08 mai 2017
Le jour d'après
Election présidentielle 2017, quelques chiffres.
Macron : 66,1 % des suffrages exprimés (20,7 millions de voix).
Le Pen : 33,9 % des suffrages exprimés (10,6 millions de voix).
Abstention : 25,44 % des 47 millions d'électeurs inscrits n'ont pas pris part au vote.
Participation : 74,56 %. Avec un vote blanc de 8,49 % et un vote nul de 2,98 %, soit au total plus de 4,1 millions d'électeurs.
Quelques 16 millions d'électeurs se sont donc abstenus ou ont voté blanc/nul.
Quelle légitimité ?
Au vu de ces statistiques, beaucoup de débats ce matin interpellent la « légitimité » d'Emmanuel Macron, qui rappellent d'ailleurs les mêmes discussions lors de l'élection de Donald Trump !
Des controverses certes intéressantes mais qui ne changent rien à la réalité : Trump a été élu en novembre dernier président et c'est lui (hélas) qui conduit maintenant la politique des USA ; Macron est aujourd'hui président de la République française et il est installé pour un quinquennat !
Quel recours ?
A courte échéance, les élections législatives des 11 et 18 juin. Une possibilité de refuser à Macron la majorité parlementaire qu'il souhaite pour pouvoir mettre en oeuvre ses projets politiques. Et même une possibilité d'imposer une « cohabitation » avec une majorité alternative, articulée autour de la France Insoumise. Tout reste ouvert, mais le combat sera rude et cet objectif sera compliqué à atteindre, à un moment où beaucoup de formations « de gauche » sont en grande difficulté. Pour en sortir par le haut, il n'y a pas d'autre solution que de « fédérer le peuple » autour d'un « programme de rupture avec le passé » et axé sur des « urgences », en matière écologique, sociale ou démocratique. C'est le défi que se proposent de relever Jean-Luc Mélenchon et le mouvement des Insoumis. Il reste 5 semaines pour convaincre et gagner...
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07 mai 2017
Et maintenant ?
Sans surprise et sans problème, Emmanuel Macron est le nouveau monarque de la 5ème République. Et, faute de nouvelle constitution, il devrait le rester jusqu'à l'horizon 2022 !
Marine Le Pen, battue sèchement, apparaît pour ce qu'elle était réellement dans ce second tour : un repoussoir valorisé par les faiseurs d'opinion pour effrayer les citoyens lambda, et un prétexte supplémentaire pour discréditer la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon.
Tout cette mise en scène est désormais derrière nous.
Dès demain, il faudra reprendre le chemin du combat, sous toutes ses formes.
Et tout va maintenant aller vite. Dans quelques jours, Macron formera un gouvernement pour quelques semaines et ce couple provisoire s'activera pour remporter une majorité à l'Assemblée nationale. Dans cette conquête, les alliés de poids ne manqueront pas. Toute une caste politico-médiatique, liée à l'oligarchie financière, va ainsi mettre ses immenses moyens à la disposition de ce président qu'elle a fabriqué.
C'est dire si les législatives organisées en juin seront déterminantes pour la suite.
Traditionnellement, les électeurs donnent au chef de l'Etat fraîchement élu les moyens de sa politique. Et les sondages indiquent -déjà!- que son mouvement En Marche devrait devenir le groupe parlementaire dominant.
Mais attention, la campagne va seulement commencer, et la situation est sensiblement différente des précédentes séquences élection présidentielle/élections législatives.
Auparavant, se retrouvaient face-à-face un «bloc de droite» et un «bloc de gauche». En 2007 Sarkozy contre Royal, en 2012 le même Sarkozy contre Hollande, avec leurs partis et leurs alliés respectifs rassemblés derrière eux.
Aujourd'hui, le premier tour a montré un paysage politique beaucoup plus éclaté, où 4 composantes assez proches ont totalisé plus de 80 % des voix des électeurs qui se sont exprimés ! Sans le PS, parti au pouvoir depuis 5 ans, exclu de ce groupe de tête et en pleine déroute électorale : 6,3 % !
La droite traditionnelle (LR et Fillon) a échoué. Elle n'a pu atteindre le tour décisif, ce qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de cette République imposée par De Gaulle ! Un véritable séisme...
Naturellement, ce mauvais résultat a été largement compensé par l'irruption gagnante d'un autre candidat de la finance, confirmant le glissement à droite du centre de gravité politique.
D'autant que l'extrême-droite confirme sa forte implantation électorale, sans toutefois être en capacité de passer le palier de la victoire ultime, entravée cette fois par la percée du mouvement des Insoumis.
Des gravats d'une «gauche» laminée, seule a en effet émergé la France Insoumise, sans parvenir néanmoins à franchir l'obstacle. Elle a porté un projet politique inédit, refusant de privilégier les étiquettes et les logos, avec la volonté de «fédérer le peuple» autour d'un «programme conçu pour répondre positivement aux défis de notre temps», et avec l'ambition de conquérir le pouvoir par une «révolution citoyenne».
Cette configuration surprenante, où des piliers du système sont ébranlés et où du neuf commence à apparaître, annonce sans doute quelques bruyantes recompositions.
«Le PS d'Epinay est mort» ont proclamé sans tarder les Valls, Cazeneuve et autre Cambadélis. Mais par quoi vont-ils le remplacer, pour quelles perspectives et avec qui ? L'ombre d'un «parti démocrate» à l'américaine agite de longue date l'état-major social-libéral. Et on suivra avec curiosité les réactions des amis de Benoît Hamon, en mauvaise posture pour concrétiser leur installation à la rue de Solférino...
A droite et à l'extrême-droite, des «nuits des longs couteaux» ne sont pas à exclure.
Du côté du FN, il est cependant douteux que la dynastie Le Pen doive s'effacer. N'oublions pas que l'histoire récente démontre que ce ne sont pas les péripéties électorales qui déterminent sa prospérité, mais l'incapacité des partis au pouvoir à apporter des réponses aux problèmes des gens. Ce qui n'exclut pas des ajustements stratégiques...
Du côté des «Républicains», la bataille pour le leadership a commencé, si tant est qu'elle ait cessé un moment ! Avec à la clé un renouvellement des cadres et l'arrivée de figures plus jeunes, du style Baroin, d'ores et déjà désigné pour conduire la campagne qui vient. Dans le but affiché de permettre au parti actuellement dans les cordes de se refaire la cerise, voire de redevenir immédiatement un acteur incontournable pour la construction d'une prochaine majorité gouvernementale.
Et puis, il y a «En marche» qui va devoir se structurer. Apparemment, il se reconvertirait rapidement en parti politique, car Macron a besoin d'un appui durable et fiable, dans une période à venir qui sera marquée par l'instabilité et de probables troubles de toute nature.
Reste la France Insoumise. Certes, 7 millions de voix pour Jean-Luc Mélenchon -soit 3 de plus qu'en 2012 !- représentent un résultat prometteur. Surtout dans le contexte défavorable d'une déroute généralisée du «camp progressiste», lourdement sanctionné pour la présidence médiocre de François Hollande, combinaison de renoncements et de trahisons, alors que ses promesses de «changement» étaient pourtant à l'origine bien modestes !
Les 19,6 % engrangés ne compensent évidemment pas l'effondrement du PS et la persistance du caractère marginal de l'extrême-gauche (moins de 2 % pour LO et le NPA !).
Bien sûr, les scores de la France Insoumise varient fortement d'une région à l'autre. Bien sûr, la France Insoumise est arrivée en tête dans de grandes villes (Marseille, Toulouse ou Lille). Les possibilités sont donc réelles d'obtenir un nombre significatif de députés.
Mais ici, pas d'élection unique avec un seul candidat, mais 577 batailles électorales avec des particularités propres, dans des circonscriptions découpées et taillées sur mesure pour les partis installés, avec des baronnies bien accrochées et des politiciens roublards qui connaissent «leur terrain de prédilection». Et un scrutin qui n'est toujours pas proportionnel, mais à 2 tours, avec ce que cela entraîne en matière de réserve et de report de voix au moment décisif !
Une donnée loin d'être secondaire, d'autant que les rapports entre Insoumis et PCF restent tendus. On se souvient que l'engagement dans la bataille de la présidentielle annoncé par Jean-Luc Mélenchon, en février 2016, avait suscité peu d'enthousiasme dans les hautes sphères de la Place du Colonel Fabien. On se souvient des quolibets et invectives de certains dirigeants communistes, reprenant à leur compte les thématiques du «Mélenchon Bonaparte», de «l'ego démesuré de Mélenchon», du « Mélenchon homme seul», etc. Pendant des mois, ceux-là ont alimenté sans vergogne le «tout sauf Mélenchon». Pendant des mois, ils ont exigé que «Mélenchon participe à la primaire de la gauche». Pendant des mois, ils ont appelé au «rassemblement». Puis, en novembre 2016, l'appareil s'est majoritairement mobilisé contre un appui à la campagne de la France Insoumise et de son candidat. Ce sont finalement les adhérents qui ont tranché en faveur de ce soutien, mais à une courte majorité de 53 % ! Bref, le PCF a d'abord été longtemps réticent, avant de basculer dans la dernière ligne droite, lorsque la force propulsive des Insoumis était au rendez-vous. Et maintenant, certains de ses cadres essaient de récupérer le bon résultat obtenu, et on voit déjà des tracts et des affiches de candidats du PCF utilisant l'image de Jean-Luc Mélenchon sans son approbation ! Le climat n'est donc pas au beau fixe et des négociations n'ont d'ailleurs pas encore abouti. Il pourrait tout de même y avoir des accords de désistement réciproque limités à quelques dizaines de circonscriptions, faute de mieux. Réponse, en principe, le 9 mai au plus tard.
Indépendamment de ce paramètre, rien ne sera évident. Il faudra nécessairement miser sur une nouvelle campagne nationale forte, à même de prolonger la dynamique des dernières semaines et susceptible de remobiliser toutes celles et tous ceux qui s'étaient investis, afin de pouvoir convaincre les 7 millions d'électeurs du tour préliminaire -et même davantage !- de voter les 11 et 18 juin pour les candidat(e)s investis par la France Insoumise.
Un défi ardu, mais à la portée d'un mouvement innovateur qui a démontré qu'il avait du caractère !
Cette échéance sera vraiment décisive car, sans une énorme performance des défenseurs d'un «avenir en commun», les Français vont devoir avaler -durant 5 ans de plus- de nouvelles louches de la potion amère de l'austérité, recommandée par les autorités européennes !
Comme tant d'autres peuples, ils devront alors se mobiliser pour limiter la casse, tout en ne perdant pas de vue la nécessité de construire une alternative politique car, sans relais sur le terrain institutionnel, les combats sociaux les plus âpres s'épuisent.
Dans 35 jours, nous aurons une précieuse indication concernant les rapports de forces politiques dans la France de 2017...
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Bas les masques !
65 % pour Macron, 35 % pour Le Pen !
Il n'y a pas photo.
Ce résultat a au moins un mérite : il met fin aux bavardages, au chantage et aux discours moralisateurs de la confrérie des donneurs de leçons, ressassés en boucle ces deux dernières semaines.
Entendons-nous bien : Il ne s'agit pas de sous-estimer le FN. 35 %, cela reste 35 % de trop !
Il s'agit de souligner l'hypocrisie d'un système. Car naturellement l'extrême-droite n'est pas apparue, inopinément, le 23 avril 2017 !
La fille double le score du père et les «éditocrates», toujours prompts à pourfendre les rebelles, évitent soigneusement d'élucider cette progression ininterrompue étalée sur 3 quinquennats !
Naturellement, ils devraient nous expliquer que leurs médias banalisent et dédiabolisent le FN à longueur de journée. La présidente de ce parti, et ses proches, sont régulièrement les invités des plateaux de télévision et des chaînes radio, ou sont fréquemment à la une de la presse écrite. Et quand ils sont absents, ce sont leurs thèmes de prédilection qui occupent le devant de la scène médiatique, telles la «menace islamique», «l'immigration» ou «l'insécurité» ! Un véritable matraquage nous est ainsi infligé, jour après jour, alors que ce parti prospère tranquillement sur les difficultés quotidiennes du plus grand nombre et sur un désarroi populaire grandissant !
En réalité, toute la logorrhée sur la nécessité de « faire barrage au FN» (en votant obli-ga-toi-re-ment pour Macron !) était de la poudre aux yeux.
La seule «digue» -qui intéresse les oligarques et leurs idiots utiles- est celle qui doit être érigée contre ce qui menace leurs intérêts. Clairement, la France Insoumise et son porte-parole Jean-Luc Mélenchon !
Tous les prétextes ont fait farine au moulin dans cette croisade. Que n'a-t-on entendu concernant le refus de donner une consigne ou la décision de consulter en interne le mouvement ! De grossières insinuations et des insultes répétées quotidiennement. Des propos calomnieux concernant une «complicité objective» entre Insoumis et «frontistes». Des accusations dénonçant la «complaisance» des uns envers les autres ! Des affirmations hasardeuses sur la «proximité» des programmes respectifs. Et bien d'autres délires du même tonneau...
Alors que c'est la France Insoumise qui combat pied à pied le FN sur le terrain et qui lui reprend des électeurs égarés au cours des dernières années. Alors que c'est Jean-Luc Mélenchon qui monte régulièrement en première ligne (c'est lui qui a affronté directement Le Pen à Hénin-Beaumont, sous les feux de la critique de la presse !). Alors qu'il se retrouve régulièrement traîné devant les tribunaux par le parti xénophobe, qui essaie sans cesse d'intimider ses véritables adversaires !
Et rappelons également que Jean-Luc Mélenchon et Charlie Hebdo avaient demandé, dès les années '90 du siècle dernier, l'interdiction du FN ! Dans l'indifférence générale...
Car là est aussi la contradiction des belles âmes qui n'ont pas de mots assez durs pour dénoncer «le fascisme» ..., enfin juste le temps d'un scrutin. Le FN est un parti légal, qui se présente régulièrement aux différentes élections et qui -comme indiqué plus haut- occupe confortablement un siège permanent dans la sphère médiatique ! Dès lors, pousser des cris d'orfraie, à quelques jours d'un vote décisif, illustre seulement la duplicité et le caractère manoeuvrier des petits marquis de la caste.
Maintenant que Macron est élu comme prévu, quel autre cheval de bataille contre les «mélenchonistes» sortira du chapeau de tous ces charlatans ?
Réponse dans les prochaines heures...
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05 mai 2017
Deux jours avant de régler son compte à Le Pen
Note de Jean-Luc Mélenchon,
publiée sur son blog, vendredi 5 mai 2017
Comme un piano mécanique, la présidentielle déroule sa partition écrite de longue main. Le deuxième tour où tout électeur est pris en otage pour faire élire n’importe qui d’autre ou sinon c’est Le Pen, prouve son efficacité. Nous allons en effet tous refuser notre voix à Marine le Pen, quelle qu’en soit la forme et le prix. Nos maîtres chanteurs ont gagné. Leur chantage pervers avait commencé dès le début, il y a plus d’un an et demi. Comment oublier l’épisode «Juppé, seul capable de bloquer Le Pen » ? Et les gogos de la « gôche » cotisant pour voter « Juppé » à la primaire de la droite ? Boudi ! On croirait que c’était il y a cent ans ! Non, c’était juste en novembre dernier !
La farce s’est prolongée au fil des mois. Seule changeait de temps en temps la figure du pion de secours. Il faut dire que la combine avait si bien marché aux élections régionales ! La gauche votant Estrosi ou Xavier Bertrand, quelle apothéose ! Déjà, nous avions dit non. Qui s’en souvient ? Pour ma part je n’ai pensé qu’à cela, à ce qui s’était passé, aux déchirements d’alors tout autour de moi, parmi les gens que j’aime et ceux que je respecte. Les moutons de Panurge du « front républicain », de leur côté, ont une mémoire de poisson rouge. Mais il est vrai que leur intérêt est de faire comme si tout cela n’avait pas déjà eu lieu puisqu’il s’agit de tout recommencer.
Cette fois-ci, le final de la comédie a été en apothéose, avec l’explosion finale des unes hebdomadaires et parfois quotidiennes : Macron à l’endroit , Macron à l’envers, Macron bébé, Macron enfant, Macron au ski, Macron à la plage, certes creux et parlant beaucoup pour ne rien dire mais tellement… tellement Maacronnn quoua !
Tout ce dressage rustaud avait pourtant failli dérailler quand il est devenu évident qu’en dépit de tous les barrages de calomnies, citations truquées, sondages en accordéon, je parvenais à me glisser dans le mouchoir de poche des éligibles au deuxième tour. Aussitôt, les orgues de Staline du parti médiatique se sont mis en place. Pendant quinze jours, les indignés de circonstances ont mitraillé sans pause et se sont mobilisés pour « faire barrage à Mélenchon ». Cuba mais pas Qatar, Poutine mais pas Erdogan, Alba mais pas Raka et Lafarge. Sans un mot contre Le Pen, les médiacrates qui n’ont jamais rien fait d’autre que de lui servir la soupe et la dédiaboliser au fil des mois, et lui donner jusqu’au double de mon temps de parole, se sont dressés sur leurs ergots tout en haut du tas de fumier de la ferme des animaux.
Aucune bassesse ne fut de trop, aucune infamie ne fut négligée. Tout y passa, de la pseudo panique boursière jusqu’au plus viles insinuations dans lesquelles excella, cela va de soi, le plus doué pour cet exercice, le misérable François Hollande me traitant de dictateur. Sans oublier le bon vieux rayon paralysant certes bien démonétisé par l’abus d’usage : l’accusation d’antisémitisme et le pilonnage des sectes communautaristes de tous poils. Ouf ! À 600 000 voix près, le pire fut évité, je fus recalé du second tour. Et ainsi de suite jusqu’à cet accomplissement du néant que fut le calamiteux « débat » du mercredi d’entre deux tours. Quelle tristesse ce soir-là ! Voilà où en est la France poussée dans un enclos de seconde zone par les manipulateurs.
Les mêmes ont donc ré-embouché leurs trompettes de stigmatisation pour le deuxième tour. Ni la droite, ni les fillonistes qui fournissent le gros des transferts de voix vers le vote Le Pen ne furent interpellés. Ce sort fut réservé en exclusivité à notre équipe sur le mode du chantage à plein régime, et de l’injonction à l’anéantissement de la pensée ! Evidemment, tous les tireurs dans le dos s’y adjoignirent aussitôt comme à chaque étape de notre combat. Des naïfs ont cru que c’était en lien avec les circonstances. Comme si ça concernait vraiment le deuxième tour.
Non, tout tient dans une réalité simple : les élections législatives ont commencé. Ce n’est pas pour rien qu’un premier sondage annonce déjà la majorité pour les candidats de « En Marche ». Bien sûr, nous sommes sondés en tant que « Front de gauche » quoi que celui-ci n’existe plus depuis deux ans et soit devenu le cache sexe usuel du PCF. Cette nouvelle manipulation est un aveu elle aussi. Elle signifie que les législatives sont pour la première fois depuis bien longtemps incertaines comme l’a été l’élection présidentielle elle-même. Mais elles concentrent l’enjeu politique du pouvoir depuis que le deuxième tour est une formalité, une partition écrite d’avance. Dès lors, le vieux monde veut surtout se débarrasser du risque qui l’a tant effrayé à l’élection présidentielle. Tous les partis de la tambouille se sont donnés le mot pour dénigrer et tenter de faire chanter les récalcitrants. Les copains de chambrée qu’ils sont se retrouvent avec plaisir.
Demain, bien sûr, sous Macron, chacun d’eux pourra montrer son certificat de baptême républicain à l’heure des subventions, des réserves parlementaires, des dotations, allocations, nominations, promotions, distinctions et tutti quanti. Mais leur but présent est évidemment de disqualifier et de stigmatiser les odieux insoumis et leurs prétentions de renverser le rapport de forces dans les élections législatives !
Mais il y a davantage. L’idéal pour le scénario macroniste, dans le droit fil de la comédie des présidentielles, c’est qu’il n’y ait pas d’autre opposition que celle de l’extrême droite. Et que tout le reste forme au fond une seule et même famille politique que seules des nuances sépareraient. C’est ce scénario que notre position indépendante ruine. En refusant de mettre ma parole au service de ce calcul, nous avons rendu possible l’unité de tous ceux qui refusent l’embrigadement macroniste sous prétexte de Front national. Cette catégorie inclut non seulement les abstentionnistes politiques, les votes blancs et nuls mais aussi les personnes qui ont voté Macron au deuxième tour par sentiment de responsabilité morale.
Car il faut le dire à cet instant : nombre d’entre nous, votants insoumis, auront voté Macron. Et parmi tous ceux qui l’ont fait, insoumis ou pas, nombre sont impatients d’en découdre avec Macron à la première occasion. Tous sont bienvenus dans les files qui vont se fédérer. C’est pourquoi les enragés de la comédie macronistes ne pouvaient se contenter de notre consigne « pas une voix pour le Front national ». Ils ne voulaient pas relever que l’option « vote Front National » n’était pas proposée dans la consultation des insoumis. Ils se sont empressés de nous attribuer un « ni-ni » qui n’a jamais été notre position. Et de même pour les résultats de la consultation des 450 000 engagés du mouvement. Nous avions clairement annoncé qu’il ne s’agirait pas d’une « consigne » mais de l’expression du point de vue de ceux qui le donneraient.
Certes, la méthode est totalement inhabituelle. Et la paresse est un des problèmes récurrent de l’incurie médiatique. Mais tout de même ! Quelle avidité à faire dire à cette consultation qu’il s’agissait d’un « appel à voter blanc ou a s’abstenir » ! En cela, une fois de plus, ils signaient un aveu : ce n’est pas le résultat électoral qui comptaient à leur yeux. La priorité était de stigmatiser. Car ce qui est attendu de chacun c’est la capitulation politique, le ralliement exigé comme ticket d’entrée au réfectoire de la bonne société. C’est tellement évident ! On le vérifie quand on voit que pas uns de nos détracteurs n’a eu une parole de condamnation comparable à celles qu’ils prononcent contre nous face aux syndicats de salariés, CGT, FO, Solidaires. Pourtant nous avons repris les mots et les arguments de ces derniers.
Bilan. Certes, les manipulations ont encore une fois fonctionné cela est évident. Certes, la victoire des médiacrates calomniateurs est sous nos yeux. Nous avons été éliminé du second tour à 600 000 voix près. Nous sommes encore sous le feu continu des canons des bien-pensants. Pour autant, ne perdons pas de vue l’essentiel. Rien n’a pu empêcher 7 millions de suffrages de se regrouper en dépit de tout. Le sens profond de ce vote est intact. La société française ne peut être écartée de ses aspirations écologiques et sociales qu’au prix de manipulations de plus en plus en plus hasardeuses. Et la puissance de ce qui couve va se voir une fois de plus dimanche soir. Madame Le Pen battue, monsieur Macron élu, ce sera le devant du tableau.
Les faits qui vont structurer l’avenir proche ont une autre source. À la sortie des urnes dimanche, il y aura davantage d’abstentionnistes et de vote blancs et nuls que de bulletins dans l’urne pour le sauveur suprême désigné par les 9 milliardaires qui contrôlent 90 % des médias de notre brillante démocratie. Certes, les organisateurs de cette comédie n’en auront cure. Ils diront avoir triomphé. Et leur erreur sera de le croire eux-mêmes. On peut compter sur l’arrogance de Macron pour s’en aveugler aussi. Et pour passer à l’offensive sociale aussitôt que possible. Car son programme, sa méthode et son élection n’ont pas d’autre finalité que de mener cette guerre sociale qu’exige la Commission européenne et la droite européenne. Tout le reste n’est qu’apparence.
La France est le pays qui compte le record de millionnaires, qui sert le plus haut niveau de dividendes aux actionnaires, et ainsi de suite. C’est cela dont toute cette comédie électorale est le paravent. Alors, dans ce contexte, quand tout aura changé pour que rien ne change, les feux d’artifice éteint et les joies de commandes remisées au vestiaire, il ne restera rien que le goût des cendres amères servies à foison. Les gens simples vont mesurer l’ampleur du racket social qui va leur être infligé. Il ne restera que les lacrymos dans la rue, les saisies sur salaires, les coupures d’eau et d’électricité, et ainsi de suite. La misère va exploser. Macron ce sera pire que Hollande qui lui-même était pire que Sarkozy.
Comme je connais le nombre de plumes éthiques et indépendantes qui gardent la chiourme, je me fais un devoir de répéter ici : pas une voix pour le Front national bien sur. Mais notre souffrance pour les gens et pour le pays ne cessera pas de sitôt. Elle durera aussi longtemps que la chaîne ne sera pas rompue quelque part en Europe. Le devoir de résistance commence dès le résultat de l’élection présidentielle. Notre devoir est de saisir toutes les opportunités pour en finir le plus vite possible. Et l’élection législative est la première et la plus formidable de ces occasions ! Car c’est elle qui nous permet de refuser de donner les pleins pouvoirs au gouvernement Macron.
JLM
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02 mai 2017
Macron : pour le moins mauvais et pour le pire !
Marine Le Pen deviendra-t-elle la huitième présidente de la Vème République [1] ?
Non !
Aujourd'hui, elle ne peut obtenir 50 (+ 1) % des suffrages exprimés dans le cadre d'un second tour d'une élection nationale.
Emmanuel Macron -qui bénéficie d'un large «soutien», actif ou passif- sera élu dimanche.
Mais, pour les relais -politiques et médiatiques- de l'oligarchie, il ne suffit pas que Macron gagne ; encore faut-il qu'il gagne le plus largement possible !
Pour affaiblir le FN et empêcher toute dynamique frontiste ultérieure comme le clament certains ? Naïveté ou tromperie délibérée ! Car, l'éviction de Le Pen dès le premier tour de la présidentielle de 2012, n'a pas empêché son parti de continuer à progresser et d'engranger des succès électoraux. Ce qui favorise la force propulsive du FN, ce qui nourrit son développement et son expansion, ce sont les politiques libérales «austéritaires» qui précarisent la population et créent une insécurité sociale permanente !
En réalité, il s'agit surtout de donner un maximum de poids au prochain président, il s'agit de lui assurer une légitimité afin qu'il puisse mettre en oeuvre la politique réclamée par le patronat et les possédants.
C'est la raison pour laquelle une campagne brutale est orchestrée contre celles et ceux qui restent critiques envers le candidat Macron, contre celles et ceux qui refusent de cautionner son projet rétrograde, contre celles et ceux qui n'appellent pas à voter explicitement pour lui. Se retrouvent principalement dans le collimateur de cette offensive manipulatrice la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon. D'autant que leur montée en puissance inquiète les dominants qui pensaient en avoir terminé avec les adversaires du capitalisme !
C'est dire si la nécessité de construire un contrepoids politique au futur monarque présidentiel sera l'enjeu des prochaines élections législatives. S'il parvient à s'appuyer sur une majorité parlementaire conservatrice, réactionnaire et déterminée à s'inscrire dans les pas des précédents quinquennats, la situation deviendra encore plus difficile pour le plus grand nombre.
Un défi de taille pour les Insoumis, qui devront déjouer les pronostics dans un contexte instable de recomposition du paysage politique, et éviter les pièges d'un scrutin particulier pour pouvoir «renverser la table».
Mais, quelle que soit la force parlementaire des porteurs d'un «avenir en commun», elle devra être épaulée par de fortes mobilisations populaires.
Sans quoi, il sera impossible d'impulser un programme d'urgences -écologique, économique, sociale et démocratique- et d'en finir avec le désenchantement de l'époque.
@
[1] Après De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande.
Les castors de la presse
Edwy Plenel, tenant vindicatif du vote Macron, écrit ceci sur Facebook :
«Il faut lire cette alarme de l'historien Benjamin Stora à l'adresse de la gauche qui se laisse gagner par l'indifférence au racisme et qui, du coup, ne sait plus dresser de digue solide face à l'extrême droite. C'est une des clés pour comprendre la différence entre 2002 et 2017, et c'est sans doute la nouvelle la plus alarmante, même si, le 7 mai, nous réussissons à éviter le pire».
Passons sur la «nouvelle alarmante». Difficile de croire que le fondateur de Mediapart découvre soudainement, et avec effroi, la présence de l'extrême-droite française à un haut niveau électoral depuis 2002 !
Plus fondamentalement : ce n'est pas la prétendue "indifférence au racisme" qui fait le lit du FN ! Celui-ci prospère depuis tant d'années parce qu'il bénéficie du désarroi et de la désespérance populaires, conséquences -notamment- de la croissance des inégalités sociales, de la persistance d'un chômage de masse, de la pauvreté qui frappe un nombre sans cesse plus élevé de personnes, de la perte de repères générée par une société dérégulée. Et celles-ci sont le résultat direct des politiques néo-libérales menées depuis des décennies, aussi bien par la droite que par la "gauche" (guillemets de circonstance !).
Ce n'est donc pas 15 jours avant un second tour d'élection présidentielle qu'il faut paniquer et sonner le tocsin ! L'extrême-droite doit être combattue 365 jours sur 365, ce qui implique aussi que l'on abandonne toute complaisance vis-à-vis d'elle et toute entreprise de "dédiabolisation". Et là, la presse -celle là même qui passe son temps à invectiver un Jean-Luc Mélenchon !- aurait intérêt à balayer devant sa propre porte !
Si rien ne change, dans 5 ans, il n'y aura plus de «barrage» à construire, Le Pen sera élue dès le premier tour...
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28 avril 2017
Pour les impatients...
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Pour celles et ceux qui en doutaient...
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L'intox du "moindre mal"
5 jours après le premier tour de l'élection présidentielle, l'obsession des médias reste Jean-Luc Mélenchon. Certes, il s'agit de salir et de nuire tant et plus. Mais ils confirment ainsi -à coup sûr involontairement- la place centrale du porte-voix de la France Insoumise dans la politique hexagonale !
Le nouveau cheval de bataille de la caste politico-médiatique est l'appel au vote pour son candidat, Emmanuel Macron. Ou plus exactement le refus de donner une consigne explicite en ce sens ! Un crime de lèse-oligarchie immédiatement amalgamé avec un soutien au FN ! Et l'occasion de continuer à stigmatiser les Insoumis qui refusent de s'aligner docilement derrière la bannière des « importants»...
On assiste ainsi depuis dimanche à une mise en scène hallucinante.
L'électorat est infantilisé. Il est bombardé d'injonctions et de recommandations impératives. Tout se passe comme si les citoyens étaient dénués de capacités réflexives et devaient être accompagnés jusque dans l'isoloir ! Pourtant, ils ont un cerveau au moins aussi développé que les donneurs de leçons d'une certaine presse, et sont donc parfaitement capables de se déterminer de manière autonome.
Rappelons que le corps électoral n'appartient à personne. Ni à Mélenchon ni à ses adversaires. A force de l'oublier et de considérer les électeurs comme des objets passifs et non des sujets actifs, ceux-ci -excédés- pourraient être tentés de voter finalement Le Pen, histoire d'adresser un bras d'honneur au système !
Dans une élection -il est utile de s'en souvenir!- on ne vote pas seulement «contre», on vote surtout «pour». Pour un projet et un programme politiques, pour une conception de la société, pour une vision du monde, pour un avenir souhaité.
Dès lors, lorsqu'il reste deux candidats en lice, pourquoi faudrait-il obligatoirement choisir l'un ou l'autre, par dépit ? Il est tout aussi légitime, en fonction des convictions de chacun(e), de préférer d'autres voies. Et donc aussi de ne soutenir aucun des prétendants à la fonction de monarque de la 5ème république !
Ceux qui prônent l'abstention (ou le vote blanc) renvoient «dos-à-dos Macron et Le Pen » affirment de belles âmes, les mêmes qui ont insulté Jean-Luc Mélenchon pendant des mois, les mêmes qui n'hésitent jamais à mettre dans le même sac la France Insoumise et le FN au nom du slogan foireux des «extrêmes qui se rejoignent», et les mêmes qui affirment que «leurs programmes sont similaires» ! Culotté...
Sauf que les Insoumis ne se contentent pas de discours et combattent de longue date les fascistes sur le terrain et dans les urnes . Si l'extrême-droite n'a pas réussi à atteindre le résultat qu'elle espérait et que lui promettaient certains sondages, c'est grâce au travail de reconquête de l'électorat ouvrier accompli par la France Insoumise et grâce à ses 20 % . Et le 23 avril, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a obtenu le plus de suffrages dans la jeunesse, ce qui loin d'être anodin !
C'est le moment de rappeler que 5 années au pouvoir du PS ont débouché sur un gain d'1.200.000 voix pour Le Pen ! Et que son parti n'a cessé de progresser sous les quinquennats de Chirac, Sarkozy et Hollande ! Ceux qui prétendent dresser un barrage aujourd'hui contre le FN sont ceux qui ont contribué à le fortifier, en renforçant les inégalités, en laissant la pauvreté s'installer et le chômage s'envoler !
Le choix serait donc entre la bête immonde et des politiciens qui la nourrissent depuis tant d'années, l'alternative se résumerait à trancher entre le pire et ceux qui fabriquent en permanence ce pire !
Face à ce dilemme, la France Insoumise consulte ses 450.000 partisans conformément à l'engagement pris il y a plusieurs mois. L'objectif n'est pas d'aboutir à une décision contraignante ; il s'agit d'établir un état des lieux sur le positionnement du mouvement.
Il existe 3 options possibles : le bulletin Macron, le vote blanc, l'abstention.
Ma position : il faut éviter de tomber dans le piège tendu par les dominants et leurs affidés. Macron -qui bénéficie d'un large soutien du patronat, des médias, de la droite et du PS!- va l'emporter. Le Pen est utilisée comme repoussoir dans un jeu de rôle bien rôdé. Le but visé ? Le «candidat marcheur» doit obtenir un maximum de voix pour qu'il puisse gagner en légitimité, afin de pouvoir mettre en oeuvre demain une politique conforme aux intérêts du capitalisme financier, une politique autoritaire et austère dans la continuité de ses prédécesseurs, une politique respectueuse des choix ultra-libéraux des instances dirigeantes de l'UE ! Au passage, il s'agit également de jeter le discrédit sur la France Insoumise pour tenter de la briser, car les 7 millions de suffrages du premier tour leur restent en travers de la gorge...
Si j'étais Français, je m'abstiendrais. Car on ne peut vaincre l'extrême-droite en bradant son indépendance et en accrochant son wagon au train fou de l'oligarchie financière !
Maintenant, comme l'ont justement rappelé les porte-parole insoumis, les différentes alternatives proposées sont toutes estimables et défendables. Dès lors, la première priorité à ce stade est d'éviter des fractures internes et de rester groupé. Car dans 12 jours, la page présidentielle sera tournée et une autre bataille électorale sera immédiatement engagée, celle des élections législatives. Il sera alors crucial pour la France Insoumise d'envoyer un maximum de députés à l'Assemblée nationale pour s'opposer aux politiques mortifères qui seront déployées, et pour servir de relais aux inévitables luttes sociales du futur quinquennat.
Le long combat pour l'émancipation humaine a commencé il y a bien longtemps mais il est toujours à continuer...
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Les élections législatives : un défi périlleux
Il ne faut pas tourner autour du pot. Les 11 et 18 juin prochains, rien ne sera simple.
Une élection présidentielle est une élection nationale, avec une campagne centralisée et structurée autour d'un(e) candidat(e). Et pour ce qui concerne la France Insoumise, quel candidat !
Les élections législatives, ce sont des centaines de circonscriptions et des centaines d'affrontements électoraux avec des centaines de candidat(e)s. Même si la volonté est de mener une campagne autour d'un seul programme et de principes identiques, il sera difficile d'éviter les particularités régionales/locales, il sera difficile de ne pas tenir compte de l'existence de fiefs tenus par les partis traditionnels, il sera difficile d'éviter la confrontation avec des baronnies en place. Et puis, le système électoral à deux tours pose toujours la délicate question du report des voix, et donc d'éventuelles «alliances», durables ou de circonstance.
On le voit, les écueils seront nombreux et les excellents scores de Jean-Luc Mélenchon, dans une série de grandes villes et de régions, ne garantissent pas automatiquement un succès aux législatives. Il va falloir batailler âprement, loin de toute euphorie !
A suivre...
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24 avril 2017
Election présidentielle : deuxième réaction, à froid !
Macron : 23,86 %
Le Pen : 21,43 %
Fillon : 19,94 %
Mélenchon : 19,62 %
Hamon : 6,35 %
Dupont-Aignan : 4,73 %
Lasalle : 1,21 %
Poutou : 1,10 %
Asselineau : 0,92 %
Arthaud : 0,65 %
Cheminade : 0,28 %
Tels sont les résultats officiels de l'élection présidentielle française .
Deux conclusions générales pour commencer :
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Le centre de gravité politique de la France s'est déplacé plus encore vers la droite !
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Le quinquennat a été sanctionné, mais de manière équivoque. D'une part, le parti gouvernemental est en pleine déroute ; d'autre part Macron triomphe -alors qu'il fut membre du PS et ministre de François Hollande !- et son projet politique ne représente pas une véritable rupture avec celui porté par le président sortant !
Nous aurons donc au second tour -et ce n'est pas une donnée réjouissante!- une confrontation entre la candidate du FN et un candidat très libéral s'appuyant sur un mouvement politique aux contours flous, construit grâce aux appuis financiers d'une fraction importante de l'oligarchie : grands patrons, banquiers ou propriétaires d'empires de presse (à l'échelle de l'Hexagone)...
Le succès de Macron est celui de l'establishment, du «parti des gagnants» et des «belles personnes», de celles et de ceux qui cumulent capital économique et capital culturel. Sa campagne «à l'américaine», centrée sur l'image et la «com» , a relégué au second plan le programme. Histoire sans doute d'occulter son caractère nocif pour le plus grand nombre : incompréhension de l'enjeu écologique, «ubérisation» de la société, démantèlement de l'unicité du code du travail, menaces sur le système des retraites, morale des gagnants basée sur l'enrichissement personnel, poursuite de la construction d'une UE du capital, alignement sur la politique ordo-libérale de Merkel et Juncker...
Les sondages annoncent d'ores et déjà une victoire nette du candidat d' «En Marche » ce qui est effectivement le plus probable vu les soutiens qu'il a dès hier soir obtenus , tant du PS que des Républicains. Et puis, on voit mal dans la conjoncture actuelle une majorité d'électeurs accorder leurs votes à Le Pen.
Le FN, précisément, qualifié lui aussi pour le second tour, mais avec un score inférieur à ses espérances. Certains de ses dirigeants avaient en effet tablé sur un résultat de l'ordre de 30 % ! Néanmoins, 22 %, cela reste énorme et c'est surtout suffisant pour rester dans la course à la présidence.
Ce qui est à noter, c'est l'évolution de la perception de ce parti dans la sphère des faiseurs d'opinion. En 2002, on parlait de séisme ; aujourd'hui, plus grand monde ne sursaute devant l'omniprésence de l'extrême-droite. Voilà des fruits bien amers de la dédiabolisation du FN par la médiacratie installée, voilà une conséquence malsaine du relais complaisant de ses thèmes de prédilection dans les journaux ou à l'antenne ! Cette banalisation a déjà coûté cher et le prix à payer risque d'être plus lourd encore demain. Car les politiques austéritaires qui persisteront dans les prochaines années -avec à la clé l'aggravation des conditions de vie de beaucoup- seront une nouvelle fois du pain bénit pour Le Pen et ses amis !
La droite traditionnelle (LR) et la «gauche de gouvernement» (PS), les véritables piliers de cette 5ème République à bout de souffle, sont toutes deux défaites, avec une ampleur variable.
La droite classique, taraudée par les affaires et des péripéties interlopes à répétition, à l'image de son candidat Fillon, échoue à la troisième place, à 2 % des fascistes. Le coup est rude, et lors de la soirée électorale, d'aucuns commençaient déjà à sortir les couteaux pour régler leurs comptes entre frères d'armes. Pour autant, elle devrait tenter de serrer les rangs pour sauver l'essentiel lors des élections législatives, en s'appuyant sur son « maillage électoral territorial ». Dans le but évident d'être un partenaire incontournable d'une prochaine majorité présidentielle.
Le PS, lui, s'effondre. C'était prévisible. 5 années d'occupation du pouvoir pour mener des politiques trahissant les idéaux et les fondamentaux de «la gauche», cela ne pouvait passer. Les dirigeants sociaux-libéraux ont bien essayé de jouer la carte de l'amnésie pour obtenir l'amnistie, mais en vain. Et puis, après la tragi-comédie des «primaires», les petits meurtres entre amis, les ralliements opportunistes derrière Macron, et un programme bricolé à la hâte, le désastre était impossible à éviter, même avec l'appui (famélique) d'EELV. Il faut remonter à 1969, et aux 5,01 % de Gaston Defferre, pour retrouver une situation aussi catastrophique.
Cette formation à l'agonie peut-elle encore rebondir au mois de juin ? Quelques éléphants du parti, repliés dans leurs fiefs électoraux, peuvent assurément sauver leur mandat. Mais pour faire quoi ? Mettre le pied dans la porte d'une future majorité afin de s'y faufiler à tout prix ? Ce sera certainement le choix d'une partie de l'appareil, avec Valls et consorts. Quant à la «gauche du PS», on doute qu'elle ait actuellement les moyens de peser sur une hypothétique recomposition du «camp progressiste».
Ces mouvements et ces revers multiples des uns et des autres annoncent une période pleine d'incertitudes.
La seule véritable alternative présente dans la bataille de la présidentielle, la France Insoumise, peut nourrir des regrets. Il lui a manqué 800.000 voix pour renverser la table et s'inviter au second tour...
Toutefois, les 7 millions de bulletins de vote portant le nom de Jean-Luc Mélenchon ne constituent pas un résultat anodin. 19,62 %, dans un contexte hostile fait de mensonges diffusés quotidiennement dans les médias, de calomnies et d'accusations grotesques répétitives, de dénigrement systématique, représentent une vraie performance.
Ce vote d'adhésion à un programme énergique, et proposant des solutions pertinentes pour répondre aux grands enjeux de notre époque, est réellement porteur d'espoir pour l'avenir. Un «avenir», qui devra se décliner «en commun», si l'humanité veut sortir des impasses mortifères du capitalisme financier productiviste.
Ce ne sera pas simple, car l'oligarchie a senti le vent du boulet. La réaction euphorique des marchés, tôt ce matin, est très révélatrice à cet égard. La France Insoumise et son porte-parole restent plus que jamais des perturbateurs à écarter.
Dès hier soir, l'offensive décomplexée anti-Mélenchon repartait d'ailleurs avec vigueur, autour de la problématique du «vote républicain», le 7 mai. Le candidat de la rupture avec la monarchie présidentielle étant sommé d'appeler à voter immédiatement pour Macron ! Et déjà de nouvelles accusations hallucinantes concernant une supposée complicité des Insoumis avec le FN ! Pas de doute, les chiens de garde n'arrêteront pas de sitôt d'aboyer et de mordre !
A l'évidence, l'échéance des législatives sera très importante. Et il faudra à nouveau beaucoup de pugnacité pour affronter l'adversité. 577 candidatures dans 577 circonscriptions pour se confronter aux baronnies en place, avec des candidat(e)s parfois inexpérimentés, dans le cadre d'une élection à deux tours (pas de «proportionnelle» comme pour le scrutin européen), voilà un défi qui ne sera pas facile à relever.
Heureusement, les Insoumis ont du caractère ! Ils vont démontrer que déception ne signifie pas résignation...
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