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12 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 206

"Pour ce jeune couple, qui n’était pas riche, mais qui désirait l’être, simplement parce qu’il n’était pas pauvre, il n’existait pas de situation plus inconfortable. Ils n’avaient que ce qu’ils méritaient d’avoir. Ils étaient renvoyés -alors que déjà ils rêvaient d’espace, de lumière, de silence- à la réalité, même pas sinistre, mais simplement rétrécie -et c’était peut-être pire- de leur logement exigu, de leurs repas quotidiens, de leurs vacances chétives. C’était ce qui correspondait à leur situation économique, à leur position sociale."

 

 

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11 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 205

"Des femmes, au visage triste et hagard, piétinaient dans la foule avec des enfants qui criaient et qui trébuchaient. Certaines étaient bien mises, leurs robes délicates et jolies toutes couvertes de poussière, et leurs figures lassées étaient sillonnées de larmes. Avec elles, parfois, se trouvaient des hommes, quelques-uns leur venant en aide, d'autres menaçants et farouches. Luttant côte à côte avec eux, avançaient quelques vagabonds las, vêtus de loques et de haillons, les yeux insolents, le verbe haut, hurlant des injures et des grossièretés. De vigoureux ouvriers se frayaient un chemin à la force des poings. D'autres pitoyables êtres, aux vêtements en désordre, paraissant être des employés de bureau ou de magasin, se débattaient fébrilement. Puis, mon frère remarqua, au passage, un soldat blessé, des hommes vêtus du costume des employés de chemin de fer, et une malheureuse créature qui avait simplement jeté un manteau par-dessus sa chemise de nuit.

Mais, malgré sa composition variée, cette multitude avait divers traits communs : la douleur et la consternation se peignaient sur les faces, et l'épouvante semblait être à leurs trousses. Une soudaine bousculade en amont, une querelle entre gens voulant grimper dans quelque véhicule leur fît hâter le pas à tous, et même un homme si effaré, si brisé que ses genoux ployaient sous lui, sentit pendant un instant une nouvelle activité l'animer. La chaleur et la poussière avaient déjà travaillé cette multitude : ils avaient la peau sèche, les lèvres noires et gercées. La soif et la fatigue les accablaient et leurs pieds étaient meurtris. Parmi les cris variés, on entendait des disputes, des reproches, des gémissements de gens harassés, à bout de forces, et la plupart des voix étaient rauques et faibles. Par-dessus tout dominait le refrain :

— Avancez ! de la place ! Les Martiens viennent !"

 

 

 

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10 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 204

"− Vous ne comprenez pas ? Eh bien, tout à l’heure, j’étais comme vous ! Mais maintenant je vois clair : on voulait se débarrasser de moi, tout simplement.

− Quoi ?

− Mais oui, on a voulu se débarrasser d’Hercule Poirot et on s’y est pris fort intelligemment. Le procédé était d’une astuce remarquable. L’endroit où je devais me rendre avait été choisi plus que judicieusement. Ils me craignaient.

− Qui ?

− Vous le demandez ? Les Quatre, voyons ! Ces quatre génies ligués pour travailler hors la loi : le Chinois, l’Américain, la Française, et… l’Autre… Prions Dieu d’arriver à temps, Hastings !"

 

 

 

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