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14 janvier 2017

L'audace ou l'enlisement

front commun.jpgLe « plan d’actions syndicales » est devenu le « Monstre du Loch Ness » de la politique en Belgique. Plus on en parle, moins on l’aperçoit.

Pourtant, d’exercice budgétaire en exercice budgétaire, la coalition NVA-MR ajoute les mauvais coups aux mauvais coups.  Jour après jour, mois après mois, année après année.

Rarement un gouvernement aura frappé aussi durement la population : salariés, malades, chômeurs, pensionnés, citoyens, … tous doivent subir  des sacrifices à répétition.

Il faut remonter à la triste époque de l’équipe Martens-Gol, début des années 80,  pour retrouver une telle rage destructrice des droites contre la Sécu, les services publics, les salaires ou la « démocratie sociale » !

Même si, depuis cette époque, d’autres gouvernements  -à participation socialiste !- n’ont guère lésiné sur les mesures d’austérité frappant le plus grand nombre.

Il n’est donc pas étonnant que beaucoup s’interrogent sur l’atonie de l’actuelle riposte syndicale. Et la responsabilité des dirigeants syndicaux et des « bureaucraties », enfermés dans la stratégie stérile de la « concertation sociale », est souvent stigmatisée par les observateurs et acteurs les plus radicaux.

Une concertation sociale qui vient d’accoucher un projet d’accord interprofessionnel famélique,  prévoyant notamment une augmentation salariale de 1,1 %  maximum, pour les deux prochaines années !

Il est donc logique, dans cette configuration illusoire des « relations sociales », que certains militants évoquent  régulièrement une « trahison » systématique des intérêts du monde du travail.

Je ne vais évidemment pas minimiser  l’inertie et l’absence de perspectives des sommets de la CSC et de la FGTB.

Mais si les dirigeants syndicaux sont là où ils se trouvent, si les dirigeants syndicaux mènent la politique qu’ils mènent, c’est bien parce que la majorité de leurs affiliés s’en accommode !

Aujourd’hui,  beaucoup de travailleurs ne se situent pas sur des positions fermement ancrées à  « gauche » et encore moins « révolutionnaires ».  Et ils sont bien loin de mettre une pression insoutenable sur leurs « représentants syndicaux » !

Il faut donc éviter de sombrer dans la caricature de la vie syndicale, en ne tenant pas compte de la conjoncture et de faits préoccupants…

Il est sans doute commode de pointer du doigt une poignée de dirigeants qui bureaucratie.pngauraient pour vocation de trahir mais la réalité est plus complexe.

Si celle-ci était aussi simple, il y a longtemps que des solutions auraient été trouvées !

Il existe une vision binaire du syndicalisme dans certains milieux : d’un côté la direction syndicale, l’appareil et ses apparatchiks, bref une bureaucratie forcément parasitaire ; de l’autre,  la masse des affiliés, force vive du changement.

La première tromperait systématiquement la seconde en refusant toute mobilisation pour des revendications fortes, à même de contrer la politique gouvernementale.

La base serait, elle, sur le pied de guerre, en parfait ordre de marche, demandeuse d’un affrontement avec le patronat et la réaction, n’attendant finalement que les bons mots d’ordre des états-majors syndicaux.

Dès lors, nous serions confrontés à un face-à-face entre deux blocs : un bloc restreint par le nombre mais robuste par le pouvoir qu’il détient et les moyens matériels qui sont à sa disposition ; un grand bloc, par le nombre, mais dépourvu de leviers lui permettant de peser sur les décisions que la situation exige.

Un tel point de vue est pour le moins réducteur. Il n’existe évidemment pas des camps homogènes, en permanente opposition.

Certes, les 3 millions d’affiliés de la CSC et de la FGTB constituent potentiellement une force considérable. Sauf que cet ensemble est extrêmement hétéroclite.

Non seulement coexistent au sein du mouvement syndical des travailleurs aux activités et aux statuts les plus divers, mais surtout coexistent des travailleurs aux niveaux de conscience différents et de toutes opinions politiques : des individus en quête de solidarité et des individualistes ; des humanistes et des racistes ; des féministes et des sexistes ; des combatifs et des passifs ; des passionnés de la « chose publique » et des indifférents ;  des partisans de la gauche et des partisans de la droite…

La « bureaucratie syndicale » n’est guère plus uniforme et est traversée  par les mêmes tensions et contradictions. Certaines de ses composantes se situent parfois plus « à gauche » qu’une majorité de syndiqués peu soucieuse d’en découdre avec un gouvernement intransigeant, et encore moins disposée à engager un combat politique pour une « alternative au capitalisme » !

La réalité sociale, politique et idéologique du mouvement syndical est à l’image d’une société en crise(s), éclatée, déboussolée, minée par l’inquiétude quotidienne et la peur de sombres lendemains.

On ne peut d’ailleurs ignorer que les syndicalistes sont également des citoyens qui, aux dernières élections, ont voté largement à droite en Flandre et à Bruxelles. Ce qui a favorisé la constitution d’une coalition conservatrice musclée, disposant au niveau fédéral d’une majorité parlementaire indiscutable !

poissons.jpgIl y a donc un vaste chantier devant nous  -qui dépasse le seul cadre syndical-  pour fédérer la population dans son ensemble autour d’un projet politique de rupture. Rupture avec la régression libérale ; rupture avec l’Union Européenne et ses traités ; rupture avec les dérives anti-démocratiques ; rupture avec un productivisme destructeur de notre écosystème ; rupture avec les roulements de tambour bellicistes…

Une action militante qui s’inscrit dans la durée, car des alternatives radicales ne pourront être concrétisées que par la combinaison des luttes et de l’existence d’un débouché politique capable de servir de relais à la mobilisation populaire.

Il nous appartient maintenant de rendre possible ce qui est nécessaire !

 

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29 décembre 2016

2017, année de la "révolution citoyenne" ?

az.jpgOn ne va pas y échapper, on n’y échappe pas : aux bêtisiers médiatiques répétitifs, aux traditionnelles rétrospectives d’une année qui se termine, aux appels rituels à la paix dans le monde, aux vœux les meilleurs pour une autre année qui arrive.

Vœux de bonheur, de santé, de prospérité pour celles et ceux qui restent dans la tradition ; vœux de lutte, de solidarité, voire de bouleversement révolutionnaire pour celles et ceux qui veulent pimenter cette routine honnie d’un supplément d’âme «  militant ».

Mais « engagés » ou « conformistes », ces souhaits coutumiers modifieront peu la réalité. af.jpg

Le monde du 1er janvier 2017 à 0h01 ne sera guère différent du monde du 31 décembre 2016 à 23h59 !

L’exploitation, l’oppression, les injustices, les guerres, le terrorisme, la violence, le racisme, l’aliénation, les crises, la destruction de l’écosystème humain …  resteront des soucis majeurs permanents.

Et point n’est besoin de s’appeler Nostradamus pour deviner qu’il en sera probablement de même dans un an !

L’histoire à venir ne dépend pas de vœux pieux, ni de prophéties hardies ou de pronostics hasardeux, mais de l’action et des choix quotidiens de chacun[e].

Il n’existe aucun autre moyen pour essayer d’avancer sur la voie de l’émancipation généralisée. « Fêtes » ou pas « fêtes »...

ae.jpgTout au long des douze prochains mois, nous resterons donc confrontés aux défis connus : le refus de l’UE et de ses traités austéritaires,  la lutte contre les politiques gouvernementales réactionnaires, le combat pour enrayer le dérèglement climatique, la nécessité de redonner du tonus démocratique à nos sociétés, le rejet des exclusions de toute nature, …

Mais inutile d’énumérer ici une liste à la Prévert tant les enjeux qui sont devant nous étaient déjà d’actualité hier.

Parmi les échéances politiques prochaines : d’importantes élections chez nos voisins d’outre-Quiévrain. Avec une possibilité de changement Fi - b.jpgde donne radicale, en cas de victoire de la « France insoumise » et de son candidat. Assurément, un succès de Jean-Luc Mélenchon aurait des répercussions bien au-delà des frontières de l’Hexagone.

Voilà au moins une perspective pour l’année 2017 qui mérite un franc soutien !

 

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17 décembre 2016

DéCONnomie !


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02 décembre 2016

Demandez le programme !

jlmprogramme.jpg

 

 

Il n’y a pas eu de retard à l’allumage : L’AVENIR EN COMMUN, le programme de la France insoumise et de son candidat Jean-Luc Mélenchon, devait sortir ce jeudi 1er décembre et il était bien disponible dans les bonnes librairies.

Le document s’articule autour de 7 chapitres, découpés en 83 points qui reprennent près de 350 mesures !

Je ne vais évidement pas énumérer ou commenter chaque proposition avancée. Je laisse à chacun[e] le soin de se procurer le livre, vendu pour la modique somme de 3 €, et de décortiquer ce qui se cache exactement derrière les 7 axes centraux de ce programme : la 6ème République ; protéger et partager ; la planification écologique ;  sortir des traités européens ; pour l’indépendance de la France ; le progrès humain d’abord ; la France aux frontières de l’humanité.

Je précise, pour éviter les discussions stériles, qu’il ne s’agit pas d’être totalement et obligatoirement à 100 % d’accord avec ce résultat d’une élaboration collective longue de 8 mois. Difficile, en effet, pour qui que ce soit de partager sans la moindre réticence des centaines de revendications !

Mais comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser précédemment, un programme doit être évalué dans sa globalité et dans sa dynamique, et apprécié par rapport aux perspectives qu’il ouvre.

Et celui proposé ici par Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis constitue une réponse stimulante aux enjeux de notre époque et aux défis de notre temps.

Il serait malencontreux de l’ignorer à un moment où les « progressistes » sont en difficulté un peu partout dans le monde.

Par ailleurs, vous trouverez, ci-dessous, la lettre adressée par Jean-Luc Mélenchon à celles et ceux qui soutiennent sa candidature et le projet politique défendu dans le cadre de celle-ci.

 

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Chers amis,

Je voulais vous annoncer personnellement la sortie du livre-programme « L’Avenir en commun » aujourd’hui, 1er décembre 2016.

Cette publication est une étape décisive dans le travail que nous avons engagé ensemble depuis que j’ai proposé ma candidature et que vous avez décidé de vous joindre à moi en me donnant votre appui.

En octobre déjà nous avons réuni la Convention nationale des délégués de notre mouvement « la France insoumise ». Nous y avons clos huit mois de discussion ouverte pour élaborer ce programme sous la direction de nos amis : la juriste, Charlotte Girard et l’économiste, Jacques Généreux. Je veux les en remercier. J’adresse aussi de votre part mes félicitations les plus amicales à l’équipe des quatorze femmes et hommes « référents » qui ont suivi la mise au point des sept chapitres de ce document.

Il est heureux que nous ayons préparé de loin ce travail. Nous sommes prêts à temps pour opposer notre vision du monde au coup d’état social que prévoit dorénavant le mouvement « Les Républicains » autour de son candidat François Fillon. Nous ne perdrons pas notre temps en vaines compétitions de personnes, nous ne perdrons pas un jour de travail pour convaincre autour de nous.

Pour ma part, j’ai commencé la série des réunions de présentation du programme « L’Avenir en commun »  ce mardi 29 novembre en réunion publique à Bordeaux. Je vais poursuivre mon tour de France pour le faire connaître en commençant par les Antilles en décembre.

Ce soir, je serai l’invité du JT de 20 heures de TF1 pour en parler, et j’ai accepté un bel entretien à « L Obs »  cette semaine pour répondre aux questions que la lecture de notre programme a suggéré à la  rédaction de cet hebdomadaire. Je vous donne rendez-vous sur notre site et à l’adresse de nos médias en ligne pour suivre l’actualité de notre action collective. 

Depuis le premier décembre le livre programme « l’Avenir en commun » est présent dans les bonnes librairies. Chacun peut faire connaitre ces propositions autour de soi. Une action collective est également prévue.  Nous organisons deux journées de ventes nationales les samedi 10 et dimanche 11 décembre ! L’objectif est de tenir 1000 points de vente du programme et de diffusion des tracts qui résument  nos propositions.

Votre implication est cruciale. Qui mieux que vous est mieux placé pour convaincre autour de vous  et faire connaître notre projet ? Beaucoup d’entre vous y on directement participé. La plupart d’entre vous s’y est intéressé en suivant les étapes de sa mise au point. Vous savez que « l’Avenir en commun » déploie une vision, une méthode et des objectifs dans l’intérêt général humain.

Nous avons un projet solide et cohérent. Nous nous opposons fermement à la finance qui détruit les êtres humains, les sociétés et la planète. Nous le faisons par réalisme. Nous le faisons en proposant toujours des solutions concrètes et positives aux problèmes que nous pointons.

Nous voulons répondre à la première urgence qui menace l’humanité, l’urgence climatique. Notre cohérence tient de cette volonté de produire et consommer autrement en sortant du nucléaire et des énergies fossiles en tournant la page de l’agriculture productiviste.

Nous devons mettre fin à la monarchie présidentielle, passer à la 6e République,  à la reconnaissance de droits nouveaux. Notre projet est de rendre au peuple sa souveraineté confisquée par l’oligarchie. 

Et dans le même temps nous voulons répondre à l’urgence sociale par des mesures immédiates qui visent à réduire les inégalités, éradiquer la pauvreté et rétablir nos services publics. 

Notre projet économique est le retour au plein emploi par la planification écologique,  la transition énergétique, le protectionnisme négocié et le partage du temps de travail.

Nous voulons la Paix et la souveraineté du peuple.  Pour cela nous sortirons de l’OTAN et rétablirons notre indépendance. Pour cela nous refuserons CETA, Tafta et les projets de l’Union européenne  pour resserrer le garrot de l’austérité et de la destruction des services publics. 

Nous voulons porter notre peuple aux nouvelles frontières de l’humanité avec la conquête de l’espace, l’entrée écologique dans l’économie de la mer, et la maitrise du numérique. 

Notre programme présente les propositions pour chacun de ces points. Il sera complété par des « livrets thématiques » pour détailler nos mesures. Les Universités populaires en ligne (diffusées sur le site www.jlm2017.fr) seront des séances de formation au programme pour que chacune d’entre nous en maîtrise le contenu. Nous organiserons enfin des Ateliers législatifs où se prépareront, de manière collective, les lois que nous ferons adopter au parlement le moment venu.

Notre campagne  est le premier acte de la Révolution citoyenne que nous voulons. Notre choix est  d’expliquer, d’argumenter, de faire appel à l’intelligence et à l’implication de chacun. Ainsi voulons-nous convaincre et entrainer dans l’action le grand nombre de ceux qui sont prêts à mettre en partage leur dévouement et leur intelligence au service du futur de notre peuple.

Mes chers amis, la campagne dans laquelle nous sommes est l’occasion formidable de dessiner l’avenir en commun de notre société. À nous de présenter nos arguments et de les confronter dans le respect des autres.  Cette campagne de conviction  passe par vous, autour de vous, dans vos réseaux de relation, sur Internet, dans les médias aussi. Vivez-la comme un moment décisif de la vie citoyenne qui rend un peuple libre ! 

Tout au long de ces mois de campagne, j’ai déjà senti la chaleur de votre engagement, la force des encouragements que vous m’adressez, l’efficacité de vos actes dans le travail commun. Je crois que nous constituons ensemble une bonne équipe et je vois le succès se dessiner. Comme j’en suis heureux.  

Fraternellement,

Jlm

 

 

 

 

 

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06 novembre 2016

La révolution russe a 99 ans

a2.jpgIl y a 99 ans, l’octobre rouge russe !

Cet événement qui ébranla le monde appartient à l’histoire.

Première « révolution prolétarienne » triomphante,  elle devait ouvrir la voie au communisme, à l’est et à l’ouest, au nord et au sud.

Las. En lieu et place d’un avenir radieux prédit par quelques prophètes du bonheur, une dictature sur le prolétariat, un régime totalement étouffant et meurtrier, sans égalité et sans liberté.

Pour aboutir à la chute finale de l’URSS, et de quelques satellites agrégés au fil du temps, en 1989-1991.

La révolution russe, cette « grande lueur » orientale [1], et son devenir tragique, symbolisent, plus que toute autre épopée, l’échec des projets émancipateurs expérimentés lors du « court  20ème siècle ».

Pour autant, les Bolchéviks eurent-ils tort de renverser la vieille autocratie tsariste et de choisir une voie peu orthodoxe, mesurée à l’aune de critères « démocratiques » classiques ?

Leur « mérite » est d’avoir « osé » souligna à l’époque une critique avertie, celle de Rosa Luxemburg [2].

On ne peut effectivement reprocher à des « révolutionnaires » de lutter jusqu’au bout pendant une « période révolutionnaire » !

Mais il faut distinguer conquête du pouvoir et exercice du pouvoir !

Nous savons maintenant qu’un processus révolutionnaire s’inscrit dans la durée et constitue un véritable marathon politique qui exige de tenir la distance, et de ne pas perdre en cours de route ses principes, son programme, son projet et son drapeau !

 

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Ce passé dramatique pèse lourdement sur notre présent.

Il explique, pour une part, la « crise des gauches » et les difficultés rencontrées aujourd’hui pour convaincre le plus grand nombre qu’une « alternative au capitalisme » existe.

D’autant, et c’est une évidence, que le 21ème  siècle n’est pas le précédent, même si le système d’exploitation du capital (globalisé) reste une donnée essentielle et même si la lutte des classes demeure une clé pour comprendre la trajectoire du monde.  

En 2016, une menace inédite [3] pèse sur notre écosystème et sur la survie, à (long ?) terme, de l’espèce humaine.

C’est dire si le vieux logiciel  révolutionnaire doit être renouvelé.

Dans de nombreux pays, des forces politiques nouvelles émergent peu à peu. Elles proposent des stratégies d’émancipation repensées, adaptées à « notre société productiviste » engagée dans une course effrénée à la consommation de « choses » [4] et de marchandises de plus en plus sophistiqués, issues d’une autre révolution, celle de l’informatique. Par ailleurs, il s'agit également de contrer la menace d’un Big Brother universel…

Dans quelques mois, le centenaire de la « révolution bolchévique » n’échappera pas aux commémorations de la société du spectacle. Il fera probablement d’objet de débats et de bilans de circonstance.

J’aurai donc l’occasion d’y revenir longuement et de développer le point de vue esquissé ici.

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[1]  Jules Romains, Cette grande lueur à l’Est, dans le cycle des « Hommes de bonne volonté ».

[2]  Rosa Luxemburg, La révolution russe, Maspéro (« Bibliothèque socialiste» n°3), Paris, 1964.

[3]  En 1917, Lénine et ses camarades ignoraient largement, comme (pratiquement) tout le monde à cette époque, la « problématique écologique ».

[4] Georges Perec, Les choses, Julliard, Paris, 1965. (Un tableau précoce du « consumérisme » et de la recherche d’une satisfaction personnelle à travers celui-ci…)

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31 octobre 2016

CETA : tout reste possible !

A2.pngJustin Trudeau est venu à Bruxelles ce dimanche 30 octobre.

Le premier ministre canadien a vu et a vaincu.

Temporairement.

La signature officielle du CETA entre son pays et l’Union européenne a bien été entérinée. Mais la route vers sa ratification définitive reste longue, fort longue.

Le texte du CETA doit désormais être ratifié par le Parlement européen, probablement début 2017. Ensuite, et ensuite seulement, ce « traité de libre échange » pourra être mis en œuvre… provisoirement et partiellement !A1.jpg

Car les 38 assemblées nationales et régionales de l’ensemble des pays de l’Union devront à leur tour se prononcer, ce qui devrait prendre quelques années supplémentaires…

De plus, la Cour européenne de justice devra valider les très contestés « mécanismes d’arbitrage » prévus par le CETA. Un rejet de ceux-ci repousserait tout ce beau monde à la case départ !

On le voit, rien n’est définitivement joué.

Il subsiste de réelles possibilités pour mettre en échec ce « cheval de Troie » au service des multinationales, destiné à ouvrir la voie à d’autres traités de même nature, à commencer par le TTIP.

a8.pngTout va dépendre, en premier lieu, du maintien et du renforcement des mobilisations sociales et citoyennes. Tout dépendra ensuite de leur aptitude à pouvoir trouver les relais institutionnels indispensables et les débouchés politiques capables d’imposer un changement de cap radical.

L’épisode de la (courte) résistance wallonne vient d’indiquer que ces perspectives ne sont pas irréalistes.

Je reprends donc la conclusion de ma précédente contribution : ce n’est qu’un début continuons le combat !

 

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28 octobre 2016

Un échec source d'espoir ?

a4.jpgLe gouvernement wallon a fini par céder.

La guerre des déclarations entre Paul Magnette et Charles Michel  -« nous avons obtenu de grandes avancées »/ «Le CETA n’a pas été modifié d’une virgule »-  ne peut occulter cette réalité.

Les « traités » de ce type ne sont ni amendables, ni négociables !

Dès qu’il est question d’un « traité de libre-échange », les voyants doivent automatiquement passer au rouge. Car dans le « capitalisme globalisé », la « liberté » est d’abord la liberté du capital, c’est-à-dire la liberté pour les puissants d’écraser les plus faibles. a6.png

Pour l’oligarchie financière, l’enjeu est ici encore de permettre aux sociétés multinationales/transnationales de pouvoir disposer des mains libres pour agir comme bon leur semble, en ce y compris face aux « Etats » !

Inutile donc de semer la confusion et de laisser croire que « libre échange » pourrait signifier, moyennant quelques ajustements juridiques, « juste échange » !

Pour autant, la « résistance wallonne », même de courte durée, n’a pas été inutile.

Pas pour ce qu’elle a engrangé   -je laisse les « experts » gloser à ce sujet-  mais pour le signal politique qui a pu être lancé lors de cette confrontation. Ce précédent aura, en effet, des répercussions au niveau international, car il vient d’être démontré qu’il est possible de contester le rouleau compresseur néo-libéral et de glisser un grain de sable dans une machinerie destinée à broyer les peuples.

Portés par la mobilisation de la société civile et d’un grand nombre de mouvementsa7.png sociaux, le parlement et l’exécutif wallons ont un moment fait front.

Certes, il était difficile d’attendre d’un gouvernement composé du PS et du Cdh (le Cdh, allo quoi…) une lutte  jusqu’au-boutiste.  D’autant que les pressions ont été gigantesques et d’autant que les Wallons et les Francophones de Belgique étaient isolés. La Flandre, très à droite [1], n’admettant pas la rébellion venant du « sud » du pays. Et le gouvernement fédéral, dominé par les trois principaux partis flamands avec le MR à leur service, exigeant dès le départ la signature du traité telle qu’elle était prévue.

Mais cet épisode laisse entrevoir ce que pourrait être une contestation institutionnelle, s’appuyant sur une large mobilisation populaire, menée dans plusieurs pays ou dans l’un des grands pays de l’UE.

meluche1.jpgJean-Luc Mélenchon vient ainsi de réaffirmer que, lui président, ce fameux CETA, ainsi bien sûr que le TTIP, ne seraient en aucun cas ratifiés par la France.

Plus que jamais, il nous faut maintenir notre pugnacité, garder notre volonté frondeuse, et rester dans l’esprit « soixante-huitard » : ce n’est qu’un début continuons le combat

 

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[1] La répartition des 124 élus du parlement flamand est la suivante : NVA (43) ; CD&V (27) ; Open-VLD (19) ; SPA (18) ; Groen (10) ; VB (6) et UF (1). La « gauche », SPA et Groen, ne dispose donc que de 22,6 % des mandats de députés de Flandre !

 

 

A3.jpg

 

 

Ci-dessous, le point de vue de la plateforme

No transat

 

CETA & TTIP

Le combat n’est pas terminé !

 

L’origine du combat

En 2011, lorsque nous lancions la plateforme No Transat ! pour alerter des dangers de possibles tractations politiques entre l’Union européenne et les Eats-Unis (tractations faites à la demande de puissantes multinationales), on pouvait nous prendre pour des illuminés (le TTIP n’avait pas encore d’existence officielle) ou de doux rêveurs (comment allions-nous intéresser l’opinion publique ET les acteurs politiques aux enjeux démocratiques, écologiques et sociaux de tels accords négociés en secret dans de hautes sphères ?).

En 2013, le lancement officiel des négociations sur le TTIP nous donnait raison sur le 1er point (non, nous n’étions pas des illuminés…) tandis que de nombreux mouvements sociaux – à commencer par l’Alliance D19-20 – décidaient d’entrer dans la danse militante contre l’austérité et le TTIP. Quant au CETA, le « petit » frère du TTIP, on doit sa découverte à la vigilance du CNCD. Tous ensemble, nous avons milité durant ces années pour faire sortir de l’ombre les enjeux citoyens de ces traités, sans jamais ménager ni notre peine intellectuelle (analyse et décryptage des textes) ni notre temps militant (conférences et formations, actions et manifestations, auditions parlementaires…). Récemment, le collectif www.stopttip.be a vu le jour, incluant en son sein tout ce que la société civile belge (francophone et néerlandophone) compte comme organisations militantes (syndicats, mutuelles, ONG, asbl défendant les droits de l’homme, le social ou l’environnement).

Oui mais… Tout ça pour conduire à quoi ?

Quels résultats concrets ?

La 1ère avancée obtenue par la mobilisation anti-CETA/TTIP fut de convaincre la presse d’arrêter de copier/coller les déclarations lénifiantes de la Commission européenne, pour laisser place à quelques arguments contradictoires. Certes, les médias n’ont jamais vraiment parlé de nos griefs à l’encontre du shopping législatif ou de la coopération réglementaire prévue par le CETA et le TTIP, mais ils ont quand même abondamment parlé du problème des Tribunaux d’arbitrage privés, découvert le principe des listes négatives (libéralisant par défaut tout secteur non protégé par un gouvernement au moment de la signature de l’accord) et donné du crédit aux risques de nivellement par le bas de normes sociales, sanitaires et écologiques.

Une 2ème avancée obtenue par la mobilisation anti-CETA/TTIP fut d’imposer à la Commission européenne une première réforme - certes cosmétique - des Tribunaux d’arbitrage, le RDIE (Règlements des Différends Investisseurs-états) laissant place à l’ICS (Investment Court System) avec davantage de transparence dans la procédure et la possibilité d’aller en appel des décisions. Le système n’en reste pas moins une « justice sur mesure » trop favorable aux multinationales.

Autre victoire sur la Commission européenne : poussés dans le dos par leur opinion publique, plusieurs états (dont l’Allemagne) ont fait savoir qu’ils voulaient que le CETA soit reconnu comme un accord « mixte » (c’est-à-dire mettant en jeu des compétences européennes ET nationales). La mort dans l’âme, la Commission européenne s’est résignée à cette proposition (qui impliquait ipso facto de prendre en compte l’avis des Parlements nationaux) sans s’imaginer un seul instant que cela pourrait bloquer la procédure de ratification dès son arrivée en Conseil européen. Mais voilà : alors que l’unanimité des états-membres était requise pour dire oui à cet accord mixte, plusieurs entités fédérées belges (Parlement wallon, Parlement bruxellois, Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont fait savoir que leur opposition au CETA, exprimée de longue date, n’avait pas changé d’un iota.  Et ce fut l’ouverture d’un psychodrame…

Côté officiel, les pleurs et lamentations ont côtoyé les pressions, ultimatums et autres couteaux sous la gorge de l’entité honnie entre toutes : le gouvernement wallon. Pour nous, ce fut une sacrée victoire : alors que les traités bilatéraux d’investissements passaient généralement le cap du Conseil européen comme une lettre à la poste, un gouvernement élu s’opposait enfin à la ratification du CETA ! Et provoquait un débat public qui a fait la une des journaux du monde entier... C’est, en soi, une immense victoire pour nous tous qui mobilisons contre le CETA, TTIP et autres TISA depuis des années. 

Mais, aujourd’hui, que penser de l’accord « CETA bis » négocié par la Région wallonne avec le Canada, la Commission européenne et les autres entités décisionnelles belges ?

Qu’a obtenu le gouvernement wallon (et les autres entités fédérées) ?

Négocié par le gouvernement wallon avec le Canada, un « Instrument interprétatif commun » va être annexé au CETA. Valable pour toutes les parties prenantes de l’accord, ce document important va limiter la casse « libéralisation / privatisation / mise en concurrence » dans des secteurs importants : marchés publics, secteur de l’eau, services publics et (pour la seule Belgique) sécurité sociale. Dans tous ces domaines, le gouvernement wallon semble avoir obtenu [1] de sérieuses garanties pour les autorités publiques à pouvoir réguler (y compris en renationalisant des secteurs privatisés) en fonction de l’intérêt général. De même, les tristement célèbres Tribunaux d’arbitrage privés vont devoir être revus, dans le but d’en faire des Tribunaux pleinement publics, priés de ne pas accepter les plaintes abusives des multinationales (face à des législations sociales ou environnementales). Si on doit saluer cette avancée, le problème de base n’a pas changé : on crée un système judiciaire spécialement dédié aux conflits états-Investisseurs, et seuls ces derniers peuvent déposer plainte en prenant pour référence juridique les traités commerciaux internationaux (dont l’ADN est bien plus favorable aux investisseurs que celui des Constitutions nationales). Enfin, l’accord belgo-belge stipule que la Belgique demandera à la Cour de Justice européenne de se prononcer sur la légalité des nouvelles procédures d’arbitrage, tandis que les Régions pourront imposer à la Belgique de ne pas ratifier définitivement le CETA en cas d’évaluation négative dans les mois ou les années qui viennent.

Que reste-t-il comme problèmes ?

Ces aménagements du texte ne sont pas rien. Ce sont des « avancées » qui limitent sérieusement la « casse sociale » initialement promise par le CETA. Ce dernier est-il pour autant un bon accord politique qu’on devrait s’empresser de ratifier ? Plusieurs raisons nous poussent à dire « pas si vite ! ».

Premièrement, c’est durant une petite dizaine de jours que les négociateurs bruxellois et wallons ont cherché à aménager un texte négocié durant plusieurs années et… long de 1.600 pages. Il est difficile, dans un tel contexte, de modifier en profondeur les lignes de force initiales du CETA.

Sans rentrer dans tous les détails, on peut dire que les enjeux suivants restent problématiques :

1)      Le « shopping législatif » sort renforcé : aujourd’hui, le marché unique européen met déjà en concurrence les systèmes fiscaux, sociaux et environnementaux non harmonisés à l’échelle européenne. Plutôt que de solutionner ce problème crucial en optant (par exemple) pour une harmonisation fiscale, l’Union européenne va élargir le shopping législatif au Canada en ratifiant le CETA (et à d’autres pays au fur et à mesure que de nouveaux accords de « libre-échange » seront engrangés) ;

2)      Le problème des listes négatives demeure : si certains domaines importants (sécurité sociale, services publics, marchés publics) ont été préservés grâce aux négociations imposées par la Région wallonne, il n’en reste pas moins que le principe des listes négatives (qui font de la libéralisation et de la mise en concurrence le principe de fonctionnement « par défaut » de l’économie) reste acté dans le CETA. Ce qui constitue un important recul par rapport aux anciens traités internationaux ;

3)      La coopération réglementaire fait toujours du CETA un accord vivant : même si elle n’a pas stricto sensu force de loi, la coopération réglementaire ouvre une sorte de droit de négociation permanent à des instances technocratiques UE-Canada dans de nombreux domaines ayant un impact sur l’emploi, l’environnement ou notre alimentation. Qui plus est, des principes telle que l’évaluation « coût-bénéfice » des « obstacles non-tarifaires » (sic) au commerce ou la volonté de traquer les « coûts inutiles » de recherches scientifiques menées séparément en Europe et au Canada poussent clairement à confier davantage d’initiatives, de discussions et de négociations à des instances transatlantiques, opaques et non élues, loin de tout contrôle démocratique ;

4)      L’enjeu climatique : alors qu’il faudrait réduire de toute urgence l’empreinte écologique de l’humanité et le réchauffement climatique (qui créent déjà des drames sociaux et des réfugiés climatiques), le CETA continue d’internationaliser des secteurs d’activités (notamment l’agriculture) au détriment de l’emploi local et du contrôle des émissions de CO2. C’est, en soi, parfaitement absurde !

Quel bilan, quel avenir ?

On doit saluer le travail fait par les Parlements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et les gouvernements qui s’en sont faits les porte-parole, car ils ont été les seuls à oser mettre le doigt sur certaines « questions qui fâchent », quitte à s’attirer moult critiques et pressions diplomatiques, affairistes, médiatiques…

À l’inverse, les « avancées obtenues » n’empêchent pas le CETA de porter certains défauts et déséquilibres inhérents à son acte de naissance (des années de négociations opaques, menées par des technocrates à la demande de firmes multinationales).

En 2011, nous avons été parmi les premiers à lancer l’alerte.

Aujourd’hui, nous continuerons à faire un travail d’analyse et de vulgarisation, notamment pour expliquer de façon simple et accessible les enjeux démocratiques, écologiques et sociaux de ce « CETA bis ».

Demain, avec toutes celles et tous ceux qui le désirent, nous continuerons à mobiliser pour obtenir davantage de changements et de meilleures réformes dans la manière d’organiser le commerce mondial. Ce qui, en l’état, continue de passer par le refus des CETA, TISA et autres TTIP.

 

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[1] La formulation se veut prudente… étant donné le peu de temps pour prendre connaissance des documents (et leur articulation juridique avec le Traité en lui-même…).

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23 octobre 2016

Le « fédéralisme » à l’épreuve du CETA

coq.jpgIl y aurait beaucoup à dire (et à écrire) sur la récente passe d’armes autour du CETA.

Une bataille a été gagnée ; pas la guerre !

Elle a été riche en enseignements sur la globalisation du capitalisme et les mauvaises manières politiques utilisées pour imposer les conséquences de celle-ci  dans tous les aspects de la vie quotidienne des citoyens.

Mais, et ce sera l’objet de mon propos ici, cette échauffourée en dit long aussi sur nos propres tensions « nationales ».

La Wallonie est montée au front, pas la Flandre ni l’Etat Belgique dominé par celle-ci !

Certes, il y a également des opposants aux différents « traités » en gestation dans les coulisses internationales, au nord du pays ; à commencer par les organisations A2.jpgsyndicales ! Mais ceux-ci n’ont pu compter sur des « relais politiques » suffisamment consistants, et leurs préoccupations n’ont donc pas été relayées sur le « terrain de leurs institutions »…

Le bras de fer engagé entre l’Exécutif wallon et l’autorité européenne est ainsi un révélateur supplémentaire des contradictions qui travaillent –de longue date- notre réalité, avec la coexistence de deux peuples aux trajectoires dissemblables nourrissant des rapports de forces internes divergents.

Le centre de gravité politique en Flandre se situe nettement à droite, le centre de gravité politique en Wallonie est positionné plus à gauche. La droite nationaliste et libérale donne le ton en Flandre tandis que la gauche (de gouvernement) est aux manettes en Wallonie !

Une petite parenthèse  : sans les avancées dans la « fédéralisation » du pays au cours des 40 dernières années, il n’existerait ni « régions », ni « communautés », ni « parlements régionaux » ni «parlements  communautaires », ni « gouvernements régionaux » ni « gouvernements  communautaires ».

Aujourd’hui, il n’y aurait donc pas un parlement et un gouvernement (wallons) pour rejeter le CETA, et celui-ci aurait bel et bien été ratifié dans le cadre d’un « Etat unitaire »,  tel que nous l’avons connu à l’époque de la « Belgique de papa », lorsqu’il était dominé par le CVP !

A7.jpgCes derniers jours  (il est instructif de le noter), avec ou sans CVP, de terribles pressions ont d’ailleurs été exercées sur les parlementaires et ministres wallons en provenance de Flandre et de l’Exécutif fédéral composé, pour rappel, de trois partis flamands et du seul MR  francophone (minoritaire en Wallonie !).

Cet épisode confirme l’importance du « droit démocratique des peuples à l’autodétermination », même si les réponses apportées  à ce droit fondamental, chez nous,  s’avèrent jusqu’ici insuffisantes et boiteuses (les 6 « grandes  réformes de l’Etat » ont alimenté une certaine confusion institutionnelle [1] ).

A l’évidence, la classe dominante se serait volontiers passée de ce « petit caillou dans la chaussure » que constitue la contestation wallonne du CETA, une contestation majoritaire dans la société civile et dans les institutions ad hoc.

Ce qui démontre que la reconnaissance de la « question nationale » (le landernau politique et les médias ont toujours préféré parler de « problèmes communautaires ») et de la nécessité d’y apporter des réponses adéquates, constituerait un élément important dans la définition d’une stratégie de transformation de la société, ici et maintenant.

 A5.jpgA condition, naturellement, que la gauche abandonne sa frilosité en la matière [2] et n’hésite pas à emprunter la voie « confédéraliste » pour revendiquer une véritable « autonomie/indépendance » pour les peuples actuellement regroupés dans cet ectoplasme étatique qu’est la Belgique !

Ceux-ci doivent pouvoir « disposer d’eux-mêmes », (re)conquérir une authentique souveraineté pour se dégager des tutelles géostratégiques, politiques, économiques et culturelles qui représentent autant d’obstacles à leur émancipation…

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[1] Je ne m’attarderai pas dans cet article sur la problématique de la « Communauté française », rebaptisée « Fédération Wallonie-Bruxelles », une « entité » qui, selon moi, devrait être supprimée !

[2] Le « belgicanisme » du PTB, qui n’est rien d’autre qu’un « nationalisme belge », est assez consternant. Ce parti revendique même la « refédéralisation » des principales compétences acquises par les différentes entités, à rebours de l’histoire ! Et, manifestement, il ne se pose guère de questions concernant sa propre réalité : ses parlementaires sont issus de Wallonie et de Bruxelles, uniquement. ! Il ne devrait pas non plus lui échapper, lui qui aime maintenant commenter les sondages, que ceux-ci le gratifient d’un joli 15 % en Wallonie pour 3 % seulement en Flandre ! De quoi susciter quelques interrogations qui dépassent les sempiternelles lamentations sur la « manipulation médiatique », non ?

 

 

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RESOUDRE LA QUESTION NATIONALE

 POUR RENFORCER LES TRAVAILLEURS !

 

La « question nationale » (QN, ou les « problèmes communautaires » dans la novlangue des « élites ») a déjà fait couler des tonnes d’encre. Il est vrai qu’elle est aussi vieille que la Belgique et qu’elle taraude ses différentes composantes depuis maintenant 186 ans !

Je ne vais évidemment pas épuiser cette problématique en quelques lignes,  juste pointer quelques éléments du débat, de manière forcément schématique.

 

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  1. La QN n’est pas un artifice ou une taquinerie de l’histoire, mais la matérialisation d’une conflictualité issue de la cohabitation obligée de deux peuples, dans le cadre de la constitution d’un « Etat tampon » sous l’égide des grandes puissances européennes de l’époque. Avec une Flandre plus « rurale » et une Wallonie plus « industrielle », et une domination linguistique imposée par une bourgeoisie francophone (désireuse d’utiliser le facteur de la langue pour créer un « sentiment national belge ») se superposant, pour les Flamands, à  l’exploitation économique et sociale du « prolétariat » propre au capitalisme.
  2. La responsabilité du mouvement ouvrier « socialiste» (lui aussi sous  hégémonie francophone) dans cette configuration particulière entre dominants et dominés, est grande. Son refus, ou son absence de volonté, à prendre en considération cette « oppression » spécifique du peuple flamand, a favorisé l’emprise du catholicisme et permis  l’émergence d’un « mouvement national flamand » marqué à droite. Pendant des décennies, l’action de celui-ci a été vertébrée par des exigences« culturelles et linguistiques » légitimes, non sans succès d’ailleurs. Ce long combat, mené sous la direction d’une droite prenant plus en compte cette dimension revendicative « nationale », couplé à l’incapacité de « la gauche » à prendre rapidement la mesure de cet enjeu, a forgé les rapports de forces qui, aujourd’hui encore, sont décisifs en Flandre. C’est la négation de la QN  qui a donné à la droite toute sa vitalité, pas sa reconnaissance !
  3. Le « mouvement wallon», qui s’est  -notamment-  construit en contrepoint de ce « mouvement flamand », a connu une évolution structurelle et politique significative, avec les guerres mondiales du 20ème siècle, et singulièrement au A1.jpglendemain de la seconde conflagration planétaire, avec la « question royale » et la grève de 1960-1961. L’émergence du courant « renardiste » et la revendication du « fédéralisme et des reformes de structure » ont donné, durant cette période, une assise populaire large à ce mouvement.
  4. Les multiples conflits autour de la QN ont débouché sur un lent processus de dislocation de l’ « Etat Belgique ». Depuis près d’un demi -siècle,  différentes « réformes institutionnelles » majeures ont contribué à façonner le visage de l’actuel « Etat fédéral ». 
  5. Chacun est libre d’adopter la « politique de l’autruche» devant cette dynamique ou de se réfugier dans une attitude passéiste. Mais il s’agit de positionnements contreproductifs, car il est parfaitement illusoire de vouloir faire tourner la roue de l’histoire dans un sens inversé, il est vain d’exiger le démantèlement des importants changements institutionnels accumulés pour en revenir à un « Etat unitaire » tel qu’il existait à l’époque d’un Gaston Eyskens !
  6. Nous vivons, en 2016, dans un « Etat fédéral» (appellation contrôlée depuis 1993), organisé autour d’ «entités fédérées » qui ont acquis des compétences substantielles dans des matières économiques, fiscales, sociales ou culturelles.
  7. Mais ce « fédéralisme de papa», suis-je tenté d’écrire, ne peut être l’épilogue définitif de notre évolution institutionnelle. Le « droit des peuples à A12.jpgl’autodétermination » reste un droit démocratique essentiel, et rien de ce qui relève de la démocratie ne peut être ignoré par celles et ceux qui sont engagés dans la longue lutte pour l’émancipation humaine. Le processus à l’œuvre n’a pas encore atteint le bout d’une logique d’autodétermination populaire.
  8. A l’évidence, la « 6ème réforme de l’Etat» n’est pas la Der des Ders ; il y en aura d’autres. Il revient à la gauche de s’y préparer  en s’engageant en faveur d’une perspective garantissant une pleine souveraineté des peuples. Ce qui passe naturellement par une rupture conséquente avec un « belgicanisme » désuet, et sa prétention à sauvegarder l’unité fictive de ce pays, voire sa monarchie (par définition archaïque) !
  9. Ce n’est pas le point de vue d’un parti comme le PTB, qui a toujours été indisposé par cette QN, source selon lui de la « division des travailleurs» !  Il ne veut pas comprendre que le mouvement ouvrier flamand est plus faible et plus « droitier » parce qu’il subit aussi le poids (entre autre idéologique) d’une droite qui a prospéré sur le « communautaire », et que celle-ci continuera à s’affirmer tant que la QN subsistera, d’une manière ou d’une autre. Une fois que les « régions » seront devenues totalement autonomes, il ne sera plus possible de prétendre que ce sont les Wallons responsables des « maux de la Flandre ». Sans son bouc émissaire favori, le roi nationaliste sera alors nu ! Ce qui divise les travailleurs du Nord et du Sud, ce n’est pas la QN, c’est l’absence de solution véritable à cette QN !

 

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