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08 mai 2023

MÉMOIRE

 

"La coalition 8 mai plaide pour que cette date devienne un jour férié officiel en Belgique. Parce que le 8 mai est le jour de la libération en 1945. Le jour de la victoire sur l'occupant nazi. Cette journée symbolise ce vent de liberté qui a conduit à la Déclaration universelle des droits de l'Homme, à la lutte pour la sécurité sociale, à la décolonisation,...
 
À l'heure de la montée de l'extrême droite et du retour en puissance de l'individualisme, il est plus que jamais temps d'accorder enfin au 8 mai l'attention qu'il mérite. Pour se souvenir, pour avertir et pour défendre nos valeurs."
 
 
 
 

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"BOUQUINAGE" - 232

"Les deux jeunes hommes avaient peu de choses en commun, mais ils ne s’en rendaient pas compte car ils partageaient plusieurs traits de caractère superficiels. Tous deux, par exemple, étaient excessivement soigneux de leur personne, très soucieux de questions d’hygiène et de l’état de leurs ongles. Après leur matinée sous le pont de graissage, ils passèrent presque une heure à se faire une beauté dans le cabinet de toilette du garage. Simplement vêtu d’un short, Dick n’était plus tout à fait le même que lorsqu’il était habillé. Dans ce dernier état, il semblait être un jeune homme chétif, d’un blond terne, de taille moyenne, décharné et peut-être fragile des poumons ; une fois nu, Dick apparaissait tout différent ; il se révélait plutôt comme un athlète bâti à l’échelle d’un mi-moyen. Le tatouage d’une tête de chat, bleue et grimaçante, couvrait sa main droite ; sur une épaule s’épanouissait une rose bleue. D’autres marques, qu’il avait dessinées et exécutées lui-même, ornaient ses bras et son torse : une tête de dragon avec un crâne humain entre ses mâchoires ouvertes ; des femmes nues à forte poitrine, un diable brandissant une fourche ; le mot paix accompagné d’une croix dont émanaient, sous la forme de traits grossiers, des rayons de lumière divine ; et deux compositions sentimentales : l’une, un bouquet de fleurs dédié à maman-papa, l’autre, un cœur qui célébrait le roman d’amour de DICK et CAROL, la jeune fille qu’il avait épousée à l’âge de dix-neuf ans et dont il avait divorcé six ans plus tard afin d’“agir en homme d’honneur” avec une autre jeune femme, la mère de son dernier-né. (“J’ai trois fils dont je m’occuperai décidément, avait-il écrit en faisant sa demande de remise en liberté sur parole. Ma femme est remariée. J’ai été marié deux fois, seulement je ne veux rien avoir à faire avec ma deuxième femme”).

Mais ni le physique de Dick ni les tatouages qui le décoraient ne produisaient une impression aussi remarquable que son visage qui semblait composé de parties dépareillées. On aurait dit que sa tête avait été coupée en deux comme une pomme, puis recollée avec un léger décalage. C’était un peu ce qui était arrivé ; les traits imparfaitement alignés étaient la conséquence d’une collision de voiture en 1950, accident qui imprima une dissymétrie à son étroit visage à la mâchoire allongée, laissant le côté gauche un peu plus bas que le côté droit, et il en résulta que les lèvres étaient légèrement de biais, le nez de travers, et les yeux, non seulement situés à des niveaux différents mais de taille inégale, l’œil gauche étant vraiment serpentin, avec un regard louche et venimeux, maladivement bleu, qui, même s’il avait été acquis involontairement, semblait néanmoins annoncer une lie amère au fond de sa nature."

 

 

 

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07 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 231

"Une fois notre service terminé, Lee et moi nous allions à la maison pour y trouver Kay en train de lire, soulignant des passages au crayon jaune. Elle faisait la cuisine pour trois et parfois Lee nous quittait pour se payer une bourre à moto sur Mulholland. C’est alors que nous parlions. Lee était toujours à la périphérie de nos conversations, comme si c’était tricher que de parler de la force brute qui était notre point d’ancrage sans qu’elle fût présente : Kay parlait de ses six années d’université et de ses deux maîtrises que Lee avait financées grâce à ses bourses de boxeur, disant aussi à quel point son travail de professeur remplaçant convenait à merveille à la “dilettante surdiplômée” qu’elle était devenue, je lui racontais comment j’avais grandi, petit Boche à Lincoln Heights. On ne parla jamais de mes dénonciations à la Brigade des Étrangers ou de sa vie avec Bobby De Witt. Nous avions tous les deux l’intuition et le sens de l’histoire de l’autre, mais l’un comme l’autre, nous ne voulions pas de détails. J’avais la main, sur ce point : les frères Ashida et Sam Murakami étaient morts depuis longtemps, mais Bobby De Witt se trouvait à un mois d’être libéré sur parole à L.A., et je savais que Kay avait peur de son retour. Si Lee était effrayé, il ne le montra jamais, mis à part le moment où Harry Sears lui avait refilé le tuyau, et jamais cela ne l’avait gêné, même au cours des meilleurs moments passés ensemble –ceux que l’on passait à travailler côte à côte aux Mandats et Recherches. J’appris, cet automne-là, ce qu’était réellement le travail de police, et Lee fut mon professeur. De la mi-novembre jusqu’à la nouvelle année, on mit la main sur onze criminels, dix-huit délits de fuite et trois fugitifs en violation de liberté conditionnelle. À contrôler les rôdeurs suspects, on ramassa une demi-douzaine de mecs supplémentaires, tous pour usage de stupéfiants. On travaillait directement sous les ordres d’Ellis Lœw, et aussi à partir des listes de délits et des bruits de couloir de la Brigade, le tout filtré par le flair de Lee."

 

 

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06 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 230

"Combien de personnes connaissaient l’existence de Billy ? Lui, bien sûr, mais il n’en avait parlé à personne. Ah si ! Justement, il en avait touché deux mots à Peggy Spring. Bêtement, plusieurs fois, histoire de montrer qu’il avait le sens de l’humour, histoire de faire le joli cœur. À  qui d’autre ? À Bellanger. Quand il était venu diner à la maison, pour faire passer le soufflé qui était raté. Restait Juliette. Juju, sa propre femme, sa nana, sa coquine. Restait surtout Julie-Berthe, la plus bavarde little girl in ze world, une jacassière intrépide, prenant l’ascenseur cent fois par jour. C’était elle la clé du problème. Elle l’instigatrice. Et ça ne simplifiait pas le problème en question. Clovis regardait l’immeuble où il habitait avec une sorte de crainte. La petite connaissait un monde fou pour son âge. Il en eut le frisson.

Il se tourna vers ses subordonnés. Il garda ses déductions pour lui-même. Les journalistes arrivèrent. Ils l’assaillirent de questions. Soudain, il devint quelqu’un d’important. Il prit l’air qu’il fallait : un tiers de sérieux imperturbable, un tiers de flegme américain, un tiers d’énergie dans les yeux. Flash ! Merci pour la Presse ! Les reporters le pressèrent de questions.

- Des soupçons, inspecteur ? demanda un photoseur à lunettes.

- Des indices ?

- Une piste ?

Sans réfléchir, Clovis s’entendit répondre :

- L’assassin s’appelle Billy-ze-Kick !

Il avait dit son nom avec emphase, comme on prononce un pseudonyme déjà célèbre, celui d’une star. Juste son nom. Il brandit le papier qu’il avait trouvé.

- Voyez ! Il a signé !

Les flashes crépitèrent à nouveau. Sa gloire grimpa en flèche. Demain, peut-être même ce soir, il serait à la Une. Ou à la Deux. Mais il eut en outre la sensation que quelque chose d’autre s’était produit.

Un personnage était né. Un être qu’il avait fabriqué de toutes pièces. Il venait de lui lâcher la main, de lui faire faire ses premiers pas. Oui, Billy-ze-Kick venait de débuter dans le monde."

 

 

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05 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 229

"On croyait jusqu'à présent que la formulation des mythes chrétiens dans l'Empire romain n'avait été possible que parce que l'imprimerie n'était pas encore inventée. C'est tout le contraire. La presse quotidienne et le télégraphe qui répand ses inventions en un clin d’œil dans tout le globe fabriquent plus de mythes en un jour qu'on ne pouvait en fabriquer autrefois en un siècle (et ces veaux de bourgeois les gobent et les diffusent)." [KM]

 

 

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04 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 228

 

"Deux mois environ après ces événements, je rencontrai Rouletabille assis mélancoliquement sur un banc du palais de justice.

“Eh bien, lui dis-je, à quoi songez-vous, mon cher ami ? Vous avez l’air bien triste. Comment vont vos amis ?

− En dehors de vous, me dit-il, ai-je vraiment des amis ?

− Mais j’espère que M. Darzac…

− Sans doute…

− Et que Mlle Stangerson… Comment va-t-elle, Mlle Stangerson ?

− Beaucoup mieux… mieux… beaucoup mieux…

− Alors il ne faut pas être triste…

− Je suis triste, fit-il, parce que je songe au parfum de la dame en noir…

− Le parfum de la dame en noir ! Je vous en entends toujours parler ! M’expliquerez-vous, enfin, pourquoi il vous poursuit avec cette assiduité ?

− Peut-être, un jour… un jour, peut-être…”, fit Rouletabille.

Et il poussa un gros soupir."

 

 

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03 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 227

"L'aéroglisseur filait sans bruit dans la nuit. La lune bleue baignait l'antique Tschaï d'une lumière spectrale, et Reith avait l'impression d'être le jouet d'un rêve étrange. Il revoyait les principaux épisodes de sa vie — son enfance, ses années d'entraînement, les expéditions qui l'avaient conduit parmi les étoiles et sa dernière mission à bord d'Explorator IV. Destination Tschaï... Et puis la destruction et le désastre, son stage avec les nomades de la tribu des Emblèmes, la traversée de la Steppe d'Aman et de la Steppe Morte, Pera, le sac de Dadiche et l'embarquement pour le pays de Cath, Ao Hidis et ses mésaventures. Et les Carabas, le massacre des Dirdir, la construction de l'astronef à Sivishe. Et Woudiver ! Sur Tschaï, la vertu et le vice étaient portés à l'outrance. Adam Reith avait connu bien des scélérats : Woudiver comptait parmi les plus émérites."

 

 

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02 mai 2023

"BOUQUINAGE" - 226

"L'Histoire n'est qu'un perpétuel recommencement de la victoire du Petit David la Vérité sur Goliath le Grand Mensonge.

La chose essentielle est que David continue le combat."

 

 

 

 

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