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17 décembre 2025

POLARS EN BARRE [143]

"Mon pardessus et un veston pendaient devant moi. Je les fis glisser sur la tringle et j’aperçus le visage hideux, bouffi, cramoisi, à peine reconnaissable de Mary Olan. Sa langue boursouflée lui sortait de la bouche.

Le monde s’arrêta. J’entendais les voitures passer sur la route et un oiseau chanter dans les ormes. Je ne pouvais pas détacher mon regard de ce visage. Il offrait l’aspect fascinant, horrible et terrifiant d’une blessure ouverte.

Aucune immobilité n’est comparable à l’immobilité spécifique de la mort. Je refermai la porte du placard, lentement. Déclic du loquet. Je m’assis sur le lit. La pièce était chaude, mais je frissonnai. J’allai prendre une cigarette sur mon bureau. Je voulais arriver à me persuader que ce n’était pas vrai. Et pourtant, je savais que ce n’était pas une hallucination créée par la lumière, une aberration de l’esprit provoquée par ma migraine.

(…)

Au bout d’un moment, je repoussai tous mes vêtements sur le côté et allumai la lumière dans le placard. Et je vis ce qu’elle avait autour du cou."

 

John Dann MacDonald

 

 

 

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16 décembre 2025

POLARS EN BARRE [142]

"Malgré sa migraine et ses bourdonnements d’oreilles, il y avait longtemps que Martin Beck ne s’était pas senti aussi bien. Il avait l’impression d’être un coureur de fond prêt à prendre le départ. Le coup de pistolet du starter allait retentir dans une seconde… Il n’y avait que deux choses qui l’ennuyaient : le meurtrier, lui, n’avait pas attendu le signal de départ et il avait trois mois d’avance ; en outre, Beck ne savait pas dans quelle direction s’élancer.

Mais derrière ces pensées peu encourageantes, son cerveau de policier avait déjà commencé d’organiser les investigations de routine qui allaient se poursuivre au cours des quarante-huit heures à venir et qui, il le savait d’avance, donneraient un certain nombre de résultats. C’était aussi certain que le fait que le sable tombe quand on retourne le sablier."

 

Maj Sjöwall & Per Wahlöö

 

 

 

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15 décembre 2025

POLARS EN BARRE [141]

"− Exactement. Vous avez raconté des histoires de fantômes  −et des plus déplaisantes, j’imagine !−, le soir, en présence d’une femme qui était déjà la proie de terreurs inavouées. Aussi ne souhaita-t-elle qu’une chose : pouvoir s’endormir dès qu’elle poserait la tête sur l’oreiller, afin de ne pas voir rôder autour d’elle dans l’ombre sorcières et fantômes. Je ne suis pas surpris que vous n’ayez rien remarqué, vous, mais que cela ait échappé à l’attention de la famille Despard me dépasse vraiment ! L’influence des Despard semble vous être néfaste à tous deux. Ils font aisément crédit au surnaturel…

Au dehors, il y eut un sourd roulement de tonnerre et la pluie se mit à battre les vitres. Stevens se sentait soulagé de tous ses soucis, à l’exception d’un seul :

− Oui, dit-il, ce que vous dites est vrai, mais il n’en reste pas moins que le corps d’un homme a disparu de la crypte…"

 

John Dickson Carr

 

 

 

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14 décembre 2025

POLARS EN BARRE [140]

"Lorsque j’atteignis le second étage, je crus entendre à ma gauche le bruit d’une respiration régulière et paisible. Le côté gauche menait à un corridor communiquant avec la chambre de Miss Rachel. Je regardai, j’y entrai, et que vis-je ? Enroulé sur trois chaises placées juste en travers du passage, un foulard rouge noué autour de sa tête grise, et sa respectable redingote noire roulée en guise d’oreiller, le sergent Cuff gisait endormi ! Il s’éveilla à l’instant où j’approchai, aussi tranquillement qu’un chien."

 

Wilkie Collins

 

 

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13 décembre 2025

POLARS EN BARRE [139]

"– N’avez-vous jamais songé qu’un homme qui passe sa vie à entendre les autres lui conter les pêchés qu’ils ont commis, ne doit pas être entièrement ignorant du mal ? D’ailleurs, à un autre indice, j’aurais pu dire que vous n’étiez pas un prêtre.

− Quoi ? dit le voleur, bouche bée.

− Vous avez attaqué la raison, dit le père Brown. Ce n’est pas orthodoxe."

 

Gilbert Keith Chesterton

 

 

 

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12 décembre 2025

POLARS EN BARRE [138]

"L’étrange vieil homme qui se trouvait dans le coin, à la table voisine de la mienne, posa son verre de lait et s’accouda.

— Des mystères ? dit-il. Il n’y a de mystère en aucun crime si les investigations sont intelligentes !

Stupéfaite, je le regardai par-dessus les journaux que j’étais entrain de lire. Avais-je commenté à haute voix l’article qui m’intéressait tant, je n’en sais rien, mais les paroles de ce bonhomme se trouvaient en directe réponse à mes pensées. Son apparence, en tout cas, suffit à m’intriguer. Je n’avais jamais vu un vieillard si blême, si mince, et muni de si drôles de cheveux pâles, comiquement ramenés en travers d’un crâne glabre. Il paraissait timide et nerveux. Incessamment, il tourmentait une cordelette entre ses doigts maigres et longs ; il y accumulait, pour les défaire ensuite, des nœuds extraordinairement compliqués… Je m’aperçus par la suite qu’il ne pouvait guère parler sans manier quelque ficelle."

 

Emma Orczy

 

 

 

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11 décembre 2025

POLARS EN BARRE [137]

 

"Près d’un demi-siècle après son apparition, Raffles, le ″gentleman-cambrioleur″, demeure l’un des personnages du roman anglais les plus connus. Rares sont ceux qui ignorent qu’il jouait du cricket dans l’équipe d’Angleterre, qu’il vivait dans une garçonnière d’Albany Street et cambriolait les maisons de Mayfair qu’il fréquentait par ailleurs en invité.

(…)

Aujourd’hui, le charme de Raffles tient en partie à l’atmosphère d’époque et en partie à l’ingéniosité de la narration. Hornung était un auteur très consciencieux et, à son niveau, très habile. Si l’on en juge en termes de pure efficacité, on ne peut qu’admirer son œuvre. Mais ce qui fait de Raffles un personnage vraiment marquant, ce qui lui donne, aujourd’hui encore, valeur de symbole (il y a tout juste quelques semaines, dans une affaire de vol, un magistrat parlait au sujet du prévenu d’un ″Raffles en chair et en os″), c’est sa qualité de gentleman..."

 

George Orwell

 

 

 

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♦♦♦

 

 

 

"Je le vois encore, vautré dans un des fauteuils luxueux qui meublaient son salon. Je revois sa silhouette athlétique et indolente, son visage pâle et allongé, rasé avec soin, ses cheveux noirs bouclés, sa bouche forte et sans scrupule. Et je ressens de nouveau la puissance de son œil magnétique, froid et lumineux comme une étoile, qui me pénétrait jusqu’au cerveau, scrutant mes plus secrètes pensées.

(...)

Depuis quelques mois je luttais avec succès contre son emprise, et ce n’était pas sans peine, car j’ai déjà eu l’occasion de dire combien Raffles était irrésistible pour tout le monde et en particulier pour moi, quand il se mettait en tête de me circonvenir."

 

 

Ernest William Hornung

 

 

 

 

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10 décembre 2025

POLARS EN BARRE [136]

"Arsène Lupin, depuis quatre ans, était chef de la Sûreté !!!

Il l’était depuis quatre ans ! Il l’était réellement, légalement, avec tous les droits que ce titre confère, avec l’estime de ses chefs, avec la faveur du gouvernement, avec l’admiration de tout le monde.

Depuis quatre ans le repos des habitants et la défense de la propriété étaient confiés à Arsène Lupin. Il veillait à l’accomplissement de la loi. Il protégeait l’innocent et poursuivait le coupable.

Et quels services il avait rendus ! Jamais l’ordre n’avait été moins troublé, jamais le crime découvert plus sûrement et plus rapidement !

(…)

Et voilà que M. Lenormand n’était autre qu’Arsène Lupin !

Qu’il fût prince russe, on s’en souciait peu ! Lupin était coutumier de ces métamorphoses. Mais chef de la Sûreté ! Quelle ironie charmante ! Quelle fantaisie dans la conduite de cette vie extraordinaire !"

 

Maurice Leblanc

 

 

 

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