08 décembre 2014
Doutes, interrogations, bifurcations
« Si le gouvernement met une tax shift [glissement de la fiscalité du travail vers le capital] à l’ordre du jour, la CSC serait prête à s’asseoir à la même table que le gouvernement et à prendre ses responsabilités » (1) « Nous avons reçu le mandat de suspendre l’action du 15 décembre et de la déplacer en 2015 si un signal arrive cette semaine du gouvernement concernant un impôt sur la fortune » (2) « On est pourtant clair : on ne demande pas le retrait des mesures, mais au moins leur suspension » (3)
Décidément, certains dirigeants syndicaux soufflent le chaud et le froid. Il est parfois question dans leurs déclarations de « grève générale illimitée », mais ils donnent aussitôt l’impression de chercher une porte de sortie en espérant que Michel Ier les aide à la trouver !
Toutefois, ce scénario providentiel a un adversaire de taille : la NVA !
Le CD&V et les Libéraux -habitués de longue date à gouverner- sont en effet capables de manœuvrer. Ils n’ont jamais hésité, dans le passé, à lâcher un peu de lest pour contenir une contestation sociale et mettre dans leur poche l’une ou l’autre organisation syndicale. Mais le parti de Bart De Wever, novice gouvernemental de la droite extrême, ne veut abandonner aucune des mesures prévues dans le programme des coalisés, ni faire le moindre geste pour « équilibrer » la facture salée présentée à la population !
Difficile, dans ces conditions, pour les décideurs syndicaux de planifier un atterrissage en douceur après la grève générale nationale du mois de décembre !
Faute de marge de manoeuvre, ils sont maintenant confrontés à un dilemme : soit poursuivre et amplifier la mobilisation contre la coalition des droites, avec le risque de perdre le contrôle de la situation ; soit mettre fin sèchement au mouvement des grèves et devoir ainsi assumer une défaite lourde de conséquences pour les travailleurs avec ou sans emploi (leur « base » !), et singulièrement délétère pour le système de la « concertation à la belge », érigé par beaucoup en « modèle » universel !
Or, à l’évidence, le rêve des piliers de cette majorité gouvernementale est de frapper durement les syndicats afin de garder les mains libres dans le déploiement de politiques destinées à casser les derniers vestiges de « l’Etat social ». Les remises en cause du « droit de grève » au nom du « droit au travail » illustrent bien cette volonté d’en découdre de manière frontale !
Une autre difficulté : là où ils sont encore au pouvoir, les « amis » et les « relais » du PS mettent également en œuvre des politiques de « rigueur budgétaire » ( !), qui sont loin d’être indolores pour les citoyens, même si leur vigueur est un ton en dessous de l’austérité imposée par la machine de guerre fédérale. Un fait qui handicape la perspective d’une alternative convaincante.
Les données de l’actuelle conjoncture étant ce qu’elles sont, que pouvons-nous dès lors attendre et que devons nous tenter d’impulser dans les semaines à venir ?
1. Les actions. Jamais dans notre histoire sociale, une grève nationale interprofessionnelle au finish n’a été décrétée par le sommet du front commun syndical. En sera-t il autrement en 2014-2015, alors que la crise et les politiques « austéritaires » successives ont infligé au syndicalisme de nombreux revers et l’ont affaibli ? Plutôt aléatoire, on en conviendra ! Une telle issue est envisageable pour autant qu’elle soit portée par une lame de fond venant « d’en bas ». Il n’est pas certain que nous en sommes à ce stade aujourd’hui malgré les provocations répétées du gouvernement NVA-MR. Mais celui-ci n’est pas à l’abri du dérapage de trop et il suffit parfois d’un événement « inattendu » pour bouleverser une donne.
2. L’alternative. Il reste beaucoup de travail pour la construire. Ainsi, la réalité parlementaire indique que socialistes, écologistes et PTB-PVDA disposent aujourd’hui de 50 députés à la Chambre. 50 sur 150 (4) ! Et face à une « gauche gestionnaire et de droite », la « gauche de gauche » reste fortement minoritaire malgré la belle percée électorale du PTB-GO dans le sud du pays. L’urgence commande cependant d’avancer pas à pas, sans attendre l’avènement d’une solution de rechange crédible. La priorité est de mettre en échec la droite gouvernementale en empêchant qu’elle concrétise ses objectifs, ce qui passera inévitablement par sa chute. Ensuite ? Tout ne sera pas résolu, miraculeusement. Cette menace éventuellement écartée, d’autres feront rapidement leur apparition. En cas d’élections, et en cas de défaite des partis de l’actuelle coalition au pouvoir (ce qui n’est pas assuré), le PS pourrait remonter au fédéral dans le cadre d’une tripartite traditionnelle. Nous ne serions pas débarrassés de l‘austérité et la lutte pour la défense des acquis/conquis restera alors indispensable. Des combats qui devront être combinés avec le travail de construction d’une solide force politique « anticapitaliste ». Ce qui est loin d’être évident tant un changement de rapports de forces à l’intérieur de la gauche est nécessaire pour encourager un changement de cap de la « gauche de gouvernement », et rendre ainsi possible l’émergence d’un débouché politique inédit. Et pour rendre l’équation un peu plus ardue, il reste une autre inconnue épineuse : vu la configuration politique de la Flandre, la perspective d’une hégémonie de la gauche au niveau de la Belgique dans son ensemble est improbable dans un délai raisonnable. Celle-ci pourrait se matérialiser plus rapidement en Wallonie. Naturellement cette perspective pose immédiatement la question du confédéralisme. Un tabou pour tous les belgicains (« nationalistes belges »), y compris de gauche voire d’extrême-gauche !
Force est donc de constater que nous nous situons au cœur de nœuds extrêmement complexes. Le déroulement des événements et les prises de position quotidiennes des uns et des autres paraissent souvent déconcertants, et il n’est pas facile de trouver une issue enfin favorable au plus grand nombre.
Tout est évidemment plus simple pour celles et ceux qui sont persuadés que le capitalisme constitue la « fin de l’histoire » et qu’il n’existera jamais d’alternative à celui-ci, ou pour celles et ceux -moins nombreux il est vrai- qui sont convaincus de l’imminence du « grand soir » et du caractère superfétatoire de toute autre considération.
Les incertitudes du moment devront vite trouver des réponses adéquates, histoire d’éviter des désillusions supplémentaires.
Le défi est de taille pour tous les partisans d’une transformation radicale de la société, et le dénouement de l’affrontement actuel pourrait peser lourd sur la traduction concrète d’une réponse authentiquement de gauche face aux crises qui déstabilisent les salariés et les allocataires sociaux.
Plus que jamais, l’avenir s’écrit au présent.
Un autre rendez-vous à ne pas manquer…
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Notes
(1) Marc Leemans, président de la CSC, L’Echo, 25/11/2014.
(2) Jan Vercamst, président de la CGSLB, Le Vif, 7/12/2014
(3) Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB, Sud Presse, 8/12/2014
(4) Dans l’entité fédérée wallonne, le rapport de forces est moins défavorable, même si les 36 députés du PS, d’Ecolo et du PTB-GO -sur 75 !- ne constituent pas (encore) une majorité. Il n’empêche que les perspectives de la constitution d’un « gouvernement des gauches » sont ici meilleures. Ce qui ouvre le débat sur la question nationale et remet sur le devant de la scène la revendication démocratique du droit à l’autodétermination des peuples.
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05 novembre 2014
Rupture dans la continuité ou continuité dans la rupture, la lutte et une alternative sont indispensables !
Le PS sera dans la rue ce jeudi aux côtés des syndicats.
Que ses militants et ses responsables s’engagent dans la mobilisation contre le gouvernement Michel Ier est une excellente nouvelle, car un front de résistance très large sera primordial pour faire trébucher cette coalition de carnassiers au service du capital.
Il n’empêche que le malaise subsiste : si Elio Di Rupo, Paul Magnette, Laurette Onkelinx et leurs amis partent aujourd’hui en croisade contre l’austérité, nul ne peut occulter les faits : durant 27 ans, ceux-ci ont mis en œuvre le même type de politique au niveau fédéral et ils poursuivent dans la même voie dans les régions où ils sont au pouvoir !
Certes, et ce n’est pas anodin, il existe un écart entre l’ampleur des mesures préconisées par la NVA-MR et ce qui a été réalisé par les gouvernements précédents. Mais la finalité reste la même : il s’agit toujours de présenter la note de la facture de la crise aux travailleurs et aux allocataires sociaux. Les forcenés de la droite pourraient se revendiquer à bon droit d’une certaine continuité, même s’ils veulent impulser une rupture supplémentaire pour casser ce qui reste de notre « Etat social » et briser l’échine syndicale.
Ainsi, avec le PS, il n’y a pas eu de « saut d’index ». Mais celui-ci a été manipulé à maintes reprises (« index-santé », « index lissé », « index soldé »…) ! Ainsi, avec le PS, il n’y a pas eu de report de l’âge légal de la retraite (à 67 ans). Mais il y a eu le « pacte des générations » destiné à allonger les carrières, en limitant le recours aux pré-pensions et en retardant la possibilité de départs anticipés à la pension !
La distinction entre les différents exécutifs qui se succèdent est donc plus quantitative que qualitative !
D’autres exemples ?
Bien que les montants aient été moins astronomiques que ceux qui sont actuellement cités, le PS a avalisé sans sourciller des « réductions de dépenses » dans la Sécu et dans les services publics. Il ne s’est opposé ni aux privatisations d’entreprises publiques ni à l’instauration des intérêts notionnels, mais il s’est montré totalement incapable d’imposer un impôt sur la fortune ou de mener une lutte efficace contre la fraude fiscale et la fuite des capitaux. Et c’est avec sa bénédiction qu’a été votée en 1996 une « loi sur la compétitivité » qui permet d’encadrer rudement les augmentations salariales chez nous en fonction de l’évolution des salaires chez nos « concurrents » français, allemands et hollandais ! Dans le même temps, les réductions de « cotisations patronales » pleuvaient chaque année !
Que dire aussi de sa complicité active dans la chasse aux chômeurs qui seront exclus par milliers dès le premier janvier 2015, ou de sa nonchalance face aux expulsions massives de réfugiés ?
Cette énumération désolante pourrait continuer et se transformer en véritable catalogue « à la Prévert », tant l’accumulation de décisions anti-sociales a été lourde au cours des deux dernières décennies.
Il faut donc le dire et le répéter : il n’existe pas, entre le social-libéralisme et le néo-libéralisme pur jus, de différence de nature dans les orientations prises, mais une différence d’intensité et de rythme.
Le PS (et Ecolo à sa suite) ne défendent pas une véritable alternative aux politiques préconisées dans toute l’Union Européenne. Leur approbation de triste mémoire du TSCG n’était d’ailleurs pas fortuite !
Dès lors, il ne suffira pas de combattre la thérapie de choc de la Kamikaze au parlement ou dans la foulée syndicale pour se refaire une virginité à bon compte.
Ce qui signifie -et c’est une véritable gageure- qu’il reste à construire dès maintenant des solutions de rechange radicales aux politiques « austéritaires » à l’œuvre depuis si longtemps !
A cet égard, la FGTB de Charleroi a ouvert une piste intéressante en définissant dix priorités anticapitalistes et en interpellant les partis « progressistes » sur ses propres exigences.
L’enjeu, pour l’avenir, est de tonifier la gauche syndicale et la gauche politique. Il est dorénavant essentiel d’inverser les rapports de forces entre la « gauche de gauche » et la « gauche de gouvernement », ce qui exigera notamment le regroupement de tous ceux qui contestent le mode de production/ consommation dominant, et qui militent en faveur d’un changement de cap complet, où la priorité sera donnée à la satisfaction des besoins fondamentaux des êtres humains dans le respect de la nature et des écosystèmes.
Un chantier « éco-socialiste » extrêmement ambitieux qui ne peut plus être boudé par celles et ceux qui aspirent à une véritable transformation de la société.
Dans l’immédiat, l'urgence reste naturellement aux actions.
Des actions qui devront s’étendre et aller « jusqu’au bout », c’est-à-dire jusqu’au renversement de cette funeste coalition des droites !
Il n’y a pas d’autre choix si nous voulons commencer à briser la spirale de la régression sociale et redonner l’espoir au plus grand nombre.
Cependant, à plus long terme, les nécessaires confrontations à venir n'épuisent pas le débat car il subsiste une difficile interrogation concernant la problématique du "débouché politique". Difficile, parce que ce dont il s'agit ici touche à la "question nationale" et à la perspective d'un "gouvernement des gauches" ! Autant de défis "stratégiques" qui mériteraient de plus substantiels développements, au delà des quelques considérations de cette courte note.
J'y reviendrai car à chaque jour suffit sa peine...
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03 novembre 2014
Pour une riposte durable
Les droites règnent sur l’Etat Belgique (et sur la Flandre). Les régions bruxelloise et wallonne échappent encore à ces coalitions musclées mais pas à l’austérité, également assumée par une social-démocratie convertie depuis longtemps au néo-libéralisme. Il subsiste néanmoins une différence d’ampleur et d’intensité dans la mise en œuvre têtue de mesures anti-sociales.
Un gouvernement fédéral de droite totalement décomplexé, donc. Avec un axe NVA-MR, cimenté par une commune détestation de la gauche, la volonté de casser les derniers vestiges de « l’Etat social » et l’obsession d’un affrontement viril avec le mouvement syndical. Margaret Thatcher, celle de l’époque de la grande grève des mineurs britanniques, est manifestement le modèle fantasmé par Bart De Wever, Charles Michel et consorts. C’est dire que la législature qui s’ouvre sera âpre pour le plus grand nombre et connaîtra un degré de conflictualité particulièrement élevé !
Cela n’a d’ailleurs pas tardé. Face au programme dévastateur annoncé par cette coalition inédite, les syndicats ont planifié une première riposte importante, qui verra se succéder manifestation nationale, grèves provinciales tournantes et grève générale de 24 heures, le 15 décembre.
Un plan qui a certes le mérite d’exister Il est cependant douteux que ces premières actions suffisent à stopper le tsunami « austéritaire » annoncé ! Il sera indispensable de poursuivre et de développer la mobilisation, une mobilisation qui devra s’élargir bien au-delà des organisations syndicales, pour déboucher sur un mouvement de lutte durable et généralisé à l’ensemble de la société, jusqu’au… départ de cette sinistre équipe !
Pour autant, l’attelage gouvernemental n’est pas dénué de faiblesses.
Il y a d’abord la NVA, parti nationaliste de droite, dirigé par des personnalités incontrôlables susceptibles de déraper à chaque moment. Et puis surtout, cette formation tentera tôt ou tard d’impulser une septième réforme de l’Etat, larvée, à travers des choix politiques et économiques renforçant la Flandre et pénalisant les entités fédérale, wallonne et bruxelloise. Le « communautaire » à peine chassé par la porte de l’accord de gouvernement pourrait revenir par la fenêtre des rêves autonomistes du premier parti flamand.
Il y a ensuite le caractère ultra-minoritaire de cette coalition au sud du pays. Avec 20 sièges sur 63, le MR sera la seule formation francophone à porter les choix de l'Exécutif fédéral. Un exercice périlleux qui a conduit certains observateurs à parler dès le départ d’une coalition « kamikaze ».
Naturellement, aucune histoire n’est d'ores et déjà écrite et il est inutile de spéculer sur les multiples scenarii possibles de l’avenir. Ce qui adviendra dépendra surtout de chacun et de chacune d'entre nous, et ce sont les travailleurs, les allocataires sociaux, tous les citoyens qui souffriront de la thérapie de choc réactionnaire prescrite par les Diafoirus gouvernementaux, qui devront prendre directement leur sort en mains.
Il n’y aura pas d’autre voie que de compter sur nos propres forces pour mettre en échec le projet politique de tous les dangers qui nous est promis.
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07 octobre 2014
Dénouement
Une coalition des droites qui accouche d’un programme gouvernemental de droite, rien de plus logique.
Personne ne pourra soutenir que les mesures arrêtées par la quadripartite NVA-CD&V-Open VLD-MR constituent une surprise.
D’autant que certaines dispositions annoncées aujourd’hui avaient déjà été largement évoquées dans les médias au cours des dernières semaines.
Pourtant, beaucoup semblent sous le choc, comme s’ils n’avaient jamais vraiment cru qu’ils « oseraient ».
Erreur.
Ils ont osé. Ils osent. Ils oseront encore plus demain.
Ainsi, l’âge de la retraite sera bien retardé de deux ans. Ainsi, il y aura bien un saut d’index. Ainsi, les salaires seront bien gelés. Ainsi, il y aura bien un système d’activation des chômeurs et… des invalides. Ainsi, un service minimum sera bien imposé aux grévistes, notamment à la SNCB. Ainsi, la durée de vie des centrales nucléaires sera bien prolongée. Ainsi, de nouveaux cadeaux seront bien distribués au patronat, au détriment du financement de notre sécurité sociale.
Et tout aussi prévisible, il n’y aura pas d’impôt sur la fortune ni de suppression des intérêts notionnels.
Certes, il faudra attendre quelques heures ou quelques jours pour prendre connaissance de l’entièreté de l’accord gouvernemental, avec sans aucun doute la découverte d’autres décisions, toutes aussi néfastes pour la population.
Mais, depuis l’aventure Martens-Gol au début des années 80, il est d’ores et déjà certain qu’aucun gouvernement n’était allé aussi loin dans des choix politiques aussi régressifs sur le plan social !
Ce qui n’est pas peu dire, après toutes les vagues d’austérité successives subies depuis 30 ans, du "plan global" à la planification d'exclusions massives de chômeurs, en passant par le "pacte des générations"…
Nous reviendrons très vite sur le détail de cette nouvelle offensive du (rétro-)libéralisme.
Le plus important, dans l'immédiat, sera l’organisation d’ une riposte d’envergure, au-delà des discours. Car chacun, à gauche et dans le mouvement syndical, a évidemment réagi vigoureusement à l’annonce des premières intentions affichées par la « Kamikaze ».
Mais il restera à concrétiser très vite une réaction à la hauteur des provocations de la prochaine équipe gouvernementale conduite par Charles Michel.
Nous y reviendrons également.
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23:22 Publié dans Politique | Lien permanent | Facebook | |
14 septembre 2014
Ce n'est qu'un début...
Les organisations syndicales ont enfin décidé de lancer un « avertissement » à la prochaine coalition des droites. Elles organiseront, en front commun, un meeting national sur la Place de la Monnaie, à Bruxelles, le mardi 23 septembre.
Les dirigeants syndicaux sortent ainsi de leur léthargie estivale et nous évitons par la même occasion une « minute de silence » ! Que demander de plus ?
Il ne faut toutefois pas se réjouir trop vite. La route reste encore longue pour mettre en œuvre une riposte d’envergure, à la hauteur de l’offensive « austéritaire » en préparation.
Cette première « action » est une action « calibrée » : 5.000 personnes sont attendues et nous pouvons être certains que les appareils, qui ont beaucoup d’expérience en la matière, manoeuvreront pour que ce quota ne soit pas dépassé.
Pas question de retrouver vingt ou trente mille manifestants dans la rue pour saluer l’arrivée de l’automne et marquer un premier coup face au futur gouvernement Michel Ier ( ?) ! Pas question de lancer une dynamique qui pourrait devenir ensuite incontrôlable…
Il appartiendra surtout aux militants de travailler en partant « d’en bas » pour sensibiliser largement et préparer activement les indispensables combats de demain.
Ce n’est qu’un début…
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11:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Facebook | |
20 août 2014
Un tourbillon de milliards
Depuis plus de trente ans, nous avons toujours droit à la même ritournelle lors de la formation des gouvernements : il va falloir faire des efforts supplémentaires ! Lisez : la population va devoir faire des efforts supplémentaires !! Supplémentaires, car les milliards € annoncés viendront s’ajouter aux milliards € pompés dans la poche des travailleurs par les gouvernements précédents !!!
Ainsi, la future coalition « fédérale » devrait « économiser » 17,3 milliards € (en attendant des ajustements à la hausse lors des prochains « contrôles budgétaires » ?) pour satisfaire aux exigences de l’UE (ratification des différents « traités européens », oblige !).
Or, le gouvernement Di Rupo a revendiqué fièrement les sacrifices infligés au plus grand nombre pour une ardoise de 22 milliards € !
Soit un total de 39,3 milliards € sur deux « législatures ». Au minimum…
Des chiffres vertigineux. Et le vertige serait d’autant plus étourdissant si l’on s'évertuait à comptabiliser toutes les mesures d’austérité décrétées depuis le premier gouvernement Martens-Gol, par exemple (en 1981) !
Remarquez que nous ne parlons même pas des politiques socialement régressives impulsées à d’autres niveaux de pouvoir, des communes et provinces aux communautés et régions (aujourd’hui, il est question de 8 milliards € pour la Communauté flamande et de 4 milliards € pour la Wallonie et Bruxelles, d’ici 2019) !
Il faudra décidément un jour établir de manière très précise l’ampleur de l’appauvrissement des citoyens et l’ampleur du transfert massif de leurs revenus vers ceux du capital, durant toute cette période néfaste !
Il est à noter que ce matraquage permanent de l’austérité n’a pas permis de se dégager de la « crise », de résoudre le cancer du chômage de masse, de résorber la pauvreté ou de réduire les inégalités.
Que du contraire !
Mais pourquoi les défenseurs du capitalisme renonceraient-ils à une politique aussi favorable à la classe dominante ?
Aucun changement véritable d'orientation n’est à attendre du personnel politique en charge de la préservation des intérêts de « ceux d’en haut ».
Ce sera donc à « ceux d’en bas » de tout mettre en œuvre pour l’imposer…
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16:23 Publié dans Politique | Lien permanent | Facebook | |
19 août 2014
"Gouvernement des gauches" !
C’est entendu. Les politiques d’austérité vont se poursuivre et s’amplifier, et la résistance contre celles-ci devra continuer et être plus efficiente.
D’expérience, les militants savent qu’il ne suffit pas de se promener de la gare du nord vers la gare du midi, quelques jours avant la fête de Noël, pour contester avec succès des trains de mesures « austéritaires » !
Reste que ces évidences n’épuisent pas le débat et n’apportent pas une réponse à la difficile problématique de l’ « alternative ».
Il ne suffit pas de mettre en échec un programme libéral, il faut aussi pouvoir défendre ses propres revendications et imposer ses propres solutions de rechange ! Et puis surtout, au-delà d’un catalogue d’exigences fortes, se pose la question du « débouché politique » : quelle autre majorité pourrait mettre en œuvre une autre politique ?
L’hypothèse -ou la perspective- d’un « gouvernement des gauches » mérite d’être revitalisée.
Deux conditions (au moins) devront être réunies pour concrétiser un tel objectif : une puissante mobilisation sociale et une modification du rapport des forces au sein même du « mouvement ouvrier ». Clairement, la « gauche de gauche » devra dépasser la « gauche d’accommodement » pour devenir « hégémonique » et gagner le « leadership » !
Vaste et ardu chantier, on en conviendra, qui exigera du temps et de l’énergie.
Ajoutons une « complexité » supplémentaire : la Belgique est un « Etat fédéral possédant des traits confédéraux » (1). Dès lors, la « gauche » ne peut plus définir une ligne politique en ignorant cette réalité « institutionnelle ».
Continuer à raisonner comme si nous vivions toujours à l’époque de la « Belgique de papa » serait une faute.
En ce XXIème siècle, toute recherche d’une alternative, -ici et maintenant- doit à l’évidence prendre en considération les spécificités de cet Etat.
Or, les rapports de forces au Nord et au Sud du pays divergent et imposeront de plus en plus une modulation des stratégies et des réponses politiques, entité fédérée par entité fédérée.
Les différents partis, même les plus « belgicains », ont d’ailleurs de facto intégrés cette donne. Ainsi, lors des élections du 25 mai, les principales formations politiques ont déposé des listes dans les différentes entités pour tenter d’obtenir des élus dans les différentes assemblées parlementaires. Même le PTB, qui se présente comme le dernier « parti unitaire belge » ! Et il a eu grandement raison d’agir de la sorte, puisqu’il a obtenu des députés en Wallonie et à Bruxelles, en plus de ses deux élus au parlement fédéral !
Il faut maintenant être prêt à tirer toutes les conséquences d’une situation originale, et envisager de matérialiser des alternatives là où les maillons de la classe dominante sont les plus faibles (ou les moins consistants), sans attendre que les « conditions » soient réunies partout de manière uniforme, au risque… de devoir patienter très longtemps encore !
J’y reviendrai…
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(1) Voir l’excellent dossier du CRISP à ce sujet : Etienne ARCQ, Vincent DE COOREBYTER, Cédric ISTASSE, Fédéralisme et confédéralisme, décembre 2012.
20:43 Publié dans Politique | Lien permanent | Facebook | |
08 août 2014
Massacre à la tronçonneuse ("nationale-libérale") !
Les négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral se poursuivent… dans la discrétion.
Toutefois, des informations concernant les projets de la future coalition, 100 % à droite, filtrent régulièrement dans la presse.
Chaque jour apporte ainsi son lot de supputations illustrant le véritable catalogue d’horreurs en cours d’élaboration.
Sont notamment évoqués :
· Un saut d’index !
· Des privatisations d’entreprises publiques !
· L’instauration d’un service minimum à la SNCB !
· Des économies drastiques dans la fonction publique !
· Des augmentations des taux de TVA !
· Une hausse de la fiscalité « verte » !
· Une diminution de la norme de croissance du budget des soins de santé !
· Une réduction des « charges patronales » (les cotisations sociales qui financent la Sécu) !
· Une « activation » renforcée des chômeurs !
· La création de « flexijobs » !
· Le retour à la semaine des 40 heures !
· L’allongement des carrières !
· La relance du nucléaire !
· …
Certes, à ce stade, rien n’est officiel, et le programme du prochain gouvernement Peeters 1er ( ?) ne reprendra pas nécessairement l’ensemble de ces mesures profondément régressives.
Mais il est certain qu’il sera très fâcheux pour celles et ceux qui subissent déjà la crise et l’austérité depuis des décennies !
La « rupture », réclamée bruyamment par des « leaders d’opinion » auto-proclamés, sera bien au rendez-vous, avec ce prévisible et terrible coup de barre à tribord.
Il n’est pas fortuit, dans ces conditions, qu’il ne soit nullement question de suppression des intérêts notionnels, d’impôt sur la fortune, de lutte résolue contre la fraude fiscale ou de réduction généralisée du temps de travail !
Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef du journal « Le Soir », pourra tranquillement chanter les louanges de Reagan-De Wever et de Thatcher-Michel.
Il nous appartiendra de venir gâcher le bonheur de cette droite décomplexée.
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