir/Moebius) et Philippe Druillet, rejoints par un quatrième "Humanoïde associé", Bernard Farkas, le "financier" de l’aventure.

Cette Odyssée, qui bouscula le "neuvième art" en France et qui eût des répercussions internationales, perdura douze ans.

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Gilles Poussin et Christian Marmonnier l’ont racontée en 2005 et cette somme vient d’être ré-éditée [*].

S’appuyant sur les témoignages contradictoires des principaux acteurs de l’époque, sur d’innombrables documents/photos extraits du magazine et de ses avatars, ces 300 pages jubilatoires consacrées à l’empire MÉTAL HURLANT méritent d’être mises entre toutes les mains.

Pourquoi pas sous le sapin, dans une période propice aux offrandes ?

 

[*] MARMONNIER Christian, POUSSIN Gilles, Métal Hurlant 1975-1987, La machine à rêver, Denöel, Paris, 2021

 

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MÉTAL HURLANT, LE RETOUR !

 

Au menu :  280 pages articulées autour d’une thématique, le "Futur proche" dans la SF.

Verdict ?

Inutile de tenter des comparaisons car le contexte a changé et un certain monde qui s’engageait dans le dernier quart du XXème siècle n’est plus tout-à-fait le même que celui du premier quart du XXIème siècle. Pour le meilleur et pour le pire !

Et puis, Moebius n’est plus et Druillet a modifié sa trajectoire artistique…

 

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Minorés, donc, le côté rock et déjanté, l’inventivité graphique et la créativité esthétique, la remise en question des codes et des narrations classiques, les transgressions et les délires de trublions décomplexés.

Certes, un "copier-coller" entre hier et aujourd’hui n’aurait pas été pertinent, mais l’on pouvait néanmoins attendre plus de peps et une publication moins sage, même en notre époque aseptisée !

Les 22 BD proposées (format "histoires complètes") sont souvent minimalistes et la dense première partie consacrée à plusieurs articles et entretiens (Damasio, Bilal, Gibson…), n'apporte aucune illumination fracassante !

Ce premier numéro mérite naturellement le bénéfice du doute. La nouvelle cuvée de MÉTAL HURLANT devra faire ses maladies de jeunesse avant, souhaitons-le, de trouver une tonalité moins mièvre et plus subversive !

Attendons par conséquent la suite, c’est-à-dire le numéro 3, car le numéro 2 planifié pour janvier 2022, sera une publication vintage orchestrée par le "vieux" baroudeur de l'imaginaire, Jean-Pierre Dionnet  himself !

 

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19 octobre 2021

Critique(s)

"Marx a sous-titré Le Capital, comme les Grundrisse, Critique de l'économie politique, et Lénine soulignait déjà que Marx ne se place jamais sur le terrain économique dans ses analyses, car il conçoit la production comme un acte biologique de métabolisme entre l'homme et la nature. Ainsi, écrivait Marx en 1844 dans ses Manuscrits parisiens, il pourra ne plus y avoir qu'une seule science sous le communisme, celles des sciences de la nature.
 
(...)
 
Cette critique de l'éducation  –comme l'a été celle de l'économie politique– est fondée essentiellement sur des critères de classe soulignant le caractère faussement impartial et objectif de toutes les institutions existantes qui trouvent finalement leur explication dans l'économie.
 
D'emblée, Marx ramasse en une synthèse formidable les caractéristiques de la bourgeoisie, qu'il définit d'une manière qui peut paraître paradoxale à certains : «l'argent et la culture en sont les deux critères essentiels» [Critique du droit politique de Hegel]
 
(...)
 
A mesure que se développe la division du travail, le savoir, l'art et la culture se séparent des producteurs, passent dans les superstructures et sont monopolisés par les classes dominantes"
 
 
[Roger Dangeville, Présentation de textes de Karl Marx et Friedrich Engels sur la Critique de l'éducation et de l'enseignement, Maspéro, 1976]
 
 
 

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01 juin 2020

Lectures chaudes pour un été annoncé chaud !

Bientôt l’été !

Les vacances !

Pour celles et ceux qui ont l’occasion d’en prendre, ce qui n’est jamais le cas pour une moitié de la population !

Cette année, avec la grave crise sanitaire du Covid-19, ce sera probablement très particulier !

Loin du Sea, Sex and sun ?

Possiblement oui, possiblement non…

Peu importe. Cela reste surtout l’occasion pour beaucoup de bouquiner plus que d’habitude !

Voici quelques suggestions de lecture plutôt… "exigeante" !

Mais pas d'inquiétude, je reviendrai dans quelques jours avec des propositions littéraires estivales plus "légères", pour ne mécontenter personne...

 

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En 1989, une année marquante dans l’histoire du siècle dernier, paraissait aux Editions Sociales, sous la direction de Gilbert Badia et Jean Mortier, le tome 12 de la  "Correspondance Marx-Engels (janvier 1872-octobre 1874)".

Un ouvrage imprimé à Leipzig, en RDA. Ce fut le dernier d'une entreprise entamée en 1971 !

Aujourd’hui, 31 ans plus tard, dans un autre contexte, est enfin publié le tome 13 !

Avec ce volume de lettres inédites (période allant de 1875 à 1880), les Éditions Sociales reprennent ainsi la publication de cette Correspondance, un des derniers grands éléments du corpus marxien à ne pas avoir été entièrement traduit en français.

On y (re)découvre Marx et Engels au quotidien, à travers des lettres chargées d’anecdotes qui "humanisent" ces deux militants révolutionnaires trop souvent sanctifiés par des "héritiers" en mal de dogmes…

Débats et rivalités internes, problèmes d'organisation, controverses théoriques, mouvements sociaux, bouleversements géopolitiques : tout les intéresse et tout est passé au tamis de leur esprit critique.

Un monument "politico-littéraire" à dévorer en cette période de "déconfinement" accéléré !

 

 

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Restons avec les auteurs du "Manifeste du Parti Communiste" pour une nouvelle publication de la GEME (Grande Edition Marx Engels) des "Annales franco-allemandes", le projet de Karl Marx et Arnold Ruge tout juste arrivés en France en 1844 après que la "Gazette Rhénane" ait été interdite.

C'est la première fois que ce numéro unique des "Annales franco-allemandes" est publié intégralement .

Il cristallise un projet politique et théorique collectif singulier, celui d’une partie des "Jeunes Hégéliens". Ces intellectuels allemands, disciples critiques de Hegel, cherchent à faire de la philosophie de ce dernier un instrument au service des luttes progressistes dans l’espace intellectuel et politique germanique.

Cette première édition et traduction française intégrale donne à lire dans des traductions et appareils critiques nouveaux les articles de Marx et d’Engels ("Esquisse d’une critique de l’économie politique",  "Sur la question juive" "Introduction de la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel") ainsi que de tous les contributeurs du numéro (Mikhaïl Bakounine, Ferdinand Cölestin Bernays, Ludwig Feuerbach, Heinrich Heine, Georg Herwegh, Moses Hess, Johann Jacoby, Arnold Ruge).

Introduit par Pauline Clochec, ce volume présente dans toute leur complexité le tournant socialiste et communiste que Marx effectue à Paris.

 

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Il y a peu, disparaissait le philosophe Lucien Sève, emporté par le Coronavirus à l’âge de 94 ans !

Ce livre d’entretiens avec son fils Jean et l’un des derniers à avoir été publié de son vivant (en 2018).

En résumé : personne ne peut plus méconnaître que notre mode dominant de production détériore de façon catastrophique les équilibres écologiques de la planète, jusqu'à menacer l'avenir de tous les vivants. Mais on mobilise trop peu l'attention publique sur cet autre fait de même gravité : la détérioration générale des valeurs de la vie humaine civilisée, partout piétinées par les diktats de la rentabilité financière.

L'humanité existera-t-elle encore au XXIIe siècle ? Parer à cette double catastrophe montante exige de changer bien des choses, mais surtout d'en finir sans délai avec sa source profonde : un capitalisme entré en folie sénile qui sacrifie avec une brutalité inouïe la nature et les humains aux exigences insatiables des profiteurs privés. Ce système à bout de course nous conduit tous dans le mur.

Il est donc urgent de lui enlever le volant, et de prendre une autre voie, celle d'un capitalexit, d'une sortie du capitalisme !

Au fil de sept conversations animées entre fils et père, ce livre appelle à retrouver l'audace révolutionnaire, mais de façon tout autre qu'au siècle dernier. Il ne s'agit plus de la révolution d'une classe mais du peuple producteur entier, en sa diversité, et prenant ses affaires en main. Il ne s’agit plus d’une insurrection violente mais d'une conquête pacifique de l'hégémonie en faveur de réformes révolutionnaires changeant d'emblée la vie du grand nombre. Il ne s’agit plus d’une transformation par en haut sous pilotage autoritaire d'un parti vertical, mais d’une appropriation commune, fondée sur l'implication de tous les individus s'auto-organisant horizontalement, en inventant les règles d'une société sans classes et hautement développée.

 

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Nouvelle édition du désormais classique "Age des Extrêmes" du renommé historien britannique, Eric Hobsbawm.

Cette réédition s’ouvre sur une préface de Serge Halimi : la question révolutionnaire a-t-elle ou n’a-t-elle pas disparu de l’histoire ? Elle inclut également un dossier de presse sur la difficile réception de l’ouvrage en France  -notamment du fait des réticences des Editions Gallimard- et une postface synthétique de Nicolas Chevassus-au-Louis sur ce même aspect.

Dans cette "courte histoire du XXème siècle", l’auteur revient sur quelques amnésies nées de la chute du "Mur de Berlin".

Refusant la vision désespérée d’un siècle réduit à une succession de guerres et de massacres, l’historien rappelle les grandes avancées de l’humanité : non seulement la chute des empires coloniaux, mais aussi les conquêtes sociales issues des luttes ouvrières, ainsi que l’élargissement des droits politiques -dont les progrès sans précédent de l’émancipation des femmes-, et bien sûr les révolutions dans les domaines des sciences, des techniques et des arts.

Synthèse sans équivalent, ce livre s’oppose au pessimisme d’une idéologie de  "la fin de l’histoire" et maintient ouverte les perspectives de changement des rapports sociaux.

 

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En quelques mois, un virus a contraint le monde entier à interroger ses perspectives. À l’"Ere du Peuple", les individus comme les sociétés sont interdépendants. Conséquence d’une crise écologique globale, le Coronavirus a déclenché une crise sanitaire, économique, démocratique et sociale mondiale.

Comment des sociétés hyperconnectées et par conséquent dépendantes des réseaux font-elles face au Covid-19 ? Comment les politiques néolibérales à l’œuvre depuis des décennies ont-elles détruit les moyens de l’État pour faire face à la pandémie ? Comment se dessine la sortie de crise ? Vivrons-nous un nouveau choc libéral et productiviste comme au lendemain de la crise de 2008 ? Ou les peuples parviendront-ils à imposer la construction d'un "Avenir en commun" ?

Analyse politique d’une situation inédite par Bastien Lachaud, député de La France Insoumise, et sa "cheffe de cabinet", Lucie Kirchner.

 

 

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L’auteure de cet "abécédaire de l'écologie populaire" (Éditions 2031), formée à Sciences Po Rennes et AgroParisTech, Manon Dervin, est spécialisée en politiques publiques environnementales et bifurcation écologique. Elle a travaillé sur les sujets de biodiversité en administration déconcentrée et auprès d’un opérateur public.

Elle défend une écologie de rupture avec le capitalisme. A contre-courant de la tendance "green-washing", elle considère que l'écologie est l'affaire des peuples.

Confiée aux multinationales, à leur bon vouloir, contre les services publics et suivant des logiques d'austérité budgétaire, l'écologie libérale est, en effet,  au service d'un projet "pour les puissants". Pour la contrer, il faut un projet apte à rassembler les différentes catégories populaires en mal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

Une précieuse contribution pour aider à cerner les contours d’une "écologie populaire" au sens de favorable, désirable et orchestrée par et pour le peuple !

 

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Il y a cinquante ans, en mars 1969, alors sur le point de gagner une course en solitaire, le navigateur Bernard Moitessier choisissait de ne pas franchir la ligne d'arrivée et de fuir le consumérisme.

Dans cet essai philosophique et littéraire rédigé à la première personne et empreint de doute salutaire, Corinne Morel Darleux questionne notre quotidien en convoquant les "lucioles" de Pasolini ou les "racines du ciel" de Romain Gary, et propose une alternative radicale : refuser de parvenir et restaurer la dignité du présent pour endiguer le naufrage généralisé.

Élue dans la Drôme, militante écosocialiste, chroniqueuse pour Reporterre, Corinne Morel Darleux suit depuis plus de dix ans les questions climatiques et de défense des écosystèmes.

 

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Dans la première édition de ce livre, l’astrophysicien Aurélien Barrau disait : "La vie, sur Terre, est en train de mourir. L'ampleur du désastre est à la démesure de notre responsabilité. L'ignorer serait aussi insensé que suicidaire. Plus qu'une transition, je pense qu'il faut une révolution. Et c'est presque une bonne nouvelle".

Dans cette deuxième édition, il complète et affine son propos en analysant la nature des oppositions à la pensée écologique et en suggérant de nouvelles voies de résistance pour dépasser l'immobilisme suicidaire.

 

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"Changeons le système, pas le climat" : la catastrophe écologique a commencé.

Les capitalistes s'en frottent les mains, prêts à nous vendre leurs fausses solutions. Les « collapsologues » prétendent quant à eux qu'on ne peut rien faire !

Refusant le cynisme des uns et le fatalisme des autres, Daniel Tanuro pose ici les jalons d'une alternative à l'effondrement qui vient : « l'écosocialisme ».

Il analyse la crise du Coronavirus et la manière dont elle annonce des crises encore plus graves qui toutes prennent racine dans la civilisation capitaliste industrielle, ainsi que dans les structures raciales et patriarcales de la "modernité".

Polémiste intarissable, il démonte les promesses intenables du "capitalisme vert" comme les limites du Green New Deal de la "gauche américaine".

Enfin, soucieux de compléter le geste critique par une proposition alternative, Daniel Tanuro esquisse une proposition politique radicale pour conjurer le désastre : "produire moins, transporter moins, partager plus" !

Un deuxième ouvrage de référence pour ce porte-parole de la "Gauche anticapitaliste" ("section belge de la Quatrième Internationale"), après "L’impossible capitalisme vert" publié en 2010.

 

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Pendant le confinement, depuis son domicile, le turbulent député de La France Insoumise, François Ruffin, a dessiné le monde de demain.

On en était où ? Ah oui. On fonçait vers le gouffre, à vitesse accélérée. La calotte glaciaire fondait, les ours polaires se noyaient, le Mont-Blanc reculait, les oiseaux ne se cachaient même plus pour mourir.

Et soudain, la planète s'arrête. C'est une crise, avec son cortège de drames. Mais c'est aussi une fenêtre. L'occasion d'une bifurcation. La mondialisation, le tout-marché, c'était "une folie", regrette le président. Et on nous le promet : "Il y aura un avant et un après".

L'espoir renaît. La crainte aussi. Car, déjà, tout repart comme avant, de l'avant, et même pire qu'avant…

L'après se mérite. L'après est un champ de bataille. L'après est un combat, contre les forces obscures qui ne renoncent pas. Durant les deux mois de confinement, François Ruffin a animé sa radio-cuisine, "L'An 01".

Il a reçu des milliers d'alertes, et beaucoup d'invités : des infirmières bien sûr, un ambulancier, des auxiliaires de vie, des caissières, un libraire, un cariste de chez Amazon, un ouvrier de chez Valeo, une patronne de bar-tabac, un routier à l'arrêt...

Des intellectuels, également, pour penser ce moment.

En reporter, il passe ici cette crise au scalpel, en dresse un récit vivant. Et, en député, il ouvre des voies pour l'après : sur l'économie, la santé, la démocratie, l'égalité…

 

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Au départ il s'agit d'un projet, diffusé sur la radio Fréquence Paris Plurielle (106,3 FM).

Au cours de deux séances d'enregistrement en 2007 et 2008, Daniel Bensaid se prête à un exercice radiophonique. Autour de 12 dates, souvent associées à des figures marquantes du mouvement ouvrier, il donne à entendre sa vision des événements : Révolution d'Octobre, Guerre d'Espagne, assassinat de Lumumba, Chili 73, chute du Mur de Berlin...

Ces 12 dates retracent un "court vingtième siècle", avec des choix nécessairement partiels et partiaux. On entend, ou plutôt on lit, certaines des principales analyses qui structurent la pensée de Daniel Bensaïd, mais aussi celle d'une partie de la gauche radicale en ce tout début de 21e siècle.

Dans cet exercice passionnant, Daniel Bensaïd y déploie un récit foisonnant de références et d'expériences personnelles.

Lui, à qui "l'histoire a mordu la nuque", reste capable de nous embarquer avec autant d'érudition que de chaleur dans l'histoire et ses bifurcations pour penser la suite : "on entre dans une nouvelle étape, mais dans cette nouvelle étape, selon une formule qui m'est chère, on recommence par le milieu, on ne recommence pas à zéro ".

Pour poursuivre l'aventure, 10 ans après la disparition du militant philosophe, il a été demandé à certains de ses amis de réagir à ces enregistrements. Entre héritage, dette intellectuelle et politique, ils et elles prennent position :  comment continuer à penser nos luttes pour l'émancipation dans un monde qui a définitivement basculé dans un autre siècle ?

 

 

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17 mars 2017

A paraître

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05 mars 2017

Viennent de paraître...

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07 décembre 2016

Impertinence et intelligence

 

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Charb ne se contentait pas de dessiner. Il écrivait aussi. Des chroniques décapantes, où il brocardait allègrement tout ce qui fait le sel de la vie pour la plupart d’entre nous. Rien, absolument rien n’échappait à sa plume trempée dans le vitriol de l’humour.

Dans ce « nouveau petit traité d’intolérance » [1], qui reprend quarante chroniques publiées en son temps dans Charlie Hebdo, il charge pêle-mêle les valises à roulettes, les concerts, la 3D, les trains qui arrivent à l’heure, Audiard, Brassens, les thermomètres, les arbitres de foot, les dictons, les truffes ou les faux anars…

C’est excessif ? C’est caricatural ? C’est provocateur ? Assurément.  Et délibérément !

Comme pour ses dessins, ses textes ne connaissent aucune limite et enrageront les curés de toutes les obédiences !

C’est très bien ainsi, car tel est le prix de la liberté.

Une liberté chèrement payée par Charb et ses potes de Charlie Hebdo, assassinés par des obscurantistes le 7 janvier 2015, un matin de triste mémoire.

Je suis Charb.

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[1] Charb, NOUVEAU PETIT TRAITE D’INTOLERANCE, éditions J’ai Lu/Librio, Paris, 2016, 3 €.

charb traité 1.jpgAux mêmes éditions et pour la même somme modique avait déjà été publié, en 2012, PETIT TRAITE D’INTOLERANCE.

 

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